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Full text of "Promenades dans toutes les rues de Paris"

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DE    ROCHEGUDE | 

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PROMENADES 
dans  TOUTES  les 

ues  de  Paris 

PAR  ARRONDISSEMENTS 

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COLLECTION  G. M. A. 
An  Anon^Tiious  Donor 


Promenades 

dans  TOUTES  les 

Rues   de   Paris 


IV^  Arrondissement 


COULOMMIERS 
Imprimerie  Paul  BRODARD. 


MARQUIS    DE    ROCHEGUDE 


Promenades 

dans  TOUTES  les 

Rues  de  Paris 


PAR   ARRONDISSEMENTS 

ORIGINES  DES  RUES 

MAISONS   HISTORIQUES    OU    CURIEUSES 

ANCIENS  ET  NOUVEAUX    HOTELS 

ENSEIGNES 


lyo  Arrondissement 


PARIS 

LIBRAIRIE    HACHETTE    ET   O 

79,    BOULEVARD   SAINT-GERMAIN,    79 

I  9  I  O 
Tous  droits  réservés. 


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PROMENADES 


DANS     T0UTF3 


LES  RUES  DE  PARIS 


IV  ARRONDISSEMENT 


HOTEL  DE  VILLE 

^er  quartier  ;  St-Merri.  \  3'-  quartier  :  Arsenal. 

2*  quartier  :  St-Gervais.  l  h^-  quartier  :  Notre-Dame. 


La  Cité  fut  le  berceau  de  Paris.  Les  murs  de  la 
première  enceinte  avaient  la  Seine  pour  fossé.  L'Ile  de 
la  Cité  s'appela  l'Ile  du  Palais,  à  cause  du  Palais  des 
Rois  qui  y  était  situé.  Elle  renferme  les  monuments 
les  plus  remarquables  de  la  métropole.  La  partie 
comprise  à  Fest  du  boulevard  du  Palais  fait  seule 
partie  du  IV*^  arrondissement. 

Boulevard  du  Palais  (1858).  (Côté  est.) 

A  absorbé  la  place  du  Palais,  qui  fut  longtemps  le  lieu 
où  on  exposait  les  criminels,  et  où  le  bourreau  les  mar- 
quait d'un  fer  rouge  sur  l'épaule,  et  la  rue  de  la  Baril- 


G         PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

lerie  qui  était  jadis  occupée  par  des  tonneliers.  Cette 
rue  de  la  Barillerie  avait  été  formée  elle-même  par  les 
rues  St-iNIichel  et  St-Barlhélemy  :  Simone  Evrard, 
maîtresse  de  Marai,  mourut  en  1825  au  33  de  la  rue  de  la 
Barillerie,  et  la  sœur  de  Marat  y  mourut  également  en 
1841.  A  l'extrémité  sud  du  boulevard,  communiquant 
avec  la  rive  gauche,  se  trouve  le  pont  St-Michelqui  fut 
construit  en  1378,  détruit  en  1408,  1547,  1616  et  recon- 
struit en  dernier  lieu  par  Vaudrey  en  1857.  Il  doit  son 
nom  à  la  chapelle  St-Michel,  où  fut  baptisé  Philippe 
Auguste,  qui  se  trouvait  à  Tentrée  du  Palais. 

N"'  9.   Caserne    des  sapeurs-pompiers   (État-major). 

Tvjo  «7  Préfecture  de  Police.  Elle  était  située  autrefois 
rue  de  Jérusalem,  dans  l'ancien  hôtel  des  Pi'ésidents  du 
Parlement  de  Paris  (1607).  Le  Préfet  de  Police  habitait 
l'ancien  hôtel  de  la  Cour  des  Comptes  qui  était  situé 
dans  la  cour  de  la  Sainte-Chapelle,  hôtel  qui  datait  de 
Louis  XII  et  qui,  après  avoir  été  incendié,  fut  reconstitué 
en  1740  par  Gabriel.  (Voir  le  P""  ari^ondissement.)  A  la 
Préfecture  actuelle,  sous  la  voûte,  inscription  des  noms 
des  victimes  du  devoir. 

En  face  de  la  grille  actuelle  du  Palais  se  trouvait, 
dans  la  rue  de  la  Barillerie,  la  maison  des  parents  de 
Jean  Chatel,  qui  fi'appa  Henri  IV  d'un  coup  de  stylet  en 
1594.  La  maison,  rasée,  fut  remplacée  par  une  pyramide 
expiatoire,  puis  par  une  fontaine. 

N°  1.  Le  Tribunal  du  Commerce  (1864)  est  sur 
l'emplacement  de  l'ancienne  église  St-Barthélemy  qui 
datait  de  965.  Cette  église  St-Barthélemy,  ancienne 
paroisse  royale,  fut  remplacée  en  partie  par  le  passage  de 
Flore  (1771)  qui  disparut  en  1858  et  qui  unissait  la  rae 
de  Constantine  (de  Lutèce  actuellement)  à  la  rue  de  la 
Pelleterie.  Cette  rue  de  la  Pelleterie  (1183).  qui  disparut 


IV'=   ARRONDISSEMENT.  7 

vers  1860,  était  sur  l'emplacement  de  la  partie  nord  du 
Tribunal  et  allait  parallèlement  au  quai,  de  la  rue  de  la 
Barillerie  (boulevard  du  Palais)  à  la  rue  de  la  Cité. 
L'autre  partie  de  l'église  royale  et  paroissiale  de 
St-Barthélemy  fut  transformée  en  1791  en  théâtre  de  la 
Cité,  qui  devint  théâtre  du  Palais  des  Vaxnétés  en  180G, 
puis  théâtre  Mozart,  loge  maçonnique,  puis  en  1810 
bal  public,  dit  du  Prado,  qui  fut  démoli  en  1858. 

Rue  de  Lutèce. 

Précédemment  rue  et  avenue  de  Constantine.  Amé- 
nagée en  1865.  Nom  actuel  en  1880.  Les  travaux  de 
1865  ont  fait  disparaître,  dans  le  voisinage,  la  rue  de  la 
Vieille-Draperie,  où  naquit  Etienne  Marcel,  qui  se  trou- 
vait au  nord  et  parallèle  à  peu  près  à  la  rue  de  Lutèce, 
et  la  rue  de  la  Calandre  (1250)  qui  était  un  peu  au  sud. 
Ces  deux  rues  étaient  réunies  par  deux  rues  perpendi- 
culaires également  disparues,  la  rue  St-Eloi  et  la  rue 
aux  Fèves  (1260).  Celte  rue  aux  Fèves  l'ecélait  des 
bouges  décrits  par  Eugène  Sue  dans  les  Mystères  de 
Paris.  La  fameuse  taverne  de  la  Pomme  de  Pin,  fré- 
quentée jadis  par  Molière,  Racine,  Boileau,  La  Fontaine, 
Lully,  Mignard,  etc.,  y  était  située.  En  1906  les  fouilles 
du  Métropolitain  ont  fait  découvrir,  rue  de  Lutèce,  près 
de  la  façade  septentrionale  de  la  caserne  de  la  Cité, 
une  construction  romaine  avec  hypocaustes.  Au  3  sont 
les  bureaux  de  la  Gazette  du  Palais. 

N"  2.  Rue  Aube  (1865).  Dénommée  ainsi  en  mémoire 
d'un  président  du  Tribunal  de  Commerce.  Cette  rue 
suit  le  tracé  de  l'ancienne  rue  du  Marché-aux-Fleurs 
qui  allait  de  la  vue  de  la  Pelleterie  à  la  rue  de  Constan- 
tine, et  qui  avait  été  ouverte  sur  l'emplacement  de  l'an- 


8    PROMENADES  DANS  TOUTES  LES  RUES  DE  PARIS. 

cienne  église  St-Pierre-des-Arcis  (926).  La  façade  du 
Conseil  des  Prud'hommes  est  sur  la  rue  Aube.  Ce 
conseil,  qui  se  trouvait  autrefois  rue  de  la  Douane,  a  clé 
transféré  là  dans  le  nouveau  bâlimcnl  du  Tribunal  de 
Commerce  en  1864. 

La  statue  de  Théophraste  Renaudot  est  du  sculpteur 
A.  Boucher  et  a  été  inaugurée  en  1893.  Elle  s'élève  non 
loin  de  remplacement  de  la  maison  dite  du  Grand  Coq, 
située  jadis  rue  de  la  Calandre,  où  Renaudot  avait  son 
bureau  d'adresses,  et  où  il  fonda  en  1631  la  Gazette  et 
les  consultations  charitables  pour  les  pauvres  malades. 

Quai  de  la  Cité. 

Construit  en  1785  sur  l'ancien  Port  aux  Œufs.  Qua^ 
de  Breteuil  (1788).  Quai  Desaix  (1806).  Nom  actuel  en 
1873.  Dans  les  travaux  du  JMétropolitain  en  1906  on  a 
découvert  les  restes  du  quai  précédent.  Cet  ancien  quai 
était  longé  jadis  par  la  rue  de  la  Pelleterie  dont  toutes  les 
maisons  avaient  leur  arrière-façade  penchée  d'aploml) 
sur  le  fleuve.  Ces  maisons,  condamnées  sous  Louis  XYl, 
ne  disparurent  que  sous  le  Consulat. 

Le  marché  aux  Oiseaux,  qui  avait  été  fondé  en  1861 
dans  la  cour  du  ÏNIarché-St-Martin,  fut  transféré  quai  de 
la  Cité  en  1881. 

Le  marché  aux  Fleurs  est  de  1809.  Les  fouilles  occa- 
sionnées par  les  travaux  du  Métropolitain  en  1906,  sur 
l'emplacement  du  marché  aux  Fleurs,  ont  fait  reconnaître 
l'existence  de  deux  grands  mui's  à  peu  près  parallèles 
à  la  Seine,  et  coupés  par  un  ti'oisième.  Ces  murs  n'ap- 
partiennent pas  au  rempart  de  Lutèce  qui  passait  un  peu 
plus  loin  vers  la  Seine.  Ils  sont  de  l'arrière  basse 
époque  mérovingienne   et  faisaient  sans  doute   partie 


IV^    AnnONDISSEMENT.  9 

(l'un  vaste  édifice  construit  postérieurement  à  Tinccndie 
de  585,  probablement  sous  Dagobert.  On  a  découvert 
également  en  cet  endroit,  en  1900  el  1907,  des  stèles,  des 
inscriptions,  des  chapiteaux,  des  fûts  do  colonne,  des 
monuments  funéraires,  etc. 

Le  pont  Notre-Dame  occupe  la  place  d'un  des  deux 
ponts  de  l'époque  romaine.  Avant  861  il  était  construit 
sur  pilotis  et  on  devait  faire  le  transbordement  des  mar- 
chandises. Détruit  par  les  Normands,  il  fut  remplacé, 
sous  Charles  le  Chauve,  par  le  pont  aux  Meuniers  qui 
traversait  la  Seine  obliquement  et  était  défendu  par  le 
Grand  Châtelet.  Rétabli  sur  son  ancien  emplacement 
après  le  départ  des  Normands  il  prit  le  nom  de  pont 
Notre-Dame  en  1413  après  s'être  appelé  Grand  Pont  el 
pont  de  la  Planche-Mibray.  Il  s'éci'oula,  en  1499,  entraî- 
nant la  maison  d'Antoine  ^'érard,  fameux  imprimeur.  Il 
fut  reconstruit  de  1499  à  1507  par  Jean  Joyeulx,  dit 
Joconde,  architecte  véronnais.  Les  Français  Jehan  de 
Doyac  et  Collinot  de  la  Chesnaye  y  participèrent.  Il  fut 
d'ailleurs  reconstruit  plusieurs  fois  et  en  dernier  lieu 
en  1853.  Après  la  reconstruction  de  1507,  les  68 
maisons  semblables  qui  étaient  dessus  avaient  été 
numérotées  en  lettres  d'or  et  ce  fut  là  le  premier  essai 
de  numérotage  des  maisons.  Ce  pont,  le  plus  vieux  de 
Paris,  servait  aux  entrées  triomphales  des  souverains.  Il 
reçut  une  décoration  spéciale  pour  l'entrée  d'Eléonore 
d'Autriche,  femme  de  François  1'=''  (1531),  pour  celle  de 
Louis  XIV  et  de  Marie-Thérèse  (1600).  Au  xviii''  siècle 
le  pont  fut  le  centre  du  commerce  de  luxe.  En  aval  du 
pont  et  près  de  la  rive  di'oite  se  trouvait,  dans  une  tour 
carrée  bâtie  sur  pilotis,  la  pompe  Notre-Dame  (1670  à 
1856),  qui  alimentait  les  fontaines  avoisinantes.  Les 
maisons  du  pont  avaient  été  démolies  en  1786. 


10      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 


Rue  de  la  Cité. 

Formée  en  1834  par  les  rues  de  la  Lanterne,  de  la 
Juiverie  et  du  Marché-Pallu. 

N°  4.  La  caserne  de  la  Garde  Républicaine  de  la  Cité 
(1860)  est  sur  remplacement  de  Tancienne  rue  Sl-Éloi 
qui  s'appelait  rue  de  la  Cavaleria  au  xiiF  siècle.  Celle 
rue  était  sur  remplacement  de  Tabbaye  St-Martial 
fondée  par  St  Éloi,  ministre  de  Dagobert.  La  première 
abbesse  en  fut  Ste  Aure.  Les  religieuses  qui  Toccupaient 
furent  remplacées  au  xii'=  siècle  par  les  moines  de 
St-Maur-des-Fossés.  Ce  monastère  possédait  la  culture 
St-Éloi  sur  la  rive  droite,  et  la  grange  Sl-Éloi.  La  cul- 
ture St-Éloi  fut  vendue  aux  xii%  xni'=  et  xiv^  siècles,  à 
des  particuliers,  puis  au  roi  pour  son  hôtel  St-Pol. 
L'abba3'^e  St-Martial  fut  rebâtie  et  donnée  aux  Barna- 
bites.  Leur  église,  supprimée  à  la  Révolution  (1790), 
devint  dépôt  du  mobilier  de  l'État.  —  Le  passage  dit  de 
la  Cour  des  Barnabites  a  disparu  en  1858.  La  caserne 
est  également  sur  remplacement  dune  partie  de  la  rue 
de  la  Calandre,  de  la  rue  des  Cargaissons,  de  la  rue  aux 
Fèves  (1260)  qui  s'appela  plus  taz'd  rue  aux  Febvres,  de 
l'ancien  Marché-Neuf  (emplacement  de  l'angle  sud-est 
de  la  caserne)  cl  de  l'église  St-Germain-le-^  ieil. 

Quai  du  Marché-Neuf. 

Existait  en  1210  sous  le  nom  de  rue  de  l'Orbi^erie  oa 
Herberie.  On  y  conslruisit  au  xv'~  siècle  un  marché 
pour  les  marchands  d'herbes  et  de  poissons.  Ce  marché, 
dit  Marché-Neuf,  dispai'ut  complètement  en  1854,  époque 
où  on  construisit  le  quai  actuel.  Sur  le  quai,  non  loin  du 


IV*"    ARRONDISSEMENT.  11 

pont  St-Michel,  se  trouvait  de  1804  à  1864  la  Morgue 
qui  antérieurement  était  au  Châielel.  Elle  fut  construite 
en  1830.  Victor  Cousin,  le  grand  philosophe,  est  né  en 
1792  au  Marché-Neuf. 

N°  8.  Emplacement  de  la  maison,  dite  du  Grand  Coq, 
qui  ouvrait  rue  de  la  Calandre  et  sortait  au  Marché-Neuf, 
Le  médecin  Théophraste  Renaudot  y  fonda  la  Gazette, 
premier  journal  imprimé  à  Paris  (1631).  (Inscription.) 

N°'  6  et  4.  Emplacement  de  Téglise  St-Germain-le- 
Vieil  du  ix^  siècle,  agrandie  en  1458,  vendue  et  démolie 
en  1796. 

N°  2.  Administration  centrale  de  la  Préfecture  de 
Police. 

Le  quai  communique  avec  la  rive  gauche  par  le  Petit 
Pont.  (Voir  le  V"  arrondissement.) 

Place  du  Parvis-Notre-Dame. 

Le  Parvis,  où  se  trouvait  jadis  Féchelle  patibulaire 
de  l'évêque  et  la  statue  du  Grand  Jeûneur,  était  bien  plus 
étroit  qu'aujourd'hui  et  encombré  de  boutiques.  A 
l'époque  de  la  Révolution,  la  place  était  limitée  au  nord 
par  les  vieilles  maisons  de  la  rue  St-Christophe,  au  midi 
par  les  bâtiments  de  l'Hôtel-Dieu  qui  ont  disparu  vers 
1882,  au  couchant  par  l'hospice  des  Enfants-Trouvés. 
C'était  à  peu  près  le  quart  de  la  surface  actuelle.  Le 
Parvis  actuel  est  formé  de  l'ancien  Parvis  et  de  la  rue 
Neuve-Noti'e-Dame  construite  en  1163  par  Maurice  de 
Sully.  Cette  rue  s'appela  jadis  rue  Ste-Geneviève-des- 
Ardents,  à  cause  de  la  chapelle  qui,  placée  en  face  de  la 
cathédrale,  devint  N.-Dame-la-Petite,  ou  des  Miracles. 
Cette  chapelle  fut  érigée  en  paroisse  en  1132  et  démolie 
en  1745.  Sur  son  emplacement  s'éleva  un  hâte!  qui  devint 


12       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

rhospice  des  Enfants-Trouvés.  Cet  hospice,  édifié  par 
Boffrand  en  1748,  servit  aux  Enfants-Trouvés  jusqu'en 
1838,  époque  où  ils  fuirent  transférés  rue  d'Enfer,  puis 
devint  le  Bureau  central  des  Hôpitaux  jusqu'à  sa  démoli- 
tion en  1877.  La  rue  Neuve-Notre-Dame,  dite  de  la 
Raison  en  1793,  disparut  en  1865.  Au  sud  du  Parvis  se 
trouve  la  statue  de  Charlemagne,  œuvre  du  sculpteur 
Louis  Rochet,  qui  figura  aux  expositions  de  1867  et  de 
1878  et  ne  fut  inaugurée  officiellement  qu'en  1882. 

*  L'église  Notre-Dame  (dont  nous  ne  pouvons  nous 
occuper  que  très  succinclement  dans  ce  guide)  fut  con- 
struite sur  l'emplacement  d'un  temple  voué  à  Jupiter 
par  les  Romains,  et  sur  une  ancienne  église  de  Childe- 
bert.  Le  pape  guelfe  Alexandre  III  en  posa  la  première 
pierre  en  1163,  et  elle  fut  terminée  en  1247.  L'église 
St-Jean-le-Rond  était  adossée  à  la  tour  nord  de  la  cathé- 
drale. C'est  à  la  porte  de  celte  église,  démolie  en  1748, 
que  fut  déposé  l'enfant  qui  devint  Jean  le  Rond  d'Alem- 
bert.  L'église  St-Denis-du-Pas,  qui  fut  supprimée  en 
1790,  était  adossée  au  chevet. 

Rappelons  binèvement  quelques  événements  histo- 
riques qui  eurent  lieu  à  Noire-Dame  :  En  1239  St  Louis 
y  apporla  la  couronne  d'épines.  Obsèques  de  St  Louis 
(1271).  Premiers  États  généraux  (1302).  Philippe  le  Bel 
y  pénètre  à  cheval  (1304).  Henri  VI  d'Angleterre  y  est 
couronné  roi  de  France  (1431).  Couronnement  de  jNIarie 
Stuart  (1560).  Henri  IV  y  entend  la  messe  (1594).  Vœu 
de  Louis  XIII  (1638).  Abjuration  de  Turenne  (1668).  Le 
maréchal  de  Luxembourg  la  tapisse  des  étendards  pris 
à  l'ennemi.  Bossuet  y  prononce  l'oraison  funèbre  du 
grand  Condé  (1087).  Culte  de  la  Raison.  Sacre  de  Napo- 
léon (1804).  Mariage  de  l'empereur  avec  Marie-Louise 
(1810).  Funérailles  du  duc  de  Berry  (1820).  Mariage  de 


IX"    ARRONDISSEMENT.  13 

Napoléon  III  (1852).  Funérailles  des  victimes  de  la  Com- 
mune (1871).  Funérailles  de  Carnol  (1894),  de  Félix  Faure 
(1899),  du  cardinal  Richard  (1908),  etc.,  etc.  Nous  ne  pou- 
vons pas  faire  ici  la  description  de  la  cathédrale,  ni  de 
son  triple  portail  surmonté  de  la  galerie  des  Rois,  ni  de 
ses  tours,  de  sa  flèche,  ni  de  Fintérieur  qui  est  d'une 
harmonie  parfaite.  Rappelons  seulement  que  dans  le 
pourtour  du  chœur  se  trouvent  les  tombeaux  de 
Mgr  Afflue,  tué  en  juin  1848,  de  Mgr  Sibour,  mort  assas- 
siné, de  Mgr  Darboy,  fusillé  par  les  Communards,  de 
Henri-Claude  d'Harcourt  (œuvre  de  Pigalle),  du  cardinal 
de  Belloy,  de  Mgr  de  Quélen,  du  cardinal  de  Noailles, 
du  maréchal  de  Guébriant,  du  marquis  de  Juigné,  de 
Mgr  de  Beaumont.  Le  groupe  du  Vœu  de  Louis  XIII 
est  de  Nicolas  Coustou.  La  statue  de  Louis  XIII  à  droite 
du  maître-autel  est  de  G.  Coustou  ;  celle  de  Louis  XIV  à 
gauche  est  de  Coysevox.  Le  trésor  de  Notre-Dame  (ouvert 
tous  les  jours  de  dix  heures  et  demie  à  quatre  heures)  ren- 
ferme entre  autres  objets  précieux  :  la  Sainte  Couronne 
d'épines,  le  Saint  Clou,  la  croix  d'or  de  ^lanuel  Com- 
nène  (xii''  siècle),  des  calices  du  xiii'^,  un  fi'agment  de 
la  vraie  croix,  la  crosse  de  l'évêcjue  Eudes  de  Sully,  la 
discipline  de  St  Louis,  des  ornements  sacerdotaux  his- 
toriques, etc. 

En  1711,  dans  les  fondations  d'un  caveau  destiné 
à  la  sépulture  des  archevêques  de  Paris,  on  a  découvert 
neuf  pierres  sculptées.  Une  inscription  date  ces  monu- 
ments du  règne  de  Tibère,  et  constate  l'existence  des 
nautes  parisiens.  En  1847,  quand  on  voulut  abaiser  le 
sol  de  la  place  du  Parvis,  on  trouva  immédiatement  sous 
le  pavé  les  substructions  d'un  vaste  édifice  romain  qui 
s'étend  jusqu'au  chevet.  L'escalier  de  13  marches  par 
lequel  on  accédait  jadis  à  la  cathédrale  était  silué  du 


14       IMiOMENADES    DANS    TOUTKS    LES    RUES    DE    PAUIS. 

côté  de  la  rivière  et  non  pas  sur  le  parvis.  En  1907  lors 
de  la  construction  d'un  égout  établi  au  droit  de  la  façade 
ouest  de  la  cathédrale,  on  a  découvert  cjuelcjues  vestiges 
de  la  basilique  mérovingienne  de  la  Cité. 

L'ancien  archevêché  était  situé  entre  la  basilique  et  le 
petit  bras  de  la  Seine.  (Quai  de  FxVrchevêché.)  Il  avait 
été  construit  en  1697  par  le  cardinal  de  Noailles,  arche- 
vêque de  Paris.  C'est  dans  la  grande  salle  de  cet  arche- 
vêché que  rAsseinblée  Nationale  tint  ses  séances  pen- 
dant 19  jours,  après  le  6  octobre,  en  attendant  que  la 
salle  du  Manège  soit  appropriée.  A  l'archevêché  l'As- 
semblée décréta,  sur  la  proposition  d'un  évêque  (Talley- 
rand),  que  les  biens  du  clergé  seraient  mis  à  la  disposi- 
tion de  la  Nation.  L'hôpital  du  tribunal  révolutionnaire 
était  situé  à  l'archevêché.  Là  fut  transférée  la  princesse 
de    jNIonaco    qui    s'était    déclai'ée    enceinte,    non  pour 
sauver  sa  tête,  mais  pour  avoir  le  temps  de  se  couper 
elle-même  les  cheveux.  (Voir  Paris  révolutionnaire  de 
M.    Lenôtre.)   L'archevêché    fut   restauré    en    1809    et 
saccagé  en  1831,  à  la  suite  de  la  manifestation  légiti- 
miste  de    St-Germain-l'Auxerrois .    II   fut    détruit   peu 
après. 

L'ancien  Hôtel-Dieu,  qui  datait  du  xii'^  siècle,  incendié 
en  1737  et  1772,  démoli  en  1878,  s'étendait  sur  la  partie 
sud  du  Parvis,  le  long  du  petit  bras  de  la  Seine,  et  était 
relié  à  l'annexe  (1029)  qui  vient  de  disparaître  (1909) 
par  le  pont  St-Charles,  qui  lui  aussi  était  affecté  à 
l'hôpital.  Ce  pont  St-Charles  (1651)  était  une  galerie 
vitrée.  Il  fut  remplacé  en  1847  par  une  passerelle 
démolie  elle-même  en  1878.  Dès  1629  l'Hôlel-Dieu  s'était 
étendu  sur  la  rive  gauche.  Avant  1505  l'administration 
de  riIôtel-Dieu  fut  laissée  aux  chanoines  de  Notre- 
Dame  :  à  celte  époque  on  y  adjoignit  8  bourgeois.  L'Hôtel- 


IV    AIUIONDISSEMENT.  15 

Dieu  actuel  a  été  construit  de  1868  à   1878.  Les  reli- 
gieuses   Auguslines,    qui    donnaient    leurs    soins   aux 
malades    depuis    de    longues    années,    ont    dû    quitter 
THôtel-Dieu  le  15  janvier  1908!  La  façade  sud   longe 
remplacement  de  Tancienne  rue  St-Christophe.  ex-rue 
de    la   Regi'atlerie    au   xiii'^    siècle.  Dans   cette  rue  se 
trouvait  Téglise  St-Christophe  où  fut  baptisé  La  Bruyère 
en  1645.  L'angle  sud-est  de  ITIôtel-Dieu  occupe  rempla- 
cement de  l'église  St-Pierre-aux-Bœufs,  dont  le  portail 
a  été  transféré  à  St-Sévcrin,  Cette  église   qui  existait 
en  1136  fut    démolie   en   1837.    La   crypte    subsista   et 
servit    de   théâtre  jusqu'au  commencement  du   second 
Empire.   Un  peu  au  nord    de    St-Pierre-aux-Bœufs   se 
trouvait  l'église   Ste-Marine,  du  xi^  siècle,  où  avaient 
lieu   les  mariages  des  personnes  ayant  subi  une  con- 
damnation. Les  bâtiments  ouest  de  l'Hôlel-Dieu  longent 
l'emplac^ement  de  l'ancienne  rue  de  la  Juiverie.   Là   se 
trouvait  l'église  de  la  Madeleine,  établie  par  Maurice  de 
Sully  en  1189  sur  l'emplacement  de  la  synagogue  que 
Philippe  Auguste  avait  livrée  à  Févèque  pour  en  faire  un 
temple    chrétien    (1183)   après    l'expulsion   des    Juifs. 
L'église  St-Denis  de  la  Châtre  où  fut  enfermé  St  Denis 
était  sur  l'emplacement  de  l'angle  nord-ouest,  et  St-Lan- 
dry  sur  l'emplacement  de  l'angle    nord-est  de  T Hôtel- 
Dieu  nouveau,  qui  se  trouve  également  sur  l'emplace- 
ment de  l'ancienne  rue  de  la  Licorne  (1269)  où   habita 
Jean  Pitard,  chirurgien  de  St  Louis  ;  de  la  rue  des  Mar- 
mousets, jadis  rue  des  Oublieui's,  où  un  pâtissier  faisait 
des  pâtés   de   chair   humaine   de  connivence   avec  son 
voisin,  un  barbier.  C'est  un  chien,  en  grattant  la  terre, 
qui  amena  la  découverte  des  sinistres  débris.  La  maison 
du  pâtissier,  qui  se  trouvait  au  coin  de  la  rue  des  Deux- 
Hermites  (1220),  fut  rasée,  et  ce  ne  fat  que  sous  Fran- 


16      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    KUES    DE    PARIS. 

çois  P'"  qu'on  put  reconstruire  là  une  maison.  L'Hôlel- 
Dieu  a  fait  disparaître  encore  la  l'ue  de  Glaligny  qui 
était  un  val  d'auiour,  et  dans  laquelle  s'ouvrait  la  rue 
St-Denis-de-la-Chàtre;  la  rue  des  Trois-Canettes,  la  rue 
de  Perpignan,  la  rue  Cocatrix,  la  rue  Si-Landry,  la  rue 
du  Haut-Moulin  (1204),  cl  un  tronçon  de  la  rue  de  Cons- 
tantine  (pi^olongemenl  de  la  rue  de  Lutèce). 

Quai  de  l'Archevêché. 

Le  quai  s'appelait  quai  Câlinât  en  1803.  L'évêohé  de 
Paris  se  trouvait  jadis  au  chevet  de  Notre-Dame.  Nous 
avons  parlé  plus  haut  de  l'archevêché,  construit  en  1097 
par  le  cardinal  de  Noailles.  C'est  cet  archevêché,  alors 
occupé  par  Mgr  de  Quélen,  qui  fut  pillé  en  1831  et  démoli. 
11  s'étendait  au  sud  de  la  cathédrale.  La  sacristie  a  été 
construite  par  Lassus  et  Yiollet-le-Duc.  A  côté  se  trouve 
le  presbytère.  Le  (juai  communique  avec  la  rive  gauche 
par  le  pont  au  Double  (voir  le  V''  arrondissement)  et 
le  pont  de  l'Arclievêclié  (|ui  date  de  1827. 

Le  square  de  l'Archevêché  a  été  formé  en  1837. 
C'était  au  Moyen  âge  un  terrain  vague  appelé  «  Motte  aux 
Papelards  )>  ou  simplement  le  «  Terrein  »,  où  s'esbau- 
dissait  tout  le  personnel  de  l'église.  Plus  tard  Boileau 
habita  et  mourut  dans  une  maison  qui  se  trouvait  rue  de 
LAbreuvoii'  (rue  supprimée  en  1809)  à  la  place  à  peu 
près  de  la  fontaine  de  la  Vierge  du  square.  Cette  fon- 
taine est  de  Vigoureux  (1845).  En  1870  le  square  devint 
parc  d'artillerie.  En  1906  on  a  érigé  dans  le  square  le 
buste  de  Goldoni,  donné  à  la  Ville  par  le  duc  Melzi  d'Eril 
au  nom  de  la  Société  Dantesque. 

La  Morgue  est  installée  sur  le  quai  de  l'Archevêché 
depuis  1804.  Elle  avait  quitté  le  Grand  Chàlelet  en  1804 


IV*"    Ar.nOXDISSr.MENT.  17 

pour  le  Marché-Neuf  où  elle  resta  jusqu'en  1864.  Il  est 
question  de  la  transporter  à  la  place  Mazas,  et  il  faut 
espérer  que  ce  projet  sera  bientôt  réalisé.  Les  Parisiens 
pourront  alors,  de  la  pointe  de  l'île,  jouir  d'une  vue 
niagnilique.  Sur  cet  emplacement  de  la  ÎNIorgue  fonc- 
tionnaient les  Eaux  clarifiées  avant  d'aller  à  l'hôtel  de  la 
Vieuville. 

Riie  du  Cloître-Notre-Dame. 

Le  cloîti'e  Notre-Dame  formait  jadis  une  véritable 
cité  avec  quatre  portes.  Les  chanoines,  c|ui  touchaient 
un  mcreau  ou  jeton  de  présence  pour  assister  aux 
offices,  y  possédaient  51  maisons  cju'ils  se  transmet- 
taient; presque  toutes  sont  détruites  aujourd'hui.  Phili- 
bert Delorme,  cjui  était  chanoine,  mourut  au  cloître 
Notre-Dame.  Fulbert,  l'oncle  d'Héloïse,  était  également 
chanoine.  La  rue  du  Cloître-Notre-Dame  était  située 
dans  l'ancien  cloître  ainsi  que  les  églises  St-Jean-Ie- 
Rond  et  St-Denis-du-Pas.  Pierre  Lescot,  l'architecte, 
qui  avait  été  pourvu  d'un  canonicat  dans  l'Eglise  de 
Paris  en  1554,  habitait  une  maison  du  cloître  Notre- 
Dame  au  moment  de  sa  mort  en  1578. 

N'^  18.  Au  fond  de  la  cour,  maison  de  chanoine,  puis 
bureau  des  Aides. 

N°  16.  Le  chanoine  Feydeau,  puis  Jean  de  Hillerin. 

N°  14.  Picot,  chancelier  de  l'Église,  confesseur  de  la 
Brinvilliers. 

Rue  Chanoinesse. 

Doit  son  nom  aux  chanoines  qui  l'habitaient  jadis. 
Elle  est  très  ancienne  et  curieuse,  et   encore  habitée 

rv'    AKRONI).  2 


18   PROMENADES  DANS  TOUTES  LES  RUES  DE  PARIS. 

aujourd'hui  par  des  chanoines.  Elle  était  comprise  dans 
le  cloître  Notre-Dame. 

N"  10.  Emplacement  de  la  maison  de  Fulbert,  oncle 
terriblement  vindicatif  d'Héloïse! 

N"  12.  Hôtel  du  xvu"  siècle.  (Porte).  Ici  s'ouvre  la 
curieuse  rue  des  Chantres  (1540)  ainsi  nommée  parce 
que  les  chantres  de  Notre-Dame  y  avaient  des  écoles. 

N"  5.  Rue  Massillon.  Faisait  partie  du  oloîlie 
Notre-Dame.  Nom  en  1801  en  l'honneur  du  prédicateur 
(1GG3-1742).  Au  1,  où  se  trouve  acluellement  un  garage, 
se  trouvait  le  logis  de  Fréron,  médecin  de  Charles  VI. 
Au  8  se  trouve  un  intéressant  hôtel  du  xvii''  siècle.  Cet 
hôtel  appartient  au  département  de  la  Seine  et  est  loué 
au  curé  de  Notre-Dame  qui  doit  y  maintenir  le  siège  de 
la  maîtrise  de  la  cathédrale.  Dans  la  cour,  intéressante 
statue  de  St  Marcel.  Au  6,  escalier  en  chêne  sculpté  con- 
temporain de  Henri  IV.  Au  4,  nous  voyons  une  porte 
curieuse,  une  cour,  et  un  escalier  en  bois.  Au  2,  porte 
et  cour  curieuses.  La  Harpe  habita  la  rue  (à  l'ancien  14). 

N°  14.  Maison  de  Bichat.  Inscription  posée  en  1902 
par  les  soins  de  la  Société  de  l'Histoire  de  la  Médecine. 
D'après  cette  inscription  Bichat  serait  mort  dans  cette 
maison  en  1802. 

N°  16.  D'après  une  tradition  Racine  aurait  habité  cet 
emplacement. 

N"  18.  Emplacement  de  la  Tour,  dite  de  Dagobert,  du 
XV*  siècle,  démolie  en  1908.  Le  pivot  de  l'escalier  en  coli- 
maçon, qui  était  formé  d'un  seul  morceau  d'un  arbre  de 
chêne,  a  été  transporté  au  Musée  de  Cluny.  De  la  Tour 
on  avait  une  vue  intéressante  sur  la  cathédrale. 

N°  20.  Curieuse  cour.  On  a  retrouvé,  en  mars  1908, 
au  fond  du  18  et  du  20,  un  fragment  de  l'enceinte  de 
Lutèce. 


IV'    ARnONDISSEMENT.  19 

N"  17.  Porte  intéressante.  Le  cardinal  de  Retz,  dit-on, 
y  habita.  Lacordaire  y  logea.  —  Le  19  est  curieux 
(ancienne  maison  de  chanoine). 

N°  20.  Maison  ancienne  et  curieuse  ainsi  que  le  22 
(maison  de  chanoine). 

N"  24.  Ancienne  maison  de  chanoine.  Grille  ancienne 
de  marchand  de  vin. 

Restes  de  la  chapelle  St-Aignan  (1120)  une  des  vingt 
et  une  églises  de  la  Cité.  Après  la  suppression  du  cha- 
pitre de  Notre-Dame  en  1790,  la  chapelle  St-Aignan, 
l'éunie  au  domaine  national,  fut  vendue  en  1791.  L'abside 
de  la  chapelle  a  été  transformée  et  coupée  en  deux  par 
un  plancher.  (Voir  19,  rue  des  Ursins.) 

N°  26.  Date  de  la  fin  du  xviii"^  siècle.  Dans  le  passage 
qui  faisait  communiquer  cette  maison  avec  le  19  de  la 
rue  des  Ursins  se  trouvent  des  colonnes  qui  proviennent, 
dit-on,  du  couvent  des  Jacobins  de  la  rue  St-Jacques. 
Dans  le  dallage  ont  été  employés  des  débris  de  pierres 
tombales  dont  on  ignore  l'origine.  Ce  ten^ain  a  dij  pri- 
mitivement servir  de  cimetière. 

N°  26.  Rue  de  la  Colombe.  Existait  en  1228. 
Au  4,  curieuse  maison  du  moyen  âge  qui  était  jadis  à  l'en- 
seigne de  St-Nicolas.  Nous  y  voyons  un  médaillon  au- 
dessus  de  la  porte.  Au  6  inscription  :  «  Le  tracé  figuré  sur 
le  sol  de  la  rue  devant  cette  maison  désigne  l'emplace- 
ment des  vestiges  de  l'enceinte  gallo-romaine  de  la  Cité 
découverts  en  1898  ».  Les  7,  5,  3,  sont  des  vieilles  mai- 
sons. Les  Raguenet  père  et  fils  tenaient,  rue  de  la 
Colombe,  une  véritable  fabrique  de  vues  de  Paris  (1750 
à  1775).  (Voir  la  série  des  Raguenet  au  musée  Carna- 
valet. Ces  vues  décoraient  jadis  les  couloirs  de  la  Sama- 
ritaine). 

En  face  deJa  rue  Chanoinesse  se  trouvait  la  porte  des 


20       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Marmousets,  par  laquelle  on  allait  du  cloître  Notre-Dame 
à  la  rue  des  Marmousets  (emplacement  de  THôtel  Dieu). 

Rue  d'Arcole. 

Formée  de  la  rue  du  Chevet-St-Landry,  duviii'^  siècle, 
et  de  la  rue  St-Pierre-aux-Bœufs  de  1206.  Doit  son  nom 
au  voisinage  du  pont  d'Arcole. 

Le  pont  d'Arcole  en  1828,  au  moment  de  sa  con- 
struction, s'appelait  pont  de  la  Gi'ève.  Il  était  en  bois  et 
on  l'appelait  communément  pont  de  la  Balance.  Le 
28  juillet  1830,  un  jeune  homme  nommé  Durocher,  à  la  tête 
d'une  colonne  d'insurgés,  s'élança  sur  le  pont,  un  drapeau 
tricoloi'e  à  la  main,  en  criant  :  «  Mes  amis,  si  je  meurs, 
souvenez-vous  que  je  me  nomme  Arcole!  »  Il  tomba 
frajapé,  et  depuis  le  pont  a  pris  sa  dénomination  actuelle 
qui  rappelle  surtout  la  victoire  de  Bonaparte  (1795).  Le 
pont  a  été  reconstruit  en  1854  par  l'ingénieur  Oudry. 

Quai  aux  Fleurs. 

Date  du  premier  Empire  et  s'appela  quai  Napoléon. 
A  l'angle  delà  rue  de  la  Cité  se  trouvait  l'église  St-Denis- 
de-la-Châtre,  et  à  l'angle  de  la  rue  d'Arcole  se  trouvait 
l'église  St-Landry.  Les  travaux  de  1865  ont  fait  dispa- 
raître l'ancienne  rue  du  Port-Notre-Dame,  jadis  rue  de 
rimage-Ste-Catherine,  qui  allait  de  la  rivière  à  la  rue 
des  INIarmousets.  La  rue  de  Glatigny  a  également  dis- 
paru à  cette  époque. 

N"  11.  Rue  des  Ursins.  S'appela  rue  du  Port- 
St-Landry  en  1321,  puis  rue  d'Enfer,  et  rue  Basse-des- 
Ursins.  Nom  actuel  en  1831.  L'hôtel  des  Ursins,  habité 
par  Juvénal  des  Ursins.  prévôt  des  marchands  et  chan- 


!%*=    ARRONDISSEMENT.  21 

celier  au  xn»  siècle,  s'étendait  de  l'ancienne  rue  des 
Ui'sins  disparue,  où  il  s'ouvrait,  jusqu'à  la  Seine  qui 
baignait  les  deux  grosses  tours  de  l'hôtel  démoli 
en  1563.  (Emplacement  de  la  façade  septentrionale  de 
l'Hôlel-Dieu.)  Les  1,  3,  5  sont  des  maisons  curieuses. 
Le  9  est  un  ancien  logis  de  chanoine.  Le  7  serait  sur 
l'emplacement  de  la  maison  de  Racine,  qui  ouvrait  égale- 
ment IG,  rue  Ghanoinesse.  Au  15  se  trouve  une  école 
des  Sœurs  de  St-Vincent  de  Paul  construite  en  1899.  Au 
19  sont  les  restes  de  la  chapelle  de  St-Aignan  fondée  au 
xii*"  siècle  par  l'archidiacre  Etienne  de  Garlande.  St  Ber- 
nard y  pi'êcha,  et  pendant  la  Révolution  on  y  disait 
secrètement  la  messe.  Les  prêtres  y  venaient,  dit-on, 
déguisés  en  maçons  ou  en  porteurs  d'eau.  Plusicui's 
pierres  ont  été  transportées  au  musée  Carnavalet.  La 
partie  subsistante  de  la  chapelle  a  été  ti-ansformée  en 
écurie.  (Chapiteaux  intéressants.)  La  rue  des  Ursins  pos- 
sède encore  d'autres  vieilles  maisons  comme  les  11,  12, 
10,  8,  etc.  En  1908  on  a  mis  à  jour  dans  la  rue  un  frag- 
ment d'un  mur  gallo-romain. 

N"  9.  Maison  construite  en  1849  sur  l'emplacement  de 
celle  d'Héloïse  et  d'Abailard  (1118).  (Inscription.) 

N°  7  et  5.  Emplacement  d'un  ancien  rempart  du 
v''  siècle.  (Fouilles  de  1897.) 

Le  pont  St-Louis. 

Jadis  pont  Rouge.  Fut  construit  en  1614  par  Marie, 
en  bois  peint  en  rouge  :  Incendié  en  1656.  Reconstruit, 
il  fut  détruit  par  les  glaces  pendant  la  Révolution. 
Reconstruit  de  nouveau,  il  fut  remplacé  par  une  passe- 
relle en  fils  de  fer  en  1842.  Refait  complètement  sous 
Napoléon  III  (1862).  Ce  ponl  nous  mène  à  l'île  St-Louis 


22       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

L'île  St-Louis,  formée  par  File  Notre-Dame  et  Tîle 
aux  Vaches,  était  inhabitée  avant  1614.  Suivant  une  tra- 
dition, l'île  aurait  servi  de  lice  pour  les  duels  judiciaires 
appelés  jugements  de  Dieu.  L'île  Notre-Dame  apparte- 
nait jadis  à  l'évêque.  En  1614,  Marie,  entrepreneur 
général  des  Ponts  et  Chaussées  de  France,  obtint  la  con- 
cession des  deux  îlots  à  condition  de  combler  le  canal  qui 
les  séparait  et  de  relier  l'île  au  quai  des  Oi'mes  par  un 
pont  qui  a  gardé  son  nom.  En  1623,  Louis  XIII  céda  la 
propriété  de  l'île  Notre-Dame  à  Jean  de  Lagrange. 
En  1627,  ce  dernier  subroge  dans  ses  droits  les  sieurs 
Le  Poulletier,  commissaire  des  guerres,  Marie,  entre- 
preneur général  des  Ponts  et  Chaussées  de  Fi'ance,  et  Le 
Regrattier,  trésorier  aux  Cent-Suisses,  qui  se  partagent 
l'île  en  1630  et  l'approprient  aux  constructions.  Le 
chapitre  de  Notre-Dame  qui  avait  des  droits  sur  l'île 
depuis,  dit-on,  Charles  le  Chauve,  consentit  à  la  condi- 
tion expresse  qu'on  ne  comblerait  jamais  le  bras  de 
Seine  qui  existe  entre  la  Cité  et  l'île  St-Louis.  En 
1664  toute  l'île  St-Louis  était  bâtie. 

Rue  St-Louis-en-rile  (1614  à  1643). 

S'appela  rue  de  la  Fi^alernité  pendant  la  Révolution  et 
rue  Blanche-de-Castille  de  1806  à  1814. 

N"  75. Rue  Boutarel  (1846).  Jadis  passage  Boutarel. 
Doit  son  nom  au  propriétaire  des  terrains,  qui  était  capi- 
taine d'une  compagnie  de  la  garde  nationale  du  quartier. 

N°  80.  Porte.  Au  72  et  au  70,  ferrures  de  fenêtres. 

N"  61.  Enseigne  du  Petit  Bacchus  sur  la  grille. 

N°  57.  Porte  cuineuse,  ainsi  qu'aux  55  et  66. 

*N'^  51.  Hôtel  Chenizot  (1730).  —  N.  d'Avoust,  lieu- 
tenant général  civil,  y  tint  ses  audiences  de  1750  à  1776. 


IV*    ARRONDISSEMENT.  23 

Archevêché  (1831).  On  y  rapporta  le  corps  sanglant  de 
INIgr  x\ffre  (1848).  Caserne  de  gendarmerie.  Balcon  sou- 
tenu par  des  chimères.  Très  belle  porte.  Cour  intéres- 
sante avec  bel  escalier  au  fond  à  droite. 

N°  58.  Le  général  Charton  en  1795. 

N°  45.  Rue  Budé  (1630).  S'appela  rue  Guillaume 
avant  1867.  Nom  en  mémoire  du  savant  philologue 
(1467-1540)  cjui  détermina  François  1=''  à  créer  le  Collège 
de  France.  Maisons  anciennes  :  18,  8,  4,  13,  15.  Le  1 
est  la  maison  natale  d'Arvers.  (Voir  12,  quai  d'Oi-léans.) 

N°  54.  Là  se  trouve  un  ancien  jeu  de  paume,  dont  le 
toit  est  recouvert  en  tuiles. 

N°  52.  Hôtel  de  Valois  de  Lamare  (1750),  antiquaire 
et  académicien. 

N"  35.  Bureau  de  la  Confrérie  des  Parcheminiers  au 
commencement  du  xvin"  siècle.  Cette  maison  possède 
deux  étages  de  caves. 

N"  50.  Grille.  Les  44,  29,  25,  23,  24  (Porte)  sont 
assez  intéressants  et  méritent  un  coup  d'œil. 

N°  27.  Chez  M.  Savare,  fabricant  de  chaussures,  jolis 
dessus  de  portes.  Escalier  en  fer  forgé. 

*N°  21.  Église  St-Louis.  Fut  à  Torigine  une  modeste 
chapelle  construite  à  ses  frais  par  le  maître  couvreur 
Nicolas  le  jeune.  En  1633,  J.-F.  de  Gondi  avait  érigé  le 
sanctuaire  en  église  curiale.  L'église  actuelle  fut  com- 
mencée en  1664  par  Le  Vau  et  achevée  en  1726  par 
Jacques  Donat.  Elle  fut  inaugurée  en  1726  par  Mgr  Cauiet 
évêque  de  Grenoble,  ^'endue  comme  bien  national  en 
Fan  VI,  et  rachetée  par  la  Ville  en  1817.  Le  poète 
Quinault  y  est  inhumé,  ainsi  que  Falconet.  Pie  VII  y 
célébra  la  messe  le  10  mars  1805.  (Sépultures  de  la 
famille  de  Bailleul,  du  chevalier  d'Hérouval  (1689),  etc. 
Emaux  anciens  ;  fondation  Czartoryski,  tableau  original 


24       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    BUES    DE    PAUIS. 

de  Fra  Angelico  représentant  rAnnoncialion  ;  tableau  de 
N.  Halle  représentant  St  Fran(,»ois  de  Sales  et  Mme  de 
Chantai.)  Le  clocher  à  jour  avec  cadran  a  été  ajouté  en 
1741.  Portes  avec  frontons,  etc. 

N"  19.  Restes  de  Thôtel  du  président  d'AigremuUe. 

No  15.  Porte  assez  intéressante  ainsi  qu'au  13. 

N"  13.  Le  marquis  de  Fontenay,  premier  mari  de 
Théréza  Gabarrus. 

N°  16.  Ancien  jardin  de  rhôlel  de  Meilland  qui 
s'ouvre  au  19,  quai  d'Anjou. 

N°  14.  Emplacement  de  l'ancien  hôtel  de  Galard  au 
XVI i"^  siècle, 

N"  11.  Porte.  Marcel  Schwob  y  mourut  en  1905. 

N*^  10.  Porte.  Mascarons.  Poutrelles  peintes  sous  la 
voûte  d'entrée.  Cour.  Ecole  St-Louis.  Cette  maison, 
comme  bien  d'autres  dans  Paris,  est  connue  dans  le 
quartier  sous  la  dénomination,  banale  à  force  d'être 
fréquente,  de  maison  de  la  reine  Blanche. 

N°  7.  Arcade  de  l'hôtel  de  Le  Ragois  de  Bretonvil- 
iiers,  président  de  la  Chambre  des  Comptes.  Cet  hôtel, 
construit  en  1640  par  Jean  I"  Du  Cerceau,  s'étendait 
jusqu'à  la  pointe  orientale  de  l'ile.  II  était  décoré  par 
Poussin,  Mignard  et  Vouet.  Il  fut  occupé  par  le  maré- 
chal de  Tallard.  En  1719  il  abritait  le  Bureau  général 
des  Aides.  En  1782  il  était  habité  par  Bernard  Delaitre, 
directeur  général  des  Droits  d'entrée  de  Paris  et  dernier 
seigneur  de  Charonne  (1782).  M.  de  Montrairail  en 
était  propriétaire  en  1790.  Séquestré  à  la  Révolution. 
Par  décret  du  12  juillet  1793,  l'hôtel  Bretonvilliers  fut 
mis  à  la  disposition  du  ministre  de  la  Guerre  pour  y 
établir  une  manufacture  d'armes  à  feu.  L'hôtel  fut  mor- 
celé, détruit  par  les  ponts  Sully  et  disparut  en  1840. 
La  rue  de  Bretonvilliers  (1614  à  1648)  longeait  tout 


IV''    ARKONDISSEMENT.  25 

un  colé  de  l'hôlol  qui  s'y  ouvrait  au  4.  Le  3  de  la  rue 
de  Bretonvilliei's  appartenait  isolément  à  Françoise  Le 
Ragois  de  Bretonvilliers,  épouse  d'Anne  d'Héruard, 
inaitre  des  l'equêtes,  tandis  que  son  frère  J.-B.  Le  Ragois 
de  Bretonvilliers  habitait  en  face  le  grand  hôtel.  Le  1 
dépend  de  Thôlcl  d'Astry  (16,  quai  de  Béthune).  Au  6, 
cour  assez  intéressante. 

N"*  5  et  3.  Restes  de  Thôtel  Le  Ragois  de  Bretonvil- 
liers (1640).  Au  3,  intéressante  porte  de  l'hôtel  de 
Fénelon  (1760)  qui  se  greffait  comme  une  dépendance 
sur  l'hôtel  Bretonvilliers.  Habité  par  M.  Henri  Bauër, 
homme  de  lettres  et  critique  dramatique. 

*N°2.  Magnifique hôlel  du  président  Nicolas  Lambert 
de  Thorigny,  construit  par  Le  Vau  (1680)  et  décoré  par 
Lesueur,  Lebrun,  Patel,  Romanelli,  Herman  van  Swa- 
nevelt.  (Bas-relief  de  Lepautre  et  van  Obstal.)  A 
Nicolas  Lambert  de  Thorigny,  président  à  la  Cour  des 
Comptes  et  fondateur  de  l'hôtel,  succéda  son  fils  Jean- 
Baptiste  (1692).  Son  frère  Nicolas,  président  à  la 
Chambre  des  Requêtes  (1703)  qui  mourut  sans  enfants 
en  1729.  Le  fermier  général  Dupin  qui  fut  l'aïeul  de 
George  Sand.  Le  marquis  du  Châtelet-Laumont  (1739), 
lieutenant  général  des  armées  du  Roi.  Voltaire  y  fut 
l'hôte  de  la  marquise.  On  y  joua  la  comédie.  Le  fermier 
général  iNIarin  de  La  Haye  (1768).  Rousseau  y  séjourna. 
M.  de  ^lontalivet  (1809)  qui  vendit  son  hôtel  à  une 
entreprise  de  lits  militaires.  La  famille  Czartoryski 
acheta  l'hôtel  160  000  francs  en  1843  et  le  possède 
encore.  La  princesse  Anna  Czartoryska  y  fonda  en  1845 
une  école  pour  les  filles  d'émigrés  polonais  qui  n'a  été 
fermée  qu"à  la  mort  de  sa  fille  la  princesse  Dzialynska 
en  1899.  Cet  orphelinat  fut  d'aboi'd  installé  au  deuxième 
étage,    puis  au  petit   hôtel   Lambert.   On  y  donna  des 


26      PROMENADES    DA.NS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

bals  par  souscription  où  le  Tout  Paris  se  rendait  par 
charité.  A  Tintérieur  les  camaïeux  de  Lesueur  ont  été 
restaurés  par  Delacroix.  On  y  voit  encore  le  cabinet  de 
l'Amour  décoré  par  van  Swanewelt,  Patel  et  Romanelli, 
la  galerie  d'Hercule  peinte  par  Lebrun,  le  cabinet  des 
Muses,  d'où  les  panneaux  de  Lesueur  éraigrèrent  pour 
le  Louvre.  (Belles  portes.  Montoirs.  Cour  intérieure. 
Escalier,  etc.,  etc.) 

N"  1.  Vieux  et  charmant  pavillon  situé  à  l'angle  de 
l'ancien  préau  de  St-Leu,  et  faisant  partie  de  l'ancien 
hôtel  de  Brelonvilliers.  Là  se  tinrent  les  réunions  des 
Arbalétriers  avant  la  Révolution.  De  1794  à  1799  la 
maison  devint  la  demeure  de  Claude  de  Beauharnais, 
cousin  de  l'impératrice. 

Quai  d'Anjou. 

Commencé  en  1G14  par  Marie.  Aligné  en  1640.  Achevé 
en  1647.  Nom  en  mémoire  du  frère  de  Louis  XIII, 
Gaston  d'Orléans  (1608-1660),  qui  porta  d'abord  le  titre 
de  duc  d'Anjou.  Sa  quatrième  fille  s'appela  Mlle  d'Alen- 
çon.  Le  quai  s'appela  dans  sa  partie  occidentale  c{uai 
d'AIençon,  le  nom  d'Anjou  prévalut  en  1780.  Quai  de 
l'Union  pendant  la  Révolution. 

N°  1.  Hôtel  Lambert  de  Thorigny  (Voir  2,  rue  Saint- 
Louis-en-l'Ile). 

N°  5.  Petit  hôtel  de  Poisson  de  Marigny,  frère  de 
Mme  de  Pompadour  (1750).  Le  comte  de  Chemillé 
(1778).  La  famille  Pinctot  de  1779  à  1843. 

No  7.  Faisait  partie  de  l'hôtel  Lambert,  puis  boulan- 
gerie de  la  Ville.  (Fei'rures  de  fenêtres.)  Syndicat  de  la 
Boulangerie. 

N"  9.  Fut  habité  par  le  peintre  Daubigny. 


IV^   ARRONDISSEMENT.  27 

N°'  11  et  13.  Hôtel  de  Louis  Lambert  de  Thorigny 
(1720),  fils  du  président.  Fougeroux,  conseiller  secré- 
taire du  Roi.  Famille  de  Borneville  depuis  1825.  Au  11, 
ferrures  de  fenêtres.  Au  13,  très  bel  escalier  en  bois. 
Le  13  fut  habité  par  des  artistes  :  le  statuaire  de  Chaume, 
les  peinti-es  Daubigny  et  Alfi'ed  Géi'ente,  le  gi'aveur 
Prévost,  etc. 

*  N°  17.  Hôtel  dit  de  Lauzun.  L'entrepreneur 
Le  Poulletier  était  possesseur  du  terrain  en  1630.  Il  le 
vendit  en  1638  à  Claude  Ribodon,  conseiller  du  Roi, 
qui  revendit  en  1641  à  Charles  Griiyn  des  Bordes, 
commissaire  général  de  la  cavalerie  légère,  lequel  fit 
construire  la  maison  de  1650  à  1658.  Le  sieur  des  Bordes 
étant  décédé  en  1682,  le  curateur  Nicolas  Ferret  vendit 
la  maison  à  Lauzun  qui  ne  la  garda  pas  longlemps.  Il  y 
épousa,  dit-on,  sa  seconde  femme  Mlle  de  Durfort.  Dès 
1685  Lauzun  vendit  Thôtel  à  Louis-Armand  Duplessis 
de  Wignei'od,  marquis  de  Richelieu.  La  marquise  de 
Richelieu,  devenue  veuve,  cède  l'hôtel  en  1709  à 
François  Ogier,  receveur  général  des  finances  à  Mon- 
lauban.  En  1738,  Jean-François  Ogier,  fils  du  précé- 
dent, reste  seul  propriétaire  et  vend  l'hôtel  en  1764  au 
marquis  de  Tessé.  A  la  mort  du  marquis  de  Tessé,  en 
1769,  la  propriété  échoit  à  ses  petits-enfants  :  la  com- 
tesse de  Rieux  en  a  un  tiers,  le  comte  et  le  vicomte 
de  Saulx  de  Tavannes  en  ont  les  deux  autres  tiers.  Le 
marquis  de  Pimodan  achète  ces  deux  tiers  en  1779  et 
le  troisième  tiers  un  an  après.  Le  mai^quis  de  Pimodan, 
retiré  dans  ses  terres  de  Champagne,  loua  une  partie  de 
l'hôtel  en  1788.  A  sa  mort,  en  1801,  l'hôtel  passa  à  sa 
fille  Charlotte  de  La  Violaye  qui  le  vendit  en  1802 
pour  40  000  francs  à  un  sieur  Hubert.  De  1802  à  1842 
les    propriétaires    furent    MINI.    Perier,    Capon,    puis 


28      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Mine  Debruge  qui  vendit  Thôlel  en  1842  au  baron  Pichon, 
bibliophile  et  collectionneur,  pour  110  000  francs.  C'est 
le  baron  Pichon  qui  remplaça  la  plaque  portant  le  nom 
d'hôtel  Pimodan  par  celle  portant  le  nom  de  l'époux  de 
la  Grande  Mademoiselle,  Lauzun,  qui  n'habita  l'hôtel  que 
de  1682  à  1685.  Le  baron  Pichon  loua  une  partie  de  l'hôtel 
à  une  pléiade  de  littérateurs.  Baudelaire  y  habita.  Roger 
de  Beauvoir  y  écrivit  ses  Soirées  de  V hôtel  Pimodan. 
Théophile  Gautier  y  habita  également  et  y  fonda  le 
Club  des  Haschif seurs.  Michel  Pascal,  statuaire  et 
collectionneur,  y  habita  de  1840  à  1860.  Le  peintre 
Auguste  Boulard  y  fut  aussi  locataire.  La  Ville  acheta 
cet  hôtel  en  1900  pour  en  faire  un  musée  qui  consista 
en  un  seul  tableau  pendu  dans  l'escalier!  En  1904  les 
Parisiens  de  Paris  y  louèrent  un  local.  En  1906  la  Ville 
rétrocéda  l'hôtel  au  baron  Pichon,  petit-fils  du  collec- 
tionneur, pour  la  somme  qu'elle  l'avait  payé  en  1900 
(300  000  francs),  l^'hôtel  a  été  classé  comme  monument 
historique  le  12  fcvi'ier  1906.  Il  a  été  i-estauré  en  1907 
intérieurement  par  l'architecte  Juste  Lisch.  (Dans  la 
cour  loggia  en  encorbellement  portée  par  deux  lions. 
Bornes.  Escalier.  Salons  magnifiquement  décorés,  dont 
nous  ne  pouvons  faire  ici  la  description.) 

N''  19.  Hôtel  bâti  au  milieu  du  xvip  siècle  par 
Blanc  Méliand,  pi'ocureur  général  du  Parlement.  Hôtel 
de  Tessé  (1728).  Bureau  des  saisies  et  recettes. 
Charles  de  Corbie  (1783).  (Voir  20,  rue  Poullelier.) 

N°  19.  Piue  Poulletier.  (Voir  la  note  à  la  suite  du 
quai.) 

No  21.  Hôtel  du  xvii«  siècle. 

N°'  23  et  25.  Bâtis  sur  pilotis  et  quatre  puits.  Au  23, 
balcon. 

N"  27.    Gaillardon,  intendant  de  la  Franche-Comté 


IV   ARRONDISSEMENT.  29 

au  xviii''  siècle.  Séquestré  à  la   Révolution.    (Balcon. 
INIansardes.  Bornes.  Vieux  puils  bouché.) 

N°  33.  Façade  intéressante. 

N"  35.  Edifié  pour  le  cari'ossier  de  Louis  XIV. 

N°  39.  Curieuse  voûte  d'entrée. 

Rue  PouUetier. 

Son  nom  devrait  être  rue  I-.e  PouUetier.  La  rue  se 
trouve  sur  remplacement  du  canal  qui  séparait  jadis 
l'île  Notre-Dame  de  l'île  aux  Vaches.  Elle  doit  son  nom 
à  Le  PouUetier,  commissaire  des  guerres,  un  des  entre- 
preneurs des  travaux  de  l'île. 

N"  9.  Escalier.  Inscription  :  rue  PouUetier.  Nous 
revoyons  une  inscription  analogue  sur  l'église  St-Louis. 

N°  20.  Portail  monumental  de  l'hôtel  de  Méliand, 
(Voir  19,  quai  d'Anjou.)  Écusson  perlé  de  forme  ovale, 
flanqué  de  palmes.  Cet  hôtel  de  Méliand,  puis  de  Tessé, 
a  été  acquis  par  la  Ville  en  1894.  École  communale. 
(Escalier.)  Les  jardins  s'étendaient  jusqu'à  la  rue 
St-Louis. 

N"  7.  Porte  avec  statuette  de  la  Vierge.  Les  sœurs 
de  St-Vincent  de  Paul. 

N°  5  bis.  Plaque  indiquant  l'école  des  Filles  de  la 
Charité  de  la  paroisse  St-Louis.  Aujourd'hui  fourneau 
économique. 

N°  12.  Mascarons.  Portes  assez  curieuses  au  8  et  au  4. 

N'^  3.  Vieil  hôtel  du  xvir-  siècle,  qui  fut  sans  doute 
une  dépendance  de  l'hôtel  Hesselin  (24,  quai  de  Béthune). 
C'était  encore,  en  1907,  le  presbytère  de  St-Louis. 


30      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Rue  des  Deux-Ponts  (1614), 

Doit  son  nom  à  sa  situation  entre  le  pont  de  la 
Tournelle  et  le  pont  Marie.  (Pour  le  pont  de  la  Tour- 
nelle,  voir  le  V^  ai'rondissement.)  Le  pont  Marie 
(1618-1635)  doit  son  nom  à  son  constructeur  Marie, 
entrepreneur  généi'al  des  Ponts  de  France,  et  Tun  des 
concessionnaires  des  travaux  de  l'île.  Marie  de  Médicis 
en  posa  le  première  pierre,  en  présence  de  Miron,  le 
prévôt  des  marchands,  et  d'une  foule  considérable.  Le 
pont  fut  achevé  en  1635  par  Jean  de  La  Grange.  11  était 
jadis  couvert  par  cinquante  maisons  ;  une  inondation  en 
emporta  une  vingtaine  en  1658  et  le  reste  des  maisons 
fut  démoli  en  1788. 

N°  38.  Fut  habité  par  le  poète  Lagrange-Chancel, 
SiUleur  des  PJi Hippiques  contre  le  Régent. 

N°  36.  Vieille  maison.  Au  28,  mansardes. 

N"  14.  Voûte  d'entrée.  Sans  en  avoir  l'air,  fut  un 
hôtel  de  Clermont-Tonnerre. 

N"'  4  et  2.  Appartenaient  au  fils  du  président  Lam- 
bert de  Thox'igny. 

Les  23,  25,  27,  29,  etc.,  sont  anciens  et  méritent  un 
coup  d'œil. 

Quai  de  Bourbon  (1614  à  1646). 

De  1792  à  1806  on  l'appela  quai  de  la  République,  de 
1806  à  1845  quai  d'Alençon,  puis  il  reprit  son  nom  pri- 
mitif. 

N°  1.  Ancien  bureau  de  placement.  Grille.  Enseigne: 
Au  Franc  Pinot. 

N"  3.  Très  jolie  boutique  Louis  X\'  (unique  à  Paris). 


IV""    AURONDISSEMENT.  31 

N°  11.  Fut  habité  par  le  peintre  Joseph  Bail  (1901). 
Dans  le  bâtiment  du  fond,  belle  rampe  en  bois  sculpté 
du  commencement  du  xvii<=  siècle. 

*  N°*  13  et  15.  Hôtel  de  Le  Charron,  intendant  des 
finances  (1630)  ;  de  Vitry,  au  commencement  du  xviii"  siè- 
cle, La  porte  du  15  est  curieuse.  Cour  très  intéressante. 
Meissonier  y  eut  son  atelier  et  c'est  lui  qui  fit  construire 
réchauguette  dans  la  cour.  Escaliers. 

N°  17.  Faisait  partie  de  l'hôtel  de  Jassaud. 

N°  19.  Hôtel  de  Jassaud,  famille  de  robe  (1640);  de 
Maupas,  conseiller  au  Parlement  de  Rouen.  Façade  à 
trois  frontons.  Habité  par  >L  Maurice  ^Nlaindron,  homme 
de  lettres. 

N°  19  bis.  Statue  de  la  Femme  sans  tète  et  rue  Le 
Regrattier.  (Pour  la  rue,  voir  la  note  à  la  suite  du  quai.) 

N°  21.  Hôtel  de  Jassaud  d'Arquinvilliers  (1692). 
Nicolas  Poulet,  secrétaire  du  Roi,  le  vendit  en  1700  à 
Le  Boulanger,  maître  des  comptes.  (Restauré.) 

N°  25.  Fut,  dit-on,  un  des  hôtels  du  duc  de  Nevers. 

N°  29.  Très  belle  porte  et  escalier  en  fer  forgé. 
Hôtel  Roualle  de  Boisgelon  (1750). 

N°  33.  Rue  Jean-du-Bellay.  S'appela  rue  du  Bellay 
en  1867,  en  mémoire  de  Jean  du  Bellay  (1492-1560), 
évèque  de  Paris  et  écrivain.  Le  prénom  a  été  ajouté 
en  1906. 

N°  43.  Hôtel  du  xviii*'  siècle. 

N''45.  Hôtel  construit  en  1659  par  François  Le  Vau, 
frère  de  l'architecte  de  Thôtel  Lambert.  Les  Le  Bou- 
langer le  possédèrent.  (Médaillon  représentant  un  Cen- 
taure.) 

Philippe  de  Champaigne  habita  à  côté  quelque  temps. 

N"  49.  Appartenait  à  Jean  Rillard  de  Fontenay, 
gendre  de  Le  Vau.  Les  51  et  53  sont  également  anciens. 


32      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    nUES    DR    PARIS. 

Rue  Le  Regrattier  (1614). 

Doit  son  nom  à  Le  Regrattier,  trésorier  aux  Cent- 
Suisses,  l'un  des  concessionnaires  des  travaux  de  File.  La 
partie  nord  de  la  rue  s'est  appelée  longtemps  rue  de  la 
Femme-sans-tête  à  cause  de  la  statue  mutilée  qu'on  voit 
encore  au  coin  du  quai  de  Bourbon.  On  disait  jadis  : 
Rue  Regratière. 

N°  28.  Inscription  :  Rue  de  la  Femme-sans-Tesle. 
Ancien  hôtel  ainsi  qu'au  26  et  au  24. 

N°  10.  Porte  assez  intéressante  ainsi  qu'aux  4,  2,  5, 

N°9.  Ancienne  maison  ainsi  qu'aux  11, 15,  21,  etc.,  etc. 

Coffinhal,  au  commencement  de  la  Révolution  jusqu'à 
Thermidor  an  II,  habita  le  5  (ancien)  et  on  raconte  que 
c'est  lui  qui  a  mutilé  la  statue.  Falconet  est  mort  dans  la 
rue  Le  Regrattier  en  1791,  ainsi  que  l'évéque  Gobel  qui, 
le  premier,  se  déprêtrisa  devant  la  Convention. 

Quai  d'Orléans  (1613  à  1646). 

Doit  son  nom  à  Gaslon  d'Orléans,  Irère  de  Louis  XIII. 
Quai  de  l'Égalité  de  1796  à  1806.  Daubenton  y  logeait 
en  1811. 

N°  28.  Joli  balcon,  ainsi  qu'au  20. 

N"  18.  Hôtel  Rolland  du  xviii"  siècle.  Porte  et  heur- 
toir. 

N°  12.  Balcon.  Maison  natale  du  poète  Arvers,  l'au- 
teur du  fameux  sonnet,  qui  naquit  là  en  1806.  (Médaillon 
du  poète  posé  en  1906.)  La  dame  du  fameux  sonnet 
était  la  fille  de  Charles  Nodier,  Mme  Marie-Antoinette 
Menessier,  qui  fut  belle  et  sage. 

N"  6.  Musée  Adam  Miokicwicz  et  lîibliothèque  Polo- 


IV    ARRONDISSEMENT.  33 

naise  depuis  1838,  fondée  par  la  Société  historique  polo- 
naise et  cédée  en  1893  à  rAcadémie  des  sciences  de 
Cracovie.  Servait  de  pied  à  terre  à  Mgr  Perraud,  car- 
dinal et  académicien,  mort  en  1906  à  Autun.  Belle  porte 
sculptée. 

Quai  de  Béthune  (1614  à  1646). 

indis  quai  du  Dauphin,  puis  des  Balcons.  Quai  de 
Béthune  en  souvenir  de  la  prise  de  celte  ville,  ou  à 
cause  de  Maxiinilien  de  Béthune,  duc  do  Sully  (IjGO- 
1641).  De  1792  à  1806,  ce  fut  le  quai  de  la  Liberté,  puis 
il  reprit  son  nom  de  Béthune.  11  communique  avec  la 
rive  gauche  par  le  pont  de  la  Tournelle  (1656).  (Voir 
le  V^  arrondissement.) 

N°  38.  Enseigne  de  l'Ancre. 

N°  36.  Hôtel  du  président  Perrault.  Au  temps  de  la 
Fronde,  les  caves  servaient  d'entrepôt  d'armes  qu'on 
faisait  sortir  la  nuit  par  une  gargouille  donnant  sur  la 
Seine. 

N°  34.  Habité  par  M.  Maurice  Tourneux,  homme  de 
lettres. 

N"  32.  Balcon.  Date  de  Louis  XIV.  Le  chevalier 
Turgot,  père  du  ministre. 

N"  30.  Construit  en  1672.  Faisant  corps  avec  le  32. 
On  a  bouché  en  1899  un  souterrain  qui,  des  caves,  menait 
à  la  Seine.  Ces  souterrains  s'appelaient  jadis  des  portes 
d'eau.  Après  un  procès  on  a  rétabli  en  1902  cette  porte 
d'eau,  et  elle  a  été  de  nouveau  bouchée.  M.  Pichon, 
ministre  des  Affaires  étrangères,  y  habitait  (Balcon. 
Mascaron  au-dessus  de  la  porte.) 

N°  26.  Hôtel  de  Binanville  au  xviii"^  siècle.  De  Sainctot 
au  xvii''  siècle. 

1V«    ARROND.  3 


îi'i       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

*  N°  24.  Construit  en  1050  par  Le  Vau  pour  Denis 
Hesselin,  panetier  du  Roi  et  prévôt  des  marchands. 
Hôtel  Molle  (1669).  Un  nonce  y  habita  et  y  eut  une  cha- 
pelle (1713).  Le  sieur  Monerat.  Hôtel  dVVrnbrun  (1737). 
Le  lieutenant  criminel  Vegre.  Le  sieur  Brochant  dont  la 
veuve  eut  pour  héritier  M.  Lechanteur  dont  la  fille 
épousa  M.  Parent-Duchâtelet.  Famille  Parent-Duchâ- 
telet,  (Balcon.  Portail  scupté  avec  lèles  de  bélier  par  Le 
Hongre,  très  jolie  cour  en  deini-lune  d'où  Ton  a  une  vue 
sur  l'église  St-Louis;  fontaine  dans  la  cour,  etc.) 

N"  22.  Construit  par  Le  Vau.  —  Lefeuve  de  La  Mal- 
maison,  conseiller  aux  Aides  sous  Louis  XIV.  (Balcon. 
Porte.) 

N°  20.  Balcon.  Porte.  Bel  escalier  en  fer  forgé.  Celle 
maison  possède  un  plafond  peint  par  Mignard  et  une 
décoration  inédite  de  Bérain. 

N'^'  18  et  16.  Le  18  fut  bâti  par  les  parents  de  Marie 
de  Coomans,  sur  une  place  qui  avait  été  acquise  en  1643 
du  sieur  Philippe  de  Colange.  Marie  de  Coomans  d'Astry, 
épouse  de  Jean  Rouillé,  comte  de  Meslay,  déjà  proprié- 
taire du  18  (hôtel  dit  d'Astry)  acheta  en  1706  Thôtel 
voisin,  le  16,  qui  avait  été  bâti  en  1661  par  un  financier. 
Elle  réunit  les  deux  immeubles  et  les  légua  à  son  petit- 
fils  Rouillé,  comte  de  Meslay.  l'^n  1727,  les  deux  mai- 
sons réunies  reviennent  à  Marguerile-Théi^èse  Rouillé, 
veuve  d'Armand  Duplessis,  duc  de  Richelieu,  père 
du  maréchal.  Cette  dame  Rouillé,  belle-mère  du  maré- 
chal, lui  laissa  son  hôtel,  et  dès  lors  l'hôtel  est  dit  Hôtel 
de  Richelieu.  Sans  doute  le  maréchal  n'y  habita  pas.  A 
sa  mort,  en  1788,  l'hôtel  revint  à  son  fils  unique  Louis- 
Antoine  Duplessis  de  Richelieu.  La  veuve  de  ce  der- 
nier, Marie -Antoinette  de  Galliffet,  vendit  en  1791  à 
M.  Delorme,  négociant,  cl  il  y  eut  de  nouveau  disjonction 


IV'    ARRONDISSEMEXT.  35 

entre  les  deux  hôtels.  I^e  16,  reconstruit  sous  le  Direc- 
toire sur  l'avant-corps  de  l'hôtel  Richelieu,  appartenait 
au  commencement  du  xix'^  siècle  à  Mme  Favel,  née 
Roger,  et  resta  dans  cette  famille  jusqu'en  1886,  époque 
où  il  fut  acheté  par  Mme  Lelong,  célèbre  collection- 
neuse qui,  à  sa  mort,  légua  sa  fortune  aux  artistes  musi- 
ciens. On  se  souvient  de  la  vente  sensationnelle  de  la 
belle  collection  de  Mme  veuve  Lelong  (190G).  Au  18 
se  trouve  une  très  belle  cour.  L'entrée  de  Ihôtel  était 
jadis  rue  St-Louis. 

N"  14.  Sur  l'emplacement  d'une  partie  de  l'hôtel  de 
Bretonvilliers.  Cette  maison  qui  a  été  exhaussée  était 
vers  1835  le  siège  deladministration  des  Hydrothermes, 

L'hôtel  de  Bretonvilliers  occupait  la  partie  orientale 
de  l'île  depuis  la  rue  de  Bretonvilliers.  Il  s'étendait  au 
nord  jusqu'à  la  rue  St-Louis. 

Les  ponts  de  Sully  ont  été  construits  de  1874  à  1876. 
Celui  du  sud  remplace  le  pont  de  Constantine,  et  celui 
du  noi'd  celui  dit  de  Damiette.  Le  terre-plein  qui  sépare 
ces  deux  ponts  et  qui  forme  aujourd'hui  l'amorce  du 
boulevard  Henri-IV  est  sur  l'emplacement  des  jardins 
de  l'hôtel  de  Bretonvilliers. 

A  l'extrémité  de  l'Ile,  dans  le  petit  square,  les  admi- 
rateurs français  et  américains  du  grand  statuaire  anima- 
lier Barye  lui  ont  élevé  un  monument  en  1894.  (Au 
sommet  le  Centaure.)  Le  groupe  du  lion  et  du  sez'pent 
a  été  fondu  par  Barbedienne.  Derrière  la  statue,  se 
trouve  la  passerelle  de  l'Estacade,  par  laquelle  nous 
sortii'ons  de  lile  Saint-Louis. 


30      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 


Quai  Henri-IV. 

Le  quai  Heuri-lV  occupe  l'emplacement  des  anciennes 
berges  méridionales  de  Tîle  Louviers  qui  a  été  réunie 
en  1843  à  la  rive  droite.  L'île  Louviers  fut  achetée  au 
début  du  xv^  siècle  par  le  sire  de  Louviers,  seigneur  du 
Châtelet.  Elle  s'appelait  jadis  :  île  aux  Javeaux  (1370)  et 
île  d'Entx^agues.  Plusieurs  historiens  disent  qu'elle 
s'appela  :  Bouteclou,  puis  île  des  Ormetiaux.  Quoi  qu'il 
en  soit,  après  avoir  appartenu  à  Mme  Pcrnelle  de  Villiers 
en  1383,  elle  prit  le  nom  de  son  nouveau  propriétaire 
Louviers  au  xv*^  siècle.  En  1697  elle  appartenait  à  M.  de 
Gesvres  qui  l'avait  acquise  de  M.  Talon  et  de  la  comtesse 
de  Grammont  et  en  1790  elle  devint  la  propriété  de  la 
Ville.  Les  arbalétriers  s'y  exerçaient  au  tir.  En  1806 
c'était  un  marché  de  bois  à  brûler.  En  1848  on  y  établit 
des  baraquements  d'artillerie.  Depuis  le  xviii''  siècle 
l'île  Louviers  communiquait  avec  la  rive  droite  par  le 
pont  dit  de  Grammont  qui  débouchait  sur  le  quai  des 
Célestins,  dans  l'axe  de  la  rue  du  Petit-Musc.  Le  quai 
actuel  longe  le  port  Henri-IV  qui  fut  créé  en  1843. 

N°  40.  Rue  Agrippa-d'Aubigné  (1807).  Nom  en 
mémoire  du  soldat  écrivain,  aïeul  de  Mme  de  Main- 
tenon  (1550-1630). 

N'^  36.  Magasins  de  la  Ville  de  Paris  qui  sont  sur 
l'emplacement  de  la  rue  de  l'Ile-Louviers,  rue  qui  allait 
du  quai  au  boulevard  Morland. 

N"  30.  Rue  de  Scliomberg  (1841) .  Prolongée  en  1848 
dans  sa  partie  sud.  Nom  en  mémoii'e  du  maréchal  de 
Schomberg  (1583-1632)  ou  en  mémoire  de  Gaspard  de 
Schomberg,  capitaine  et  homme  d'État  (1540-1590).  Au 
4,  caserne  de  la  Garde  Républicaine. 


IV''    ARRONDISSEMENT.  37 

N"  30.  Archives  de  la  Seine  (1892)  (Municipales  et 
Dépai'tementalcs).  Les  Archives  reconstituées  après  la 
Commune  étaient  avant  au  palais  de  la  Bourse. 

N''  12.  Rue  Coligny  (1841).  Nom,  en  1844,  en 
mémoire  de  Tamiral  (1517-1572). 

N°  12.  Laboratoire  central  des  Poudres  et  Salpêtres. 

A  Textrémité  orientale  du  quai,  le  pont  Morland 
tx-averse  la  gare  de  TArsenal,  ex-bassin  du  canal 
St-Martin.  Ce  bassin,  qui  forme  l'extrémité  du  canal 
St-Marlin,  occupe  remplacement  des  anciens  fossés  de 
l'Arsenal.  Le  bureau  d'octroi  qui  se  trouve  près  du 
pont  IMorland  occupe  l'emplacement  du  jardin  de  la 
curieuse  maison  éclusière  du  bassin  de  l'Arsenal  que 
les  travaux  du  Métropolitain  ont  fait  disparaître  en 
1906. 

Boulevard  Morland. 

Occupe  l'emplacement  de  l'ancien  Mail,  établi  du 
temps  d'Henri  lY,  qui  longeait  le  Grand  Arsenal.  En 
1770  le  Mail  devint  quai  du  Mail,  et,  rappelons-le, 
longeait  le  petit  bras  de  la  Seine  qui  séparait  la  terre 
ferme  de  l'île  Louviers.  En  1806  le  quai  du  Mail  devint 
quai  du  Colonel-Morland,  en  l'honneur  du  colonel  tué  à 
Austerlitz  en  1805.  Le  corps  du  général  Morland  (il  fut 
nommé  général  après  sa  mort)  ne  fut  pas  mis  dans  un 
tonneau  de  rhum  comme  le  raconte  JMarbot,  mais  il  fut 
embaumé  par  Larrey,  et  resta  exposé  dans  le  cabinet 
d'anatomie  de  l'École  de  médecine  de  Paris,  jusqu'en 
1818.  Lorsque  l'île  Louviers  fut  réunie  à  la  inve  di'oite 
en  1843,  l'ancien  quai  devint  boulevard  Morland  (1844). 
Au  xv'=  siècle,  les  magasins  de  la  Hanse  parisienne  se 
trouvaient  sur  l'emplacement  de  ce  boulevard.  Sous  le 


38      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

second  Empire  il  y  avait  sur  ce  boulevard  un  bal  disparu 
qui  se  nommait  :  les  Jardins  de  TxVrsenal. 

N°  5.  Décoré  de  médaillons  modernes. 

N°  6.  Rue  Grillon  (1843).  Sur  les  terrains  de  l'ancien 
Arsenal.  Nom  en  mémoire  du  compagnon  d'armes 
dlïenri  IV  (1541-1615). 

N°  10.  Rue  de  Brissac  (1843).  Sur  les  terrains  de 
l'Arsenal.  Nom  en  mémoire  du  maréchal  de  Brissac, 
moi't  en  1621. 

N"  18.  Intéressante  façade  de  la  Bibliothèque  de  l'Ar- 
senal. (Canons,  mortiers,  bombardes,  etc.)  (Voir  rue  de 
Sully.)  En  face,  au  17,  niagasins  de  la  Ville. 

Rue  de  Sully. 

Rue  créée  en  1807  sur  l'emplacement  des  cours  du 
Grand  Arsenal.  Nom  en  Thonneur  du  ministre 
d'Henri  IV,  grand  maître  de  l'Artillerie  (1560-1641). 

*  L'ancien  Arsenal,  construit  sous  Henri  II,  sur  l'ancien 
Chamjvau-Plâtre,  où  François  I"  avait  déjà  fait  fondre 
des  canons,  occupait  un  vaste  emplacement  qui  s'éten- 
dait entre  la  Seine  et  la  Bastille,  à  laquelle  l'Arsenal 
communiquait.  Cet  Arsenal  consistait  en  constructions 
diverses,  et  plusieurs  moulins  à  poudre.  Après  l'explo- 
sion de  1572,  Henri  IV  y  réédifîa  un  nouvel  arsenal, 
sous  le  nom  de  Granges  d'Artillerie.  Louis  XIII  et 
Louis  XIV  contribuèrent  à  l'embellir.  Sous  Louis  XIV 
la  fonte  des  canons  fut  remplacée  par  la  fonte  des  statues 
destinées  au  parc  de  Versailles  et  autres  résidences 
royales.  Le  Régent  reconstruisit  une  partie  des  bâti- 
ments sur  les  dessins  de  Boffrand,  et  en  1788 
Louis  XVI  suppi'ima  l'Arsenal  et  on  ouvrit  sur  son 
emplacement  plusieurs  rues.  Un   bâtiment  a  survécu, 


IV    ARKONDISSEMENT.  39 

c'est  celui  qui  sex't  de  Bibliothèque  dile  de  l'Arsenal  qui 
ouvre  au  3  de  la  rue  de  Sully. 

Le  bâtiment  primitif,  achevé  sous  Henri  IV,  fut 
l'emanié  par  Bofirand  en  1718,  et  sous  le  second  Empire 
la  façade  a  été  complètement  refaite.  Les  appartements 
en  bordure  du  boulevard  Morland  ont  été  construits 
pour  le  duc  et  la  duchesse  du  Maine  après  la  cassation 
du  testament  de  Louis  XIV.  Sully  logeait  à  l'Arsenal. 
La  Chambre  ardente  s'y  réunit  pour  juger  Fouquet 
et  Mme  de  Brinvilliers.  Le  duc  de  La  Meilleraye,  grand 
maître  de  T Artillerie,  mourut  à  l'Arsenal  en  1664. 
Mme  de  Genlis,  pensionnée  par  Napoléon,  y  logea. 

Le  fondateur  de  la  Bibliothèque  fut  M.  de  Voyer 
d'Argenson,  marquis  de  Paulmy  (1757).  Il  la  vendit  en 
1785  au  comte  d'Artois.  Celui-ci  y  ajouta  en  1787  une 
partie  de  la  bibliothèque  du  duc  de  La  Vallière.  Pro- 
priété nationale  en  1792.  Ouverte  au  public  le  9  floréal 
an  IV.  Louis  XVIII  la  rendit  au  comte  d'Artois  et  elle 
fit  de  nouveau  retour  à  l'Etat  après  la  Révolution  de 
Juillet.  Charles  Nodier,  le  bibliophile  Jacob,  le  vicomte 
Henri  de  Bornier  qui  y  mourut,  J.-M.  de  Heredia,  en 
furent  bibliothécaires  (10  000  manuscrits,  200  000  vo- 
lumes, etc.).  M.  Funck-Brentano,  homme  de  lettres,  y 
habite.  Dans  la  galerie  du  rez-de-chaussée  se  trouve  un 
fragment  considérable  de  l'enceinte  de  Charles  V.  — 
Escalier  en  abîme.  (Oratoire  de  la  duchesse  de  La  Meil- 
leraye, où  on  voit  son  portrait  sous  le  costume  de  Marie 
Stuart;  le  prétendu  cabinet  de  Sully,  changé  de  place  en 
1864  par  l'architecte  Labrouste  ;  salle  de  musique  de  la 
duchesse  du  Maine,  etc.,  etc.). 


40      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Rue  Mornay  (1841). 

Dans  sa  partie  ouest,  elle  s'appelait  primitivement 
rue  de  Sully.  Elle  a  été  prolongée  en  1878  jusqu'au  bou- 
levard Bourdon,  sur  l'emplacement  des  anciens  greniers 
de  réserve.  Nom  en  mémoire  de  Duplessis-Mornay  (1549- 
1623),  partisan  huguenot  do  Henri  IV. 

N"  2.  Rue  de  l'Arsenal  (1829).  Tracée  sur  Tan- 
cienne  avenue  de  TArsenal  qui  allait  du  Grand  Arsenal 
au  Petit  Arsenal,  puis  elle  lit  partie  de  la  rue  de  FOrme 
(la  partie  supérieure  de  la  rue  de  FOrme  est  devenue 
rue  Jacques-Cœur).  A  Fendroil  où  la  rue  de  l'Arsenal 
rencontre  la  rue  de  la  Cerisaie  se  trouvait  la  cour  sud 
du  Petit  Arsenal,  qui  était  devenue  un  passage.  Sous  le 
second  Empire  l'administration  des  Poudres  était  située 
du  côté  impair,  au  coin  de  la  rue  de  la  Cerisaie. 

Boulevard  Bourdon  (1806). 

Nom  en  mémoire  du  colonel  tué  en  1805  à  Auslerlitz. 
Longe  le  port  de  l'Arsenal.  C'était  jadis  une  allée  qui 
longeait  le  fossé  de  l'Arsenal,  depuis  la  Seine  jusqu'à  la 
Bastille.  Depuis  1822,  le  canal  St-Martin  a  remplacé, 
entre  la  Bastille  et  la  Seine,  l'ancien  fossé  de  l'Arsenal. 
Le  mur  d'escarpe  de  ce  fossé  avait  remplacé  au 
xvi'=  siècle  le  mur  d'enceinte  de  Charles  Y.  11  fut  sur- 
élevé et  couronné  d'un  parapet  pour  devenir  le  mur  du 
(juai  actuel  du  boulevard  Bourdon.  Les  greniers  d'abon- 
dance (1807),  sous  le  second  Empire,  s'étendaient  le 
long  du  boulevard  Bourdon  entre  le  boulevard  Morland 
et  la  rue  Bassompiei're.  Ils  furent  brûlés  par  la  Com- 
mune (du  1  au  21).  La  Compagnie  des  Omnibus  occupe 


IV'^    ARRONDISSEiMENT.  'il 

une  partie  de  cet  emplacement.  Le  Petit  Arsenal,  qui 
datait  de  François  I"  occupait  l'emplacement  qui  s'étend 
du  21  à  la  place  de  la  Bastille.  Sur  le  boulevard  Bourdon 
se  tint  la  foire  aux  jambons  de  1840  à  1869. 

N°  21.  Rue  Bassompierre  (1841).  Nom  en  l'hon- 
neur du  maréchal  François  de  Bassompierre  (1579- 
1646). 

Rue  de  la  Cerisaie. 

Percée  en  1515  dans  sa  partie  ouest  sur  les  jardins  de 
l'hôtel  St-Pol  (emplacement  d'une  allée  de  cerisiers). 
Son  extrémité  du  côté  du  boulevard  Bourdon  a  été 
percée  après  le  premier  Empire,  sur  l'emplacement  du 
Petit  Arsenal. 

N°  10.  Emplacement  de  l'hôtel  du  fameux  et  intrigant 
financier  Zamet,  ami  d'Henri  IV.  C'est  là  que  la  belle 
Gabrielle,  en  soupant,  fut  prise  d'un  mal  subit  et  mortel. 
Hôtel  du  connétable  de  Lesdiguières  (1614).  Le  maré- 
chal de  Villeroi  en  hérita  après  la  moi"t  de  la  duchesse 
de  Lesdiguières  et  y  reçut  Pierre  le  Grand  en  1717. 
(Inscription.)  En  1776  la  maison  fut  occupée  par  le 
conseiller  d'État  Drouin  de  Vandeuil.  En  1826  c'était 
une  pension  oîi  Ledru-Rollin  et  Ste-Beuve  firent  leurs 
études.  L'hôtel  Lesdiguières  possédait  de  très  grands 
jardins. 

N°  il.  Maison  du  xviii"  siècle  avec  médaillon  sur  la 
façade  et  dans  la  cour. 

N°  15.  Restes  de  l'hôtel  de  Titon  du  Tillet,  ancien 
maître  d'hôtel  de  la  Dauphine  et  protecteur  des  arts 
(1690).  (Deux  escaliers  intéressants.)  Aujourd'hui 
chambre  syndicale  de  l'Ameublement  (1866). 

N"  16.  Vieille  maison.  (Lavoir  dit  de  l'Ai'senal.)  L'ar- 


42       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PARIS. 

chitecte  Fetil-Radel  demeurait  au  IG  (ancien)  de  la  rue 
de  la  Cerisaie. 

N"  22.  Emplacement  de  la  maison  de  Philibert 
Delorme. 

N°  25.  Ancien  hôtel  (surélevé). 

N°  29.  Enseigne  de  marchand  de  bois.  Le  31  est  assez 
curieux. 

Dans  la  rue  de  la  Cerisaie  s'ouvi'ent  les  rues  de 
Lesdiguières  et  Jacques-Cœur. 

JRize  de  Lesdiguières  {Il kO). 

Doit  son  nom  au  connétable  de  Lesdiguières  (1543- 
1626)  dont  l'hôtel  s'ouvrait  au  coin  de  la  l'ue  de  la  Ceri- 
saie. Elle  est  tracée  sur  l'ancienne  impasse  Lesdiguières 
démolie  en  1792,  par  laquelle  le  peuple  s'introduisit  dans 
les  jardins  particuliers  de  Launay  lors  de  la  pi'ise  de  la 
Bastille.  Balzac  habita  le  9  en  1819.  A  l'angle  de  la  rue 
de  Lesdiguières  et  de  l'ancienne  cour  de  l'Orme  se  trou- 
vait la  curieuse  maison,  dite  de  la  Vieille  Souche,  dis- 
parue sous  le  second  Empire. 

N"'  14  et  13.  Sont  restés  intacts.  Le  9  est  ancien. 

N"  10.  Reconstruit  en  1901.  On  y  voyait  encore  avant 
la  reconstruction  un  ancien  mur  de  clôture  des  dépen- 
dances de  la  Bastille.  Ce  mur  formait  la  mitoyenneté  du 
fond  des  maisons  compj'ises  entre  les  l'ues  de  Lesdi- 
guières et  Jacques-Cœur.  Sur  l'emplacement  du  10  se 
trouvait,  en  1832,  un  petit  théâtre  de  société  dit  du  Père 
Thierry.  Vers  1836  ce  théâtre  se  transporta  impasse 
Guéménée,  puis  il  alla  sous  la  direction  de  Fanfan, 
gendre  de  Thierry,  rue  Ste-Croix-de-la-Bretonnerie 
et  dispai'ut  peu  après. 


IV*   AIUIONDISSEMENT.  43 


Rue  Jacques-Cœur  (1829). 

Faisait  primitivement  partie  de  la  rue  de  1  Orme  qui 
allait  jusqu'à  la  rue  Schoniberg.  Nom  en  1869  en 
mémoire  de  Targenticr  de  Charles  VII  (1400-1450). 

Boulevard  Henri-IV. 

Percé  en  1866  et  dénommé  en  1877. 

N"  37.  Rue  Castex  (1805).  Sur  remplacement  de 
l'ancien  couvent  des  Filles  Ste-INIarie.  Nom  en  mémoire 
du  colonel  tué  à  Austerlitz  (1760-1805).  Le  12  de  la  rue 
est  assez  curieux.  Au  5  se  trouve  une  entrée  du  temple 
Sle-]Marie  (voir  17,  rue  St-Antoine). 

N"  22.  La  caserne  des  Gélestins  occupe  remplace- 
ment d'une  partie  de  l'ancien  couvent  des  Gélestins 
fondé  en  1365  sous  Charles  V.  La  chapelle  démolie  en 
1849  contenait  les  tombeaux  du  duc  d'Orléans  et  de 
Valentine  de  iNIilan,  de  Marguerite  de  Luxembourg,  de 
Sébastien  Zamet,  de  Philippe  de  Chabot  (par  Jean 
Cousin),  des  Longueville,  etc.  Elle  renfermait  également 
le  cœur  de  François  II,  de  Henri  II,  de  Charles  IX,  de 
Catherine  de  Médicis  (monument  de  G.  Pilon),  du  con- 
nétable de  Montmorency,  la  statue  des  Trois  Grâces  de 
G.  Pilon  (actuellement  au  Louvre),  etc.  L'ordre  fut 
supprimé  en  1778.  L'ancien  couvent  fut  occupé,  en  1784, 
par  un  hospice  médico-électrique,  puis  en  1785  par  l'ins- 
titution de  l'abbé  de  l'Épée  pour  les  sourds-muets.  La 
Révolution  en  transforma  une  partie  en  magasin  de  bois 
de  charronnage,  et  les  restes  se  convertirent  ultérieure- 
ment en  un  quartier  de  cavalerie.  L'emplacement  du 
célèbre   cloître  des  Célestins   est  traversé  par  le   bou- 


44      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

levard  Henri-IV.  Avant  1904  on  voyait  encore,  en  face 
delà  caserne  actuelle,  les  restes  de  l'ancien  couvent  qui 
étaient  occupés  par  la  caserne  dite  du  Petit-Musc. 
C'était  l'infirmerie  des  Célestins,  infirmerie  dont  la  pre- 
mière pierre  avait  été  posée  en  1729.  Ces  bâtiments  ne 
servirent  que  cinquante  ans  aux  Célestins  qui  furent 
dissous  en  1778.  (Emplacement  de  la  rue  Jules-Cousin.) 
La  caserne  a  été  construite  en  1892  par  l'architecte 
Jaccjues  Ilermant  et  comprend  l'hôtel  de  l'état-major  au 
coin  de  la  rue  de  Sully,  le  pavillon  des  officiers  à  gauche, 
et  le  pavillon  des  sous-officiers  mariés  au  milieu.  La  cour 
de  manœuvres  a  9  000  mètres  de  surface,  et  se  trouve 
sur  l'emplacement  des  anciens  jardins  du  couvent. 

N"  12.  Inscription  placée  sur  la  caserne  indiquant 
l'emplacement  de  l'église  du  couvent  des  Célestins. 
M.  Parés,  chef  de  la  musicjue  de  la  Garde  républicaine  et 
compositeur,  y  habite. 

N"  15.  Rue  Jules-Cousin  (1904).  Sur  l'emplace- 
ment de  la  caserne  dite  du  Petit-Musc.  Nom  en  mémoire 
de  Férudit  qui  fut  un  des  fondateurs  de  la  bibliothèque 
de  la  Ville  et  du  musée  Carnavalet  (1830-1899).  La 
caserne  du  Petit-Musc  avait  été  construite  vers  1840  par 
Charles,  architecte  de  la  Ville. 

JRize  du  Petit-Musc. 

Existait  déjà  en  1358.  C'était  un  val  d'amour  et  le 
nom  vient  par  corruption  de  son  ancien  nom  :  «  Rue  de 
la  Pute-y-muse  ». 

N°  1.  Ecole  Massillon.  (Voir  2,  quai  des  Célestins.) 

N"  20.  E.  de  Menorval  y  mourut  en  1897. 

N"  29.  Derrières  de  l'hôtei  Charny,  ainsi  qu'au  31  qui 
a  été  reconstruit. 


IV*    AlîRONDISSEMENT.  45 

N"  35.  Aubei'ge  de  la  Herse  d"Or.  (Cour  curieuse.) 

La  rue  possède  encore  de  vieilles  maisons  comme  les 
22,  24,  21.  27,  30,  34,  33. 

Dans  la  rue  se  trouvait  Tauberge  du  Chariot  d'Or, 
d'où  partirent  en  1392,  pour  attaquer  Olivier  de  Clisson, 
les  hommes  de  Pierre  de  Craon. 

A  l'extrémité  sud  de  la  rue,  du  côté  des  chiffres  pairs, 
se  trouvait  avant  1904  la  caserne  dite  du  Petit-Musc, 
construite  vers  1840,  qui  occupait  une  partie  des  locaux 
des  Céleslins.  A  son  extrémité  nord,  le  même  côté  pair 
de  la  rue  longe  un  côté  de  l'hôtel  de  ^Mayenne.  (Voir  21, 
rue  St-Antoine.) 

Rue  Beautreillis. 

Tracée  en  1555.  Doit  son  nom  à  une  belle  treille  des 
jardins  de  l'hôtel  royal  St-Pol.  La  partie  entre  la  rue 
des  Lions  et  la  rue  Charles-V  s'appelait  rue  Gérard- 
Beauguet  avant  1838.  Celte  dénomination  subsiste  encore 
enbeaux  caractères  surlen°l,à  l'angledela  ruedesLions. 

N"»  29-27.  Curieux. 

N°  21.  Date  de  Louis  XIII. 

N"  22.  Hôtel  Maupertuis.  (Partie  de  l'hôtel  Charny.) 
Du  22  au  14  s'étendait  l'hôtel  Beautreillis  qui,  sous 
St  Louis,  appartenait  à  Philippe  Commin  qui  exerçait  le 
métier  de  changeur.  Cet  hôtel  lut  incorpoi'é  dans  l'hôtel 
royal  de  St-Pol,  ainsi  que  l'hôtel  de  la  Pute-y-muse, 
l'hôtel  des  Lions,  etc. 

N°  20.  Emplacement  de  l'hôtel  Charny  (1676)  qui 
s'étendait  jadis  du  12  au  24.  C'est  un  membre  de  celte 
famille  bourguignonne  qui  donna  le  Saint  Suaire,  actuel- 
lement à  Turin,  au  duc  de  Savoie.  La  famille  du  ministre 
Machault  l'occupait  sous  Louis  XVI.   L'hôtel  fut  vendu 


46      PROMENADES    DANS    TOUTES    L?.S    RUES    DE    PARIS. 

en  1753  pai-  M.  de  Siry,  seigneur  de  Charny,  à  Dumas, 
officier  de  la  Reine,  beau-pèi'e  du  baron  Dunoyer.  Le 
baron  Dunoyer,  frère  de  Coffinhal.  (Dunoyer  était  le 
nom  de  famille  de  sa  mère.) 

N°  17.  Emplacement  de  l'hôtel  de  Brenne  au  xm''  siè- 
cle, d'Estampes  au  xiv^.  Acquis  par  Charles  V  pour  la 
création  de  Thôtel  St-Pol  (1361),  il  devint  hôtel  de  la 
Reine.  Reconstruit  sous  Henri  IV,  il  fut  Thôtel  du  pré- 
sident de  Plancy  (1780).  Démoli  en  1902.  C'était  une 
maison  1res  curieuse  qui  appartenait  à  la  comtesse  de 
Flavigny  depuis  1868.  Des  passages  souterrains  menaient 
à  la  Seine,  à  la  Bastille,  à  l'hôtel  de  la  Brinvilliers  (?)  Son 
jardin  faisait  partie  du  cimetière  de  St-Paul  et  on  y  avait 
découvert  un  cercueil  de  plomb  de  l'époque  de  la  Fronde. 
Lors  des  fouilles  de  1902.  on  n'a  rien  trouvé  de  très 
intéressant.  L'opinion  publique  était  très  surexcitée,  car 
on  croyait  devoir  y  retrouver  les  restes  de  l'Homme  au 
masque  de  fer,  qui  fut  enterré  dans  le  cimetière  St-Paul. 
On  a  cru  reconnaître  dans  ce  prisonnier  plusieurs  per- 
sonnages importants  notamment  :  le  duc  de  Beaufort, 
le  duc  de  Monmoulh,  le  duc  de  Veinnandois,  un  fils 
d'Henriette  d'Angleterre,  un  fils  naturel  de  Marie  de 
Neubourg,  le  patriarche  arménien  Avedick,  etc.,  etc.  Le 
baron  de  Gleichen  prétend  que  l'homme  au  masque  de 
fer  était  le  fils  de  Louis  XIII  et  d'Anne  dAutriche,  tandis 
que  Louis  XIV  n'était  en  réalité  que  le  fils  d'Anne  d'Au- 
triche et  de  Mazarin.  Les  intéressants  travaux  de 
M.  Funck-Brentano  ont  réduit  à  néant  toutes  ces 
légendes,  absurdes  pour  la  plupart,  et  nous  savons 
maintenant  que  l'homme  au  masque  de  fer  était  le  comte 
Mathioli,  secrétaire  de  Chai'les  II  de  Mantoue,qui  por- 
tait tout  simplement  un  masque  de  velours,  et  mourut  à 
la  Bastille  en  1703. 


IV^    ARRONDISSEMENT.  47 

N*^  16.  Petit  hôtel  Charny,  sur  l'ancien  jeu  de  paume 
de  la  Courtille  Beautreillis.  V.  Sardou  y  est  né  en  1831. 

N"  14.  Hôtel  de  Lyonne.  Pension  Menorval  en  1870. 
(Toit  en  tuiles.) 

N"  11.  Le  conseiller  Pierre  Hérouard  du  Mesnil 
(1635).  Le  marquis  de  Reinty  qui  le  vendit  en  1719  à 
Claude  de  Rye,  capiloul  de  Toulouse.  Le  financier 
Crozat  l'acheta  et  le  vendit  en  1736  à  Benjamin  Guilhon, 
sieur  de  Montleveau,  qui  eut  pour  successeur  Jacques  Le 
Pelletier,  conseiller  au  Parlement.  Fut  habité  en  1786 
par  le  président  Murard  et  M.  de  Ponty  de  St-Avoye. 

N°  9.  Ancien  séjour  de  magistrats  (1596).  (Coup  d'œil 
sur  la  cour.) 

N°  10.  Hôtel  du  duc  de  Valentinois,  prince  de 
Monaco  (1640).  Valton,  sommelier  de  Louis  XVL  Fut 
occupé  sous  le  second  Empire  par  un  cercle  militaire.  On 
y  voyait  encore,  il  y  a  peu  de  temps,  des  vestiges  d'une 
chapelle  au  premier  étage. 

N°  7.  Maison  construite  sous  Henri  IV.  Bel  escalier 
en  bois.  Puits  dans  la  cour.  Nous  y  voyons  un  semblant 
de  treille  qui,  dit-on  dans  le  quartier,  provient  des 
treilles  royales  (en  tout  cas  cette  treille  est  très 
ancienne). 

N'^  6.  Hôtel  de  J. -Louis  Raoul,  riche  industriel  et 
fabricant  de  limes  sous  le  premier  Empire.  Cet  hôtel  a 
été  construit  avec  les  matériaux  provenant  de  l'hôtel  de 
Zamet,  qui  se  trouvait  rue  de  la  Cerisaie.  (Inscription  du 
nom  de  l'hôtel  au-dessus  de  la  porte.) 

N"  4.  Puits  ancien  dans  la  cour. 

N"  1.  Belle  inscription  :  rue  Gérard-Beauguet. 


'i8       PROMENADES    DANS    TOUTES    LF.S    RUF.S    DE    PARIS, 

Rue  Charles-V. 

Ouverte  au  xvi^  siècle.  Jadis  i^ue  St-Paul.  La  partie 
entre  la  rue  Beautreillis  et  la  rue  du  Petit-Musc  s'appe- 
lait, avant  1841,  rue  des  Ïrois-Pistolets.  Nom  actuel 
depuis  1864.  Mme  de  Sei'an,  dont  le  mari  était  gou- 
verneur des  pages  du  duc  d'Orléans,  habita  la  rue,  avant 
d'aller  au  Palais-Royal  :  Marmontel  logeait  chez  elle. 

N°  2.  Balcon.  INIascaron.  On  l'aconte  qu'il  y  avait  là 
un  cabaret  où  Piobespierre  venait  faire  bombance  avec 
ses  collègues  de  la  Convention. 

N"  6.  Maison  du  xvi'^  siècle  avec  entrée  9,  rue  Beau- 
treillis. 

N°  8.  Cour  et  jardin.  Était  une  dépendance  de  l'hôtel 
de  la  Brinvilliers.  (Marchand  d'antiquités  aujourd'hui.) 

N"  10.  Construit  en  1550.  Un  Paris  de  la  Chambre 
des  Comptes  y  habitait  en  1792.  Hôtel  de  l'Aigle.  A  fait 
partie  de  l'hôtel  d'Aubray  et  a  appartenu  au  duc  de 
Beaufort-Canillac.  Hôtel  de  Maillé.  (Jolis  dessus  de 
portes.) 

*  N°  12.  Hôtel  d'Antoine  d'Aubray,  père  de  la  Brin- 
villiers. La  fameuse  marquise  empoisonneuse  y  habita. 
C'est  dans  cet-hôtel  qu'elle  voulut  faire  assassiner  Brian- 
court  par  Ste-Croix.  Peu  avant  la  Révolution,  Ledru, 
surnommé  Cornus,  grand-père  du  tribun  de  1848,  trai- 
tait là  les  maladies  nerveuses  par  l'électricité.  Aujour- 
d'hui la  maison  de  l'empoisonneuse  est  occupée  par  des 
sœurs  garde-malades.  Le  paisible  jardin  est  rempli  de 
charme,  le  joli  escalier  a  pris  un  air  monocal,  et  il  est 
réellement  impressionnant  de  songer  à  tous  les  crimes 
qui  se  sont  préparés  dans  cette  demeure  aujourd'hui  si 
calme! 


IV"    ARRONDISSEMENT.  49 

N°  16.  Statuette  de  la  Vierge. 

N"  23  et  21.  Hôtels  du  xvin'=  siècle. 

N"  15.  Anfien  hôtel.  (Porte.  Mascaron.  Escalier.) 

N"  9  et  7.  Portes  assez  intéressantes.  Au  7  habita 
Canclaux,  ancien  commandant  en  chef  des  armées  répu- 
blicaines en  93,  ambassadeur  sous  le  Directoire  et  comte 
de  l'Empire. 

N"  5.  Inscription  :  Rue  Neuve. 

N°  3.  Ancien  petit  hôtel. 

Rue  des  Lions. 

Percée  vers  1560.  S'appelait  rue  des  Lions-St-Paul 
dernièrement  encore. 

Elle  doit  son  nom  à  la  ménagerie  de  Thôtel  royal 
St-Pol.  En  1699,  la  maréchale  de  Clérambault  (Louise- 
Françoise  Boulhillier)  habitait  en  son  hôtel,  rue  des 
Lions,  avant  d'aller  en  1700  à  son  hôtel  de  la  rue  des  Bons- 
Enfants. 

N°4.  Belle  inscription  :  Rue  des  Lions. 

N°  3.  Hôtel  dit  des  Parlementaires.  Jolie  fontaine 
dans  la  cour.  Jolis  escaliers  en  fer  forgé. 

N°  5.  Joli  hôtel  ainsi  qu'au  7.  Au  5,  heurtoir  de 
porte.  Au  7,  cour. 

N°  11.  Hôtel  d'Aubricourt  (1672).  Le  Féron  (1700). 
Appartenait  en  1908  au  comte  d'Aucourt  ainsi  que  le  17. 
(Porte.  Intéressante  chambre  à  coucher  avec  coupole 
peinte.) 

*  N°  10.  Hôtel  intéressant  qui  appartenait  à  la  famille 
du  cardinal  de  Fleury  (il  est  plus  ancien).  (Escalier 
en  pierre  avec  rampe  armoriée.  Escalier  en  bois  à 
gauche  dans  la  cour.) 

N°  12.  Hôtel  Louis  XlII.  Belle  porte.  Escalier  inté- 

IT«   AHRONl).  ^ 


50       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    l'ARlS. 

ressant  avec  rampe  de  bois.  La  date  de  1673  que  Ton 
voit  dans  la  cour  est  une  date  trouvée  sur  une  plaque  de 
cheminée,  car  l'hôtel  est  antérieur  à  cette  époque. 

N"  14.  Là  se  trouve  Tancienne  fontaine  dite  du 
Regard  des  Lions.  (Balcon  dans  la  cour.) 

N°  17.  En  face  de  nous,  en  entrant  dans  la  cour,  nous 
voyons  un  gi'and  bâtiment  orné  de  hautes  mansardes  à 
frontons  triangulaires  et  circulaires  du  xvii'=  siècle.  Ce 
bâtiment  orienté  de  Test  à  Touest  est  une  aile  de  l'an- 
cien hôtel  de  la  Vieuville,  aile  ajoutée  probablement  pen- 
dant la  première  moitié  du  xvii'=  siècle,  et  qui  bordait  le 
côté  sud  du  jardin  de  l'hôtel  qui  s'étendait  jusqu'à  la  rue 
des  Lions.  Dans  cette  cour  nous  voyons  également  à 
droite  le  derz'ière  du  bâtiment  orienté  du  nord  au  sud, 
dont  nous  verrons  la  façade  au  4  de  la  rue  St-Paul.  De 
ce  côté  le  bâtiment  est  éclairé  par  de  hautes  fenêtres  du 
xvi*"  siècle  ;  mais  il  a  été  recouvert  par  un  épais  plâ- 
trage. 

N°  19.  Faisait  partie  de  l'hôtel  de  la  Vieuville  (4,  rue 
St-Paul).  Inscription  :  Rue  des  Lions. 

Rue  St-PauL 

Existait  vers  1350.  Elle  doit  son  nom  à  l'ancienne 
église  St-Paul,  qui  fut  détruite  en  1729.  Cette  église 
s'élevait  sur  l'emplacement  d'un  ancien  oratoire  bâti  par 
St  Eloi,  qui  fut  détruit  par  les  Normands.  Cet  oratoire, 
dédié  à  St  Paul,  s'élevait  au  milieu  du  cimetière  qui  ser- 
vait à  la  communauté  de  St-Martial  de  la  Cité,  car  une 
coutume  tant  païenne  que  chrétienne  défendait  d'en- 
terrer les  morts  dans  la  ville.  Il  fut  rebâti  au  xii*^  siècle, 
et  devint  paroisse  dès  1107.  Charles  V,  qui  y  fut  baptisé, 
la  reconstruisit  et  elle  fut  consacrée  en  1431.  Cette  église 


IV""    AnnONDlSSEMENT.  51 

renfermait  les  mausolées  de  Quélus,  Maugiron  et 
St-Mégrin,  qui  Curent  détruits  pendant  la  Révolution. 
(Emplacement  du  32.)  Charles  V  avait  créé  son  séjour 
royal  de  St-Pol  sous  les  auspices  de  l'église,  et  avait  fait 
élever  la  Bastille  pour  fortifier  Tenceinle  de  Paris  et 
protéger  son  séjour.  Ce  séjour  royal,  dit  hôtel  St-Pol 
ou  des  grands  esbattements,  s'étendait  entre  les  rues 
St-Paul,  St-Antoine,  du  Petit-Musc  et  la  rivière. 
Charles  V  ne  construisit  pas  un  hôtel,  il  en  composa  un, 
par  une  série  d'acquisitions  dont  les  plus  importantes 
furent  celles  de  l'hôtel  d'Etarapes,  habité  par  Jeanne 
d'Eu  en  1361,  de  l'hôtel  des  abbés  de  St-Maur  (1362), 
de  l'hôtel  primitif  des  archevêques  de  Sens  (1366),  etc. 
Cet  hôtel  St-Pol ,  fut  morcelé  par  François  1"=''  et 
Henri  II. 

N°  3.  Emplacement  d'un  ancien  hôtel  d'Angivillers, 
dit  de  la  Dame  Blanche,  on  ne  sait  pas  pourquoi.  Cette 
appellation  se  rencontre  d'ailleurs  pour  un  grand  nombre 
de  vieux  logis  parisiens,  et  chaque  quartier  possède 
une  ou  plusieurs  maisons  de  la  Dame  Blanche,  ainsi 
d'ailleurs  que  des  maisons  de  la  Pompadour  ! 

N°  5.  Porte  de  l'ancien  hôtel  du  marquis  de  Lignerac 
(1780),  qui  partageait  avec  le  marquis  de  Sade  les  faveurs 
de  Mlle  Collette  de  la  Comédie-Italienne.  Il  y  avait 
là  il  y  a  quelques  années  au  premier  étage  un  temple 
juif. 

*  N°  4.  Hôtel  dit  de  la  Vieuville.  Le  grand  bâtiment 
avec  brique  et  chaîne  de  pierre  qui  s'étend  du  nord  au 
sud  dans  la  cour  a  été  construit  à  la  fin  du  xv<^  siècle. 
Les  mansardes  sont  postérieures  et  datent  sans  doute 
du  xvii''  siècle.  Les  fenêtx*es  du  premier  étage  sont 
décorées  de  moulures  dans  le  style  de  la  fin  du  xv"  siècle. 
A  ce  bâtiment  vint  se  souder  une  aile  pittoresque  orien- 


52       pnOMENADES    DANS    TOUTES    LES    KUES    DE    PARIS. 

tée  de  Test  à  Touesl,  où  se  trouve  une  tour  carrée  for- 
mant cage  d'escalier.  Cet  escalier  possède  une  belle 
rampe  en  fer  forgé  de  Tépoque  de  la  Régence.  Une 
voûte  conduit  à  une  petite  cour  située  enlre  ce  bâtiment 
et  celui  qui  borde  le  quai  des  Célestins. 

L'hôtel  de  la  Vieuville  occupe  l'emplacement  d'un 
hôtel  d'Auraont  qui  portait  ce  nom  au  moins  dès  1418, 
et  qui  se  trouvait  dans  les  dépendances  de  l'hôtel  royal 
de  St-Pol.  Cet  hôtel  était  possédé  par  Pierre  d'Aumont, 
conseiller  et  chambellan  du  Roi.  Son  épouse  était  la 
mère  nourricière  du  dauphin  Charles  VI.  En  1540, 
l'hôtel  est  possédé  par  Jehan  Lyonne,  receveur  de 
l'écurie  du  Roi.  Marguerite  Godefroy,  veuve  de  Jehan 
Lyonne,  vendit  en  15G4  l'hôtel  à  Jean  de  Bâillon,  tréso- 
rier de  l'Epargne,  qui  y  maria,  en  1569,  sa  fille  avec 
Pierre  de  l'Etoile,  le  célèbre  mémorialiste.  La  veuve  de 
Jean  de  Bâillon,  Marie  de  Hacqueville,  vendit  en  1572  à 
Guillaume  de  Marzillac,  seigneur  de  F'errières.  En  1576 
les  héritiers  Marzillac  vendent  à  dame  Fulvie  Pic  de 
la  Mirandole,  veuve  de  Charles  de  La  Rochefoucauld, 
comte  de  Randan.  L'hôtel  s'appela  alors  hôtel  de  Ran- 
dan.  La  nouvelle  propriétaire  était  l'arrière-petite-nièce 
du  célèbre  et  précoce  savant  italien  Jean  Pic  de  la 
Mirandole,  surnommé  le  Phénix  de  son  siècle  (1463- 
1494),  et  était  la  fille  de  Galeotti  II  Pic  de  la  Mirandole, 
qui  avait  tué  son  oncle  et  son  cousin  et  livré  Mirandole 
aux  Français.  Mme  de  Randan,  qui  était  dame  d'hon- 
neur de  Louise  de  Lorraine,  femme  d'Henri  III,  vendit 
l'hôtel  en  1596  à  Vincent  Bouhier,  seigneur  de  Beau- 
marchais, trésorier  de  l'Épargne.  Il  y  maria  ses  filles. 
L'une  épousa  d'abord  Louis  de  La  ïrémoïlle,  et  ensuite 
le  max'quis  de  Vitry,  maréchal  de  France,  et  assassin  du 
maréchal  d'Ancre.  L'autre  épousa,  en  1613,  Charles  de 


IV"   ARRONDISSEMENT.  63 

La  Vieuville.  L'hôtel,  qui  avait  été  augmenté  par  diverses 
acquisitions  en  1591,  1597,  1600,  appartint  définitive- 
ment aux  La  ^'ieuYille  en  1628  et  fut  encore  augmenté 
en  1639.  Charles  de  La  Vieuville  était  fils  de  Robert, 
grand  fauconnier  de  France,  et  de  Catherine  d"0.  Il  fut  le 
premier  duc  du  nom,  premier  ministre,  surintendant  des 
finances,  et  fil  entrer  Richelieu  au  ministère.  Son  second 
fils,  Charles  II  du  nom,  reçut  Thôtel  en  1649  lors  de  son 
mariage  avec  Marie  de  Vienne,  comtesse  de  Château- 
vieux.  En  1668  l'hôtel  passa  entre  les  mains  de  son  frère 
Charles-François,  évéque  de  Rennes,  qui  en  réserva 
cependant  l'usufruit  à  Charles  II,  gouverneur  du  duc 
de  Chartres,  qui  moui'ut  en  1689,  et  l'hôtel  repassa  au 
fils  de  ce  dernier,  René-François  de  La  Vieuville,  gou- 
verneur du  Poitou,  qui  le  conserva  jusqu'à  sa  mort  en 
1719.  Après  ce  dernier,  Ihôtel  échut  à  son  fils  aîné  Louis, 
marquis  de  La  Vieuville,  époux  de  la  petite-fille  de 
Fouquet,  qui  mourut  en  1732.  Il  loua  l'hôtel.  Son  frère 
puîné  René-Jean-Baptiste,  époux  de  Charlotte  de  Creil,  se 
débarrassa  de  Ihôtel  familial  en  le  vendant  en  1741  à 
Jean  Chiquet  de  Champrenard,  écuyer  secrétaire  du  Roi. 
En  1777,  les  immeubles  indivis  entre  les  enfants  de  Jean 
Chiquet  furent  vendus  à  Antoine  de  Vouges  de  Chante- 
clair,  Charles  Macault,  et  André  de  Vouges,  pour  l'ins- 
tallation des  Messageries  de  Paris  à  Lyon.  En  1793, 
l'hôtel  appartenant  aux  enfants  d'André  de  Vouges  fut 
vendu  à  Cardon,  négociant.  Ce  dernier  vendit,  en  1822.  à 
M.  Jacques  Happey,  fondateur  de  l'établissement  des 
Eaux  clarifiées,  qui  était  déjà  locataire  et  y  avait  installé 
ses  filtres  en  1808.  Jacques  Happey  mourut  en  1850,  lais- 
sant une  fille,  Mme  Caroline  d'Aucourt.  L'hôtel  appar- 
tint en  1907  aux  enfants  de  cette  dernière  :  Mme  Vathaire 
de   Guachv,  Mme  Eugène  Charmet,  et  à  M.   le  comte 


54      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

d'Aucourt,  rhistorien  des  anciens  hôtels  de  Paris  décédé 
en  1908.  M.  Lucien  Lambeau,  le  très  aimable  et  très 
érudit  secrétaire  de  la  Commission  du  Vieux  Paris,  a 
écrit  en  1907  une  très  belle  étude  sur  cet  hôtel  de  la 
Vieuville,  étude  dont  nous  avons  extrait  les  renseigne- 
ments précédents.  .Jusqu'à  présent  on  avait  dit  que 
riîôtel  de  la  Vieuville  était  sur  remplacement  de  l'hôtel 
de  J.  Galiot  de  Genouillac.  M.  Lambeau  n'a  pas  pu  rat- 
tacher le  logis  du  grand  maîti'e  de  l'artillerie  à  l'hôtel  de 
la  Vieuville.  Dans  tous  les  cas,  ce  logis  exista  au  com- 
mencement du  xvi*^  siècle  et  semble  avoir  été  situé  plu- 
tôt du  côté  de  la  rue  du  Petit-Musc  que  du  côté  de  la  rue 
St-Paul.  L'archevêque  de  Sens,  Etienne  Becquard  acquit, 
en  1296,  diverses  constructions  au  bord  de  la  Seine  à 
partir  de  la  rue  St-Paul,  et  construisit  le  premier  hôtel 
de  Sens.  Cet  hôtel  fut  acquis  par  le  roi  de  Guillaume  de 
Melun,  archevêque,  et  incorporé  dans  l'hôtel  St-Pol 
(1365).  Ce  premier  hôtel  de  Sens,  s'appelait  hôtel  des 
Barrés,  à  cause  du  voisinage  du  couvent  des  Carmes. 
Les  rois  ayant  émigré  au  palais  des  Tournelles,  l'hôtel 
St-Pol  fut  abandonné  et  une  partie  fut  vendue  ou  con- 
cédée. L'emplacement  occupé  par  l'ancien  hôtel  de  Sens 
fut  concédé  en  1516  à  Jacques  Galiot  de  Genouillac, 
maréchal  d'Armagnac,  grand  écuyer  de  France,  grand 
maître  de  l'artillerie.  Il  s'étendait  à  peu  près  sur  l'empla- 
cement actuel  du  collège  Massillon. 

N°  9.  Hôtel  des  Bazins,  seigneurs  de  Bezons.  Hubert 
Robert  y  eut  son  atelier  de  1767  à  1772,  puis  il  alla  à 
l'Arsenal  oîi  son  père  était  logé. 

N"  6.  Insci'iption  :  Rue  Paul.  Le  mot  «  saint  «  a 

été  effacé  pendant  la  Révolution. 

N°  8.  Tourelle  quadrangulaire  d'un  hôtel  St-Maur, 
construit  sur  l'emplacement  des   écuries  d'Isabeau  de 


IV=   ARRONDISSEMENT.  55 

Bavière.  Botral,  médecin  de  Charles  IX  et  de  Henri  II. 
La  BrinviJIiers  y  installa  sa  première  officine.  (Escalier.) 

N°  18.  Maison  du  xvi'=  siècle. 

N°  19.  Initiales  de  Jésus  dans  la  grille  au-dessus  de  la 
porte. 

N"  20.  Curieuse  maison  avec  niche  et  statuette. 

N°  28.  Grande  porte  charretière. 

*N°  31.  Rue  Eginhard.  Ruelle  St-Paul  en  1367,  puis 
rue  Neuve-St-Anaslase  (Inscription  au  3).  Nom  actuel  en 
1864  en  mémoire  de  Fhistorien  de  Charlemagne  (771- 
844).  Dans  cette  ruelle  intéressante,  curieuses  maisons 
du  xvii"  siècle  appartenant  jadis  à  la  fabrique  de  l'église 
St-Paul.  Au  fond  niche  en  forme  de  fontaine.  Grille  avec 
chiffre  A.  S. 

N"  30.  Manège  St-PauI  qui  sert  parfois  à  des  réu- 
nions politiques. 

N°  32.  Emplacement  de  l'ancienne  église  St-Paul 
aliénée  en  1796  et  démolie  en  1799.  Dans  le  passage 
St-Pierre,  à  côté,  on  voit  encore  une  baie  ogivale  qui 
éclairait  jadis  la  grosse  tour  nord  du  portail  de  St-PauI 
disparu.  Cette  église  était  remarquable  par  le  Jacque- 
mard  de  bronze  placé  au  sommet,  qui  de  son  marteau 
frappait  les  heures.  Dumont,  l'auteur  de  la  célèbre 
messe,  y  était  organiste. 

N°  34.  Passage  St-Pierre,  formé  au  xvir  siècle.  Il 
était  composé  de  deux  tx'onçons,  l'un,  dit  passage 
St-Pierre,  allait  de  la  rue  St-Antoine  au  cimetière  St-Paul, 
le  second,  dit  passage  St-Paul,  menait  de  la  rue  St-Paul 
au  cimetière  également.  La  partie  qui  débouche  rue 
St-Paul  longeait  le  côté  nord  de  l'ancienne  église 
St-Paul.  A  l'intersection  de  l'équex're  cjue  forme  le 
passage,  voûte  d'entrée'  du  cimetière  St-Paul,  oîi  furent 
enterrés  Ste  Aure,  morte  de  la  peste  en  666,  le  maréchal 


56   PROMENADES  DANS  TOUTES  LES  RUES  DE  PARIS. 

de  Biron,  décapité,  Rabelais,  Nicot,  Armande  Béjart, 
Mansard,  THomme  au  masque  de  fer  (Mathioli),  Philippe 
Le  Bas  qui  s'était  suicidé,  etc.  Le  vieux  logis  à  gauche 
de  la  voûte  faisait  partie  avant  la  Révolution  de  la  com- 
munauté des  Filles  St-Paul,  supprimée  en  1790. 

N°  36.  Ancienne  grange,  puis  prison  publique 
Sl-Éloi,  qui  devait  son  nom  à  la  chapelle  St-Paul-des- 
Champs  édifiée  par  St  Éloi.  La  grange  St-Éloi,  où  on 
apportait  la  dîme,  appartenait  au  monastère  St-Eloi 
situé  dans  la  Cité.  La  grande  culture  St-Eloi  appartenait 
également  à  ce  monastère  dont  la  fondation  remontait  à 
Dagobert.  La  grange  devint  prison  et  pendant  la  Ter- 
reur on  y  enferma  les  fabricants  de  faux  assignats. 
Aliénée  en  1796. 

N"  38.  Emplacement  de  la  maison  du  geôlier  de  la 
prison  St-Eloi.  (Cour  assez  curieuse.) 

N°  43.  Passage  St-Paul,  ex-passage  St-Louis  avant 
1877.  Mène  à  l'église  St-Paul-St-Louis.  A  l'extrémité 
du  passage  à  gauche  se  trouve  un  cul-de-sac  qui  longe 
l'église  à  l'est.  Au  7  du  passage,  pavillon  ancien  (pres- 
bytère). Ce  presbytère  passe  pour  avoir  servi  de  pied- 
à-terre  au  grand  Condé.  (Boimes  dans  le  passage.) 

N°  35.  Porte  d'un  ancien  hôtel  de  Sève  du  xvni'^  siècle, 
démoli. 


Rue  Charlemagne. 

Rue  de  la  Poterne  ou  de  la  Fausse-Poterne-St-Paul 
au  xii*"  siècle,  rue  de  l'Archet-St-Paul,  rue  des  Poulies- 
St-Paul,  rue  des  Prètres-St-Paul  et  rue  de  Jouy  en 
partie  au  xvn'^  siècle.  Nom  actuel  en  1844. 

N"'  2  et  4.  Appartenaient  avant  la  Révolution  à  la 
fabrique  de  St-Paul  et  les  maisons  en  face  aux  Hospita- 


IV""   ARRONDISSEMENT.  57 

Hères  de  St-Gervais.  —  Au  4,  insci-iption  :  Rue  des 
Prêtres.  —  Celte  même  inscription  se  retrouve  au  7,  au 
coin  de  la  rue  des  Jardins.  —  A  côté  du  12,  fontaine  de 
1840. 

N°9.  Hôtel  de  Jassaud,  seigneur  de  Bournonville  (1640 
à  1784).  Cet  hôtel  fut  augmenté  par  Tachât  de  la  maison 
voisine  qui  appartenait  à  Marie  de  Benoimont.  Le 
pignon  ouest  de  cette  maison  est  formé  par  le  pan  res- 
tant d'une  des  deux  tours  de  l'ancienne  poterne  St-Paul 
(tour  de  Montgomery).  (Escalier  curieux  avec  rampe 
en  fer  forgé  et  baluslres  en  bois  à  partir  du  premier 
étage.) 

N»  13.  Petit  lycée  Charleraagne,  sur  remplacement 
du  couvent  et  de  l'église  des  Filles  de  l'Ave-Maria  qui 
furent  remplacés  par  une  caserne  dispai'ue.  Entre  ce 
petit  lycée  et  le  lycée  Charlemagne  se  trouvait  la 
poterne  St-Paul  ou  archet  St-Paul,  défendu  par  deux 
tours  de  l'enceinte  de  Philippe  Auguste.  Une  de  ces 
tours  subsiste  en  parlie  dans  les  constructions  du  petit 
lycée.  La  concavité  de  cette  tour,  dite  tour  Montgomery, 
se  trouve  en  arrière  de  la  petite  porte  de  service  du 
lycée,  à  côté  du  9  rue  Charlemagne.  Elle  renferme 
actuellement  au  rez-de-chaussée  le  compteur  à  gaz  du 
lycée.  On  retrouve  également  derrière  la  salle  de 
gymnastique  les  restes  d'une  autre  tour  de  la  même 
enceinte.  Le  mur  de  Philippe  Auguste  allait  en  ligne 
droite  de  la  l'ue  St-Antoine  à  la  Seine,  à  travers  le  lycée, 
et  il  possédait  trois  poi'tes  et  trois  tours.  La  troisième 
tour  a  disparu  lors  du  percement  de  la  rue  de  l'Ave- 
Maria. 

N"  16.  Passage  Charlemagne  (1825).  Là  se  trou- 
vaient avant  1908  les  i^estes  intéressants  de  l'hôtel  dit 
du   Prévôt.  M.   Charles   Sellier,  le  très  érudit  conser- 


58      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

valeur  adjoint  du  musée  Carnavalet,  a  écrit  une  très 
intéressante  étude  sur  ce  vieux  logis  parisien,  qui  vient 
de  disparaître,  étude  qui  nous  a  largement  servi  pour  le 
résumé  suivant. 

En  entrant  dans  le  passage,  on  avait,  avant  1908,  devant 
soi  un  bâtiment  datant  de  la  fin  du  règne  de  Henri  IV, 
orné  de  bustes  de  femmes  enchâssés  dans  des  gaines,  et 
éclairé  par  des  (enôlres  Renaissance.  La  tourelle  de 
gauche  était  du  xw"  siècle.  (Escalier  à  vis.)  Sur  le  flanc 
ouest  de  la  tourelle  se  trouvait  un  autre  corps  de  bâti- 
ment de  l'époque  Henri  II.  Au  midi  de  la  cour  se  trou- 
vait, avant  1891,  une  autre  bâtisse  du  xvi^  siècle  qui  mal- 
heureusement a  été  détruite  pour  la  spéculation.  Une 
tradition  erronée  en  avait  fait  la  demeure  de  la  reine 
Blanche,  mère  de  St  Louis. 

Sur  cet  emplacement  s'élevait,  au  xni'^  siècle,  la  maison 
des  Marmousets,  qui  appartenait,  sous  Charles  V,  à 
Jacques  de  Pacy,  conseiller  du  Roi  au  Parlement, 
anobli  en  1339.  Hugues  Aubriot,  ancien  bailli  de  Dijon 
et  prévôt  de  Paris,  acheta  la  maison  en  1367,  par  ordre 
et  avec  les  largesses  de  Charles  V.  Il  en  fit  une  brillante 
demeure.  Après  la  mort  de  Charles  V,  Aubriot  tomba 
en  disgrâce  et  fut  même  emprisonné  à  la  prison  de 
révêché.  Après  un  procès  qu'Aubriot  soutint  contre 
l'abbé  de  Tiron  pour  la  possession  de  l'hôtel,  celui- 
ci  passa  à  Guy  de  La  Trémoïlle,  chambellan  de 
Charles  VI  (1384).  Peu  de  temps  après,  Charles  VI 
racheta  l'hôiel  et  le  donna  à  son  chancelier  Pierre  de 
Giac.  L'hôtel  passa  ensuite  entre  les  mains  de  Louis 
d'Orléans,  frère  du  i"oi  (1357)  et  prit  le  nom  d'hôtel  du 
Porc-lilpic.  —  Le  duc  d'Orléans  céda  ce  manoir  à  son 
oncle,  le  duc  Jean  de  Béni,  en  échange  de  l'hôtel  des 
Tournelles  (1404),  et  la  même  année  le  duc  de  Berri  le 


IV*    ARRONDISSEMENT.  59 

donna  au  surintendant  Jean  de  Montaigu,  qui  embellit 
et  augmenta  la  demeure.  Jean  de  Montaigu  fut  immolé, 
décapite  en  1409  pour  crime  de  sortilège,  et  plus  tard 
réhabilité.  A  la  mort  de  Jean  de  Montaigu,  Thôtel  fut 
donné,  au  nom  du  roi,  par  le  duc  de  Bourgogne  à 
Guillaume  de  Bavière,  beau-frère  de  Jean  sans  Peur. 
A  sa  mort,  en  1417,  Thôtel  passa  à  Jean  de  Bourgogne  et 
à  son  épouse  et  cousine  germaine,  Jacqueline  de  Bavière, 
qui  après  quatre  mariages  stériles,  le  céda  en  1431  à 
Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne.  Ce  dernier  est 
remplacé  peu  après  par  son  beau-frère  le  connétable 
Arthur  de  Richemond,  deuxième  fils  de  Jean  V,  duc  de 
Bretagne,  et  plus  tard  duc  de  Bretagne  lui-même.  Sa 
femme,  Marguerite  de  Bourgogne,  fille  de  Jean  sans 
Peur,  et  veuve  du  dauphin  Louis  de  France,  y  mourut 
en  1442.  Le  successeur  du  connétable  de  Richemond 
dans  rhôtel  fut  vers  1450  Robert  d'Estouteviile,  prévôt 
de  Paris,  qui  fut  disgracié  à  l'avènement  de  Louis  XI 
en  1461.  L'hôtel  fut  pillé  en  partie.  L'amiral  Malet  de 
Graville,  arrière-petit-lils  de  Jean  de  Montaigu  réhabi- 
lité, refit  le  logis  du  prévôt  de  Paris.  Après  la  mort  de 
l'amiral  (151G)  il  y  eut  division.  Une  partie,  l'ancien 
hôtel  du  Porc-Épic,  échut  à  Anne  de  Gi^aville,  fille  de 
l'amiral  et  épouse  de  Pierre  de  Balzac  d'Entragues, 
puis  à  Pierre  de  Balzac  et  ensuite  à  Guillaume  Le  Gen- 
tilhomme, avocat  au  Parlement  et  seigneur  de  La  Barre. 
L'ancien  hôtel  du  Porc-Épic  devint  alors  hôtel  de  La 
Barre.  Le  successeur  de  Guillaume  Le  Gentilhomme, 
mort  en  1549,  fut  Jérôme  Angenoust,  conseiller  au 
Parlement  de  Paris.  Ses  enfants  vendent  l'hôtel  de  La 
Barre  en  1602  à  Thomas  Morant,  conseiller  au  Parle- 
ment de  Paris  et  seigneur  d'Esterville.  Son  fils  vend 
en  1629  aux  Pères  Jésuites  pour  l'agrandissement  de 


60       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

leur  maison  professe,  et  Fhôtel  de  La  Bari'e  suit  les  des- 
tinées de  cet  établissement.  (Installation  des  chanoines 
réguliers  de  Ste-Catherine  du  Val  des  Escoliers  après 
l'expulsion  des  Jésuites;  suppression  des  chanoines  à  la 
Révolution;  installation  d'une  Ecole  centrale,  et  Lycée 
Charlemagne  en  1804.) 

La  deuxième  parlie  de  Fhôtel  de  Thérilage  de  Montaigu 
n'appartint  pas  aux  de  Graville  et  resta  aux  d'Estou- 
teville  en  la  personne  de  Charlotte  d'Estouteville,  épouse 
du  comte  de  Brienne.  Cet  hôtel  s'appela  quelc^ue  temps 
hôtel  de  Brienne.  En  1677  il  appartenait  à  M.  de  Creil. 
A  la  fin  du  XYii"^  siècle,  il  appartenait  à  Nicolas  de  Jas- 
saud,  conseiller  d'État,  puis  en  1719  à  son  fils  Augustin 
Nicolas  de  Jassaud,  et  il  fut  transformé  en  maison  de 
rapport.  Sa  petite-fille,  Mme  Macé,  qui  y  mourut  en  1776. 
Ses  nièces  vendent  l'hôtel  dit  de  Jassaud  en  1793.  En 
1824,  Lebas  de  Courmont,  référendaire  à  la  Cour  des 
Comptes,  dont  le  petit-fils  fit  démolir  en  1908.  La  moitié 
de  l'hôtel,  sur  la  rue  Chai'lemagne  avait  déjà  été  rasée 
en  1791  et  remplacée  par  une  hideuse  maison  de  rap- 
port! C'est  avec  peine  que  tous  les  amoureux  de  Paris 
ont  vu  disparaître  ce  vieux  et  curieux  logis  en  1908. 

N"  18.  Hôtel  du  président  de  Châteaugiron  (1708), 
seigneur  breton  qui  se  faisait  donner  par  les  plaideurs 
des  petits  cadeaux,  dits  pots-de-vin  aujourd'hui.  (Au  18, 
rue  du  Prévôt.  Voir  note  plus  bas.) 

N°  21.  Gilles  Charpentier,  trésorier  do  l'ordre  de 
St-Louis.  Charpentier  de  Foissel.  Charpentier  de 
Sainsot  (1700).  Dans  la  cour  jolis  mascarons. 

N°  22.  Vieille  maison.  Enseigne  du  Petit  Matelot. 

N°  25.  Jolie  porte.  (Consoles  cannelées  à  pomme  de 
pin).  Ancienne  habitation  de  procureur  refaite  en  1890. 


IV"   AHRONDISSEMENT.  61 

Rue  du  Prévôt. 

S'appelait  rue  Percée  avant  1877.  On  voit  encore  les 
anciennes  inscriptions  de  la  rue  au  coin  de  la  rue 
Charlemagne  ainsi  qu'au  coin  de  la  rue  St-Antoine.  Doit 
son  nom  à  Thôtel  voisin  dit  de  Prévost.  Toutes  les  mai- 
sons sont  anciennes  sauf  le  12  où  se  trouvait  la  porte 
des  dépendances  de  Thôlel  du  Prévôt. 

N°  4.  Escalier  à  balusires  de  bois. 

N°  6.  Poi-te  sculptée. 

N"  5.  Enorme  arcade  charretière. 

Rue  du  Figuier  (1300). 

Doit  son  nom  à  un  arbre  c[ui  s'y  trouvait  au  coin  de 
l'ancienne  rue  de  la  INIoi'tellerie,  et  qui  ne  l'ut  abattu 
c{u'en  1605. 

N°  19.  Ancienne  maison  de  procureur  (Entrée  25,  rue 
Charlemagne.) 

N"  15.  Maison  des  INIiron,  seigneurs  du  Tremblay, 
médecins  du  Roi  de  1550  à  1680.  Aujourd'hui  asile 
Israélite. 

N°  22.  Le  Pileur  de  Brévannes,  président  en  la 
Chambre  des  Comptes  au  xviii'=  siècle.  (S'intitule  hôtel 
des  Nations!) 

N°  20.  Relevait  de  l'abbaye  de  Tiron.  Adjugé  en 
1680  à  Christophe  Oger,  trésorier  des  vivres  du  Berri. 

N"  9.  Petit  mascaron. 

N°7.  Maison  du  marquis  de  Conflans.  Le  cardinal  de 
Luynes  disait  à  ce  dernier  :  «  Votre  famille  est  devenue 
si  pauvre  que  mon  gentilhomme  caudataire  est  un 
Conflans  ».  Le  marquis  répondit  :  «  Il  y  a  longtemps 
que  nous  tirons  le  diable  par  la  queue  ». 


62       PnOMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PAniS. 

N°  5.   Escalier  et  puits  à  margelle  sculptée  dans  la 
cour. 

N°  3.    L'historien   Lefeuve   y   voyait   la    maison  du 
tailleur  de  Louis  XI. 

N°  8.  Charles  Nodier  et  Monselet  y  voyaient  la 
demeure  de  Rabelais. 

N"  4.  Maison  du  xvi''  siècle. 

N°  2.  Ancienne  niche  sculptée. 

*  N°  1.  Hôtel  de  Sens.  Là  s'élevait  la  demeure  de 
Jehan  d'Hestomenil  qui  fut  cédée  par  Charles  V  aux 
archevêques  de  Sens.  L'hôtel  lut  construit  par  Tristan 
de  Salazar  pour  les  archevêques  de  Sens  (1474-1519). 
C'était  le  second  hôtel  des  archevêques  de  cette  ville. 
Paris  était  alors  suffx'agant  de  cette  métropole.  Ce 
Tristan  de  Salazar,  fils  d'un  capitaine  espagnol  et  ai'che- 
vêque,  avait  suivi  Louis  XII  dans  ses  campagnes  d'Italie. 
L'hôtel  fut  habité  par  le  cardinal  Duprat  qui  l'acheva, 
par  Louis  de  Bourbon,  Louis  de  Guise  cai'dinal  de 
Lorraine,  par  le  cardinal  de  Pellevé  qui  y  mourut  de 
saisissement  en  apprenant  que  les  portes  de  Paris 
s'ouvraient  devant  le  Béarnais.  Marguei'ite  de  Valois, 
épouse  répudiée  de  Henri  IV,  en  fit  son  séjour  en  1605. 
Le  5  avril  de  Tannée  suivante,  son  page  Dal  de  St-Julien 
qu'elle  aimait  (elle  avait  alors  cinquante-deux  ans),  fut 
tué  dans  son  carrosse  par  un  rival  jaloux,  le  comte  de 
Vermond.  Elle  jura  de  ne  plus  ])oire  ni  manger  avant 
qu'elle  n'eût  vu  faire  justice  et  elle  assista  le  lendemain 
à  l'exécution  du  meurtrier  qui  eut  lieu  sur  l'emplace- 
ment du  crime,  c'est-à-dire  devant  l'hôtel  de  Sens.  La 
reine  Margot  abandonna  alors  Thôlel,  qui  fut  hal)ité 
ensuite  par  le  cardinal  Uuperron.  En  1622  les  Métro- 
politains de  Sens  perdirent  leur  suprématie  sur  l'évêché 
de    Paris  et  quittèi'ent  l'hôtel  en  1623  pour  le  louer. 


1V'=    AHRONDISSEMENÏ.  63 

Après  avoir  été  le  dépôt  des  coches  de  Bourgogne, 
puis  plus  récemment  une  confiturerie  dite  de  St-James, 
c'est  aujourd'hui  la  verrerie  Ilarroux.  Cet  hôtel  est  un 
très  intéressant  spécimen  de  l'architecture  privée  du 
xv^  siècle.  Deux  tourelles  circulaires  à  poivrières  et  en 
encorbellement  flanquent  le  portail,  et  une  autre  tou- 
l'elle  se  voit  rue  de  l'Hôlel-de-Ville.  Le  boulet  de  canon 
que  nous  voyons  dans  le  mur  de  façade  est  de  1830. 
(Visiter  l'intérieur  :  escalier  à  vis,  cheminée  de  pierre, 
échauguette  crénelée  au  fond  de  la  cour,  etc.)  Les  jar- 
dins, occupés  maintenant  par  des  maisons  à  loyer, 
s'étendaient  par  derrière  jusqu'à  la  rue  des  Nonnains- 
d'Hyères.  Une  modeste  synagogue,  qui  s'ouvre  6,  rue  de 
l'Hôtel-de-Ville,  est  installée  dans  l'ancien  hôtel  des 
archevêques  de  Sens  ! 

Rue  du  Fauconnier. 

Existait  en  1265.  La  partie  située  enti'e  le  quai  des 
Célestins  et  la  rue  de  l'Hôtel-de-Ville  se  nommait,  avant 
1868,  l'ue  de  l'Étoile  à  cause  d'une  maison  dite  château 
de  l'Etoile  qui  y  était  située.  Cette  rue  était  autrefois 
classée  comme  val  d'amour  et  habitée,  par  tolérance,  par 
des  femmes  de  mauvaise  vie.  Le  grand  fauconnier,  dit  le 
gouverneur  des  oiseaux  de  proie,  y  avait  une  maison 
qui  a  été  l'origine  du  nom  de  la  rue  au  xiii*^  siècle.  La 
rue  longeait  à  l'ouest  le  couvent  des  Béguines  de  l'Ave- 
Maria.  (Jeter  un  coup  d'œil  sur  les  19,  17,  15.) 

Rue  de  l'Ave-Maria. 

La  partie  orientale  de  cette  voie,  qui  s'étendait  jadis 
en  dehors  des  murs  de  Philippe  Auguste,  s'appela  au 


64       PItOMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    1)E    PAUIS. 

XI v"  siècle  rue  de  la  Folie-Jean-lMorel.  Toute  la  rue 
s'appela,  avant  1867,  rue  des  BaiTés-St-Paul  à  cause  des 
Carmes  aux  manteaux  bariolés  qui  y  avaient  un  monas- 
tère dès  le  xii!^  siècle.  Ce  monastère  était  voisin  de 
celui  des  Béguines  de  TAve-Maria.  Ces  béguines, 
fondées  par  St  Louis  à  Paris,  occupèrent  le  monastère 
de  FAve-Maria  avant  Louis  XI,  mais  le  couvent  fut 
reconstruit  en  1485  par  Charlotte  de  Savoie,  veuve  de 
Louis  XL  11  s'étendait  entre  la  rue  de  TAve-Maria  et  la 
rue  Charleraagne,  sur  remplacement  de  l'école  commu- 
nale de  filles  qui  est  au  22  et  sur  l'emplacement  du 
petit  Lycée  Charlemagne  qui  se  trouve  à  la  place  de 
l'église  du  Monastèi'e.  Le  couvent  fut  supprimé  en  1790, 
et  remplacé  par  une  caserne  qui  a  également  disparu 
pour  faire  place  au  petit  Lycée  Charlemagne  et  à  l'école 
communale.  A  la  caserne  de  l'Ave-Maria  se  trouvait,  en 
1841,  le  10e  bataillon  de  chasseurs  à  pied  commandé  par 
le  futur  duc  de  Magenta,  Mac-Mahon,  qui  habitait  17, 
rue  des  Ban-és. 

Le  marché  de  l'Ave-Waria  (1859)  est  sur  l'emplace- 
ment de  l'hôtel  de  Portus  Sacer  ou  des  Barbeaux,  qui 
appartenait  à  l'abbaye  des  Barbeaux  près  Sens.  Cet 
hôtel  était  antérieur  aux  remparts  de  Philippe  Auguste. 

N°  15.  Aujoui'd'hui  hôtel  meublé  de  l'Ave-Maria. 
Ancien  jeu  de  paume  de  la  Croix-Noire  dans  lequel 
étaient  installés  les  artistes  de  l'Illustre  Théâtre,  comme 
le  rappelle  une  inscription  placée  32,  quai  des  Célestins. 
Molière  y  fut  arrêté  et  conduit  au  Châtelet  pour  une 
dette   de    115   livres  à   son   moucheur    de    chandelles. 

N°  2.  Vieille  maison.  (Boucherie  dite  de  l'Ave-Maria.) 


IV"   ARRONDISSEMENT.  C5 


Rue  des  Jardins. 


Ouverte  sur  dos  jardins  aboutissant  à  renoeinle  de 
Philippe  Auguste  dont  on  retrouve  quelques  traces  au 
fond  des  cours,  jardins  qui  firent  sans  doute  partie  de 
l'hôtel  royal  de  St-Pol  dit  «  des  gï'ands  esliattemonts  ». 
La  rue  existait  dès  le  xii^  siècle.  Klle  doit  son  nom  à  sa 
situation  champêtre.  Avant  1904  elle  s'appelait  rue  des 
•lardins-St-Paiil.  Toutes  les  maisons  sont  anciennes. 

N"  39.  Inscription  ancienne  :  Rue  des  Jardins. 

N°  25.  Cour  curieuse.  Maison  ancienne  ainsi  qu'aux 
33,  21. 

N°  16.  Ancien  hospice  du  St-Esprit.  Porte  sculptée. 
(Hôtel  meublé  où  on  loge  à  la  nuit  depuis  0  fr.  50!) 
Vieille  maison  ainsi  qu'aux  12,  9. 

N"  8.  Emplacement  de  la  maison  où  serait  mort 
Rabelais  (?). 

N"  6.  Ancien  cabaret  de  la  Croix  d'Or. 

N"  5.  Crochet  qui,  dit-on,  servait  à  la  chaîne  qui 
fermait  la  rue  an  mo3'en  âge.  Molière  logea,  en  1645, 
au  5  ou  au  7. 

N°  2.  Inscription  nous  rappelant  que  Rabelais,  né  à 
Chinon,  est  mort  dans  une  maison  de  la  rue  des  Jardins 
en  1553. 

Quai  des  Célestins. 

Longe  le  port  St-Paul  et  une  partie  du  port  des 
Célestins  qui  se  prolonge  jusqu'à  la  passerelle  de  l'Esta- 
cade.  Le  quai  doit  son  nom  à  l'ancien  couvent  voisin 
des  Célestins.  La  partie  entre  les  rues  du  Fauconnier 
et  des  Nonnains-d'Hyères,  faisait  partie  du  quai  des 
Ormes;  la  partie  entre  la  rue  du  Fauconnier  et  la  rue 

IV'  ARnoNfi.  5 


66       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

St-Paul  s'appelait  quai  St-Paul.  Ces  deux  parties  ont 
été  ajoutées  au  quai  des  Célestins  en  1868.  La  partie  du 
quai  située  devant  l'hôtel  de  la  Vieuville  s'appela  aussi 
jadis  quelque  temps  rue  des  Barrés.  Près  du  pont  Marie, 
le  quai  occupe  l'emplacement  de  la  place  Mofis  au 
xvii"  siècle,  place  Moneils  au  xviii^  siècle.  A  hauteur 
du  boulevard  Henri-lV,  on  a  transporté  et  réédifié  les 
restes  de  la  substruction  de  la  tour  dite  de  la  Liberté 
de  la  Bastille,  mise  à  jour  en  1899  par  les  travaux  du 
Métropolitain. 

*N''  2.  Le  terrain  dépendait  jadis  de  l'hôtel  royal  de 
St-Pol,  et  c'est  là  sans  doute  qu'il  faut  voir  l'emplace- 
ment de  l'hôtel  de  J.  de  Genouillac,  grand  maître  de 
l'artillerie  sous  PVançois  P''.  Ce  logis  fut  ensuite  la 
demeure  des  familles  de  Béthune,  de  Courlay  et  de  Sen- 
neterre  et  acquis  en  1676  par  Gaspard  de  Fieubet,  chan- 
celier d'Anne  d'Autriche.  Ce  fut  lui  qui  fit  construire 
l'hôtel  actuel  par  J.-H.  Mansart,  et  la  construction  fut 
achevée  en  1681.  Des  mains  des  Fieubet  l'hôtel  passa 
entre  les  mains  de  la  famille  de  Clèves,  puis  dans  la 
famille  Roussel.  Dedelay  de  La  Garde  (1755-1769).  Boula 
de  Mareuil  (1769  à  1777).  J.-B.  de  Mareuil(1777  àl818). 
En  1813  on  y  installa  une  raffinerie,  puis  une  pension. 
Acheté  en  1850  par  M.  de  La  Valette,  publiciste,  qui  le  fit 
restaurer  d'une  façon  plutôt  douteuse  et  désordonnée. 
En  1877  les  Oratoriens  y  établirent  l'école  Massillon,  et 
déshonorèrent  les  ailes  de  ce  vieux  logis  pour  l'agran- 
dissement de  leur  école.  La  saillie  au  premier  étage  que 
l'on  voit  sur  la  fa(,*ade  en  retour,  rue  du  Petit-Musc,  est 
l'ancien  oratoire  qui  avait  été  décoré  par  Lcsuenr. 

N"  4.  Faisait  partie  jadis  de  l'hôtel  Fieubet.  La  sœur 
du  chancelier,  qui  avait  épousé  Nicolas  de  Nicolaï,  en 
hérita  et  le  laissa  à  sa  fille  unique  la  duchesse  de  Mor- 


IV*    ARRONDISSEMENT.  67 

lemart,  qui  elle-même  le  légua  à  Jean  de  Nicolaï,  marquis 
de  Goussainville.  En  1854  c'était  un  atelier  pour  Thabil- 
lement  de  la  garde  impériale.  Le  sculpteur  Barye  y  est 
mort  (1875).  (inscription.) 

N°  6.  Restes  de  l'hôtel  de  M.  Janin  (1652).  Saint- 
Mesmes  (1728). 

N°  14.  Fut  le  petit  hôtel  de  Vincent  Bouhier,  sieur 
de  Beaumarchais,  trésorier  de  l'épargne,  beau-père  du 
ujaréclial  de  Vitry  et  du  marquis  de  La  Vieuville.  Petit 
hôtel  de  la  Vieuville  (1689).  Il  était  séparé  du  grand 
hôtel  (4,  rue  St-Paul)  par  un  groupe  de  trois  maisons, 
mais  communiquait  avec  lui.  Le  graveur  Rançonnette  y 
mourut  en  1878.  Propriété  du  comte  d'Aucourt  (1885  à 
1908).  Fut  temple  Israélite.  Ce  petit  hôtel  possède  un 
très  beau  plafond  avec  le  monogramme.  L.  V.  0.  (La 
^'ieuville  d'O).  Balcon  avec  le  chiffre  L.  V. 

N"  16.  Très  curieuse  cour.  (Mansardes.) 

N°  22.  Bureau  de  placement  gratuit.  (Hôtel  de  la 
Vieuville.  Voir  4,  rue  St-Paul.) 

N°  32.  Emplacement  de  la  tour  Barbeau  où  se  ter- 
minait, du  côté  de  la  rivière,  l'enceinte  de  Philippe 
Auguste,  commencée  vers  1200.  Le  nom  lui  venait  du 
logis  de  l'abbé  des  Barbeaux  qui  lui  était  presque  con- 
tigu  (emplacement  du  Marché).  (Inscription.)  Autre 
inscription  rappelant  l'emplacement  du  jeu  de  paume  de 
la  Croix-Noire  où  Molière  et  la  troupe  dite  l'Illustre 
Théâtre  jouèrent  en  1645. 

N°42.  Balcon  soutenu  par  six  <  onsoles  à  cannelures  et 
guirlandes  Louis  XVI. 

N"  46.  Enseigne  du  Lion. 

N"  58.  Maison  à  mansardes.  Curieuses  fenêtres  à 
Tenlresol.  F'errures.  Inscription  :  Quay  des  Ormes. 


68      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Rue  des  Nonnains-d'Hyères  (1182). 

Les  religieuses  ou  nonnains  qui  avaient  leur  cou- 
vent, baigné  par  la  rivière  de  TYerres,  près  de 
Villeneuve-St-Georges,  avaient  leur  succursale  dans 
cette  rue,  une  des  plus  anciennes  de  Paris,  On  écrivait 
jadis  rue  des  Nonaindières  :  mais  on  devrait  bien  dire 
aujourd'hui  rue  des  Nonnains-d'Yerres,ot  nond'Hyères. 
L'extrémité  sud  s'appelait  rue  des  Ormes. 

N"'  2  et  4.  Maisons  curieuses. 

N°  5.  Très  intéressant  bas-relief  en  pierre  peinte, 
représentant  :  un  Gagne-Petit.  Date  du  temps  de 
Louis  XIV. 

N°  14.  Maison  dite  de  la  Pie.  Achetée  comme  suc- 
cursale par  les  Nonnains  d'Yerres  (reconstruite). 

N°  21.  Fut  institution  Petit  (1827).  Dans  la  cour  nous 
voyons  la  façade  sud  de  l'hôtel  d'Aumont,  aujourd'hui 
Pharmacie  Centrale  des  Hôpitaux.  Buste  de  Dorvault, 
fondateur  de  la  Pharmacie  Centrale. 

N°  20.  Curieuses  mansardes. 

N°  22.  Façade  assez  intéressante.  On  peut  jeter  aussi 
un  coup  d'oeil  sur  les  24,  31,  35,  etc. 

Rue  de  Fourcy. 

Avant  1684,  c'était  au  bout  de  la  rue  des  Nonnains- 
d'Hyèi'es  un  cul-de-sac  désigné  sous  le  nom  de  Ruelle- 
sans-chief,  dès  1313,  puis  cul-de-sac  Censée.  Transformé 
en  rue  par  Henri  de  Fourcy  qui  fut  prévôt  des  mar- 
chands de  1684  à  1671.  Le  marquis  de  Dangeau  habitait 
la  rue  à  la  fin  du  xvii"  siècle. 

N°  1.  L'abbé  Terray  y  demeurait  à  la  fin  du  règne  de 
Louis  XV(?). 


IV*    AimONDISSEMENT.  G9 

N"  2.  Ancien  bureau  de  loterie  en  1820.  Enseigne 
du  Grand-St-Antoine,  représentant  le  saint  avec  son 
cochon. 

N"  6.  Porte  du  xviir^  siècle.  Ancienne  maison  au  fond 
de  la  cour. 

N*"  5  et  7.  Restes  d'un  hôtel  Hénault  de  Gantorbe, 
fermier  général.  L'hôtel  s'ouvrait  82,  rue  François- 
Miron. 

N°  12.  Rampe  d'escalier  en  1er  lorgé  jusqu'au  qua- 
trième étage. 

N"  11.  Vieille  petite  porte. 

Rue  de  Joiiy. 

Rue  de  l'Abbé-de-Jouy  au  xiii'^  siècle.  Doit  son  nom  à 
un  abbé  de  Jouy  qui  y  avait  un  hôtel  à  cette  époque  sur 
l'emplacement  des  13,  15, 17.  Cat  hôtel  fut  donné  en  1342 
à  Jean  d'Andrezel  par  Philippe  VI  de  Valois,  et  aliéné 
par  PieiTe  de  Bellièvre,  abbé  commendataire  en  1658, 
époque  oîi  l'hôtel  tombait  en  ruines. 

*  j\'o  7.  Hôtel  d'Aumont.  Là  jadis  s'élevait  un  hôtel 
habité  par  les  Guyot,  les  Viole,  les  Le  Charron.  Cet  hôtel 
fut  démoli  et  reconstruit  en  1G48  par  l'architecte  Le 
Vau  et  l'entrepreneur  Villedo  pour  Antoine  Scarron, 
oncle  du  poète  et  beau-père  du  maréchal  d'Aumonl,  qui 
acheta  l'hôtel  en  1G56  et  confia  à  François  Mansart  le 
soin  de  faire  la  façade  principale.  L'hôtel  s'étendait  jus- 
qu'au 14  actuel  de  la  rue  de  l'Hôtel-de-Ville. 

Au  maréchal  d'Aumont  succéda  son  fils,  le  duc  d'Au- 
mont, colonel  de  cavalerie  à  dix  ans,  et  époux  de  la  sœur 
de  Louvois,  et  ensuite  de  Mlle  de  Toussé,  qui  fut  la 
maîtresse  de  Le  Tellier,  archevêque  de  Pveims.  Ce  duc 
d'Aumont  fut  un  cuineux  et  un  numismate  (1669-1704). 


70       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PAIUS. 

Son  fils  Louis,  duc  d'Auinont,  ambassadeur  en  Angle- 
terre, qui  mourut  subitement  cliez  la  Dangeville  (1723). 
Son  fils  mort  également  en  1723.  Son  fils  Augustin,  duc 
d'Aumont,  qui  abandonna  riiùiel  pour  aller  habiter  place 
Louis  XV,  vend  l'hôtel  d'Aumont  en  1750  à  Charles 
Sandz'ié,  entrepreneur  des  bâtiments  du  Roi.  Pierre 
ïeri^ay,  seigneur  de  Rozières,  procureur  général  de  la 
Cour  des  Aides  et  frère  de  l'abbé,  acheta  l'hôtel  en  1765 
sauf  le  petit  hôtel  qui  correspond  au  5  de  la  i^ue  de  Jouy. 
I.avoisier  s'y  maria.  Antoine  Jean  Terray  (1788),  fils  de 
Pierre,  qui  fut  exécuté.  Confisqué  pendant  la  Révolu- 
tion. Acquis  en  l'an  XI,  par  Séverin  Dubreuil-Mignard. 
Mairie  de  l'ancien  IX".  (Celte  mairie  était  antérieure- 
ment au  presbytère  de  St-Jean-en-Grève.)  Rondeau 
(1823).  Institution  Petit  (1824).  Pharmacie  Centrale  des 
Hôpitaux  depuis  1859. 

(M.  Charles  Sellier,  le  très  érudil  conservateur  adjiniit  du 
musée  Carnavalet,  a  écrit  une  très  intéressante  monogi'aphie 
de  l'hôtel  d'Aumont,  monographie  dont  nous  nous  sommes 
servi  pour  la  note  précédente). 

Il  est  probable  que  le  cardinal  de  Richelieu  est  né 
dans  la  rue  de  Jouy  oîi  est  à  présent  l'hôtel  d'Aumont, 
dans  l'ancienne  maison  à  l'enseigne  du  Croissant  qui 
appartenait  à  Mmed'Absac  qui  épousa  en  secondes  noces 
Henri  du  Plessis,  seigneur  de  Richelieu. 

N°  8.  Porte  et  ferrures. 

N"  9.  Ancienne  demeure  des  Gencien,  opulente 
famille  parisienne  au  xV^  siècle.  Hôtel  de  Fourcy  (1623). 
Son  fils  Henri,  prévôt  des  marchands  (1684).  Institution 
d'Harant  (1859),  puis  école  Sophie-Germain  (école  pri- 
maire supérieure  déjeunes  filles),  fondée  par  la  Ville  en 
1882.  Bas-reliefs  dans  la  cour. 


IV"    ARUONDISSEMENT.  71 

N"  12.  Dépendait  de  Ihôlel  de  Beavivais  (()8,  i-iie 
F'rançois-Miron).  Les  caves  ogivales  qui  existent  dans 
cette  maison,  sous  la  boutique  d'un  menuisier,  provien- 
nent de  l'ancien  hôtel  des  abbés  de  Chaalis,  religieux 
de  Citeaux  établis  près  de  Senlis,  qui  avaient  là  leur 
succursale.  Cette  propriété  l'ut  vendue  à  Mme  de 
Beauvais  par  Louis  de  Lorraine,  abbé  comraendataire 
en  1654.  (Mascarons,  ferrures  avec  chiffres.) 

N"  14.  Dépendances  de  Ihôtel  de  Beauvais. 

N°  19.  Impasse  Guépine  qui  déjà  en  1266  s'appelait 
cul-de-sac  Guépine.  Sous  St  Louis  il  existait  près  de  la 
porte  Baudet  ou  Baudoyer  un  bourg  dit  de  la  Guespine, 
et  le  nom  de  l'impasse  provient  sans  doute  du  bourg 
voisin.  Dans  l'impasse  se  trouvent  des  vieilles  maisons 
comme  le  1,  le  3,  etc. 

Rue  Geoffroy-!' Asnier. 

Date  du  xni''  siècle.  Jadis  rue  Fiogier-Lasnier,  et  rue 
Geoffi'oy-l'Asnier  par  altération.  Elle  tire  son  nom  d'une 
famille  bourgeoise  qui  possédait  presque  toute  la  rue 
au  XVI*  siècle.  A  son  arrivée  à  Paris,  Danton  descendit 
à  l'auberge  du  Cheval-Vert  qui  se  trouvait  dans  la  rue. 

X°  32.  Maison  à  pignon.  Jadis  auberge  de  la  Clef 
d'Argent.  Restaurée  en  1774.  Aujourd'hui  fourneau 
populaire. 

N**  30.  Un  médecin  y  habitait  sous  Louis  XIV.  Celte 
maison  possédait  encore  il  y  a  quelques  années  des 
anciennes  écuries  souterraines  avec  auges  sculptées. 
Ces  écuries  n'existent  plus.  Dans  la  cour  qui  est  assez 
intéressante  nous  voyons  un  bas-relief  moderne,  enseigne 
de  l'Entrepôt  d'Ivry  (d'après  Daumier).  Les  sœurs  de 
St-Vincent-de-Paul.  (Porte,  raascaron,  escalier.) 


72      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

i\°  28.  Perle  k  gros  clous.  La  seconde  cour  est  assez 
intéressante.  Escalier. 

*  N°  26.  Très  belle  porte  du  xyii*^  siècle,  surmontée 
d'un  puissant  cartouche.  Les  boiseries  de  la  porte  ont 
été  restaurées  en  1886.  Nous  lisons  Finscription  :  Hôtel 
Ghalons  (1625).  Luxembourg  (1659).  Ce  joli  hôtel  entre 
cour  et  jardin  a  appartenu  à  Antoine  Le  Fèvre  de  La 
Borderie,  ambassadeur  en  Angleterre  (1608).  Peri*ocheI, 
maître  d'hôtel  du  Roi  (1623),  qui  eut  comme  locataire  des 
Chalons,  membres  d'une  famille  de  commerçants  rouen- 
nais.  La  fille  de  Perrochel  vendit  Thôtel  à  Mme  Béon  de 
Luxembourg,  épouse  d'un  conseiller  du  Roi.  (Cour 
intéressante,  perron  à  double  rampe,  fenêtres  à  frontons 
décorés  de  mascarons  avec  monogrammes.) 

N"  22.  Belle  porte  sculptée. 

N-^  20.  M.  de  Villemontré,  conseiller  d'État  (1668). 
J.-B.  de  Machault,  conseiller  (1713j.  (Mansardes.) 

N°  4.  Maison  curieuse. 

N"  3.  Inscription  ancienne  :  Rue  GeoflVoy-rAsnier. 

N"  5.  Vieille  maison.  (Bar  Barre.) 

N"  9.  Enseigne  du  Lion  d'Argent.  Au  13,  enseigne  de 
taillandier  à  façon. 

N"  15.  Inscription  :  Cul-de-sac  Putigneux. 

N"  17.  Inscription  ancienne  :  Rue  Geoffi'oy-l'Asnier. 
—  Impasse  Putigneux  (inscription  ancienne).  A  la  lin 
du  xiT'  siècle  cette  impasse  s'appelait  rue  Ermeline- 
Boiliane.  Elle  doit  son  nom  à  l'accouplement  des 
mots  «  Pute-Teigneux  ».  C'était  en  1300  un  val  d'amour, 
sans  doute  peu  élégant.  Dans  l'impasse  se  trouvent  des 
vieilles  maisons  comme  le  3,  le  5,  etc. 

N°  19.  Restes  de  l'hôtel  de  Preuilly  (Inscription). 
Appartenait  eu  1350  à  M.  Frottier,  descendant  des 
Preuilly,  puis  aux  Clermont-Gallerande,  aux  La  Roche- 


IV''    AUUOXDISSEMENT.  73 

foucauld-Barbezieux,  aux  Le  Tonnelier  de  Breteuil,  aux 
GallifTet.  Cet  hôtel  avait  été  confisqué  en  1422  par  les 
Anglais  au  profit  de  Philippe  de  JNIorvilliers.  Les  habi- 
tants de  l'hôtel  avaient  une  seconde  poi'te  sur  le-cul-de 
sac  Putigneux. 

N"'  21.  Curieuse  rue  Grenier-sur-l'Eau  ;  ruelle  du 
xin'"  siècle  qui  doit  son  nom  à  son  voisinage  de  la 
rivière  et  à  un  personnage  nommé  Garnier  ou  Grenier 
qui  y  habitait  au  xiii'^  siècle.  Un  édit  de  Henri  III  de 
1577  avait  permis  aux  marchands  de  vins  d'y  établir  le 
siège  de  leur  corporation.  La  rue  a  été  coupée  en  deux 
par  la  rue  du  Pont-Louis-Philippe.  Les  plaques  murales 
sont  bien  conservées  (voir  au  coin  de  la  rue  des  Barres). 
Au  3,  vieille  maison.  Le  11,  au  coin  de  la  rue  des  Barres, 
est  intéressant.  Cette  maison  fait  saillie  sur  la  rue  Gre- 
nier-sur-l'Eau, et  nous  y  voyons  un  cul-de-lampe  avec 
fleurs  de  lys. 

N°  23.  Ancienne  mairie  de  l'ancien  IX^  arrondissement. 
Aujourd'hui  école  (1898). 

Rue  François-Miron. 

La  partie  Est  de  la  rue  existait  en  1300  et  faisait  partie 
de  la  rue  St-Antoine,  dont  elle  porta  le  nom  jusqu'en 
1865.  La  partie  ouest  s'appelait  jadis  rue  du  Monceau- 
St-Gervais,  puis  rue  du  Pourtour-St-Gervais.  Le  Mon- 
ceau St-Gervais  fut,  à  travers  les  siècles  de  l'époque 
romaine,  un  vaste  champ  de  repos.  La  partie  qui  s'ap- 
pelait autrefois  rue  St-Antoine,  servait  jadis  aux 
fêtes  et  aux  tournois.  C'est  dans  un  de  ces  tournois 
qu'Henri  II  fut  blessé  mortellement  par  Montgomery. 
La  rue  actuelle  doit  son  nom  à  Fi'ançois  Miron,  pré- 
vôt des  marchands  de  1594  à  1609,    qui  fit  élever  la 


74       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    l'AUIS. 

façade  de  l'ancien  Hôtel  de  Ville  incendié  par  la  Conj- 
niune.  Hébert,  api'ès  son  mariage  avec  Françoise  Goupil, 
ancienne  religieuse  sécularisée  de  la  Conception,  habitait 
rue  St-Antoine  (rue  François-Miron  actuellement)  vis-à- 
vis  l'église  du  Petit-Sl-Antoine.  Il  demeura  là  de  1792 
jusqu'à  l'été  de  1793,  y  menant  une  existence  familiale 
et  y  l'ecevant  son  ami  Desgenettes,  le  médecin.  Sa 
maison  était  vers  le  64  actuel. 

N°  82.  Hôtel  du  président  Hénault,  fils  du  fermier 
général  Hénault  de  Cantorbe.  Beau  balcon  soutenu  par 
de  belles  consoles  et  une  têle  de  Maure.  Belle  cour. 
Escalier  (fin  du  règne  de  Louis  XIV), 

''^'  N°  68.  Très  bel  hôtel  de  Boauvais.  Occupe  rempla- 
cement d'une  maison  qui  appartenait  au  monastère  de 
Chaalis,  oîi  Le  Tasse  composa  une  partie  de  sa  Jérusa- 
lem délivrée.  Les  caves  de  l'hôtel,  qui  ont  conservé  des 
restes  de  construction  ogivale,  sont  celles  de  cette 
ancienne  maison  qui  fut  cédée  en  1634  par  Nicolas  Fou- 
quet  au  sieur  et  dame  de  Beauvais  qui  la  firent  jeter  bas. 
L'hôtel  actuel  a  été  dessiné  par  Antoine  Lepautre  (1655). 
Porte.  Belle  cour  circulaire.  Escalier  avec  sculptures 
(têtes  de  béliers  avec  B  entrelacés),  Mme  de  Beauvais, 
née  Bellier,  dite  Cateau  la  Borgnesse,  était  femme  de 
chambre  d'Anne  d'Autriche.  Ce  fut  elle  qui  déiiiaifia,  à 
son  profit,  Louis  XIV,  La  reine  mère,  la  reine  d'Angle- 
terre, Mazarin,  Turenne,  assistèrent  le  28  août  1660  à 
l'entrée  solennelle  de  Louis  XIV  et  de  Marie-Thérèse, 
sur  le  balcon  qui  a  été  remplacé  à  la  façade  de  l'hôtel. 
A  la  mort  de  M.  de  Beauvais,  en  1686,  Mme  de  Beauvais 
n'y  était  plus  que  comme  locataire  de  l'ancien  échevin 
Savalette.  Christine  de  Suède  y  logea.  A  la  mort  de 
l'intrigante  Mme  de  Beauvais,  l'hôtel  fut  acheté  par 
Jean  Orry,  président  à  mortier  de  Metz  et  administra- 


IV"    AllUONUlSSKMliNT.  75 

leur  des  finances  de  Philippe  d'Espagne  (1706),  qui 
mutila  l'œuvre  de  Lepautre.  A  sa  mort,  en  1719,  ses  deux 
fils  en  héritèrent  et  le  vendirent  à  leur  sœur,  la  marquise 
de  La  Galaisière,  qui  le  leur  recéda  en  1740.  L'atné  de 
ces  frères,  Orry  de  Fulvy,  gouverneur  de  la  Compagnie 
des  Indes,  habita  peu  rhôlel.  Le  cadet,  Philibert  Orry  de 
Fulv}',  qui  fut  contrôleur  généi'al  des  finances  et  direc- 
teur des  bâtiments  et  beaux-arts,  vendit  l'hôtel  au 
comte  d'Eyck,  ambassadeur  de  Bavière.  Mozart,  à  son 
arrivée  à  Paris,  y  logea  chez  le  comte  d'Eyck  en  1763. 
Les  filles  du  comte  d'Eyck,  devenues  propriétaires  de 
l'hôtel  en  1777,  le  vendirent  en  1785  au  président 
Bourée  de  Corberon  qui  périt  sur  l'échafaud  en  1794. 
Séquestré  à  la  Révolution  l'hôtel  devint  un  bureau  de 
diligences.  Acheté  pour  33  000  francs  environ  par  le 
citoyen  Maurin,  acquéreur  de  biens  nationaux.  C'est  lui 
qui  transforma  ce  bel  hôtel  en  maison  à  loyers.  Acheté 
en  1810  par  j\L  Lemière,  négociant.  Propriété  du  petit, 
fils  de  ce  dernier,  M.  A.  Jouet. 

N"  56.  Fronton  circulaire  à  guirlande  et  écusson. 

X'^'  52.  Soleil  au  fronton.  (Restaurant  Israélite  russe 
depuis  1884.) 

N°  29.  Rue  Tiron  qui  doit  son  nom  à  un  hôtel  de 
l'abbé  de  Tiron  en  1270.  L'abbaye  de  Tiron  était  située 
près  de  Chartres.  A  côté  de  la  rue  Tiron  se  trouvait  la 
Cour  Tiron  (au  46  ancien  de  la  l'ue  St-Antoine)  où  était 
le  théâtre  Mareux  qui  fut  aussi  théâtre  de  Thalie 
(1791-1807). 

N"  46.  Très  curieuses  lucarnes  à  frontons  triangu- 
laires ainsi  qu'au  44  (xvi'=  siècle). 

N"  42.  Balcon.  Mascaron  dans  un  trophée. 

N'^  15.  Rue  Cloche-Perce  (1250).  Jadis  rue  de  la 
Grosse-Margot.    Doit    son    nom    à   une    cloche    percée 


76      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    UUES    DE    PARIS. 

servant  d'enseigne.  Elle  a  été  coupée  en  deux  par  la 
rue  de  Rivoli. 

N°  13.  Maison  à  pignon  du  w"  siècle. 

*  JN°  30.  Très  curieuse  maison  Renaissance  au  fond 
de  la  deuxième  cour. 

N°  22.  On  y  voyait  encore  à  la  fin  de  1907  une  curieuse 
enseigne  de  barbier  :  «  Au  chat  qui  fait  le  poil  à  un 
feignant  w.  Cette  enseigne  a  été  i-ecouverte  par  le  ravale- 
ment (1908).  (S'intitule  :  Hôtel  meublé  du  Grand  Apollon  I) 

N°  18.  Celle  maison,  ainsi  que  le  20,  possède  deux 
étages  de  caves  ogivales. 

N"  14.  Du  14  au  4  (pourtour  St-Gervais),  les  maisons 
sont  ornées,  au  deuxième  étage,  de  balcons  comportant 
comme  motif  cenlral  un  arbre  aux  feuilles  légèrement 
ouvertes,  travail  qui  rappelle  le  fameux  orme  St-Gervais 
qui  était  voisin.  Cette  rangée  de  maisons  qui  bordait  le 
cimetière  a  été  construite  en  1733  par  la  fabrique  de 
St-Gervais.  Elle  remplace  les  maisons  élevées  par  per- 
mission du  pape  Sixte  IV  en  1475  sur  la  boi'dure  du 
cimetière  pai'oissial.  Les  ferronneries  des  fenêtres  ont 
été  exécutées  par  le  maître  serrurier  Baptiste  Bouillot. 

N"  10.  Ledru-Rollin  y  est  né  le  3  février  1807.  En 
face  de  cette  maison  qui  portait  jadis  le  numéro  2  de  la 
place  Baudoyer,  se  trouvait  la  rue  Renaud-le-Fèvre,  qui 
menait  au  marché  St-Jean.  Une  plaque  a  été  posée  sur 
cette  maison  le  2  février  1908  à  l'occasion  du  centenaire 
de  la  naissance  du  promoteur  du  suffrage  universel, 
membre  du  Gouveiuiement  provisoii'e  de  1848. 

N°  4.  Inscription  à  demi  effacée  :  Rue  du  Pourtour. 
Nous  voyons  encore  de  ces  anciennes  inscriptions  au  14 
et  au  12  (Place  Baudoyer). 

N°  2.  Là  se  trouve  l'entrée  des  charniers.  (Entrée 
ordinaire  par  la  sacristie.) 


IV"    AniiONDISSEMENT.  77 

Place  Baudoyer. 

La  place  Baudoyer  tire  son  nom  de  la  porte  Baudoyer 
qui  était  située  rue  St-Antoine.  Dès  le  xiii^  siècle  il  y 
avait  là  une  place  qui  fut  au  moyen  âge  le  rendez-vous 
des  oisifs  et  des  nouvellistes.  En  juin  1848  elle  fut  le 
ihéàtre  d'un  terrible  combat.  La  place  occupe  la  partie 
sud  de  l'ancien  cimeiière  St-Jean-en-Grève.  Ce  cimetière, 
qui  occupait  lui-même  remplacement  de  l'ancien  hôtel 
Oaon  abattu  en  1392,  s'étendait  jusqu'à  la  inie  du  Roi- 
de-Sicile  au  nord,  au  carrefour  formé  des  rues  de  la 
Verrerie  et  du  Bourg-Tibourg.  Dans  ce  cimetière  furent 
inhumés  Robespierre  jeune  et  Mme  Charles,  l'Elvire 
de  Lamartine.  Le  cimetière  fut  remplacé  vers  1830  par 
un  marché  qui  disparut  et  la  place  s'appela  Place  du 
Marché -St -Jean.  La  place  Baudoyer  fut  modifiée  en 
1851,  époque  où  la  plus  grande  partie  des  maisons  dis- 
parurent par  la  contruction  de  la  caserne  Napoléon  et  le 
percement  de  la  rue  de  Rivoli. 

A  l'est  de  la  place,  bien  modifiée  maintenant,  se  trouve 
la  mairie  du  IV''  arrondissement  construite  en  1866  par 
Bailly,  incendiée  en  1871  et  restaurée  en  1884.  A  l'ouest 
se  trouve  la  caserne  Napoléon  (1852)  qui  doit  être 
incessamment  désaffectée.  Cette  caserne  a  été  construite 
sur  l'hôtel  des  abbés  de  St-Faron  et  sur  une  partie  de 
l'ancien  hôtel  dit  du  Pet-au-Diable.  Cet  hôtel,  dont  la 
tour  n'a  été  démolie  qu'en  1843,  était  en  1379  l'hôtel  dit 
du  Gloître-St-Jean  et  appartenait  aux  seigneurs  de  Coucy 
et  de  Béthisy  au  xiv''  siècle.  Au  xvi"  siècle  il  était  aux 
seigneurs  de  Bouri'on,  aux  St-Mesme  au  xvii",  à  la  mar- 
quise de  La  Tour  au  xviii",  et  à  la  famille  Le  Roy  au 
moment  de  la  Révolution.  On  appelait  aussi  cet  hôtel  le 


78       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Martelet  St-Jean.  La  caserne  occupe  également  rempla- 
cement de  rexlrémité  sud  de  la  rue  des  Mauvais-Gar- 
çons, et  sa  partie  sud  se  trouve  sur  remplacement  de 
l'ancien  hôpital  St-Gervais. 

Place  St-Gervais. 

La  place,  avant  1836,  faisait  partie  de  la  rue  François- 
Miron.  Elle  précède  l'église  St-Gervais  et  St-Prolais. 
Une  première  église  existait  déjà  là  au  vi''  siècle.  En 
avant  du  portail  se  trouvait  un  grand  orme,  dit  Orme 
St-Gervais,  sous  lequel  on  attendait  la  justice  (De  là 
vint  l'expression  :  Attendre  sous  Toi'me.)  L'église  fut 
reconstruite  en  1212,  1420,  1581  et  le  portail  actuel, 
dont  Louis  XIII  posa  la  première  pierre  en  1616,  est 
l'œuvre  de  Salomon  de  Brosse  (et  non  de  Jacques  de 
Brosse).  Le  clocher,  balafré  des  balles  de  1830,  1848, 
1871,  possède  un  escalier  remai-quable.  Le  sommet  a  été 
reconstruit  au  commencement  du  xviir  siècle.  L'abbé  de 
Cajamano,  qui  joua  un  rôle  dans  la  conspiration  de  Malet, 
étant  prêtre  habitué  de  St-Gervais,  y  logea  dans  une 
chambre  occupée  aujourd'hui  par  le  sonneur.  Dans  cette 
belle  église  Bossuet  prononça,  en  1686,  l'oraison  funèbre 
de  Michel  Le  Tellier  qui  y  est  enterré  ainsi  que  Scai'ron, 
Philippe  de  Champaigne,  Crébillon,  Ducange,  les  chan- 
celiers Louis  Boucherat  et  Charles  Yoysin,  l'archevêque 
de  Reims  Le  Tellier,  etc.  Mme  de  Sevigné  s'y  maria. 
En  1793  on  essaya  de  faire  tomber  l'église,  et  plusieurs 
piliers  ont  été  minés.  Temple  de  la  Jeunesse  pendant 
la  Révolution.  Ambulance  en  1848.  L'intérieur  de 
l'église  date  de  la  lin  du  xv"^  siècle,  et  les  dimensions 
étroites  de  la  nef  font  ressortir  sa  grande  hauteur.  (Voir 
les  décorations  de  Philippe  de  Champaigne,  le  tableau 


IV'    ARRONDISSEMENT.  79 

d'Alberl  Durei-,  le  coui'onnement  du  banc  d'œuvre  dû  au 
Pérugin,  le  monument  de  Le  Tellier,  les  slalles  qui 
datent  de  Henri  II  et  qui  proviennent  de  Port-Royal-des 
Champs,  les  fresques  de  Heim,  la  chapelle  de  la  Vierge 
avec  la  couronne  de  1517  supportée  par  les  nervures 
des  arcs,  ce  qui  reste  des  vitraux  de  Pinaigrier.)  Il  faut 
voir  aussi  la  très  intéressante  chappelle  dite  de  Scarron, 
attribuée,  dit-on,  à  Mme  de  Maintenon,  et  surtout  les 
anciens  charniers,  d'où  on  a  une  vue  des  plus  intéres- 
sante sur  l'église. 

Rue  des  Barres. 

Ruelle  aux  Moulins-des-Barres  en  1250,  puis  ruelle 
aux  Moulins-du-Temple.  Rue  du  Ghevet-St-Gervais  en 
1386.  La  partie  sud  s'appela  rue  Malivaux. 

N°  19.  Ancienne  inscription  de  rue  à  moitié  effacée 
par  la  plaque  nouvelle.  Nous  revoyons  une  autre  ins- 
cription ancienne  au  14. 

N°  15.  Ancienne  annexe  de  l'église.  Vestiges  de 
l'ancienne  chapelle  de  la  Communion  désaffectée  et 
occupée  actuellement  par  une  maison  de  confiserie.  C'est 
dans  cette  chapelle  que  fut  sans  doute  enterré  Philippe 
de  Champaigne.  D'une  fenêtre  de  la  confiserie  on  a  une 
vue  curieuse  sur  l'église  et  les  charniers. 

N"  12.  Maison  de  ville  des  religieuses  de  l'abbaye  de 
Maubuisson,  pi"ès  de  Pontoise. 

N"  13.  Curieux  aspect  du  chevet  de  l'église  .St-Ger- 
vais  et  St-Protais. 

N'^2.  Grille  à  l'enseigne  du  Pigeon. 

Dans  cette  rue  qui  doit  peut-être  son  nom  aux  barres 
qui  y  étaient  placées  jusqu'à  la  rivière  par  les  employés 
des  Aides  et  Gabelles,  se  trouvait  jadis  l'hôtel  des  Barres 


80      PROMENADES    DANS    TOUTES    LIÎS    HUES    UE    PARIS. 

démoli  aujourd'hui  par  la  rue  du  Pont-Louis-Philippe. 
Cet  hôtel  avait  appartenu  au  xiv^  siècle  à  Louis  de 
Boisredon,  amant  d'Isabeau  de  Bavière,  que  Charles  VI 
fit  jeter  à  la  rivière  dans  un  sac  avec  ces  mots  :  «  Laissez 
passer  la  justice  du  Roi  ».  Après  avoir  été  la  propriété 
des  moines  de  St-Maur,  des  seigneurs  de  Charny,  et 
être  devenu  le  bureau  général  des  Aides  au  commence- 
ment du  xviii''  siècle,  ce  manoir  devint  le  siège  du 
Comité  de  la  Section  de  la  Commune  en  1793.  Robes- 
pierre jeune,  qui  venait  de  se  jeter  d'une  des  fenêtres 
de  l'Hôtel  de  Ville,  y  fut  transporté  sanglant  avant  d'être 
conduit  à  l'échafaud  avec  son  frère. 


Rue  de  l'Hôtel-de-Ville. 

Jadis  rue  de  la  Foulerie,  puis  rue  de  la  Mortellerie. 
Ce  dernier  nom  était  dû  aux  Morteliers ,  ouvriers 
maçons,  originaires  du  Limousin.  A  la  suite  du  choléra 
de  1832,  les  habitants,  mal  impressionnés  par  cette 
dénomination  de  Mortellerie,  dont  ils  ne  connaissaient 
pas  l'origine,  exigèrent  le  changement  du  nom  de  leur 
rue,  d'où  le  nom  actuel  qui  date  de  1835.  Cette  rue,  qui 
jadis  était  la  grande  rue  d'un  bourg  de  pêcheurs  et  de 
bateliers,  a  conservé  son  aspect  du  xv"  et  du  xvi'=  siècle 
et  est  une  des  plus  curieuses  du  Vieux  Paris. 

N"  86.  Vieilles  maisons.  Escalier  en  bois  au  fond  de 
la  cour. 

N"  105.  Vieille  maison.  (S'intitule  hôtel  meublé  avec 
vue  sur  le  quail) 

N"  84.  Ledru,  commissionnaire  du  iNlont-de-Piété 
et  père  de  Ledru-Rollin  vint  y  habiter  en  1812  et  y 
resta  jusqu'à  sa  mort  en  1823.  Ledru-Rollin  y  passa  sa 


IV    ARRONDISSEMENT.  81 

jeunesse  et  y  resta  jusqu'en  1828,  époque  où  il  alla  avec 
sa  mère  9,  rue  du  Mouton.  (Escalier.) 

N°  82.  Maison  à  pignon.  Le  103  est  également  ancien. 

N°  95.  La  commission  du  Vieux  Paris  y  a  placé  une 
inscription  rappelant  l'ancien  nom  de  la  rue  (rue  de  la 
Mortellerie).  La  même  inscription  se  retrouve  à  Textré- 
initc  orientale  de  la  rue. 

N"  56.  Maison  qui  possède  une  cave  curieuse  avec 
arceaux  et  clefs  de  voûte  sculptés.  C'est  sans  doute  une 
ancienne  chapelle  et,  d'après  une  tradition,  cette  cha- 
pelle aurait  été  fondée  par  Blanche  de  F'rance,  petite- 
fille  de  Philippe  le  Bel,  religieuse  en  Tabbaye  de 
Longchamp,  décédée  en  1358. 

IV°  50.  Vieille  maison  ainsi  qu'au  71  et  au  69. 

N**  38.  A  l'enseigne  du  Chapeau  Rouge  (sept  cha- 
peaux sur  la  façade). 

N°  36.  A  l'enseigne  de  la  Pinte. 

N°  53.  Vieille  maison  :  Au  Père  Normand. 

N°  51.  Très  vieille  maison.  (Au  rendez-vous  des  Creu- 
sois  et  à  Vercingétorix.) 

N*^  26.  Curieuse  entrée  ainsi  qu'au  24. 

N°  39.  Curieuse  rue  du  Paon-Blanc  qui  doit  son 
nom  à  l'enseigne  d'un  hôtel  meublé.  C'est  la  plus  étroite 
de  Paris  (1  m.  50).  En  1550  elle  s'appelait  :  Descente  à 
la  Rivière.  Inscriptions  anciennes  :  Rue  de  la  Mortel- 
lerie et  rue  du  Paon-Blanc. 

N°  20.  Le  Paon-Blanc,  antique  cabaret  où  se  réunis- 
sent encore  les  gâcheurs  de  plâtre  du  quartier.  La 
maison  existait  déjà  en  1741.  C'était  jadis  le  rendez-vous 
des  enfants  de  la  Creuse  et  de  la  Haute-Vienne.  Actuel- 
lement c'est  le  rendez-vous  des  cimentiers  et  rocail- 
leurs.  L'enseigne  du  Paon  faisant  la  roue  qui  était  peinte 
à  la  détrempe  sur  la  façade  a  disparu  en  1904. 

IV"   ARROND.  6 


82       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    UUES    DE    PABIS. 

N"  18.  Très  vieille  maison.  Emplacement  de  l'an- 
cienne Cour  Genlien  qui  faisait  partie  de  l'hôtel  d'Aumont 
de  1G59  à  1680. 

N"  16.  Vieille  masure  ainsi  qu'au  29. 

N°  25.  Rue  de  la  Masure  qui  date  du  xvi'^  siècle. 

N°  19.  Maison  à  encorbellement. 

N°  17.  Maison  cuineuse.  Grille.  Le  7  est  assez  cui^eux. 

N°  8.  Du  8  au  2,  hôtel  de  Sens  avec  tourelle.  Le  6  est 
occupé  par  une  modeste  synagogue  (Voir  rue  du  Figuier.) 
Dans  la  rue  de  FlIôtel-de-Ville  se  trouvait  la  chapelle, 
dite  des  Haudriettes,  vendue  à  la  Confrérie  des  maçons 
en  1764. 

Quai  de  l'Hôtel-de-Ville. 

Ancien  chemin  aux  Merrains  (\ni'=  siècle),  quai  de  la 
Grève  (1250)  entre  la  place  de  Grève  et  la  rue  Geoffroy- 
TAsnier,  quai  des  Ormes  entre  la  l'ue  Geoffroy-l'Asnier 
et  la  rue  des  Nonnains-d'Hyères.  Nom  actuel  en  1867. 
Il  bordait  autrefois  l'ancien  port  aux  Blés  et  le  port  aux 
Foins.  A  son  extrémité  est,  se  trouvait  la  place  aux 
Veaux  et  la  place  Monfils.  Le  quai  actuel  longe  le  port 
des  Ormes  et  le  port  de  riIôtel-de-Ville. 

N"  10.  Assez  curieux  ainsi  que  le  12.  Au  14  balcon. 
N"  30.  Grille  de  marchand  de  vins. 
N°  34.  Maison  portant  la  date  de  1548.  Escalier  inté- 
ressant avec  rampe  en  bois  à  pai'lir  du  premier  étage. 

N'-  56.  Emplacement  de  l'ancienne  impasse  Hyacinthe, 
l'ermée  aujourd'hui. 

N°  64  bis.  Rue  du  Pont-Louis-Philippe  (1833). 
Créée  sur  l'emplacement  de  l'ancien  hôtel  des  Barres. 
S'est  appelée  rue  du  l'onl-de-la-Réforme.  Au  2  nous 
lisons  cette  inscription  :  Cette  maison  a   été   construite 


iV    AnUONDISSEMENT.  83 

SOUS  Louis  XV  par  Jacques  Charles,  conlrôleur  des  vins, 
l)Ourgeois  de  Paris.  Au  20,  Vidocq,  célèbre  aventurier 
et  plus  tard  policier,  fonda  une  agence  de  renseigne- 
ments. La  rue  doit  son  nom  au  pont  Louis-Pliilippe 
qui  se  trouve  à  son  extrémité.  Ce  pont  a  été  construit 
en  18G2.  Il  remplace  l'ancien  pont  suspendu  de  1833 
qui  avait  été  construit  par  Séguin  d'Annonay,  pont  qui 
était  soumis  à  un  péage  racheté  après  la  Révolution  de 
Février.  De  1848  à  1851  ce  pont  s'était  appelé  pont  de 
la  Réforme. 

N^  70.  Enseigne  de  la  Grande  Botte. 

N°  80.  Enseigne  du  Renard. 

N»^  90.  Enseigne  de  la  Cloche  d'Argent. 

N"  90.  Rue  de  Brosse  (xiit"^  siècle).  Jadis  rue  de 
Longpont  et  rue  aux  Moines-de-Longpont.  Rue  Jacques- 
de-Brosse  en  1838,  puis  rue  de  Brosse  en  1881  en 
mémoire  de  l'architecte  Salomon  de  Brosse  (dit  à  tort 
Jacques),  mort  en  1630,  c^ui  construisit  le  portail  de 
St-Gervais  et  le  Luxembourg.  Dans  la  rue  de  Longpont 
se  trouvait  le  passage  Gervais  qui  est  devenu  l'impasse 
innommée  au  sud  de  l'église  St-Gervais.  La  rue  longe 
l'annexe  de  l'Hôtel  de  Ville. 

Rue  de  Lobau. 

La  rue  se  trouve  sur  remplacement  de  l'ancienne 
église  Sl-Jean-en-Grève  qui  avait  été  construite  en  1212 
comme  baptistère  de  St-Gervais  :  Simon  A'ouet  y  fut 
enterré.  Le  cloître  St-Jean  se  trouvait  au  nord  de 
l'église  et  c'est  là  que  fut  enterré  le  marquis  de  Favras. 
En  1838  la  rue  de  Lobau  a  englobé  les  rues  Femelle,  de 
la  Levrette,  de  la  Garnison  cpii  allait  de  la  rue  de  la 
'lixeranderie  à  la  rue  du  Touiniquet-St-Jean,  ex-rue  du 


84       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Pcl-du-Diable,  eir.  Nom  actuel  en  riionneur  du  uiaré- 
fhal  (1770-1838.) 

N°  2.  Ancienne  caserne  Lobau,  construite  sous  le 
second  Empire.  Annexe  de  rilôtel  de  Ville  depuis  1885. 
Un  souterrain  Tunit  à  THôlel  de  Ville  et  un  autre  à  la 
caserne  Napoléon.  L'aigle  qui  orne  le  fronton  de  cette 
ancienne  caserne  a  été  décapité.  Plusieurs  communards 
furent  fusillés  là,  et  on  voit  encore  les  traces  des  balles 
sur  les  murs  de  la  cour. 

N"  4.  Caserne  Napoléon  (1852).  Doit  devenir  pro- 
chainement une  annexe  de  l'Hôtel  de  Ville.  La  rue 
longe  la  façade  est  de  l'Hôtel  de  Ville.  Les  lions  en 
bronze  qui  se  trouvent  à  la  porte  sud  sont  de  Jacquemart, 
ceux  qui  se  trouvent  à  la  porte  nord  sont  de  A.  Gain. 

Place  de  IHôtel-de-Ville. 

Occupe  en  partie  la  place  du  port  de  Grève  de 
l'époque  gallo-romaine.  Avant  1830  on  l'appelait  place 
de  Grève.  Elle  a  été  le  théàti-e  des  événements  histo- 
riques les  plus  importants,  et  son  histoire  serait  l'his- 
toire même  de  Paris,  l'histoire  même  de  la  France.  Les 
exécutions  capitales  y  eurent  lieu  depuis  1310  jusqu'en 
1832.  Au  milieu  de  la  place  de  Grève  était  la  croix 
gothique  avec  huit  hautes  marches  ;  elle  était  destinée  à 
recevoir  les  prières  des  suppliciés  :  elle  fut  détruite 
vers  1673. 1  -a  première  sujDpliciée  fut  ^lurguerite  Porette, 
brùléé  comme  hérétic|ue  en  1310.  Puis  ce  furent  : 
Anne  Dubourg,  étranglé  puis  brûlé  comme  hérétique 
(1559),  .Jean  de  Montaigu,  le  connétable  de  St-Pol  qui  fut 
exécuté  devant  200000  personnes,  La  Mole  et  Coconas, 
iNlontgomery,  Piavaillac,  Eléonore  Galigaï,  Montmo- 
renc}"^  BouHeville.  la  marquise  de  Brinvilliers  (1G76),  la 


IV''    ARRONDISSEMENT.  85 

Voisin  (1680),  Daniiens,  Lally,  le  comte  de  llorn  pendu 
en  1720,  Cartouche  rompu  vif  (1721).  Berthier  y  fut 
évenlré.  Foulon  et  le  marquis  de  Favras  y  lurent 
pendus  (1790).  La  machine  du  docteur  Guillotin  y  fut 
dressée  la  première  ibis  le  25  avril  1792  pour  Tassassin 
Pelletier.  Après  le  10  août,  Téchafaud  fut  transporté 
place  du  Carrousel,  puis  revint  place  de  Grève  pour 
trois  faussaires.  La  place  de  Grève  resta  lieu  d'exécution 
pour  crimes  de  droit  commun,  tandis  que  Téchafaud  se 
dressait  pour  les  exécutions  ordonnées  pour  crimes 
soi-disant  politiques,  place  du  Carrousel,  place  de  la 
Révolution  ou  place  du  Trône^lienversé.  En  Thermidor 
an  II,  Téchafaud  revint  place  de  Grève  pour  l'exécution 
de  Carrier  et  de  Fouquier-Tinville.  Louvel  y  lut  exécuté 
en  1820.  La  place  de  l'Hôtel-de-Ville,  qui  occupe  une 
superficie  plus  que  double  de  celle  qu'elle  occupait  jadis, 
a  été  agrandie  en  1759  et  en  1853  et  ainsi  ont  disparu 
les  anciennes  rues  de  la  Vanneine,  de  la  Tannerie,  du 
Martroy  et  la  rue  du  Mouton,  où  se  trouvait  la  fameuse 
maison  de  la  Lanterne  qui  joua  un  si  grand  rôle  pendant 
la  liévolution.  L'effigie  du  manulacturier  Piéveillon  y 
fut  pendue  en  1789,  puis  les  défenseurs  de  la  Bastille  et 
Foulon  y  furent  pendus  eux-mêmes.  De  cette  fameuse 
maison  vient  l'expression  de  l'époque  :  «  Les  aristos  à 
la  Lanterne  ».  Berthelot  est  né  dans  cette  maison  en 
1827.  Ledru-Rollin  habita  également  la  rue  du  Mouton. 
Le  premier  Hôtel  de  Ville  qu'ait  eu  la  place  de  Grève 
s'appelait  la  Maison  aux  Piliers  et  avait  été  l'ancien 
hôtel  des  Dauphins  du  Viennois.  Cette  maison  fut  achetée 
par  Etienne  Marcel,  prévôt  des  marchands,  en  1357. 
François  l"  posa  la  première  pierre  du  second  Hôtel  de 
Ville  en  1533,  et  cet  hôtel  fut  achevé  en  1628.  Ce  fut 
l'architecte  italien  Dominique  de  Cortone,  dit  Boccador, 


8(j   PnOMENADl-.S  DAXS  TOUTES  LES  HUES  DE  l'AUIS. 

qui  donna  les  plans  en  1530,  el  siiivil  les  conslruclions 
sans  disconlinuilc.  Pierre  Chanibigcs  fui  l'enlrepreneur 
général  de  la  maçonnerie,  et  Charles  Le  Comte  fut  le 
chef  de  la  charpenterie.  Les  travaux  furent  interrompus 
de  1548  à  IGOO.  L'édifice,  dont  la  façade  fut  construite 
sous  Henri  IV,  fut  continué  par  le  gendre,  les  petits-fils 
et  les  arrière-petils-fils  de  Chambiges,  Guillaume,  Pierre 
et  Augustin  Guillain.  M.  Marius  Vachon,  dans  son  His- 
toire de  Vancien  Hôtel  de  Ville  de  Pa?'is,  dit  que  l'édi- 
fice Renaissance  a  été  faussement  attribué  au  Boccador 
et  qu'il  est  de  l'architecte  parisien  Pierre  Chambiges. 
Rappelons  que  le  Boccador  est  mort  en  1549,  et  Cham- 
biges en  1544.  Cet  hôtel  était  «ontigu  vers  le  nord  ù 
l'hospice  du  St-Esprit  (1362),  et  vers  le  sud  il  fran- 
chissait le  rue  du  Marlroy  par  l'arcade  dite  de  St-Jeau 
où  fut  tué,  le  10  août  1792,  Mandat,  le  commandant  de  la 
Garde  Nationale  de  Paris.  L'église  St-Jean-en-Grève  se 
trouvait  à  l'est  de  Ihôtel.  L'hospice  et  l'église  furent 
englobés  dans  l'Ilôlel  de  Ville  en  l'an  XL  Cet  hôtel, 
agrandi  par  Godde  et  Lesueur  de  1837  à  1871,  fut 
incendié  par  les  Communards  en  1871.  Avant  la  Révolu- 
lion  l'Hôtel  de  Ville  était  la  résidence  du  prévôt  des 
marchands.  La  Commune  de  Paris  s'y  assembla  de 
1792  à  1794.  Robespierre  y  fut  arrêté  le  9  thermidor. 
En  1830  la  garde  de  Charles  X  défendit  l'Hôtel  contre 
les  insurgés.  La  République  y  fut  proclamée  en  1848.  La 
Commune  s'en  rendit  maîtresse  en  1871,  et  l'occupa  du 
18  mars  au  24  mai.  A  l'arrivée  des  troupes  de  Versailles, 
le  feu  y  fut  mis. 

Le  troisième  Hôtel  de  Ville,  l'actuel,  a  été  reconstruit 
par  Ballu  et  Deperthes  de  1874  à  1882,  sur  l'emplace- 
ment du  précédent.  Depuis  l'Empire  l'Hôtel  de  Ville  est 
devenu  la  résidence  du  Préfet  de  la  Seine.  Le  Conseil 


IV"    AllUONDISSEMENT.  87 

municipal  y  lient  ses  séances.  Au  sud  de  l'IIôlel  de  Ville, 
dans  le  petit  jardin,  se  trouve  la  statue  équesti-e 
d'Etienne  Marcel,  en  costume  de  prévôt  des  marchands. 
Cette  statue,  œuvre  d'Idrac  et  de  Marqueste,  a  été  inau- 
gurée en  1888. 

En  face  de  rHùlel  do  Ville,  sur  la  place,  s'ouvre 
l'avenue  Victoria  (tronçon  jusqu'à  la  place  du  Châtelel) 
(1854).  ijui  b'appela  primitivement  Itoulevard  de  IHôlel- 
de-Ville.  Nom  actuel  en  1855  en  mémoii'o  de  la  visite  de 
la  reine  Victoria  à  l'Hôtel  de  Ville.  Cette  avenue  a  fait 
disparaili'e  les  anciennes  rues  de  la  Tannerie,  de  la 
Vannerie,  J. -l'Epine,  une  partie  delà  vieille  place  aux 
Veaux,  etc.  Elle  longe  l'annexe  de  l'Hôiel  de  Ville  qui 
est  au  4  et  l'Assistance  Publique  qui  est  au  3. 

Quai  de  Gesvres. 

Fut  établi  en  1041  par  le  marqui^^  de  Gesvres,  capi- 
taine des  gardes,  sur  des  arcades  qui  existent  toujoui's 
mais  sont  masquées.  Sous  ces  arcades  il  y  avait  jadis  des 
boutiques  qui  furent  démolies  en  1789.  La  voûte  du  quai 
de  Gesvres  qui  existe  encore,  masquée  par  les  murs  du 
quai,  forme  aujourd'hui  une  gare  centrale  à  l'usage  du 
grand  collecteur.  Lequai  Le-Pellelier,  qui  n"était  en  1642 
qu'un  terrain  en  ])enle  appelé  la  Tuerie,  s'étendait  entre 
la  place  de  Grève  et  la  rue  St-Marlin  :  il  s'appela  quai 
Neuf,  puis  quai  de  la  Tannerie  et  en  1868  il  fut  confondu 
avec  le  quai  de  Gesvres.  Gouthière  habita  en  1767  le 
quai  Le  Pelletier,  comme  ciseleur  doi'eur,  et  il  y  avait 
une  boutique  à  l'enseigne  de  la  Boucle  d'Or.  Le  moulin 
de  l'Hôtel-Dieu,  qui  était  établi  primitivement  dans  le 
petit  bras  de  la  Seine,  fut  transporté  en  165.^  le  long  du 
quai  de  Gesvres. 


S8       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

N"  4.  Administration  de  l'Assistance  publique  créée  en 
1848  pour  l'emplacer  le  Conseil  des  Hôpitaux  et  des 
Hospices. 

N"  6.  Rue  de  la  Tacherie.  Rue  de  la  Juiverie  au 
xiii'=  siècle,  puis  rue  de  la  Petite-Juiverie,  rue  de  la 
Tascherie  au  xiv^  siècle.  Le  nom  vient  de  tâche,  travail. 
Elle  allait  primitivement  de  la  rue  Jean-Pain-Mollet  à  la 
rue  de  la  Coutellerie.  Elle  a  été  remaniée  en  1854, 
époque  où  on  a  ouvert  la  partie  sud. 

N"  10.  Café  qui  a  |)ris  roiiime  enseigne  :  A  la  Pompe 
Nûtrc'-Dame.  Ce  nom  rap})elle  les  deux  pompes  jumelles 
du  pont  N.-Daiiie  au  \\n^  siècle,  pompes  qui  alimen- 
taient les  lonlaines  du  voisinage.  Ce  café  a  été  fondé 
en  1855  au  moment  de  la  démolition  de  la  pompe. 

N°  14.  Rue  Adolphe-Adam  (1864).  Primitivement 
rue  Adam,  puis  rue  Adolphe-Adam  en  1879,  enThonneur 
du  compositeur  (1803-1856). 

Le  quai  de  Gesvres  se  termine  au  pont  au  Change. 

Le  Pont  au  Change. 

L'ancien  pont  aux  Changeurs  du  xn''  siècle  se  trou- 
vait un  peu  en  amont.  Il  était  en  bois  et  occupé  par  des 
orfèvres  et  des  changeurs.  Il  s'est  appelé  pont  de  la 
Marchandise  et  pont  aux  Oiseaux.  Après  plusieurs 
inondations  et  incendies  il  fut  reconstruit  en  pierre  de 
1639  à  1647.  Il  était  décoré  des  statues  en  bronze  de 
Louis  XIII,  de  Louis  XIV  âgé  de  dix  ans,  et  d'Anne 
d'Autriche  (actuellement  au  Louvre).  Ces  statues  étaient 
l'œuvre  de  Simon  Guillain.  Les  maisons  qui  encombraient 
le  pont  furent  supprimées  en  1769.  Le  pont  a  été  refait 
en  1858  dans  l'aliornement  du  boulevard  du  Palais. 


iV    ARKOXDISSEMENT.  89 


Place  du  Châtelet.  (CMé  Est.) 

La  place  du  Chàlelet  est  sur  reujplacenient  de  l'an- 
cien Grand  Châtelet.  Le  Grand  Châtelet,  et  le  Petit  Châ- 
telet sur  la  rive  gauche,  étaient  à  Torigine  deux  tours 
pour  la  défense  du  grand  et  du  petit  pont.  Le  Grand 
Châtelet  lut  transformé  en  château  fort  sous  Louis  le 
Gros  et  devint  plus  tard  la  maison  do  justice  du  pi'évôt 
de  Paris.  En  1318  une  ordonnance  de  Philippe  le  Long 
enjoignait  au  greflier  du  Châtelet  d  avoir  à  entretenir 
une  chandelle  auprès  de  la  porte  du  dit  Châtelet,  et  telle 
lut  l'origine  de  Téclairage  de  notre  ville.  Louis  Xl\ 
reconstruisit  le  Grand  Châtelet  et  y  incorpora  toutes  les 
juridictions  particulières  de  la  Ville.  En  1789  le  lieute- 
nant civil  au  Châtelet  était  Talon,  dont  la  fille,  Mme  de 
Cayla,  fut  la  favorite  de  Louis  XVIIL  Le  Châtelet  qui 
était  une  forteresse  et  une  prison,  et  dans  lequel  se  trou- 
vait la  Morgue,  ajipelée  Basse  Geôle,  fut  le  théâtre  de 
nombreuses  tragédies  sanglantes.  Les  Bourguignons  y 
égorgèrent,  en  1418,  216  Armagnacs.  Les  captifs  y 
avaient  les  pieds  dans  l'eau  croupie  et  les  immondices. 
Cartouche  y  fut  détenu  en  1721,  ainsi  que  l'empoisonneur 
Derues  en  1777.  En  1792  les  Septembriseurs  envahi- 
rent la  prison.  Le  Châtelet  fut  détruit  en  1802  et  sur  ses 
ruines  on  ouvrit  la  place  actuelle,  qui  a  également 
absorbé  la  rue  de  la  Joaillerie  (1300),  jadis  rue  du 
Chevet -de-St-Leufroy  et  de  la  Passementerie  au 
xvii'  siècle,  la  rue  de  la  Triperie,  de  la  Vieille-Cheva- 
lerie, du  Pied-de-Bœuf,  etc.  On  entrait  dans  le  Grand 
Châtelet  par  un  passage  en  partie  voûté  nommé  rue  St- 
Leufroy.  Les  prisons  s'élevaient  sur  l'emplacement  de 
la  fontaine. 


90       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PAItlS. 

Le  ihéâtre  Sarah-Bernhardt  a  élu  conslruit  en  1861 
par  Davioud.  Il  fut  primitivement  Théâtre  Lyrique.  Ce 
Théâtre  Lyrique  avait  été  fondé  en  1847  au  boulevard  du 
Temple,  sous  le  titre  d'Opéi'a  National.  Alexandre  Dumas 
en  prit  la  direction  et  passa  la  main  à  Carvalho.  C'est  à 
ce  premier  théâtre  lyrique  du  boulevard  du  Temple 
qu'avait  été  donnée  la  première  représentation  de  Faust 
en  1859.  Les  représentations  continuèrent  sans  succès 
au  nouveau  théâtre.  Le  Théâtre  Lyrique  devint  théâti'e 
des  Nations  en  1870.  Opéra-Comique  (1887)  après  l'in- 
cendie de  la  salle  Favarl.  Théâtre  Sarah-Bernhardt 
(1898).  Il  se  trouve  sur  l'emplacement  de  la  rue  de  la 
Vieille-Lanterne  (jadis  rue  de  l'Ecorcherie  puis  de  la 
Tuerie),  qui  de  la  place  du  Ghâtelet  aboutissait  au  petit 
carrefour  du  Marché-aux-Veaux.  Dans  cette  rue  se 
pendit  Gérard  de  Nerval  en  1855.  La  scène  du  théâtre 
Sarah-Bernhardt  est  sur  remplacement  même  de  l'en- 
droit où  on  trouva  le  corps  du  pauvre  et  illustre  fou. 

Rue  de  Rivoli.  (Tronçon  oriental). 

Dans  son  parcours  dans  le  lY*  arrondissement,  le 
percement  de  cette  rue  a  fait  disparaître  entre  autres  : 
la  rue  du  Petit-Crucifix,  la  place  et  la  rue  St-Jacques-la- 
Boucherie,  la  rue  des  Ecrivains,  qui  s'était  confondue  en 
1851  avec  la  rue  Jean-Pain-Mollet.  La  rue  Jean-Pain- 
Mollet  occupait  à  peu  près  l'emplacement  de  la  rue  de 
Rivoli  entre  la  rue  de  la  Tacherie  et  la  rue  de  la  Cou- 
tellerie. Maillard,  dit  Tape-Dur,  habitait  rue  Jean-Pain- 
MoUel  au  moment  de  son  mariage  qui  eut  lieu  à  l'église 
St-Sauveur.  Le  percement  de  la  rue  de  Rivoli  a  fait  dis- 
paraître également  une  partie  de  la  rue  de  la  Tacherie, 
la  rue  de  la  Tixeranderie,  où  naquit  Mme  Ackermann 


IV''    AnitONUISSI'MEXT.  {)[ 

en  1813.  riin])assc  Sl-Farun,  la  rue  Jean-de-l  Épine,  une 
partie  de  la  place  Baudoyer  el  des  rues  du  Roi-de-Sicile, 
des  Ballets,  et  le  passage  du  Petit-St-Antoine,  etc. 

Le  square  St-Jacques  a  été  créé  en  1854  sur  Tem- 
placeiiienl  de  Tancienne  église  Sl-Jacques-Ia-Boucherie. 
Dès  le  viii<=  siècle,  il  existait  là  une  chapelle  dite  «  dans 
la  boucherie  ».  (In  carnificeria.)  Celte  chapelle,  située 
au  delà  du  grand  pont  de  la  Cité,  était  voisine  d'une  bou- 
cherie. Les  boucheries  n'étaient  tolérées  alors  qu'en 
dehoi*s  des  agglomérations,  l^'église  fut  reeonsti'uite 
plusieurs  fois  au  xiv"  et  au  xv^  siècle  et  elle  conserva 
son  surnom.  Nicolas  Flamel,  qui  contribua  à  la  dernière 
rcédification,  y  fut  enten'é  en  1417.  L'emplacement  de 
l'église  dont  la  façade  était  tournée  vers  l'ouest,  et  dont 
le  chevet  était  tourné  vers  l'Hôtel  de  Ville,  correspond  à 
la  partie  nord  du  square  et  au  trottoir  de  la  rue  de 
Rivoli  qui  est  ici  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  lue 
des  Ecrivains.  L'église  fut  démolie  en  Tan  V.  La  tour, 
qui  avait  été  achevée  entre  1521  et  1522,  fut  rachetée  en 
183G  par  la  Ville  el  i'ut  restaurée  par  Ballu.  Un  Anglais 
y  avait  installé  une  fonderie  de  plomb  de  chasse.  C'est 
avijourd'hui  un  observatoire.  Au  somme! ,  statue  de 
St  Jacques  le  Majeur  avec  les  trois  symboles  des  évau- 
gélistes  :  l'aigle,  le  lion  et  le  bœuf.  (Ce  sont  des  repro- 
ductions :  les  originaux  sont  aux  Thermes.)  Sous  la  clef 
de  voûte  au  rez-de-chaussée  se  trouve  une  statue  de 
Pascal  (œuvre  de  Cavelier,  185G),  c{ui  renouvela  sur  cette 
tour  ses  expériences  barométriques  faites  antérieure- 
ment au  Puy-de-Dôme  en  1648.  Celte  tour  est  tout  ce 
qui  reste  de  la  vieille  église  qui  fut  remplacée  primitive- 
ment par  un  marché  de  vieux  habits,  c[ui  lui-même  fut 
supprimé  en  1853  pour  céder  la  place  au  square  actuel 
en  1854. 


92       PnOMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PAHIS. 

N"  90.  Aux  Lions  de  Faïence.  (Enseigne.) 

N°  88.  Rue  Nicolas-Plamel.  Rue  de  Marivas  en 
1280,  puis  rue  Marivaux,  et  Marivaux-des-Lombards 
avant  1854,  Elle  a  été  percée  à  Fendroit  oîi  Nicolas 
Flamel,  écrivain  juré,  qui  passait  pour  alchimiste  au 
commencement  du  xv''  siècle,  avait  sa  maison  au  coin  de 
la  rue  des  Escrivains. 

N°  86.  A  la  Gerbe  d'Or.  (Enseigne  moderne.) 

N°  82.  Rue  St-Bon.  Existait  au  xiii^  siècle.  Doit  son 
nom  àranciennecliaj)eUede  Si-Bon  qui  datait  du  xi'' siècle. 
Elle  se  trouvait  sur  remplacement  du  0,  en  face  du  débou- 
ché de  la  rue  Pernelle.  Celte  chajoelle  St-Bon  ou  St-Bonnet 
devint  le  siège  du  Comité  civil  de  la  seclion  des  Ai'cis 
en  1790,  servit  de  corps  de  garde,  puis  fut  affectée  aux 
hospices  et  démolie  en  1792.  Au  12,  vieille  maison 
curieuse.  Au  7  s'ouvre  la  rue  Pernelle,  qui  s'appela 
ruelle  St-Bon  en  1273,  rue  de  la  Lanterne  au  xv!!*"  siècle, 
de  la  Dentelle  au  xv!!!*"  siècle.  Nom  actuel  en  mémoire 
de  Pernelle,  femme  de  Nicolas  Flamel. 

N"  76.  Maison  moderne  abritant  une  enseigne  dun 
«  Corset  régénérateur  »  et  qui  n'a  pas  hésité  à  inscrire  sur 
sa  porle  d'entrée  :  Ancienne  propriété  de  Gabrielle 
d'Estrées! 

N"  33.  Rue  de  la  Coutellerie.  Date  de  la  fin  du 
xn"  siècle.  En  1.300  c'était  la  rue  des  Recommanderesses, 
})uis  rue  de  la  Vieille-Oreille  et  Guignoreille  par  corrup- 
tion. Rue  des  Couteliers  à  la  fin  du  xv<'  siècle,  puis 
rue  de  la  Coifîerie  et  de  la  Coutellerie.  Le  plan  de  Gom- 
boust  indique  dans  cette  rue  un  hôtel  Boucot  (jui  a 
été  détruit  par  le  percement  de  la  rue  de  Rivoli. 

N°31.  Le  café  de  la  Garde  Nationale  remplace  l'an- 
cien café  de  même  nom  qui  se  trouvait  à  l'angle  de 
l'ancienne  rue  du  Mouton  dans  une  maison  Renaissance. 


IV'    AUUONDISSEMENT.  93 

N"  68.  Bas-reliefs  modernes  sous  la  voûte  d'entrée. 

N"  66.  Courdatanl  du  premier  Empire.  (Etablissement 
de  bains.) 

N°  64.  Construit  sur  remplacement  de  Thôtel  des 
Coquilles  habité  par  le  président  Jacques  Louvet  en 
1519. 

N°  60.  Entrée  monumentale  du  Bazar  de  THôtel-de- 
Ville. 

N"  48  bis.  Là  se  trouvait  avant  1905  la  dernière  mai- 
son debout  de  la  rue  de  la  Tixeranderie.  (Cariatides  sur 
la  maison  reconstruite  en  1905.) 

N°  44.  Vieille  maison.  (Hôtel  dit  de  la  Toison  d'Or.) 
Rue  des  Mauvais-Garçons  (xiiic  siècle).  S'appela  rue 
Chartron.  Nom  actuel  sous  François  l"'.  Sauvai  dit  que 
le  nom  vient  des  brigands,  ou  mauvais  garçons,  qui 
essayèrent  d'assassiner  Olivier  de  Clisson,  et  qui  furent 
cachés  dans  celte  rue  par  Pieri*e  de  Craon.  Une  partie 
de  la  rue  a  été  absorbée  par  le  percement  de  la  rue  de 
Uivoli,  et  la  construction  de  la  caserne  Napoléon.  Aux  4 
et  6.  vieilles  maisons. 

N°  42  bis.  Rue  du  Bourg-Tibourg.  Ouverte  au 
xui"  siècle.  Elle  tire  sa  dénomination  d'un  lieu  appelé 
Petit-Bourg  qui  fut  enclavé  dans  la  ville  en  1190,  et 
dont  le  colon  principal  était  un  nommé  Tiboud.  Bourg- 
Tibourg  est  une  corruption  du  Bourg  de  Tiboud.  La  rue 
s'appela  Boure-Thibout  en  1317,  rue  Boutibourc  en  1525. 
Avant  la  suppression  des  remplaçants  militaires,  cette 
rue  était  le  rendez-vous  des  racoleurs  ou  marchands 
d'hommes.  Dans  cette  rue  s'élevait  l'hôtel  de  Pierre  de 
Craon,  rasé  en  1392,  après  l'attentat  contre  Olivier  de 
Clisson.  Sur  son  emplacement,  donné  par  Charles  VI  à 
la  paroisse  St-Jean-en-Grève,  fut  établi  un  cimetière,  dit 
Cimetière  Verl.  Les  15,   17,  19,  21  sont  sur  Templace- 


94      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PAUIS. 

ment  du  séjour  des  Nicolay,  premiers  présidents  de  la 
Chambre  des  Comptes.  Une  autre  entrée  donnait  rue  de 
Moussy.  Cet  hôtel  fut  habité  en  1728  par  Nicolas  d'Ar- 
gouges,  lieutenant  général  des  armées  du  Roi,  et  en  1789 
par  M.  d'Oultremont,  conseiller  au  Parlement.  Au  21, 
porte.  Au  33  est  la  porte  de  l'hôtel  du  duc  de  Vendôme, 
petit-fils  de  Henri  IV.  Au  fond  de  la  cour,  à  gauche, 
escalier  en  pierre  avec  rampe  de  fer  forgé.  Au  30,  dit 
M.  G.  Pessard,  est  mort  le  diacre  Paris.  Suivant  d'autres 
historiens  ce  décès  serait  survenu  rue  des  Bourguignons 
(emplacement  du  72  actuel  du  boulevard  du  Port-Ro3''al). 
Le  26  est  ancien,  comme  presque  toutes  les  maisons  dans 
le  haut  de  la  rue. 

N°40  bis.  Au  Lion  qui  déchire  une  botte.  (Enseigne.) 

N"  38  bis.  A  la  Corbeille  d'Or. 

N°  26.  Rue  des  Ecouffes.  Existait  en  1233.  Cette 
rue  était  habitée  par  des  préteurs  sur  gages,  et  le  mot 
écouffe  était  synonyme  de  Mont-de-Piété.  Le  mot  signi- 
fiait également  un  ornement  pouj-la  coiffure  des  femmes 
au  moyen  âge  et  l'origine  du  nom  de  la  inie  vient  peut- 
être  des  modistes  qui  y  logeaient.  Baraguay  d'Hilliers, 
pendant  sa  minorité,  habita  la  rue  ainsi  que  le  géographe 
Buache,  l'inventeur  de  la  division  géogi'aphicjue  par 
bassins,  qui  logeait  au  23  ou  au  25.  Au  2,  maison  à 
pignon  et  grille.  Le  14  et  le  16  sont  anciens.  Au  20, 
inscription  :  ('  Philippe  de  Champaigne  habita  et  mourut 
en  1674  dans  la  maison  qui  se  trouve  sur  l'emplacement 
du  20  actuel,  dans  sa  partie  contiguë  au  18.  »  Cette  maison 
appartenait  à  son  beau-père,  Nicolas  Duchesne,  prévôt 
des  bâtiments  du  Roi.  Au  25,  joli  hôtel  du  xvir-  siècle 
au  fond  de  la  cour.  (Porte  ainsi  qu'au  23.)  Le  21  et  le  11 
sont  anciens.  Au  9,  se  trouve  un  curieux  passage  allant 
rue  du  Trésor.  Le  3  est  ancien,  etc..  elc. 


IV"^   ARRONDISSEMENT.  95 

N"  18.  Rue  Ferdinand-Duval.  S'appelait  encore,  en 
1900,  rue  des  Juifs;  nom  qu'elle  a  porte  pendant  plus  de 
huit  siècles,  et  qui  fut  changé  sur  la  demande  des  habi- 
tants. Nom  actuel  en  mémoire  du  Préfet  de  la  Seine 
(1827-1896).  Boissy  d'Anglas  habitait  la  rue  en  1804 
(le  17,  ancien).  La  rue  possède  de  nombreuses  boutiques 
Israélites.  Au  8,  au  16,  ferrures  de  fenêtres.  Au  20,  cour 
et  façade  très  curieuse  du  xvi"  siècle  d'un  hôtel  qui 
s'appela  hôtel  des  Juifs  en  1728.  A  cette  époque  il  était 
habité  par  la  famille  Le  Fèvre  de  Léseau  et  plus  tard 
par  la  famille  de  Géminy.  (Pilastres  corinthiens,  man- 
sardes sculptées.) 

N°'  18  et  16.  Emplacement  du  Petit-St-Antoine. 
Avant  la  Révolution  il  y  avait  entre  la  l'ue  St-Antoine  et 
la  rue  du  Iloi-de-Sicile  un  couvent  des  Hospitalières  de 
St-Antoine-en-Viennois,  dit  le  Petit  St-Antoine  pour  le 
distinguer  de  l'abbaye  du  même  nom  sise  au  Faubourg. 
Ce  couvent  datait  de  Charles  A'  et  avait  été  érigé  en 
comnianderie  en  1365.  Hôpital  pour  les  malades  atteints 
du  mal  des  Ardents  ou  feu  St-Antoine.  En  1615  ce  fut 
une  maison  d'éducation  religieuse  qui  fut  supprimée  en 
1790.  Devenu  propriété  nationale,  le  Petit  St-Antoine 
fut  vendu  en  1798  et  démoli  en  1804.  Dans  l'église  siégea 
le  Comité  de  la  section  des  Droits  de  l'Homme.  On  a 
ouvert  en  1806  sur  son  emplacement,  et  dans  l'axe  de  la 
rue  des  Juifs  (Ferdinand-Duval),  un  passage  dit  égale- 
ment du  Pelit-St-Antoine.  C'est  dans  ce  passage,  qui  a 
été  élargi  et  ajouté  à  la  rue  des  Juifs  dont  il  était  le  pro- 
longement jusqu'à  la  rue  St-Antoine  (rue  François-Miron 
actuellement),  cju'étaient  situés  les  magasins  dits  du 
Petit-St-Antoine.  (Sorte  de  Bon-Marché  sous  l'Empire.) 
Le  Petit-St-Antoine  s'étendait  à  peu  près  sur  l'empla- 
cement des  maisons  portant  actuellement  les  numéros  18, 


96      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PARIS. 

16,  1,  3,  de  la  rue  de  Rivoli,  le  sol  de  celte  mie  et  48,  45, 
de  la  rue  François-Miron. 

N°  1.  Café  dit  de  la  Pointe  Rivoli.  C'est  ainsi  qu'on 
dénomme  cet  endroit. 

N"  8.  Au  Bûcheron  (enseigne).  Au  10,  s'ouvre  la  rue 
Pavée. 

Rue  Pavée  (1235). 

Jadis  rue  du  Petit-Marivaux  (1406),  puis  Pavée-au- 
Marais  à  cause  du  pavage  cju'on  y  fît.  Tronchet,  le  défen- 
seur de  Louis  XVI,  président  du  Sénat,  mourut  en  1806 
au  6  de  la  rue  Pavée-au-Marais  et  fut  inhumé  au  Pan- 
théon. 

N*"*  11  et  13.  Emplacement  de  l'hôtel  de  Savoisy, 
favori  de  Charles  Y,  démoli  en  1404.  Rebâti  en  1517 
par  Morlet  de  Museau,  conseiller  du  Roi.  Là  fut  logé  le 
duc  de  Norfolk,  ambassadeur  d'Angleterre  en  1533. 
L'amiral  Chabot,  compagnon  de  captivité  de  François  V 
(1543).  Sa  veuve  le  vend  au  sieur  de  Bellanire  qui  le 
revend  à  Charles  III,  duc  de  Lorraine.  L'hôtel,  dit  alors 
de  LoiTaine,  est  restauré  par  sa  femme  Nicole  qui  y 
mourut  en  1657.  Les  hoirs  de  la  duchesse  vendent 
l'hôtel  à  Dauvet,  président  au  Parlement.  Son  gendre,  le 
marquis  d'Herbouville,  guidon  des  gendarmes,  et  petit- 
fils,  par  sa  femme,  de  Desmarets,  grand  fauconnier. 
L'hôtel  fut  partagé:  François  Dauvet  devint  propriétaire 
de  la  partie  située  au  coin  de  la  rue  du  Roi-de-Sicile. 
Simon  Lefèvre.  François  de  Cloycate  (1797).  Inscri- 
ption :  Hôtel  d'IIerbouville. 

N»  12.  Emplacement  de  l'ancien  petit  hôtel  de 
Brienne,  qui  fut  avant  hôtel  de  Chavigny,  et  c^ui  lut 
englobé  dans  la  prison  de  la  Force  sous  le  ministère  de 
Necker.  Cour  (deux  escaliers). 


IV'^   AnnONDISSEîMENT,  97 

*  N"  24.  Hôlel  dit  de  Lamoignon.  Autrelbis  sélevaii 
là  une  maison  qui  appartenait  aux  religieux  de  St-Antoine 
et  se  nommait  la  Porcherie  de  Si-Antoine.  Robert  de 
Beauvais.  L'hôtel  fut  reconstruit  auxvi*  siècle  par  Diane 
de  France,  duchesse  d'Angoulème,  fille  Icgiiimée  de 
Henri  II,  ainsi  que  l'atteste  le  chifi're  de  Diane  de  Poi- 
tiers, sa  mère  (croissants,  attributs  de  chasse,  et  des  D.). 
Diane  de  France  fut  un  exemple  de  vertus  et  l'hôtel  fut, 
pendant  son  veuvage,  «  un  gynécée  de  pudeur  ».  Elle 
épousa  Horace  Farnèse,  puis  François  de  Montmorency. 
Elle  légua  rhôtel  à  son  neveu  bâtard,  premier  duc  d'An- 
goulème,  fils  de  Charles  IX  et  de  Marie  Touchet,  qui  fut 
célèbre  par  ses  brigandages.  L'hôtel  fut  habite  ensuite 
par  Mme  de  La  Roche-Guyon  et  son  poète  suivant,  Ben- 
sei'ade.  Charles  de  Valois,  comte  d'Alais.  Chrétien-Fran- 
çois de  Lamoignon,  fils  du  premier  pi'ésident,  acheta 
rhôtel  en  1G84  (et  non  en  1G58  comme  le  dit  Tinscrip- 
tion  au-dessus  de  la  porte).  Il  était  alors  avocat  géné- 
ral et  ne  fut  président  qu'en  1698.  (11  refusa  d'être 
membre  de  l'Académie  française.)  L'hôtel  ne  fut  réelle- 
ment terminé  qu'en  1718.  Lamoignon  de  Malesherbes, 
défenseur  de  Louis  XVI,  y  est  né  (1721).  En  1762  la 
première  bibliothèque  de  la  Ville  y  fut  installée. 
Alphonse  Daudet  y  habitait  en  1867.  (F'rontons  gran- 
dioses soutenus  par  des  pilastres  engagés,  les  premiers 
dans  ce  style.)  Échauguette  au  coin  de  la  rue  des  Francs- 
Bourgeois.  Les  lettres  S.  C.  au-dessous  de  cette  échau- 
guette signifient  :  Ste  Catherine  (nom  du  quartier  à 
l'époque). 

N°  22.  Pilastres  à  bossages  vermiculés  de  ia  jamJ)e 
étrière  qui  séparait  l'hôtel  Lamoignon  de  l'ancienne 
prison  de  la  Force  démolie  en  1848.  La  prison  qui  s'ou- 
vrait rue  Pavée,  était  la  Petite  Force  :  elle  communiquait 

iV    AUROXU.  7 


98       i'ROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

et  faisait  corps  avec  la  Grande  Force  qui  elle  était  en 
façade  sur  la  rue  du  Roi-de-Sicile,  à  rextrémité  de  la 
rue  des  Ballets  qui  s'y  heurtait  en  impasse.  La  façade 
de  la  Petite  Force,  due  à  Tarchitecte  Desraaisons,  était 
encore  inachevée  en  1792.  La  maison  de  détention 
s'étendait  derrière  cette  façade  jusqu'aux  maisons  parti- 
culières en  bordure  de  la  rue  Culture-Ste-Catherine  (de 
Sévigné).  La  Petite  Force  était  la  prison  réservée  aux 
femmes.  Au  moment  des  massacres  de  Septembre,  la 
concierge  s'a]:)pellait  Mme  de  Hanère.  A  la  Petite  Force 
furent  enfermées  la  princesse  de  Lamballe,  Mme  de 
Tourzel  et  sa  fille,  la  duchesse  de  Bourbon,  sœur  d'Ega- 
lité, qui  fut  ensuite  transférée  à  INIarseille,  Mme  Du 
Barry,  etc.,  etc. 

Rue  Malher. 

Percée  en  1848  sur  remplacement  de  l'ancienne  rue 
des  Ballets  et  de  l'ancienne  prison  de  la  Grande  Force. 
Nom  en  mémoire  d'un  sous-lieutenant  tué  en  1848  sur 
les  barricades.  L'hôtel  de  la  Force  était  devenu  prison 
politique  après  1780  et  75  députés  girondins,  des  roya- 
listes nombreux  y  furent  détenus.  Sous  l'Empire,  Mallet 
y  alla  chercher  ses  complices.  Plus  lard  elle  renferma 
Godefroy  Cavaignac,  Blanqui,  Barbes,  etc.  La  prison 
fut  démolie  en  1848.  Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
la  Grande  Force,  qui  s'ouvrait  rue  du  Roi-de-Sicile,  com- 
muniquait avec  la  Petite  Force,  autre  prison  qui  s'ou- 
vrait rue  Pavée.  Le  guichet  d'entrée  était  dans  l'axe  de 
l'ancienne  rue  des  Ballets.  Les  massacres  de  Septembre 
eurent  lieu  dans  la  rue  du  Roi-de-Sicile  devant  ce  guichet 
(angle  rue  Malher  et  rue  du  Roi-de-Sicile).  C'est  là  que 
fut  massacrée  la  princesse  de  Lamballe  ainsi   que  167 


IV''    AUKUNDISSEMENT.  99 

détenus  royalistes.  Les  victimes  étaient  jugées  sommai- 
rement et  étaient  assommées  à  la  sortie  du  guichet.  C'est 
la  Commune  qui  doit  porter  la  responsabilité  de  ces 
sinistre.s  massacres,  car  si,  comme  le  dit  si  justement 
M.  Lenôlre  dans  son  intéressant  ouvrage  sur  les  mas- 
sacres de  Septembre,  on  n'a  pas  découvert  l'ordre  écrit 
([ui  déchaîna  la  tuerie,  on  peut  assurer  que  la  Commune 
la  provoqua  et  mit  tout  en  œuvre  pour  la  faciliter.  Les 
prisons  regorgeaient  à  cette  époque  d'aristoci'ates  :  le 
Gouvernement  et  la  Commune  lurent  au  fond  ravis  de  se 
voir  débarrassés  de  ces  pensionnaires.  Cent  cinquante 
égorgeurs  au  plus  suffirent  à  la  besogne. 


Rue  du  Roi -de -Sicile. 

Existait  pariiellement  déjà  en  1260.  Une  partie 
s'appela  rue  de  Bercy-au-Marais  et  l'ue  Hoqueton 
en  1350,  une  autre  s'appelait  rue  de  la  Croix-Blanche. 
Elle  fut  dite  rue  des  Droits-de-rilomme  de  1792  à  180G. 
Charles  d'Anjou,  frère  de  St  Louis,  couronné  à  Rome 
roi  de  Naples  et  Sicile  (1266),  avait  un  palais  dans  ce 
quartier,  palais  qui  après  plusieurs  remaniements 
devint  l'hôtel  de  la  Grande  Force  démoli  en  1848.  Cet 
hôtel  s'étendait  à  l'est  jusqu'à  la  rue  de  la  Cousture- 
Ste-Catherine  (Sévigné)  au  nord  jusqu'à  l'hôtel  d'An- 
goulème  (hôtel  Lamoignon.)  La  rue  Malher  indique  à 
peu  près  sa  limite  à  l'ouest. 

En  1266  c'était  l'hôtel  dit  du  Roi-de-Sicile  ;  hôtel 
d'Alençon  de  1325  à  1476  environ;  du  cardinal  Jean 
Balue,  évèque  d'Evreux  sous  Louis  XI;  de  Navarre. 
Hôtel  du  cardinal  de  Meudon,  oncle  de  la  duchesse 
d'Etampes.  Le  cardinal  de  Birague  (1559  à  1583.)  Le 
duc  de  Roquelaure  sous  Henri  l\.  Le  comte  de  St-Pol. 


100       PltOMENAUES    DANS    TOUTES    LES    RUES    UE    i'AUIS. 

Hôtel  de  St-Pol.  Claude  Le  Boulhillier,  comte  de  Cha- 
vigny  (1622  k  1052).  Son  fils  Léon  le  laissa  à  ses  deux 
filles.  Hôtel  de  la  Force  (1698.)  Une  partie  en  fut  vendue 
alors  à  Jacques  Poultier  et  cette  partie  est  devenue  la 
caserne  des  pompiers  de  la  rue  de  Sévigné.  L'autre 
partie  fut  vendue  en  1715  aux  frères  PAris.  Prison  de 
la  Force  en  1780.  Démolie  en  1848. 

N"  2.  Emplacement  du  corps  de  garde  de  la  prison 
de  la  Grande  Force.  A  côté  se  trouvait  le  logement  du 
concierge  Bault  en  1792.  En  1793,  Bault  et  sa  femme 
allèrent  remplacer  à  la  Conciergerie  leurs  collègues 
Richard,  et  furent  les  geôliers  de  Marie- Antoinette. 

N"  8.  Grille  de  marchand  devins.  Emplacement  d'une 
maison  dite  de  L.  couronnée  construite  par  Louis 
Duchesne  (1498)  et  possédée  en  1664  par  Nicolas 
Duchesne,  beau-père  de  Philippe  de  Champaigne. 

N"  10.  Emplacement  de  Fhôtel  Desmarets,  famille  de 
contrôleurs  des  finances  sous  Louis  XIV.  L'hôtel  princi- 
pal était  au  7  et  au  11  de  la  rue  Pavée. 

N°  22.  Passe  dans  le  quartier  pour  avoir  été  rem- 
placement d'un  pied-à-terre  de  Gabrielle  d'Estrées  (?). 
S'intitule  aujourd'hui  Brasserie  Orientale  tenue  par 
Abramoff. 

Le  plan  de  Gomboust  indique  au  coin  de  la  rue  des 
Juifs  (Ferdinand-Duval)  une  Notre-Dame  d'Argent.  Là 
se  trouvait  jadis  une  Belle  Dame  do  pierre  qui  fut  mutilée 
et  jetée  par  terre  le  1"'  juin  1528.  Ce  fait  eut  une 
grande  influence  au  début  de  la  Réforme.  La  statue  de 
pierre  fut  remplacée  solennellement  en  présence  du 
Roi  par  une  statue  d'argent  qui  fut  volée  plus  tard  par 
un  mitron. 

N"  30.  Très  ancienne  maison  au  coin  de  la  rue  des 
Écouffes. 


IV    AHItONDISSE.MHM-.  101 

N*  38.  M.  Olier.  londaleur  dt"  la  Coia|>agnie  de  Si-Sul- 
pice,  y  est  né. 

N°  40.  Frise  intéressante. 

N"  50.  Monogramme  du  Christ  enfant. 

Dorât  habita  hi  rue  du  Roi-do-Si(>ile  vers  1770. 

Rue  Vieille-diî-Temple. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  de  Rivoli  et  la  rue 
des  Francs-Bourgeois.) 

Existait  au  coninicncement  du  xiii''  siècle.  Elle  s'est 
aj)pelée  quelque  lemps  rue  Meille-Barbette,  mais  a 
presque  toujours  eu  sa  dénomination  actuelle. 

N°  15.  Hôtel  de  Vibrayc  (1050).  (Cour.) 

X"  17.  Cour  assez  curieuse. 

N"  20.  Impasse  de  THôtel-d'Arg-enson  qui  condui- 
sait à  rhôtel  de  Voyer  d'Argenson  au  commencement 
du  xvni"  siècle.  Cet  hôtel  d'Argenson  appartenait  en  1766 
au  mai'quis  de  Villette. 

N"  24.  Hôtel  du  maréchal  d'Efiiat,  père  de  Cinq-Mars. 
Le  Peletier,  prévôt  des  marchands  en  1668.  Le  Pele- 
lier,  lieutenant  civil  (1713).  lie  Peletier  de  Montmélian, 
magistrat  (1789).  (Fronton  de  la  porte.  Voûte  d'entrée.) 

N"  26.  Rue  du  Trésor  (1882).  Son  nom  vient  des 
monnaies  trouvées  dans  les  fondations  de  l'hôtel  d'Effiat 
lors  des  travaux  d'ouverture  de  la  rue.  Ce  trésor,  le  plus 
considérable  cfue  l'on  ait  trouvé  en  France  était  une 
somme  de  7882  livres,  qui  de  nos  jours  représente  une 
valeur  intrinsèque  de  120  000  francs.  Ces  monnaies  d'or 
étaient  des  francs  à  cheval  du  roi  Jean  et  des  francs  à 
pied  de  Chai-les  Y.  Il  est  probable  que  ce  trésor  n'ap- 
partenait pas  à  un  particulier,  mais  à  un  détenteur  des 
deniers    publies.   Il  a  été    mis   en   vente    et   le  musée 


102       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Carnavalet  en  a  acquis  quelques  échantillons,  ainsi  que 
le  vase  de  cuivre  qui  le  renfermait.  La  rue  se  termine 
par  un  curieux  passage  qui  la  met  en  communication 
avec  la  rue  des  Ecouffes.  A  côté  du  passage  se  trouve 
une  façade  qui  devait  servir  à  une  fontaine  monumen- 
tale. Au  10  habite  M.  Henry  Céard,  homme  de  lettres. 

N°  36.  Le  terrain,  ainsi  que  celui  du  34,  appartenait 
au  XVII*  siècle  à  la  famille  Aimeras.  Madeleine  Aimeras, 
épouse  de  Dreux-Poussopin.  en  hérita  à  la  mott  de  sa 
mère,  Hélène  Aimeras  (1G60).  Hôtel  Poussepin.  Charles 
Poussepin  vendit  la  maison  à  son  locataire  Nicolas  de 
Baillif(1776  à  1789).  Au  36  porte  intéressante.  Le  34  a 
été  reconstruit. 

N"  33.  Inscription  presque  effacée  :  Vieille-rue-du- 
Temple. 

N"  42.  Rue  des  Rosiers.  (Voir  la  notice  plus  bas.) 

N"  43.  Restes  d'un  hôtel  de  Bragelonne.  Curieux 
passage  des  Singes  ouvert  au  commencement  du 
xix*^  siècle.  Ce  passage  conduit  à  la  rue  des  Guillemites, 
jadis  rue  des  Singes. 

N°  45.  Façade  intéressante.  (Prétend  avoir  été  fondée 
en  14161) 

N"  44.  Porte.  Mascaron.  Escalier  original  avec  rampe 
en  fer  forgé. 

*  N"  47.  Hôtel  dit  des  Ambassadeurs  de  Hollande. 
Emplacement  du  logis  seigneurial  du  maréchal  Jean  de 
Rieux  (1397).  Son  fils,  le  maréchal  Pierre  de  Rieux 
(1417).  En  1421,  Fhôtel  fut  confisqué  par  les  Anglais.  11 
tombait  en  ruines  à  cette  époque.  En  1450  le  Prieuré 
du  Temple  céda  ces  ruines  à  Gratien  Mulart,  bourgeois 
de  Paris,  qui  resta  propriétaire  jusqu'en  1482.  Nicolas 
de  La  Chesnaye,  écuyer,  le  remplaça  et  fit  reconstruire 
la  maison,  cjui  fut  ensuite  possédée  par  son  fils  Jean  de 


IV    ARRONDISSEMENT.  10» 

la  Chesnaye.  Ses  héritiers  vendent  la  propriété  à 
Nicolas  Le  Hardy,  chevalier.  Sa  veuve,  puis  son  lils 
Sébastien  Le  Hardy,  grand  prévôt  de  France  et  beau- 
frère  de  Mme  de  Coulanges.  Sa  femme  vend  Thôtel  en 
1638  à  Denis  Araelot  de  Chaillou.  Son  llls  Jean  Amelot 
de  Bisseuil  (1655).  maître  des  requêtes,  acheva  Thôtel 
actuel  que  son  père  avait  commencé  à  faire  édifier  par 
Tarchitecte  Cottard.  Après  Amelot  de  Bisseuil,  l'hôtel 
fui  possédé  par  sa  fille  Charlotte,  épouse  de  .l.-B.  du 
Défiant,  marquis  de  La  Lande  (1689),  qui  fut  la  helle-mère 
de  Mme  du  Deffant.  Après  la  mort  de  sa  femme,  J.-B. 
du  Deffant  vendit  Thôtel  à  Marie  Lubin  dHarvilliers 
(1714)  qui  revend  à  Claude  Miotte.  Jean-Daniel  Kolly, 
contrôleur  des  finances  de  l'électeur  de  Bavière  (1719). 
Jean  Pingault,  secrétaire  du  Roi  (1723),  qui  le  loua  aux 
fermiers  des  Boucheries  de  Paris.  Jean-Pierre  Penoit, 
bourgeois  (1752).  Louis  Letellier,  maître  maçon  (1799). 
Pierre  Boignes.  Famille  Lecoq.  L'hôtel  fut  occupé  par 
l'ambassade  hollandaise  et  y  abrita  le  culte  protestant 
en  France.  Un  des  propriétaix'es,  Louis  Letellier,  le 
loua  en  1776  à  A.  Caron  de  Beaumarchais.  C'est  là  que 
ce  dernier  y  écrivit  le  Mariage  de  Figaro.  Il  y  installa 
un  Institut  de  bienfaisance  maternelle.  Pendant  la  Révo- 
lution l'hôtel  lut  occupé  par  un  bal.  (Très  belle  porte  en 
chêne  avec  bas-relief  représentant  Romulus  et  Remus 
par  Regnardin.  Cadrans  solaires.  Voir  la  deuxième  cour 
reliée  à  la  première  par  un  passage  voûté.  Terrasse. 
Chambre  à  l'italienne,  voûtée  en  coupole,  décorée  par 
Dorigny.  Dessus  de  portes  sculptés  par  Guilbert.  Cha- 
pelle transformée  en  cuisine,  etc.). 

C'est  devant  l'hôtel  du  maréchal  de  Rieux,  près  de  la 
poterne  Barbette,  que  le  duc  d'Orléans,  sortant  de 
souper  chez  Isabeau  de  Bavière,  sa  belle-sœur  et  mai- 


loi   PROMENADES  DANS  TOUTES  LES  RUES  DE  l'AniS. 

tresse,  fut  assassiné  par  les  gens  de  Jean  sans  Peur  le 
23  novembre  1407. 

N°  51.  Inscription  ancienne  :  Vieille-ruo-du-Temple, 

N*"  46.  Rue  du  Marché-des-Blancs-Manteaux 
(1817).  N'a  été  dénommée  qu'en  1844.  Le  marclié  des 
Blancs-Manteaux,  inauguré  en  1819,  est  sur  une  partie 
de  Tancien  hôtel  d'Adjacet,  comte  de  Chateauvilain.  Cet 
hôtel  devint  hôtel  d"0.  François  d'O,  mignon  d'Henri  III, 
y  mourut  en  1594.  Les  hospitalières  de  St-Anasthase  s'y 
installèrent  en  165.5  et  y  restèrent  jusqu'à  la  Révolution, 
époque  où  le  théâtre  dit  du  Boudoir  des  Muses  vint 
s'établir  dans  le  jardin.  Plus  tard  asile  de  nuit.  Le  2  et 
le  4,  où  nous  voyons  un  joli  iVonton  et  un  cadi-an  solaire, 
sont  les  derrières  du  47  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois, 
(jui  est  un  ancien  pavillon  de  l'hôtel  d'O. 

N"  61.  A  hauteur  de  ce  numéro  s'élevait  ranciennc 
poterne  Barbette. 

N°  63.  Façade  assez  curieuse  ainsi  cju'au  07. 

N°  52.  Au  Chat  qui  pelote.  (Enseigne.)  Fut  vers  1750 
un  lieu  de  libertinage,  puis  un  tripot,  qui  fut  fermé  par 
la  police.  Devint  un  débit  de  vin  politique  pendant  la 
Révolution,  et  fut  fréquenté  par  Cambon,  Treillard  et 
l'imprimeur  Momoro  dont  la  femme  réprésentait  les 
déesses  dans  les  fêtes  publiques. 

Rue  des  Rosiers. 

Date  du  xni'  siècle.  La  partie  entre  la  rue  Ferdinand- 
Duval  et  la  rue  Pavée  était,  avant  1848,  l'impasse  Coque- 
relle  qui  a  été  élargie  et  ajoutée  à  la  rue  en  1850.  Elle 
doit  son  nom  aux  jardins  ornés  de  roses  qui  s'y  trou- 
vaient jadis.  Aujourd'hui  elle  est  presque  entièrement 
habitée  par  des  Juifs    (enseignes  Israélites,  caractères 


l\"    AnilOXDISSEMENT.  105 

hébraïques  sur  de  nombreuses  ))Outiques,  boucheries 
juives,  fabriques  de  pains  azymes,  etc.).  Il  est  très 
curieux,  pour  ceux  que  la  physionomie  des  rues  inté- 
resse, de  visiter  cette  rue  un  samedi.  On  y  entend  parler 
tantes  les  langues  et  on  y  rencontre  à  chaque  pas  le 
type  sémite.  C'est  le  ghetto  parisien.  La  rue  possède 
plusieurs  vieilles  maisons.  L'hôtel  de  Tancarville  y  était 
situé  au  xvi°  siècle. 

N"  23.  Entrée  de  l'hôtel  de  Mme  d'Estat,  femme  d'un 
colonel  ari-ivé  grâce  à  sa  femme  qui  n'était  pas  une  rosière. 

X°  11.  Cabaret  dans  une  vieille  maison.  S'intilule  : 
Rendez-vous  international . 

N**  4.  Façade  d'un  élablissemenl  de  bains  se  disant 
romains. 

N*"  4  bis.  École  de  travail. 

N"  14.  Emplacement  de  Ihôiel  de  Chal)enat,  seigneur 
de  Bonneuil,  président  au  Parlement,  qui  l'avait  acheté 
de  Brinqueville,  maréchal  de  camp,  dont  la  femme  en 
avait  hérité  du  pi'ésident  Camus  de  Pontcarré,  son  père. 
Démoli  en  1903. 

N°  16.  Emplacement  d'un  hôtel  ayant  appartenu  à 
J.-B.  Scarron,  sieur  de  Saincton.  qui  l'avait  vendu  en 
1651  à  Nicolas  Robert,  sieur  de  Lay.  Démoli  en  1903. 

N"  18.  Porte  en  fer  et  tube  d'une  ancienne  lanterne 
à  poulie. 

Rue  des  Blancs-Manteaux. 

Avant  Philippe  Auguste  cette  rue  s'appelait  rue  de  la 
Parcheminerie  et  c'est  là  qu'on  préparait  pour  écrire  les 
peaux  de  mouton.  Louis  IX  y  élablit  en  1258  des  frères 
mendiants,  dits  Serfs  de  la  Ste  Vierge,  qui  étaient  por- 
teurs de  lonsfs  manteaux  blancs.  Ces  religieux  fusion- 


lOG      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

nèrent  sous  Boniface  VIII  avec  les  Guillemites  (1274)  et 
Charles  VI  leur  concéda,  pour  bâtir,  une  tour  de  l'en 
ceinte  de  Philippe  Auguste  et  quarante  toises.  Malgré  e 
général  des  Guillemites  qui  résidait  à  Liège,  les  Béné- 
dictins de  St-Maur-des-Fossés  furent  envoyés  dans  le 
couvent  par  ordre  du  cardinal  de  Retz  (1618).  Les 
Barnabites  remplacèrent  en  1629  les  moines  de  St-Maur- 
des-Fossés  qui  avaient  repris  eux-mêmes  au  xii*  siècle 
le  monastère  de  St-Eloi-dans-la-Cité,  vis-à-vis  le  Palais. 
Le  couvent  fut  reconstruit  en  1685  (Voir  les  restes  rue 
des  Guillemittes)  et  Tordre  des  Blanos-Manleaux  fut 
supprimé  en  1790. 

Au  coin  de  la  rue  Vieille-du-Temple  se  trouvait  Thôtel 
de  Henri  de  Lissac,  valet  de  chambre  de  Charles  VI. 

N°  1.  Inscription  ancienne  :  Rue  des  Blancs-Manteaux. 

N°  2.  Le  chimiste  Fourcroy  en  1787.  (Grille.) 

N°  4.  Du  4  au  10  s'étendaient  les  bâtiments  des  Guil- 
lemites. 

N"  10.  Fronton  avec  consoles  sculptées  (ancien  regard). 

*  N"^  12,  Église  des  Blancs-Manteaux.  L'église  primi- 
tive fut  reconstruite  en  1685.  Le  chancelier  Le  Tellier 
en  posa  la  première  pierre.  En  1863  on  lui  adapta  le 
portail  de  l'église  des  Barnabites  qui  était  située  dans 
la  Cité.  L'église  fut  agrandie  en  même  temps  par  Baltard 
d'une  travée  après  l'avoir  été  déjà  par  l'élargissement 
des  bas-côtés  et  l'érection  de  la  chapelle-  latérale  dite 
de  Ste-Geneviève.  Près  du  chœur  nous  voyons  une 
statue  par  Héraut  (1809)  représentant  la  vierge  nommée, 
dès  le  xiii"  siècle,  Notre-Dame  des  Blancs-Manteaux. 
Dans  la  chapelle  Ste-Geneviève  nous  voyons  des  ins- 
criptions relatant  les  personnes  inhumées  soit  dans 
l'ancienne  église,  soit  dans  la  nouvelle.  Les  bâtiments 
du  monastère  ont  été  englobés  dans  le  Mont-de-Piété. 


IV*^    ARRONDISSEMENT.  107 

LY'glise,  vendue  en  1797,  fut  rachetée  en  1807  et  rétablie 
sous  le  vocable  de  Notre-Dame  des  Blancs-Manteaux. 
C'est  dans  la  première  église  que  fut  déposé  le  corps 
de  Louis  d'Orléans,  assassin(''  par  Jean  sans  Peur  qui 
vint  s'agenouiller  devant  sa  victime  en  simulant  une 
profonde  doulour. 

N°  15.  Rue  Aubriot.  (Voir  notice  plus  bas.) 

N"  14.  Faisait  partie  du  Prieuré  des  Blancs-Manteaux. 
(Porte,  mascaron.  escalier.)  Bureau  du  Mont-de-Piété. 

N"  16-  Mont-de-Piété  sur  une  partie  du  monastère  des 
Blancs-Manteaux.  (Voir  55,  rue  des  Francs-Bourgeois.) 

N°  23.  Ferrures.  Mansardes. 

N"  22.  Hôtel  appartenant  avant  1400  à  demoiselle 
Denise  Baguier,  veuve  de  Jean  Le  Vavasseur,  maître  des 
Comptes.  11  a  appartenu  à  plusieurs  Séguier.  Charles 
de  Bourdeille  (1657.)  (Très  joli  escalier  en  fer  forgé.) 

N**  25.  Cour  intéressante.  Consoles  et  mansardes. 
Escalier  en  pierre  au  fond  de  la  cour  à  droite. 

N°  25.  Au  coin  de  la  rue  des  Archives  :  Cabaret  do 
riIomme-Armé,  qui  existait  déjà  en  1432.  Enseigne  du 
xviii'^  siècle.  Ange  Pitou  chantait  devant  ce  cabaret  ses 
chansons  réactionnaires. 

N''  28.  Jolie  grille  de  boulangerie  avec  épis  de  blé  en 
fer  forgé. 

N"  34.  Passage  Pecquay.  Jadis  rue  Pernelle-St-Pol. 
Existait  en  1300.  Doit  son  nom  à  Jean  de  La  Haie,  dit 
Piquet  ou  Pecquet,  qui  y  fit  construire  un  hôtel,  qui 
occupait  l'emplacement  du  nord  du  passage  quand 
celui-ci  n'était  cju'un  cul-de-sac.  L'hôtel  de  Pecquet 
devint  ensuite,  au  xvii"  siècle,  hôtel  de  Novion,  famille 
de  robe  au  crédit  de  laquelle  la  rue  devait  trois  lan- 
ternes. Au  13,  curieuse  entrée  précédée  de  deux  bornes. 
Les  1,  2,  6,  etc.,  sont  anciens. 


108      IMJOMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    1>AIUS. 

N°  35.  Grille  et  enseigne  en  l'er  lorgé  représentant 
un  moine  du  monastère  (Aux  Blancs-Manteaux).  Au  .36, 
en  face  :  grille. 

N"  37.  Institution  Cailleux  (1848).  Escalier  du 
xvii°  siècle  ainsi  c(u'au  38. 

N"  43.  Fa(,>ade  assez  intéressante  ainsi  qu'au  45. 

N°  47.  Emplacement  de  Thôtel  du  marquis  de  Favras, 
gendre  du  prince  d'Anhalt.  Schauenbourg.  Le  marquis 
fut  pendu  place  de  Grève  en  1790,  pour  un  soi-disant 
complot,  dont  le  véritable  chef  aurait  été  Monsieur,  qui 
ne  fit  cependant  rien  pour  le  sauver.  Le  dénonciateur 
de  Favras,  le  nommé  Turcatli,  habilail  également  la  rue. 
et  se  pendit  dans  sa  «liaiiibi'c  après  une  nuil  de  débauche. 
(Escalier.) 

JR«e  Aubriot. 

Date  du  xiii'"  siècle.  Jadis  rue  du  Puits-au-Marais. 
Nom  actuel  depuis  1867  en  mémoire  de  Hugues  Aubriol, 
prévôt  de  Paris  sous  Charles  V.  Ce  prévôt  inaugura  le 
pont  au  Change,  le  pont  St-Michel  et  la  Bastille,  res- 
taura le  Petit  Pont,  reconstruisit  en  pierre  le  Petit 
Chàtelet  qui  était  en  bois,  et  fit  construire  les  premiers 
égouts  de  Paris.  Il  fut  condamné  en  1381  par  l'évêque 
de  Paris  pour  hérésie  et  enfermé  dans  la  grosse  toui* 
de  l'hôtel  épiscopal  qui  était  la  prison  de  lévèché.  Il  en 
sortit  en  1382,  le  jour  où  éclata  la  révolte  des  INIaillotins. 

N°  9.  Belle  porte  du  commencement  du  wii*^  siècle. 

N°  3.  Très  grande  porte. 

N"  2.  Reste  d'une  niclie  de  la  Merge  au-dessous  de 
laquelle  on  lisait  encore  il  y  a  \)(iu  de  temps  cette  ins- 
cription :  «  Ecce  Mater  tua  ». 

N"  4.  Porte  et  jolie  fenêtre  ornée  d'un  mascaron. 


ÎV'    AIIHONUISSËMENT.  109 

N"  10.  Appartenait  en  1(316  à  Jean  de  Vaton,  puis  ù 
Pierre  de  Vaton,  et  ensuite  au  seigneur  de  Bissy  qui  le 
vendit  en  1703  à  Louis  Ilavis,  conseiller  du  Roi  et 
contrôleur  des  rentes.  Il  reconstruisit  Thôtel  en  1705  et 
le  loua  en  1712  au  parlementaire  Gadot.  Hôtel  Havis 
jusqu'en  1782.  Acheté  par  Jacques  Baron,  écu3'-er  (1784). 
L'architecte  Adolphe  Neveu  (1835).  M.  Bernard  Jullien 
(1836),  érudit  et  écrivain,  qui  y  mourut  en  1881.  Son  fils, 
propriétaire  actuel.  Escalier.  Au  bas  de  l'escalier,  clef 
sculptée  (tête  de  femme). 


Rue  des  Archives. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  des  Francs-Bourgeois 
et  la  rue  de  Rivoli.) 

Cette  rue  n'a  pris  son  nom  actuel  qu'en  1888.  Anté- 
rieurement le  tronçon  situé  dans  le  IV*  an'ondissement 
était  composé  de  plusieurs  rues  qui  ont  été  réunies  :  la 
rue  des  Deux-Portes  (1281),  qui  allait  de  la  rue  de  la 
Tixeranderie  (Rivoli)  à  la  rue  de  la  ^'errerie;  la  rue  des 
Billettes,  jadis  des  Jardins  (1299),  qui  allait  de  la  rue  do 
la  Verrerie  à  la  rue  Ste-Croix-de-la-Bretonnerie;  la  rue 
de  l'Homme-Armé,  qui  s'étendait  de  la  x'ue  St-Croix-de- 
la-Bretonnerie  à  la  rue  des  Blancs-Manteaux.  De  la  rue 
des  Blancs-Manteaux  à  la  rue  des  Francs-Bourgeois,  la 
rue  faisait  partie  de  la  rue  du  Chaume.  Le  bas  de  la  rue 
actuelle  des  Archives  a  été  élargi  en  1880  et  a  perdu 
plusieurs  maisons  intéressantes.  Le  graveur  Janinet 
demeurait  3,  rue  du  Chaume,  près  de  la  rue  des  Blancs- 
Manteaux. 

N''  42.  (Rue  de  rHomme-x\riné).  Porte  d'entrée  du 
xviH*  siècle. 


110       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

*  N°  24.  Cloître,  du  xV  siècle,  de  Tancienne  chapelle 
du  couvent  des  Billettes  supprimé  en  1790. 

N°  22.  Eglise  évangélique  des  Billettes,  reconstruite 
en  1745.  Là  jadis  s'élevait  dans  l'ancienne  rue  des  Jar- 
dins (vicus  jardinariuin)  la  maison  du  juil  Jonathas  qui 
fut  accusé  et  convaincu  d'avoir  fait  «  bouillir  Dieu  »  en 
bi'ùlant  une  hostie  consaci'ée,  qui,  dit-on,  fut  sauvée  mira- 
culeusement, et  fut  conservée  jusqu'à  la  Révolution  par 
l'église  St-Jean-en-Grève.  La  maison  du  juif  où  le  crime 
et  le  miracle  avaient  eu  lieu  (1290)  revint  de  droit, 
après  l'exécution  de  Jonathas,  au  domaine  de  la  cou- 
ronne. Un  bourgeois  de  Paris,  Reignier  Flaminge,  la 
disposa  en  chapelle  (1294).  Guy  de  Joinville  en  1300  y 
installa  les  Frères  de  la  Charité-Notre-Dame,  dits  reli- 
gieux du  Tiers-Ordre  de  St-Francois,  et  ils  commencèrent 
à  y  célébrer  l'office  solennel  dit  de  la  Réparation  qui  fut 
célébré  là  ainsi  qu'à  St-Jean-en-Grève  pendant  cinq 
cents  ans.  En  1408  les  religieux  construisirent  une 
nouvelle  église  consacrée  au  St  Sacrement  et  à  cette 
époque  on  désignait  la  rue  des  Jardins  sous  le  nom  de 
«  Rue  où  Dieu  fut  bouilli  ».  Le  nom  de  Billettes  qui  fut 
donné  ensuite  aux  religieux  provient  sans  doute  dune 
enseigne  qui  consistait  en  un  petit  billot  de  bois  que 
Ton  suspendait  à  la  maison  voisine  de  péage.  Les 
Billettes  furent  remplacés  en  1633  par  les  Carmes  de 
la  province  de  Touraine,  qui  y  restèrent  jusqu'à  la 
Révolution.  L'église  fut  reconstruite  en  1745  mais  le 
cloître  subsista.  Fermée  à  la  Révolution  l'église  fut 
donnée  en  1808  au  culte  luthérien.  Elle  se  compose 
d'une  abside  sphérique  s'ouvrant  dans  la  nef  du  milieu. 
Au-dessus  des  nefs  latérales  régnent  deux  vastes  tribunes 
superposées.  (Visiter  la  sacristie.) 

N°  9.  Entre  le  9  et  le  15  s'étendait  le  couvent  des 


iV    AKUONDISSEMENT.  111 

Frères  de  la  Croix  installés  à  Paris  en  1258  et  suppri- 
més en  1790. 


Rue  Ste-Croix-de-la-Bretonnerie. 

Rue  du  Chauip-des-Brelons  en  1228,  rue  de  Lagny  en 
1232  et  rue  de  la  Grande-Bretonnerie,  à  cause  d'un  pelit 
fief  de  ce  nom.  Elle  doit  son  nom  à  l'église  Ste-Croix 
bàlie  au  xni^  siècle  par  Eudes  de  Montreuil  pour  des 
religieux  originaires  de  Liège  qui  vinrent  s'établir  là  en 
1258  dans  l'ancienne  maison  delà  Monnaie  du  Roi.  Dans 
cette  église,  dite  de  TExallation  de  la  Ste-Croix,  fut 
inhumé  en  1591  le  président  Barnabe  Brisson,  un  des 
hommes  les  plus  érudits  de  son  temps,  et  une  des  vic- 
times des  fureurs  de  la  Ligue.  Rameau  y  lut  organiste. 
Le  couvent  fut  supprimé  en  1790  et  démoli.  Sous  Louis  XVI 
un  local  du  couvent  servait  de  salle  de  vente  publique 
autorisée.  On  retrouve  quelques  traces  des  bâtiments 
conventuels  dans  le  square  Ste-Croix-de-la-Bretonnerie 
qui  a  été  percé  à  travers  l'ancien  couvent.  La  rue  fut  le 
lieu  d'origine  de  l'Administration  des  Pompes  funèbres. 
Le  siège  des  réunions  des  crieurs  jurés  des  inhumations 
y  était  situé.  Fouquier-Tinville  habita  la  rue  en  1788 
après  avoir  été  en  1786  rue  Vieille-du-Temple  et  avant 
d'aller  en  1789  rue  du  Bourg-Tibourg. 

N°  47.  Tourelle  carrée  de  1610.  Turpin,  chirurgien  de 
Monsieur,  frère  du  Roi,  y  habita  en  1635. 

N"  44.  Ancien  hôtel  Feydeau  de  Brou  (1760). 
Aujourd'hui  Dispensaire  gratuit. 

N"  39.  Enseigne  de  l'Hôtel  de  Ville  moderne. 

N°  35.  Maison  ayant  appartenu  au  Chapitre  de 
Ste  Croix.  A  la  Grille  (1696). 

N"    35.    Square   Ste-Croix-de-la-Bretonnerie. 


112       l'IlOMENADES    DANS    TOUTES    LES    ULES    DE    PAr.IS. 

Ouvert  en  1790  sur  remplacemenl  de  la  communauté 
des  Chanoines  de  Ste-Cï'oix  et  de  Téglise  du  couvent. 
Le  cardinal  de  La  Rochefoucauld  réforma  sous 
Louis  XIII  cet  établissement  monastique  et  y  introduisit 
des  chanoines  de  Ste-Geneviève,  mais  les  chanoines  de 
Ste-Croix  résistèrent  à  Tinnovation,  et  finalement 
restèrent  exclusivement  les  maîtres  du  couvent  qui, 
comme  nous  Tavons  dit  plus  haut,  fut  démoli  en  1790. 
Avant  1909  le  square  s'apelait  passage  Ste-Croix-de-la- 
Bretonnerie.  Au  1.3  du  square,  dans  le  couloir  d'entrée, 
se  trouve  une  insciiption  tuniulaire  provenant  de  l'an- 
cienne église. 

N*^  28.  Fenêtres  intéressantes  du  côté  de  la  rue  de 
THomme-Armé. 

N°  24.  Porie.  Cour. 

N°  22.  Ancien  hôtel.  Fut  bureau  de  l'Assistance 
publique.  Aujourd'hui  Fcole  élémentaii^e  de  jeunes 
garçons. 

N"  21.  Emplacement  de  l'hôtel  de  Dufresne  de 
St-Cergue,  contrôleur  général  de  la  maison  de  Madame 
sous  Louis  XIV. 

N°  19.  Mascaron.  Consoles  Louis  XV. 

N°  20.  Hôtel  datant  de  1G96.  Hôtel  du  fermier  géné- 
ral Ilomans,  puis  de  Le  Pelletier  de  Morfontaine,  con- 
seiller d'Etat  et  ami  de  la  duchesse  de  Mazarin  sous 
Louis  XV.  Le  jurisconsulte  Target,  défenseur  du 
cardinal  de  Rohan  dans  l'affaire  du  Collier  et  plus  tard 
président  de  l'Assemblée  Constituante,  y  mourut  en 
1806.  Fut  mairie  (1840).  Belle  porte  Louis  XIV. 
(Tympan  recouvert  de  fines  sculptures  et  de  deux  van- 
taux comportant  une  décollation  de  lambrequins, 
coquilles  et  têtes  de  guerriers  formant  le  coin  des 
panneaux.)  Cour  intéressante. 


IV*    ARRONDISSEMENT.  113 

N"  18.  Entrée  d'un  hôtel  du  wii'-  siècle.  Au  13,  en 
face,  ferrures. 

N°  16.  Hôtel  de  l'astronome  l.alande.  M.  d'Ablinionl 
au  xvin®  siècle. 

N"  5.  Emplacement  de  Fhôtel  de  la  famille  Luillier. 
Eustache  Luillier  de  La  Malmaison,  prévôt  des  mar- 
chands au  commencement  du  xvi"  siècle.  Le  comte  de  La 
Martellière  au  xviii''  siècle. 

N"  3.  Porte  et  mansardes  d'une  vieille  maison. 

N°  2.  Vieille  maison  au  coin  de  la  rue  Vieille-du 
Temple. 

N°  19.  Rue  de  Moussy. 

Hue  de  Moussy. 

Ruelle  descendant  à  la  Verrerie  à  la  fin  du 
xin'=  siècle.  En  1530  Jean  de  Moussy,  échevin,  lui  donna 
son  nom,  mais  on  l'appelait  aussi  rue  Mûrier,  rue  Jean- 
Murier,  rue  du  Mûrier.  C'était  jadis  une  rue  très  mal 
famée  et  après  le  couvre-feu  on  fermait  la  rue  par  une 
herse  de  fer  pour  y  enfermer  les  femmes  «  folieuses  de 
leur  corps  ».  Cette  herse  de  fer  a  disparu  depuis  peu. 

N"'  7.  Emplacement  de  l'hôtel  des  évêques  de  Beau- 
vais.  Fut  habité  par  l'évêque  J.  Cauchon  qui  condamna 
Jeanne  d'Arc.  Prévost  de  St-Cyr,  maître  des  requêtes, 
qui  le  loua  à  Poisson,  père  de  Mme  de  Pompadour, 
qui  y  habita  de  1723  à  1728.  L'hôtel  dit  de  Moussy  fut 
démoli  en  1793  et  on  construisit  sur  sa  place  une 
école. 

N"  8.  Vieille  maison  ainsi  qu'au  0.  etc. 

Les  premières  maisons  de  ce  côté,  en  venant  de  la 
rue  de  la  Verrerie  (ainsi  que  les  n"'  4,  6,  8  de  la  rue  de 
la  Verrerie)  sont  sur  l'emplacement  du  Cimetière  \'ert 

n'    AHRON'D.  8 


llf       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    UUES    DE    PARIS. 

(1393  jusqu'à  1772).  A  cette  époque  ce  vieux  cimetière 
fut  transformé  en  un  raai'ché  qui  a  disparu. 


Rue  delà  Verrerie. 

Doit  son  nom  à  la  Confrérie  des  Verriers  et  des 
Peintres  sur  verre  qui  s'y  établit  en  1187,  confrérie  qui 
devint  la  Compagnie  des  Vitriers  à  la  fin  duxvii"  siècle. 
Jacquemin  Gringonneur,  l'inventeur  des  cartes  à  jouer, 
habitait  la  rue  sous  Charles  VI.  La  rue  fut  élargie  en 
1672  pour  le  passage  de  Louis  XIV  qui  empruntait  cette 
voie  pour  se  rendre  à  Vinccnnes.  Les  ambassadeurs 
étrangers  passaient  par  cette  rue  lors  de  leur  entrée 
solennelle.  L'amiral  de  Ghâtillon,  massacré  à  la  Sl-Bar- 
thélemy,  y  habitait.  Le  père  de  Bossuet,  fermier  des 
gabelles  du  Languedoc  et  du  Lyonnais,  y  demeurait  en 
face  de  la  rue  des  Juges-Consuls.  L'abbé  Chatel,  fon- 
dateur de  l'Eglise  catholique  française,  y  avait  son 
église  (1838). 

N°  2.  Emplacement  de  l'hôtel  de   Salignac-Fénelon. 
N"   4,  6,  8.   Emplacement  du    Cimetière  Vert.   La 
fabrique  de  Sl-Jean  était  propriétaire  de  ces  maisons. 
N"  16.  Vieille  maison  ainsi  qu'au  15. 
N°  22  bis.  Mansarde. 

N"  37.  Impasse  du  Coq.  Rue  Lambert-de-Rale  au 
XIII®  siècle,  rue  André-Mallet,  rue  du  Coq  (1416).  Est 
devenue  impasse  en  1854.  Le  Bazar  de  l'Hôtel-de-Ville 
l'absorbe  presque  complètement  aujoui'd'hui.  Le  terrain 
qui  s'étend  entre  la  rue  des  Archives  (jadis  des  Deux- 
Portes),  l'impasse  du  Coq,  la  rue  de  la  Verrerie  au  nord, 
et  la  rue  de  Rivoli  (jadis  de  la  Tixeranderie)  au  sud 
était  occupé  jadis  par  l'hôtel  dit  de  la  Reine-Blanche. 
Cet   hôtel  qui  avait  été  donné  à  Blanche  de  Navarre, 


IV     ARRONDISSEMENT.  116 

deuxième  t'eniine  de  Philippe  de  Valois,  avait  été  formé 
parla  réunion  des  hôtels  de  Jean  de  Bourgogne,  conné- 
table de  France  sous  le  roi  Jean,  et  celui  du  duc  de 
Berri.  C'est  sans  doute  dans  cet  hôtel  qu'il  faut  voir  le 
logis  du  dauphin  Charles  VII  qui  habitait  la  rue  de  la 
Verrerie  quand  Périnet  Leclerc  livrait  l'entrée  de  Paris 
aux  Bourguignons  alliés  des  Anglais  (1418), 

N"  55.  Maison  curieuse  ainsi  qu'aux  52  et  54. 

N"  65.  Maison  à  trois  pignons. 

N"  56.  Curieuse  entrée  avec  bornes.  Là.  ou  au  moins 
dans  ces  parages,  se  trouvait  au  xvir-  siècle  la  maison 
d'Etienne  Chevalier,  qui  fut  Tami  et  l'exécuteur  testa- 
mentaire d'Agnès  Sorel.  En  1661  la  maison  appartenait 
à  la  famille  de  Sallo,  famille  de  parlementaii'es  alliée  de 
la  famille  Chevalier.  Sur  le  cintre  d'une  porte  se  lisait 
cette  devise  d'Agnès  Sorel  :  «  Rien  sur  L  n'a  regar  ». 

N°  58.  Emplacement  de  l'hôtel  d'Arnauld  de  Pom- 
ponne. Cet  hôtel  s'ouvrait  également  au  28  actuel  de  la 
rue  du  Renard.  Appartenait  à  Pinon,  notaire  en  1592, 
puis  à  son  gendre  Simon  Marion  (1605).  Antoine 
Arnauld,  le  grand  avocat,  mort  en  1619  et  époux  de 
Catherine  Marion  dont  il  eut  22  enfants.  Son  lils 
Robert  Arnault  d'Andilly  qui  se  retira  en  1644  à  Port- 
Rcyal.  (Le  grand  Arnauld  était  son  frère.)  Son  fils, 
Arnauld  de  Pomponne  (1637),  qui  fut  conseiller  d'État, 
ambassadeur,  ministre  et  crée  marquis.  Il  alla  ensuite 
s'installer  à  l'hôtel  du  Hallier,  place  des  Victoires,  et  fut 
inhumé  à  St-Merri  (1699).  Son  fils,  brigadier  des 
armées  du  Roi,  mort  en  1737.  Sa  fille,  la  marquise  de 
Gamache  qui  décéda  en  1745.  Sa  fille,  la  vicomtesse  de 
Rumain,  qui  vend  en  1770  à  Doyen  de  Mondeville. 
François  Richard  (1776).  Bureaux  des  Carrosses  pour 
l'Est.  Mlle  Doyen  (1807).  Famille  Laveissière  (1811)  qui 


116      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

posséda  la  maison  pendant  90  ans.  En  1901  il  se  cons- 
titua une  société  immobilière  pour  l'exploitation  de 
rhôtel  Pomponne,  hôtel  dont  il  ne  reste  plus  aujour- 
d'hui que  quelques  anciens  murs  (1909). 

N°  60.  Emplacement  de  l'hôtel  de  Nicolas  Pinon, 
secrétaire  du  Roi  vers  1550.  Son  fils  Jacques  et  sa  fille 
Gathei'ine  qui  épousa  Simon  Marion,  avocat  général  au 
Parlement.  La  fille  de  Simon  Marion  épousa,  en  1585, 
Antoine  Arnauld.  Gilles  Aubery,  conseiller  du  Roi 
(1654).  La  marquise  de  Gastilly,  descendante  des  Pinon 
vend  en  1729  à  Pierre  Braulard,  marchand  faïencier. 
Marie-Elisabeth  de  Clèves,  veuve  de  Pierre-Nicolas 
Couvray  de  Bernay  (1755).  Son  petit-fils  le  comte  de 
Grillon,  plus  tai'd  duc  de  Grillon,  posséda  la  maison  de 
1756  à  1820.  La  façade  fut  restaurée  alors.  L'hôtel  fut 
indivis  entre  les  deux  fils  du  duc  jusqu'en  1843.  Le 
nouveau  duc  resla  seul  propriétaire  jusqu'à  sa  mort  en 
1870.  Sa  fille,  la  duchesse  de  Garaman  (1870-1885). 
Adjugé  en  1888  à  la  Société  Laveissière.  Gette  maison 
s'étendait  sur  les  n°^  24  et  26  de  la  rue  du  Renard.  Une 
arcade  construite  en  1627  la  réunissait  à  celle  située  en 
face,  du  côté  impair  de  la  rue  du  Renard.  La  façade  fut 
refaite  et  la  maison  a  dispai^u  en  1908. 

N°  77.  Gette  maison  possède  des  caves  ogivales. 

N°  83.  Très  vieille  maison  et  intéressant  escalier  en 
bois,  à  jour,  dans  la  cour.  Semble  être  du  commencement 
du  xvn"  siècle. 

N"  68.  Rue  des  Juges-Consuls.  Faisait  partie  avant 
1844  de  la  rue  du  Cloître-St-Merri.  Nom  en  mémoire 
de  la  maison  des  Juges-Gonsuls.  —  Les  Juges-Gonsuls 
s'étaient  inslallés  en  1570  dans  l'hôtel  du  président 
Baillet,  et  ils  furent  les  fondateurs  du  Tribunal  de  Gom- 
merce  qui  siégea  dans  cet  hôtel  jusqu'en  1825.  Les  bâti- 


IV*'    ARRONDISSEMENT.  117 

iiienls  des  Juges-Consuls,  qui  se  trouvaient  du  côté  pair, 
ont  été  démolis  en  1830  par  le  prolongement  de  la  rue 
du  Cloitre-St-Merri  sur  la  rue  du  Renard.  —  Au  1  était 
rhôlel  Denisson  au  xxu'  siècle.  —  Au  3,  belle  porte.  — 
Dans  la  cour  de  cette  maison  on  a  une  vue  intéressante 
sur  l'abside  de  l'église  St-Merri.  Cette  maison  était 
habitée  vers  1750  par  Ricard,  trésorier  de  France. 

N"  70.  Curieuses  fenêtres  à  l'entresol  ainsi  qu'au  72. 

*N"  76.  Là  s'élevait  l'hôtel  de  Suger,  ministre  de 
l^ouis  Vi  et  Louis  Vil.  Cet  hôtel  a  été  englobé  dans  la 
reconstruction  de  l'église  St-Merri  au  x\i^  siècle,  mais 
le  gros  œuvre  de  la  façade  actuelle  a  été  respecté. 
Cette  façade  a  été  restaurée  au  xvm^  siècle,  et  décoi'ée 
de  deux  amours.  —  Presbytère  de  Saint-Merri  et  entrée 
latérale  de  l'église.  La  porte  vitrée,  qui  se  ti'ouve  à 
droite  dans  le  vestibule  d'entrée,  donne  accès  à  une 
petite  cour  d'où  on  a  une  vue  curieuse  sur  la  façade 
méridionale  de  l'église.  Dans  cette  petite  cour  se  trouve 
un  curieux  escalier  à  vis  en  pierre.  En  montant  par  ce 
petit  escalier  on  arrive  à  deux  chemins  de  ronde  qui  se 
trouvent  au-dessus  de  l'Eglise.  C'est  une  amusante  et 
intéressante  ascension. 

N'J  78.  Enseigne  de  déménageur. 

La  rue  de  la  Verrerie  est  coupée  par  la  rue  du 
Temple. 

Rue  du  Temple. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  de  Rivoli 
et  la  rue  Rambuteau.) 

La  rue  du  Temple  a  été  formée  par  différentes  rues  : 
la  rue  des  Coquilles,  qui  allait  de  la  rue  de  la  Tixeran- 
derie  (Rivoli)  à  la  rue  de  la  Verrerie;  la  rue  Barre-du- 


118      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Bec,  qui  allait  de  la  rue  de  la  Verrerie  à  la  rue  St-Merri, 
et  la  rue  Ste-Avoye  qui  allait  de  la  rue  St-Merri  à  la  rue 
des  Haudriettes.  Ces  différentes  rues  furent  réunies  en 
1851  et  ajoutées  à  la  rue  du  Temple  qui  s'appela  jadis 
rue  de  la  Ghevalerie-du-Teraple.  La  rue  des  Coquilles 
devait  son  nom  à  la  maison  dite  des  Coquilles.  La  rue 
Barre-du-Bec  avait  été  ainsi  nommée  parce  que  Tabbaye 
de  N.-D.  du  Bec-Hellouin  en  Normandie  y  avait  sa  barre 
de  justice.  La  rue  Ste-Avoye  tirait  son  nom  du  couvent 
ainsi  dénommé. 

N°  2.  Maison  moderne  qui  nous  conserve  le  souvenir 
de  l'hôtel  des  Coquilles  qui  se  trouvait  sur  cet  emplace- 
ment, au  coin  de  la  rue  de  la  Tixeranderie.  Hôtel  et  rue 
ont  disparu  en  1853,  lors  du  percement  de  la  rue  de 
Rivoli. 

N"  12.  Mascaix)ns. 

N"  17.  Emplacement  d'une  entrée  de  l'hôtel  du  con- 
nétable Bertrand  duGuesclin  (1372 à  1380).  (Inscription.) 
N'^  14  et  16.  Emplacement  de  l'hôtel  de  Tanneguy 
du  Châtel. 

N°  20.  Ancien  bureau  des  Gabelles  au  xyu*^  siècle. 
Enseigne  de  l'Orme  St-Gervais.  Cette  enseigne,  qui 
n'a  aucune  raison  d'être  ici,  se  trouvait  jadis  au  carre- 
four des  rues  du  Monceau,  du  Pourtour  et  de  Longpont, 
près  de  St-Gervais.  Elle  rappelait  le  fameux  arbre  sous 
lequel  on  attendait  la  justice.  Cette  enseigne  a  été  trans- 
portée ici  après  la  disparition  du  carrefour. 

N°  21.  M.  Pessard,  dans  son  très  documenté  Diction- 
naire historique  de  Paris,  y  voit  l'emplacement  de 
l'hôtel  où  l'abbaye  de  N.-D.  du  Bec-IIellouin  avait  sa 
bari'e  de  justice. 

N"  22.  Hôtel  de  Canel  du  Guay,  lieutenant  général 
en  1752.  (Porte.) 


IV<^   ARRONDISSEMENT.  119 

N<»24.  Tourelle  carrée  de  1610.  (Voir  47,  rue  Ste-Croix- 
de-la-Bretonnerie.) 

N"  25.  Tètes  d'anges  sculptées  à  Tangle  do  la  rue 
St-Merri. 

N'^  41.  Ancienne  et  curieuse  auberge  de  l'Aigle  d'Or. 
Cour  intéressante  aboutissant  G,  rue  Pierre-au-Lard. 

N*»  34.  Rue  du  Plâtre  (1220).  Rue  Jehan-St-Pol,  ])uis 
rue  de  la  Plâtricre  (1280).  Au  18,  vieille  maison.  Au  16, 
mascaron.  Aux  12  et  11  vieilles  maisons.  Au  13,  curieuse 
entrée  voûtée. 

N*^  38.  Emplacement  d'une  chapelle  de  Nouvelles 
Converties  au  xvii''  siècle. 

N^  47.  S'intitule  :  Au  Boulet  de  48. 

N*^  57.  Au  fond  de  la  cour,  hôtel  avec  fronton  sculpte, 
dans  lequel  se  trouvent  des  initiales  entrelacées.  Fut  hôtel 
Titon  pendant  lâO  ans.  Maxiniilien  Titon,  fondateur 
du  magasin  d'armes  de  la  Bastille.  Son  fils,  Louis-Maxi- 
milien,  procureur  du  Roi  (1689).  Son  fils,  Louis  Titon 
de  Villegenon  (1719).  Sa  fille,  la  comtesse  de  Chevigné, 
qui  vend  en  1789.  Arnaud,  notaire.  Sa  veuve  vend  en 
1816  à  Antoine  Pépin  Le  Halleur  dont  la  famille  le  pos- 
séda jusqu'en  1885.  Famille  Santon  depuis  cette 
époque. 

N°  61.  Maison  à  pignon.  Emplacement  du  couvent 
d'Augustines,  dites  Filles  de  Ste-Avoye  (1288-1790). 

Rue  Geoffroy-V Angevin. 

Daté  du  xiii^  siècle.  A  pour  parrain  un  certain  Geof- 
froi  dont  la  famille  était  d'Anjou. 

N°  2.  Enseigne  du  Lion.  Emplacement  de  la  chapelle 
Ste-Avoye. 

N°  4  et  6.  Là  se  trouvait  l'ancienne  communauté  de 


120       PUOMENAUES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    l'AUlS. 

veuves  âgées,  dite  des  Bonnes-Femmes  de  Ste-Avoye, 
fondée  par  Jean  Séquence  en  1288.  Ce  couvent  était 
sous  Tinvocation  de  Ste-Hedwige  (S  le-Avoye  par  corrup- 
tion). Il  fut  dirigé  à  partir  de  1621  par  des  religieuses 
Augustines  qui  achetèrent  une  grande  partie  des  maisons 
de  la  rue.  Elles  dépendaient  de  St-Merri.  Le  couvent  fut 
supprimé  en  1790.  Le  percement  de  la  rue  Rambuteau 
en  1840  a  fait  disparaître  les  bâtiments. 

N"  7.  Emplacement  de  l'hôtel  de  Simon  le  Franc, 
bourgeois  notable  au  moyen  âge.  M.  de  Mesmes  sous 
Henri  IV.  Largillière  y  habita  et  y  mourut  en  1746. 

N°  27.  Passe  pour  un  séjour  de  Gabrielle  d'Eslrées  (?) 
Bâti  par  Jean  Paul,  seigneur  de  Maintenon,  qui  le  vendit 
en  1698.  L'abbé  de  La  Blelterie.  historien  et  littérateur, 
vers  1750.  (Mansardes  dans  la  cour.  Porte  à  clous.) 

On  peut  encore  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  .30.  34, 
23,  etc. 

Rue  Beaubourg. 

(Tronçon  entre  la  rue  Rambuteau 
et  la  rue  Simon-le-Franc). 

Au  commencement  du  xi'=  siècle,  c'était  la  voie  d'un 
beau  bourg,  et  l'enceinte  de  Philippe  Auguste  lui  donna 
le  droit  de  cité  sans  l'enfermer  entièrement  dans  Paris. 
Toutes  les  maisons  situées  dans  le  tronçon  de  la  rue 
compris  dans  le  IV*^ arrondissement  sont  curieuses.' 

N°  18.  Vieille  maison. 

N°  15.  Vieille  auberge  du  Petit-St-Jean. 

N°  13.  Rue  des  Étuves.  Au  xiii^  siècle  c'était  la  rue 
des  Vieilles-Etuves-St-Mariin,  au  wv"  c'était  la  rue 
Geoffroy-des-Bains  ou  Ceoffroy-des-Étuves.  Avant  1881, 
on  disait  rue  dos  Étuves-St-Martin.  l'^llc  doit  son  nom  à 


IV^    AIIUONDISSEMENÏ.  121 

un  établissement  de  bains  ou  étuves  pour  leniines,  qui 
s'y  trouvait.  Le  droit  de  tenir  des  bains  appartenait 
jadis  à  la  corporation  des  bai'bicrs-ctuvistes.  Ces  établis- 
sements étaient  jadis  des  lieux  de  débauche.  Les  maisons 
du  côté  de  la  rue  Beaubourg  sont  curieuses,  notamment 
les  7,  4,  5,  3,  etc. 

N°  11.  Inscription  ancienne  du  nom  de  la  rue  ainsi 
qu'au  7. 

N°  4.  Enseigne  :  Restaurant  du  Beau  Bourg,  tenu 
par  le  Roi  du  Bon  Vin  ! 

N°  2.  Vieille  maison  ainsi  qu'au  1.  (Grille.) 

N°  9.  Rue  de  Venise. 

Rue  de  Venise. 

Entre  la  rue  Beauboupg  et  la  rue  St-Martin  elle  s'ap- 
pelait rue  de  la  Courroierie,  et  ce  tronçon  a  été  réuni  à  la 
l'ue  de  Venise  en  1851.  Cette  l'ue  de  la  CouiToierie  s'ap- 
pelait au  xvn'=  siècle  l'ue  Lingarière  et  aussi  rue  de  la 
Plâtinère,  au  xiv*  siècle  rue  de  la  Corroierie,  au  xv*^  rue 
de  la  Plastaye.  Depuis  le  nom  de  la  Corroierie  avait 
prévalu.  (Inscription  rue  de  la  Corroierie  au  coin  de  la 
rue  St-Martin.)  Quant  à  la  rue  de  Venise  elle  s'étendait 
primitivement  entre  la  rue  Quincampoix  et  la  rue 
St-Martin.  Elle  existait  eu  1250  et  s'appelait  rue  Hen- 
debourg,  Erambourt,  et  quelque  temps  rue  Bertaut-qui- 
dort.  En  face  de  son  débouché  dans  la  rue  Quincampoix 
se  trouvait  l'impasse  de  Venise  du  xiii''  siècle,  qui  s'était 
appelée  cul-de-sac  Batave  à  cause  de  son  voisinage  de  la 
cour  Batave.  Une  enseigne  :  «  A  l'Ecu  de  Venise  »  lui  a 
valu  son  nom  et  en  1851  on  lui  a  réuni  sous  la  même 
dénomination  la  vieille  rue  de  la  Corroierie.  La  rue  de 
^'enise  actuelle  est  certainement  une  des  plus  curieuses 


122       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

du  Vieux  Paris.  Elle  a  conservé  tont  son  cachet  du  xiv"= 
et  du  xv^  siècle.  Au  moyen  âge  c'était  la  ruelle  des  usu- 
riers, et  au  temps  de  Law  on  s'y  volait,  on  s'y  battait,  on 
s'y  tuait  dans  la  folie  de  l'agio.  Aujoui'd'hui  la  rue 
est  occupée  par  des  bouges  et  des  hôtels  borgnes. 
Toutes  les  maisons  sont  anciennes. 

N"  7.  Impasse  de  la  Baudroierie  (1300).  Était 
habitée  par  des  corroyeurs  ou  baudroyeurs.  (Aspect  très 
curieux.) 

*N°  27.  Ancien  cabaret  de  l'Épée  de  Bois.  De  Horn, 
membre  d'une  famille  princière  d'Allemagne,  et  deux 
gentilshommes  y  assassinèrent  en  plein  jour  le  capi- 
taliste Lacroix  pour  lui  voler  son  portefeuille.  Us  furent 
arrêtés  tous  les  trois  et  l'oués  en  place  de  Grève. 
Mazarin  avait  accordé  en  1658  des  lettres  patentes  à 
une  compagnie  de  maîtres  à  danser  et  de  musiciens  qui 
se  réunissait  dans  ce  cabaret,  et  dont  le  chef  s'appelait: 
«  Le  Roi  des  Violons  »,  et  c'est  là  l'origine  de  notre  Aca- 
démie nationale  de  danse  et  de  musique.  Les  beaux 
esprits,  IMarivaux,  L.  Racine,  etc.,  fréquentaient  ce 
cabaret. 

Rue  Simon-le-Franc. 

Existait  en  1200.  Avant  1890  la  partie  entre  la  rue 
Brisemiche  et  la  rue  St-ÎNIartin  s'appelait  rue  Maubuée 
et  existait  en  1300.  On  l'appela  quelque  temps  rue  des 
Cinges.  Elle  doit  son  nom  à  Simon  Franque,  qui  était 
un  bourgeois  notable  de  ces  parages  au  moyen  âge. 
(Simon  le  Franc  par  altération.)  Cette  rue  est  pitto- 
resque. Presque  toutes  les  maisons  dans  le  haut  de  la  rue 
sont  curieuses  et  sei'vent  maintenant  de  logements  à  la 
nuit.  Dans  sa  partie  est  la  rue  avait  et  a  toujours  plu- 


IV*    ARRONDISSEMENT.  123 

sieurs  maisons  communes  avec  la  rue  G eoffroy-F Angevin. 

N°  52.  Fronton  aux  armes  de  Paris.  Fonlaine  Mau- 
buce.  (Voir  122,  rue  St-Martin.) 

N"  22.  Plaque  de  nom  de  rue  très  ancienne. 

N°  20.  Rampe  d'escalier.  Appuis  de  fenêtres.  Porte 
Louis  XIII. 

N°  18.  Maison  ancienne. 

N'  17.  Maison  de  M.  Buisson,  intendant  des  finances 
en  1692. 

N"  11.  L'abhé  de  Beaulicu,  lils  de  Mme  d'Epinay 
(1771). 

N"  9.  Habitation  de  M.  Piobert,  procureur  du  Roi  en 
1707. 

N"  8.  Emplacement  d'un  hôtel  de  Mesmes  qui  fut 
habité  par  Cassini  de  Thury,  maître  des  comptes  et  fils 
de  J.-D.  Cassini,  premier  astronome  du  Roi. 

N"  29.  Rue  Brisemiche. 

Rue  Brisemiche. 

Cette  curieuse  ruelle  avec  ses  enseignes  a  conservé  .son 
aspect  moyenâgeux.  La  partie  entre  la  rue  Simon-le- 
Franc  et  la  rue  St-Merri  s'appelait,  avant  1868,  rue  du 
Poirier;  elle  existait  au  xiii''  siècle.  La  partie  entre  la 
rue  St-Merri  et  la  rue  du  CIoître-St-Merri  a  été  ouverte 
au  xv''  siècle  sous  le  nom  de  Brisemiche. 

Elle  doit  son  nom  à  une  boulangerie  du  chapitre  de 
St-Merri.  Presque  toutes  les  maisons  sont  anciennes, 
curieuses  et  pittoresques. 

N°  29.  On  y  voit  encore  un  crochet  pour  la  chaîne  qui 
fermait  la  rue  au  moyen  âge. 

N"  26.  Vieille  et  curieuse  maison  ainsi,  qu'au  20. 

N°  7.  Rue  Taillepain.  S'appelait  déjà  rue  Baillehoë 


12'i       PROMENADES    DANS    TOUTES    LKS    RUES    DE    PARIS. 

en  1300.  En  1517,  c'était  la  rue  Brisepain,  Tranche- 
pain,  etc.  Son  nom  lui  vient  connue  celui  de  la  rue  Brise- 
miche  de  la  boulangerie  de  St-Merri  et  du  pain  qu'on  y 
taillait  pour  les  chanoines.  Cette  rue,  comme  la  rue  Bri 
semiche,  était  déjà  sous  Louis  XI  un  repaire  de  femmes 
«  folles  et  ivrognesses  de  leurs  corps  »  et  était  soumise 
à  une  police  spéciale. 

N"  5.  Curieuse  construction.  Faisait  partie  du  cloître 
St-Merri. 

N°  3.  Maison  curieuse,  ainsi  qu'au  1. 

Rue  St-Merri. 

Date  du  xin"^  siècle.  Jadis  rue  Neuve-St-Médéric. 

N°  10.  Impasse  du  Boeuf.  S'appelait  impasse  Bec- 
Oye  à  la  fin  du  xiii"  siècle.  La  grille  d'entrée  date  de  1774. 
A  l'entrée  deux  inscriptions  :  Cul-de-sac  du  Bœuf. 

N"  9.  Hôtel  de  Blancmesnil,  chancelier  de  Marie  de 
Médicis.  (Fronton  avec  coquilles.) 

N°  12.  Hôtel  du  président  Le  Rebours  (1685).  (Mas- 
caron.  Consoles.  Cour.  Bel  escalier.  Beau  plafond  à 
l'intérieur.)  Inscription  ancienne  :  Rue  Neuve-Médéric. 
Le  mot  Saint  a  été  effacé  pendant  la  Révolution. 

N"  11.  Porte  datant  de  1640.  Ancienne  manufacture 
de  chandelles. 

N°  14.  Rue  Pierre-au-Lard.  Date  du  xiii*  siècle. 
Nom  par  corruption  de  Pierre  Aulard  qui  était  un 
particulier  notable  y  habitant  au  xiii^  siècle.  En  1500, 
c'était  la  rue  Espaulart,  puis  Pierre -Aulard  au 
xvi''  siècle.  Cette  rue  est  très  pittoresque.  Au  coin  de  la 
rue  inscription  ancienne  :  Rue  Pierre-Aulard.  Au  6, 
sortie  de  l'auberge  de  l'Aigle  d'Or.  Au  12,  rampe  d'es- 
calier en   fer  forgé  d'un    dessin   compliqué   et    rare   à 


IV*    ARnONDISSEMENT.  125 

partir  du  pieniier  étage.  Au  14,  vieille  maison  ainsi 
qu'au  12,  etc. 

N"  13.  Hôtel  Mangot  au  xvi''  siècle.  (Voir  40,  rue  du 
Renard.)  Rue  du  Renard.  (Voir  note  plus  bas.) 

N°  36.  Vieille  maison.  Numérotage  de  1805,  blanc 
sur  fond  rouge.  Inscription  ancienne  :  rue  du  Poii'ier, 
au  coin  de  la  rue  Brisemiche. 

N°  42.  Passage  Jabacli  (1824).  Sur  remplacement 
de  l'hôtel  de  ce  nom  construit  en  1G59  par  BuIIet  pour 
Jabach,  banquier  et  corroyeur.  La  belle  collection  de 
tableaux  réunie  par  ce  fameux  financier  fut  achetée  en 
1071  par  Colbcrt  et  devint  le  noyau  de  nos  trésors  du 
Musée  du  Louvre.  Au  commencement  du  xviiio  siècle  une 
héritière  de  Jabach,  Anne  Jabach,  veuve  de  M.  Four- 
ment,  vendit  Thôtel  au  président  Remijean-Montoire. 
Dans  cet  hôtel  se  trouvait  un  théàti'e  où  débuta  Lekain. 
L'Opéra  le  fit  fermer.  L'hôtel  devint  ensuite  un  dépôt 
de  porcelaines  de  Sèvres  et  de  toiles  peintes  dites  toiles 
d'Orange.  En  1800  le  Comptoir  commercial,  communé- 
ment appelé  Caisse  Jabach,  qui  était  une  annexe  de  la 
Banque  de  France,  s'y  installa  et  y  fonctionna  jusqu'en 
1810.  Au  moment  de  la  Restauration  il  fut  acquis  par 
Rougevin,  Néi'on  et  Merel,  et  on  perça,  à  travers,  le  pas- 
sage qui  aboutit  108,  rue  St-Martin.  (Restes  de  l'hôtel. 
Pilastres  ioniques.)  En  1832  le  passage  servit  de  cita- 
delle aux  insurgés  du  cloître  St-Merri. 

N°  43.  Ferrures  de  fenêtres. 

Rue  du  Renard. 

Existait  avant  1180  et  s'appelait  avant  1.512  Court- 
Robert-de-Paris.  C'était  jadis  une  rue  très  mal  famée  et  le 
rendez-vous   des    femmes    <<    iblieuses    ».    Le   nom  fut 


126       IMÎOMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    l'AlUS. 

changé  sur  la  demande  des  habitants  et  le  nom  actuel 
est  dû  à  une  enseigne  du  «  Renard  qui  pi'êche  »,  qui 
existait  au  xvi^  siècle.  En  1868  on  lui  adjoignit  la  rue  de 
la  Poterie-des-Arcis  qui  allait  de  la  rue  de  la  Verrerie  à 
la  rue  de  la  Tixeranderie  (Rivoli).  Cette  rue  de  la  Pote- 
rie-des-Arcis datait  du  xii''  siècle.  Des  comédiens  obtin- 
rent la  permission  d'y  donner  des  représentations  en 
1600  à  THôtel  d'Argent.  La  rue  a  été  élargie  en  1838. 
La  partie  supérieure  de  la  rue  a  été  démolie.  Les  numé- 
ros pairs  entre  la  rue  de  la  ^'^errerie  et  la  rue  St-Merri 
sont  appelés  à  disparaître  en  partie  pour  l'élargissement 
projeté. 

N°'  40,  38  et  36.  Hôtel  de  la  famille  Mangot  au 
XVI*  siècle.  C.  Mangot,  avocat  (1554).  Claude  Mangol, 
garde  des  sceaux  (1616).  Mlle  Mangot  épousa  Anne  de 
Rochechouart,  comte  de  Tonnay-Charente.  Leur  fils  est 
possesseur  de  1662  à  1672.  Sa  fille  Gabrielle  de  Roche- 
chouart, qui  épousa  Jules-Armand  Colbert,  marquis  de 
Blainville,  quatrième  fils  du  ministre  Colbert  (1682).  Sa 
fille  la  duchesse  de  Rochechouai't,  dont  le  mari  émigra. 
Acheté  par  le  notaire  Dubreuil  (1757).  Les  propriétaires 
furent  ensuite  :  Claude  Cousin,  Angélique  de  Vai'ennes, 
veuve  de  M.  de  Longchamp,  Mme  Popot,  veuve  de 
Michel  Clolus  (1848),  M.  Adrian,  propriétaire  actuel. 
(Escaliers  spacieux.)  Cette  maison  doit  rester;  les  autres 
de  ce  côté  entre  les  rues  Simon-le-Franc  et  St-Merri 
ont  dispax'u  en  1909. 

N"  34.  Maison  curieuse.  Jean  Le  Comte,  conseiller 
d'État  (1590).  Claude  Bonnot,  contrôleur  général  des 
finances  (1595).  Les  hérilio's  de  Bonnot  (1652). 
Regnault  de  Yillasavin  (1661).  Pinette  de  Charmoy  et 
ses  héritiers  (1701).  Lucas  de  Main  (1730).  Jérôme 
Vialis,  écuyer  (1730  à  1742).  Son  neveu  le  baron  de  Clia- 


IV*"   ARRONDISSEMENT.  127 

inouset,  qui  revend  en  1785  à  Anne  Malhon.  Cesse  alors 
d'être  un  hôtel  particulier.  Salle  de  Comédie  d'amateurs 
qui  devint  salle  de  spectacle  public  en  1792  sous  le  nom 
de  Théâtre  de  la  Concorde,  qui  dura  peu.  A  conservé  sa 
forme  du  xvi'"  siècle.  Porte  cochère. 

N°  30.  Maison  moderne.  Syndicat  de  TÉpicerie  fran- 
çaise (1901). 

N°  28-  Emplacement  de  l'hôtel  Pomponne.  (Voir  58, 
rue  de  la  Verrerie.)  Il  existait  là,  il  y  a  quelques  années, 
une  fontaine  marchande  dont  l'ancien  bureau  a  disparu 
en  1909. 

N'"  26,  24.  Hôtel  de  Simon  Marion,  avocat  général 
au  Parlement.  (Voir  60,  rue  de  la  Verrerie).  Démoli 
en  1908. 

i\°  11.  Maison  ancienne. 

N"  15.  Emplacement  d'un  hôtel  qui  en  1629  apparte- 
nait à  Jacques  Ricouard,  contrôleur  général  des  guerres. 
Fernand  Fontaine,  conseiller  du  Roi  (1790).  M.  Onfroy 
(1813).  Cette  maison,  ainsi  que  celles  qui  s'étendent  du 
15  au  29,  ont  été  abattues  de  1836  à  1842  et  reconstruites 
sous  Louis-Philippe. 

N"  19.  Emplacement  d'un  hôtel  appartenant  à  Michel 
Marescot,  médecin  accoucheur  de  Marie  de  Médicis.  Son 
fils  Guillaume,  maître  des  requêtes,  qui  céda  en  1624  la 
Jouissance  d'une  partie  de  sa  propriété  aux  Juges-Con- 
suls qui  s'étaient  installés  en  1570  dans  l'hôtel  du  prési- 
dent René  Baillet.  La  propriété,  qui  avait  son  entrée 
principale  rue  du  Cloître-St-Merri,  devint  bien  national 
et  le  Tribunal  de  Commerce  continua  à  y  siéger  jusqu'en 
1825.  Ces  bâtiments  furent  démolis  en  1836  par  le  perce- 
ment de  la  rue  du  Cloître-St-Merri  sur  la  rue  du  Renard. 

N°  21.  Emplacement  de  la  propriété  de  René  Baillet, 
président  au  Parlement  (1570).  Nicolas  Potier  de  Blanc- 


■1-28       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

niesnil,  président  au  Parlement  (1635).  Hôtel  du  Président 
de  Lesseville  (1700).  Billard  de  St-Aubin.  M.  Gillard 
(1786).  Ecole  communale. 

N°'  23,  25  et  27.  Emplacement  de  l'hôtel  Potier  de 
Blancmesnil  au  xvi"  siècle.  Nicolas  Potier  de  Blanc- 
mesnil,  chancelier  de  Marie  de  Médicis.  Son  fils,  prési- 
dent à  la  Chambre  des  Comptes,  mort  en  1628.  Son  fils, 
René  Potier  de  Blancmesnil,  conseiller  au  Parlement  en 
1646  et  arrêté  en  même  temps  que  Broussel.  Son  petit- 
fils,  René  de  Marillac,  conseiller  d'État,  en  hérita  en 
1681.  Son  arrière-petit-fils  Charles-Armand  de  La  Tré- 
moïUe  (1717).  Son  petit-fils,  Jean  Bretagne,  Charles 
Godefroy,  duc  de  La  Trémoïlle  (1741),  pair  de  France. 
Séquestré  pendant  la  Révolution.  Loué  à  un  sieur  Coque- 
lin,  fabricant  de  chapeaux,  ^'endu  Tan  VIII  et  cédé  à  la 
ville  en  1835.  Le  23  l'ait  partie  de  Fécole. 

N°  29.  Appartenait  en  1786  à  M.  Norblin.  La  der- 
nière maison  à  gauche  appartenait  à  M.  Jacques  Garan- 
ger,  procureur  (1750). 

Rue  du  Cloître-St-Merri. 

Existait  au  xiv'=  siècle  et  était  compinse  dans  le  cloître 
de  St-Merri,  qui  comprenait  également  dans  son  péri- 
mètre les  ruesTaillepain  et  Brisemiche.  Avant  Louis  XIV 
les  chanoines  de  St-Merri  exerçaient  une  juridiction  tem- 
porelle, ctleui's  droits  de  justice  s'étendaient  sur  33  rues. 
Dans  cette  rue  eut  lieu  le  8  juin  1832  un  véritable  mas- 
sacre (journée  du  cloître  St-Merri).  La  rue  a  été  pro- 
longée en  1836  jusqu'à  la  rue  du  Renard.  Elle  débou- 
chait antérieurement  sur  la  rue  de  la  Verrerie  et  ce 
tronçon  est  devenu  la  rue  des  Juges-Consuls. 

N'^  8.   Emplacement  d'un  ancien  hospice  fondé  vers 


IV*"    ARRONDISSEMENT.  12",» 

1790  par  Esprit  Viennet.  ancien  curé  de  St-Merri. 
Fourneau  économique  sous  Napoléon  III.  Aujourd'hui 
école  de  filles. 

N°  16.  Famille  de  Lesseville.  Dabos,  seigneur  de 
Binanville,  conseiller  au  Parlement.  Le  marquis  Dabos 
de  Binanville,  son  fils,  premier  chambellan  du  comte  de 
Provence,  réunit  le  IG  au  14.  Le  14  fut  vendu  à  Robert 
Aniel,  huissier  à  cheval  au  Châtelet.  et  le  IG.  confisqué 
pendant  la  Révolution,  lut  adjugé  eu  1791  au  citos'en 
Simon  Gabriel.  Dans  celle  maison  se  trouvent  deux  esca- 
liers assez  intéressants  :  le  preuiier  a  une  rampe  en  fer 
forgé,  le  second  date  du  xv"  siècle.  (Noyau  en  bois  mou- 
luré et  contourné.) 

N°  20.  Pierre  Hennequin,  président  à  mortier.  Nicolas 
Hennequin,  président  du  Grand  Conseil.  Henri  de  Gouf- 
fîer,  marcjuis  de  Boissy.  Son  fils  Artus  de  Gouffîer,  duc 
de  Roanne,  qui  le  laisse  en  166G  à  sa  maîtresse  Mme 
lïéliot.  Savari,  grand  maître  dos  eaux  et  forêts  de  Nor- 
mandie. Son  fils,  Savai'i,  sieur  de  Boutez'villiers,  vend  en 
1704  à  Jacques  Molin.  bourgeois  de  Paris.  Delbos  de  La 
Borde.  Famille  Le  Coule  en  180S. 

N°  22.  Appartenait  avant  la  Révolution  au  Chapitre 
de  St-Mcrri.  Le  sieur  Ragueneau,  avocat  au  Parlement, 
y  était  locatair-c  vcr^^  1650.  La  maison  a  été  reconstruite 
sous  Louis  Xy,  ainsi  que  le  24,  par  les  chanoines  pour 
augmenter  le  prix  de  la  location. 

N°  24.  Emplacement  de  l'ancienne  prison  des  cha- 
noines de  St-Merri. 

Du  côté  impair  de  la  rue  se  développe  la  belle  façade 
nord  de  l'église  St-jNIerri.  On  voit  au-dessus  des  fenêtres 
ogivales  de  cette  façade  quelques-uns  de  ces  vieux  logis 
autorisés  jadis  par  les  fabriciens. 

IV"    ARROND.  9 


130       JMîOMlîNAlU'S    DANS    TOUTES    LES    lUH'S    DE    1>A1US, 


jRize  S t- Martin. 

(Partie  comprise  entre  le  quai  de  Gesvres 
et  la  rue  de  Rambuteau.) 

C'était  jadis  la  grande  voie  romaine  des  provinces  du 
Nord,  et  elle  a  possédé  quatre  portes  suivant  les  enceintes 
successives  de  la  ville  :  la  première,  de  Fenoeinte  de 
Louis  VI,  près  l'église  St-Mcrri  (archet  St-Merri): 
les  li-ois  autres  étaient  situées  dans  la  partie  de  la  rue 
qui  traverse  le  111"  arrondissement.  C'étaient  :  la  porte 
de  l'enceinte  de  Philippe  Auguste,  près  de  la  rue  Grenier- 
St-Lazare  ;  la  ti'oisième  se  trouvait  à  hauteur  de  la  rue 
Blondel,ellaquatrième,de  l'enceinte  de  Louis  Xlll.esl  la 
porte  St-Martin  actuelle,  sur  le  boulevard  St-Martin.  La 
partie  entre  le  quai  de  Gesvres  et  la  rue  de  la  Vannerie 
(avenue  Victoria)  s'appelait  jadis  rue  de  la  Planche- 
Mibray.  La  partie  entre  l'avenue  Victoria  et  la  rue  de 
la  Verrerie  s'appelait  rue  des  Arcis.  Ces  deux  rues  delà 
Planche-iNIibray  et  des  Arcis  étaient  sépai'ées  par  le 
carrefour  Guillcri  qui  se  trouvait  à  l'extrémité  de  la  rue 
de  la  Coutellerie,  et  furent  réunies  à  la  rue  St-Martin,  qui 
s'appelaitrue  St-JMarlin-des-Champs  en  1231,  etquidevait 
son  nom  à  l'ancien  prieuré  de  St-Martin-dcs-Chamj>s. 
(Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.)  La  rue  St-Martin  est 
intimement  liée  à  l'histoire  de  France.  Elle  fut  le  théâtre 
des  luttes  des  Armagnacs  et  des  Bourguignons  (1418)  et 
des  insurrections  de  1832, 1839,  1848,  etc.  Mlle  Laguerre 
est  morte  en  1783  rue  St-Martin.  Chai'lcsd'Hozier,  com- 
plice de  Cadoudal,  fut  arrêté  le  31  mars  an  Xll  chez  le 
fripier  Gallet  qui  était  au  GO.  L'hôtel  du  comman- 
dant de  la  Garde  de  Paris,  de  1771  à  1789.  était  situé 


1V«    ARHOXniSSEMEXT.  131 

aux  II"'  31  cl  33  (anciens).  La  partie  smi  de  la  rue  a  été 
reconstruite  eu  1854, 

N°  76.  Ancien  logis  des  chanoines  de  St-Merri. 

*  N"  78.  Église  St-Merri,  construite  de  1520  à  1G12. 
Là  se  trouvait  au  vii^  siècle  une  chapelle  dite  de  St- 
Pierre.  Sur  son  emplacement  on  construisit  une  nou- 
velle église,  sous  le  vocable  de  St-Pierre  et  de  St-Merri, 
en  Thonneur  du  saint  mort  en  700  dans  ces  parages,  et 
qui  y  lut  inhumé.  Erigée  en  collégiale  en  884.  Recous- 
truite  sous  François  l''^  La  tour  gothique  a  été  retou- 
chée au  xvii"  siècle.  Les  statuettes  des  voussures  au 
portail  ont  été  faites  d'après  des  moulages  pris  à  Notre- 
Dame.  Eudes  le  Fauconnier,  un  des  fondateurs  de  l'église, 
est  enterré  sous  le  chœur  (insciiption).  Le  poète  Chape- 
lain y  fut  enterré  ainsi  que  Largillière.  Verrières  remar- 
quables. Peintures  de  Th.  Ghasseriau  dans  la  chapelle 
Ste-Marie-l'Egyptienne.  Crypte  ogivale  très  intéressante 
avec  piliers  et  retombées  de  voûtes,  culs-de-lampe  à 
ligures  humaines.  Dans  cette  crypte  se  trouvent  les 
restes  de  St  Merri  enfermés  dans  une  châsse  et  une 
intéressante  dalle  tumulaire.  Il  existe  encore  d'autres 
chapelles  souterraines  qui  ne  sont  pas  encore  dégagées 
et  qui  continuent  cette  crypte  autour  du  chœur.  L'église 
St-Merri,  intéressante  à  visiter  eu  détail,  possédait  12 
superbes  tapisseries  faites  au  xvi"  siècle  par  Dubourg  à 
l'hôpital  de  la  Trinité,  dans  la  salle  des  Confrères  de  la 
Passion.  (Un  fragment  :  la  tête  de  St  Pierre,  est  au 
Musée  de  Cluny.)  L'église  posséda  aussi  longtemps  le 
tableau  représentant  Ste  Marie  F  Égyptienne  se  livrant 
aux  bateliers  pour  payer  son  passage.  (Voir  rue  de  la  Jus- 
sienne.)  Pendant  la  Révolution  l'église  fut  dite:  Temple 
du  Commerce. 

N''  79.  Curieuse  impasse  St-Piacre  (1412),  qui  doit 


132      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    J>E    PARIS. 

son  nom  à  une  enseigne  qui  décorait  la  maison  d'un 
maître  de  coches.  Avant  celte  enseigne  il  existait  une 
autre  maison,  rue  St-Thomas-du-Louvrc,  où  on  louait 
des  voitures,  et  cette  maison  était  tenue  par  un  nommé 
Fiacre,  dont  le  nom  peut  avoir  été  Torigine  du  nom 
donné  par  la  suite  aux  véhicules  de  louage.  Inscription 

ancienne  :  Cul-de-sac fiacre.  Le  mot  «  saint  »  a  été 

mutilé  pendant  la  Révolution. 

N"  81.  Maison  du  poêle  ('liapelain.  aiileur  de  l.<i 
Piiccilc. 

j\"  85.  Dans  le  (bnd  de  la  eoiw,  au-dessus  d'une 
porte  d'un  coi'ridor,  grille  en  fer  forgé  d'un  travail  du 
xviii'=  siècle. 

N°  89.  INIaison  dite  de  l'Annonciation.  Bas-reliel  du 
xvii''  siècle.  Provient  d'un  ordre  religieux. 

N°91.  Rue  de  La-Reynie  (tronçon  jusqu'au  boule- 
vard Sébastopol)  (1248).  S'appela  rue  Troussevache 
avant  1873.  La  partie  entre  la  rue  St-Martin  et  la  rue 
Quincampoix  s'appelait  avant  1851  rue  Ogniart.  (Inscrip- 
tion ancienne  :  rue  Ogniard,  au  coin  de  la  rue  Quincam- 
poix.) La  rue  actuelle  doit  son  nom  à  Nicolas  de  La 
Reynic,  premier  lieutenant  général  de  police  (1G25-1709). 
Ce  fut  lui  qui,  par  son  ordonnance  de  1GG9.  prescrivit  de 
placer  des  lanternes  aux  extrémités  et  au  milieu  de 
chaque  rue.  Les  bourgeois  étaient  chargés  de  les  allumer 
et  de  les  éteindre  :  ils  ne  furent  déchargés  du  soin  des 
lanternes  qu'en  1758  et  Sartines  remplaça  les  chan- 
delles par  les  réverbères  à  poulies  en  1769.  La  rue  de 
La-Reynie  communiquait,  avant  1854,  avec  la  rue  des 
Lombards  par  la  rue  des  Trois-Maures,  qui  s'appelait 
rue  Guillaume-Josse  en  1200.  Cette  rue  a  ét«'  absorbée 
par  le  boulevard  Sébastopol. 

N°  97.  Maison  assez  curieuse,  ainsi  que  le  99. 


IV    AnnONDISSEMENT.  133 

N°  100.  Maison  a  pignon.  Ferrures. 

N"  100.  Rue  Aubry-le-Bouciier.  Sappelait  déjà 
ainsi  avant  1273.  Dans  totlo  rue  habitait  le  premier  pré- 
sident de  Laïuoignon  et  là  naquit,  en  1644,  Etienne-Fran- 
çois de  I.auioignon.  ()n  peut  jeter  un  coup  d'œil  sur  les 
15,  17,  elc,  qui  sont  anciens.  Le  22  est  à  l'enseigne  de 
la  Grappe  d'Or,  et  le  18  s'élève  sur  remplacement  de 
réglise  St-Jossc,  du  x''  siècle,  reconstruite  en  1671  et 
démolie  en  1791. 

En  1832,  à  Tangle  de  la  rue  Aul)ry-Ie-Bouclier  et  de  la 
l'ue  St-Marlin  se  trouvait  la  dernière  barricade,  centre 
de  Tinsurrection  qui  eut  lieu  à  la  suite  de  Tenterrement 
du  général  Lamarque. 

N  "  103.  Maison  dite  <'  des  Monnoyes  >•>  à  cause  d'un 
trésorier  royal  qui  y  habita.  Le  conseiller  Gérard  au 
xv!!*^  siècle.  Jean  Bart  y  habita.  (Décoration  du 
xv!!!"^  siècle  comprenant  comme  motif  :  un  casque  ailé 
de  Mercure,  une  ancre  marine,  des  ballots.) 

N"  104.  Porte. 

N"  108.  Passage  Jabach  (1824).  Sur  une  partie  do 
rhôtel  du  financier  de  ce  nom.  (Voir  42,  rue  St-Merri.) 

N°  116.  Maison  dite  des  Goths.  Très  jolies  colonnettes 
et  bas-reliefs. 

N°  120.  Enseigne  de  1745.  (Au  Cerf.)  Dans  cette 
maison  se  trouvent  deux  étages  de  caves  et  un  vieux  puits 
dans  la  cave. 

N°  111.  Maison  du  xyiii"^  siècle,  jadis  à  l'enseigne  du 
Gros  Grenat,  comme  nous  le  dit  Tinsci'iption  à  demi 
effacée  placée  entre  les  deux  fenêtres  du  premier  étage. 

*  N°  122.  Jolie  fontaine  Maubuée,  mentionnée  dès 
1320  et  reconstruite  en  1733.  Le  mot  Maubuée  vient  de 
mauvaise  buée,  mauvaise  fumée.  La  maison  où  se  trouve 
la  fontaine  appartenait  en  1342  à  Joan  de  La  Marche, 


134       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

maître  des  requêtes  du  Roi,  qui  la  louait  à  Jehan  Voyant, 
bourgeois  de  Paris.  Elle  fut  reconstruite  et  au  moment 
de  la  Révolution  elle  était  habitée  par  le  cocher  de  la 
duchesse  de  Bouillon. 

N°  119.  Inscription  relatant  que  la  coi'poration  des 
Mei'ciers-Joailliers  de  Paris  occupait  avant  la  Révolu- 
tion l'emplacement  des  maisons  numérotées  aujourd'hui 
117  et  119  de  la  rue  St-Martin.  Une  autre  inscription  est 
placée  aux  38,  40,  rue  Quincampoix.  La  compagnie  des 
Merciers  ne  fit  l'acquisition  des  maisons  de  la  rue 
St-Martin  que  trente  ans  après  l'achat  de  l'immeuble  de 
la  rue  Quincampoix.  Les  plaques  ont  été  posées  en  1904 
par  les  soins  des  Chambres  syndicales  des  Merciers  de 
gros  et  de  détail  de  Paris. 

N"  128.  Curieuses  mansardes. 

N"  134.  A  la  Grappe  d'Or. 

N°  129.  Mascaron. 

Rue  Quincampoix. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  de  Rambuteaii 
et  la  rue  des  Lombards.) 

Cesl  une  des  plus  anciennes  rues  de  Paris.  Jadis 
Quiquempoït  ou  Qui-qu'en-poist.  Lenom  vient  peut-être 
d'un  particulier  nommé  Nicolas  de  Kiquenpoit.  Elle  a 
été  surnommée  rue  des  Cocus.  La  partie  de  la  rue  située 
entre  la  rue  des  Lombards  et  la  rue  Aubry-le-Boucher 
s'appelait  avani  1851  rue  de>^  Cinq-Diamants,  et  ce  noui 
avait  été  emprunté  à  l'enseigne  d'un  joaillier.  Avant 
1210,  l'abbaye  de  Livry  était  propriétaire  d'un  four  dans 
la  rue  Quincampoix.  Le  corps  des  IMei'ciei's  s'est  formé 
dans  cette  rue  et  y  maintint  son  bureau  pendant  plus  de 
cinq  siècles.  En  1718.  la  rue  fut  le  rentre  de  l'agio,  et 


IV«   ARRONDISSEMENT.  135 

on  rappelait  :  le  Mississipi.  La  banque  de  Law  était 
installée  dans  Thôtel  de  Beauffort.  qui  a  été  détruit  par  le 
percement  de  la  nie  Raniiuileau.  et  chaque  maison, 
chaque  échoppe,  toutes  les  caves  et  les  greniers  se  metr- 
taient  aux  enchères  et  étaient  enlevés  à  des  prix  fabu- 
leux. 

N°  60.  Ancien  hôtel  de  Sémonville. 

N°  58.  Restes  d'un  ancien  hôtel. 

N"  56.  Enseigne  du  Coq. 

N"  47.  Emplacement  de  l'ancienne  impasse  de  Venise 
du  xin'^  siècle.  Plus  tard,  cette  impasse  dispai'ue  commu- 
niquait avec  la  rue  St-Denis  par  la  cour  Batave. 

N"  54.  Cabaret  hisiorique  de  TÉpée  de  Bois,  (^'oir  rue 
de  Venise.) 

N"  43.  Maison  d'un  savetier  qui  louait  son  échoppe 
iOO  livres  par  jour  à  des  joueurs  du  temps  de  Law. 

N°  46.  Vieille  maison.  (A  la  Buvette  roulante.) 

N°'  40-38.  Emplacement  de  l'entrée  principale  des 
bureaux  de  la  corporation  des  Merciers-Joailliers  avant 
la  Révolution.  (Inscription.) 

N°  36.  Porte  cochère  massive  ornée  de  sculptui'es  en 
liaut-relief  se  composant  de  tètes  de  femmes  taillées  en 
plein  bois  (xvni'=  siècle).  liùtcl  à  la  nuit  avec  chambres 
depuis  0  fr.  50! 

N°  34.  Habitation  do  La  Reynie,  lieuleuant  général 
de  police.  (Imposte  demi-circulaire  de  la  porte.) 

N"  33.  Habitation  de  l'abbé  Hamelin,  curé  de  St-Josse 
au  xviii<=  .siècle.  Ancien  bureau  des  Layctiers.  Tabletiers, 
Eventaillistes. 

N"  31.  Emplacement  de  l'ancienne  église  St-Josse, 
érigée  en  1260  à  la  place  d'un  oratoire  élevé  en  commé- 
moration d'un  séjour  fait  en  cet  endroit  par  St  Josse, 
fils   d'un  roi  de  Bretagne.  Une   confrérie  de  St-Fia<re 


136       MIOMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    UL    PARIS. 

s'y  installa  en  1415.  L'église  fut  rebàlic  en  1671  et  dès 
lors  et  jusqu'en  1703  elle  du  desservie  par  des  Eudistes. 
Elle  fut  démolie  en  1791. 

N°  29.  Vieille  maison  ainsi  quaux  2<S  et  27. 

N''  26.  Appartenait  à  Vannelin.  geôlier  du  Chàtelet. 
Cette  maison  était  jadis  à  l'enseigne  de  la  Main  Dorée. 

N°22.  Vieille  maison  ainsi  qu'au  24.  (Curieux  coup 
d'œil  sur  la  rue  de  La-Reynie.) 

N°  14.  Pox-te  cochère  Louis  X\' avecécusson  de  genre 
rocaille.  Escalier. 

N"  12.  Vieil  hôtel.  Porle  lardée  de  gros  clous. 

N°  10.  Vieil  hôtel.  l*ortail  orné  d'une  clef  représen- 
tant une  tête  de  Bacchus.  Rampe  en  fer  forgé.  Dans  la 
cour  imposte  en  fer  d'une  grande  importance.  (Façade 
du  XVII i*^  siècle.) 

N"  15.  Vantaux  de  portes  lardés  de  gios  clous,  ainsi 
qu'au  13. 

N°  2.  Maison  qui  surplombe. 

N"  1.  Emplacement  d'une  maison  démolie  qui,  au 
début  du  xviii"  siècle,  appartenait  au  maréchal  de  Balin- 
court. 

JRue  des  Lombards. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  St-Martin 
et  le  boulevard  Sébastopol). 

Ouverte  au  xiii^  siècle.  Ce  fut  la  patrie  des  pré- 
teurs sur  gages  que  l'on  appelait  les  Lombards.  Aujour- 
d'hui c'est  le  centre  de  l'herboristerie.  On  dit  que 
Boccace  est  né  dans  celte  rue.  La  maison  du  Poids  du 
Roi  dont  les  privilèges  appartenaient  depuis  Louis  VII 
au  Chapitre  de  Notre-Dame  y  était  située  au  xvii®  siècle. 
II  y  a  quelques  années  nous  y  voyions  l'ancien  magasin 


IV'^    AKRONUISSEMENT.  137 

de  confiserie  :  Au  Fidèle  Berger  (1720)  (transporté 
depuis  9,  boulevard  de  la  Madeleine),  dont  le  poète 
Gilbert  était  le  dcvisier. 

N°  4.  Cave  gothique  (arcades  à  demi-piliers  saillants) 
qui  paraît  du  xiv"^  siècle.  Escalier  à  balustres  de  bois. 

N°  10.  Maison  à  pignon.  Enseigne  :  Au  Grand 
Monarque. 

N"  13.  Enseigne  de  Notre-Dame  des  Victoires. 

N*^  14.  Celle  njaison  possède  des  caves  de  la  fin  du 
xiii'^  siècle. 

N°  17.  Ferrures  de  balcon. 

N°  26.  Au  Pilon  d"Or. 

Boulevard  Sébastopol. 

(Côté  pair  du  tronçon  situé  entre  lavenue  Victoria 
et  la  rue  Rambuteau.) 

Couinicncé  en  1854  et  inauguré  en  1858  par  Napo- 
léon III.  Il  lut  primitivement  appelé  boulevard  du 
Centre.  Nom  en  mémoire  de  la  prise  de  Sébastopol 
(1855).  Dans  son  parcours  dans  le  1V'=  arrondissement 
ce  boulevard  a  fait  disparaître  :  la  rue  de  la  Savonnerie 
qui  s'étendait  entre  la  rue  de  la  Boucherie  et  la  rue  des 
Eci'ivains  (Rivoli);  la  rue  de  la  Vieille-Monnoie  qui 
allait  de  la  rue  des  Ecrivains  à  la  rue  des  Lombards  ; 
la  rue  des  Trois-Morcs,  ex-rue  Guillaume-Josse  au 
xni'=  siècle,  qui  allait  de  la  rue  des  Lombards  à  la  rue  de 
La-Reynie,  et  une  partie  de  la  cour  Batave.  Ce  boule- 
vard n'a  rien  de  bien  intéressant. 

N°  4.  Enseigne  des  Ciseaux  d'Argent. 

N°  28.  Enseigne  de  chapelier  :  A  l'Hérissé. 


138       PROMENADES    DANS    TOUTES     ^ES    RUES    DE    PARIS. 

Rue  de  Rambuteaii. 

(Côté  impair  de  la  partie  comprise  entre  le  boulevard 
Sébastopol  et  la  rue  des  Archives.) 

Commencée  en  1838  et  terminée  en  1844.  Nom  en 
mémoire  du  Préfet  de  la  Seine  sous  la  direction  duquel 
la  rue  a  été  formée.  Elle  a  absorbé  dans  le  IV*^  ari'ondis- 
sement  la  rue  des  Menestriers,  qui  s'étendait  entre  la 
rue  St-Martin  et  la  rue  Beaubourg  et  qui  s'appelait  rue 
des  Jongleurs  au  xiii'"  siècle.  Talma  est  né  dans  cette 
rue  des  IMenesti'iers.  La  rue  moderne  a  également  fait 
disparaître  le  couvent  de  Ste-Avoie,  de  1288,  dirigé  par 
les  Augustines  à  partir  de  1621  et  suppx'imé  en  1790. 

N°  49.  Maison  dédiée  à  Jacques  Cœur.  (Buste.)  Le 
grand  argentier  de  Charles  YII  possédait  Thôtel  du  car- 
dinal de  La  Balue  qui  était  situé  rue  de  THomme-Armé. 

N°  29.  Inscription  relatant  qu'un  certain  Flamand 
Devergie  posa  la  première  pierre  de  cette  rue  en  1839. 

N°  5.  On  a  découvert  ici  en  1909  un  fragment  de  l'en- 
ceinte de  Philippe  Auguste. 

Rue  des  Francs-Bourgeois  (côté  impaii). 

Au  xiii"  siècle,  la  rue  s'appelait  rue  des  Vieilles-Pou- 
lies. La  partie  entre  la  rue  du  Chaume  (des  Archives) 
et  la  rue  VieilIe-du-TempIe  s'appelait  rue  de  Paradis-au- 
Marais  ;  la  partie  entre  les  rues  Pavée  et  de  Turenne 
s'appelait  rue  Neuve-Ste-Catherine.  Ces  deux  rues  ont 
été  réunies  en  1868  à  la  rue  des  Francs-Bourgeois  qui 
s'étendait  entre  les  rues  YieilIe-du-Temple  et  Pavée.  La 
partie  située  entre  la  rue  de  ïurenne  et  la  place  des 
Vosges  s'appelait  nie  de  l'Echarpc  cl  devait  son  nom  à 


IV^    ARnONDISSEMENT.  139 

une  taverne.  L'abbé  Delille,  le  poète,  logeait  en  1804  rue 
Neuve-Ste-Calherine  (au  14).  En  1807  Delauibre  était 
au  IG  (ancien)  de  la  rue  de  Paradis.  En  1793,  le  docteur 
Desgenettes  habitait  3,  rue  de  Paradis. 

Au  moyen  âge  les  petits  ])ourgeois  restaient  serfs  en 
ce  qui  concernait  leur  domicile  ;  les  grands  bourgeois 
pouvaient  changer  de  place  pourvu  qu'ils  demeurassent 
justiciables  de  la  même  seigneurie  locale  ;  les  francs- 
bourgeois  étaient  tout  à  fait  libres  et  à  cause  de  leur 
pauvreté  ils  étaient  exempts  de  toutes  taxes  de  pauvres, 
de  boues  et  de  lanternes  et  de  toutes  autres  impositions 
de  voirie  auxquelles  étaient  assujettis  les  bourgeois  de 
Paris.  Ils  habitaient,  dans  ce  quartier,  les  maisons 
d'aumône.  Ces  maisons  étaient  devenues  une  sorte  de 
cour  des  Miracles  et  elles  furent  abattues  au  milieu  du 
xvi^  siècle,  et  le  lieu  annexé  au  jardin  du  cardinal  Jean 
Bertrand  (1555),  garde  des  sceaux.  (Maison  de  Jehan  Le 
Blanc  au  44,  dans  le  III"  arrondissement.) 

N°  55.  INIonl-de-Piété  fondé  par  Louis  XVI  et  réor- 
ganisé en  1804  par  Napoléon.  (Inscription  dans  la  cour.) 
Sur  le  sol  de  la  cour,  dite  de  l'Horloge,  nous  voyons  le 
tracé  de  la  muraille  de  Philippe  Auguste  (1190).  Dans 
une  autre  cour  (celle  qui  donne  57,  rue  des  Francs-Bour- 
geois) se  trouve  la  base  d'une  des  tours  de  cette 
enceinte,  surélevée  en  brique.  A  côté  de  la  tour  on  a 
réédifié,  en  1885,  la  façade  de  lancien  hôtel  de  Nouvion 
qui  avait  été  détruit  en  1G38.  Le  Mont-de-Piélé  occupe 
une  partie  de  l'emplacement  de  Lancien  couvent  des 
Blancs-Manteaux.  En  1907,  Abd-el-Aziz,  sultan  du  Maroc 
y  engagea  ses  bijoux  pour  1  200  000  francs. 

N"  53.  Rue  des  Guillemites.  Ainsi  dénommée  en 
1813.  Elle  est  tracée  sur  le  jardin  des  Guillemites,  reli- 
gieux des  Blanf^s-Manieaux.  La  parlic  comprise  entre  la 


140       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

rue  des  Blancs-Manteaux  et  la  rue  Sle-Croix-de-la- 
Bretonnerie  s'appelait  rue  des  Singes  et  antérieurement 
rue  Pierre-d'Etanipes.  Cette  rue  des  Singes  a  été  réunie 
à  la  ruades  Guilleraites  en  1868.  Au  5,  porte  à  clous.  Au 
6,  vieille  maison  et  curieux  passage  des  Singes  menant 
rue  Vieille-du-Temple.  Au  10,  arcade  charretière.  Au  14, 
restes  du  couvent  des  Blancs-Manteaux  reconstruit  en 
1685.  Avant  Touverlure  de  la  rue  ces  bâtiments  se  rac- 
cordaient avec  ceux  de  la  cure  actuelle.  En  l'ace  du  14, 
sur  le  pavage  de  la  rue,  un  demi-cercle  indique  rempla- 
cement d'une  des  tours  deFenceinte  de  Philippe  Auguste. 
Le  père  de  Bailly,  maire  de  Paris,  habitait  rue  des 
Singes  au  coin  de  la  rue  des  Blancs-Manteaux. 
N'^  51.  Maison  curieuse  et  ancienne. 
N'^'49.  Inscription  ancienne  :  Rue  Paradis, 
N"  47.  Restes  de  l'ancien  hôtel  d'Adjacet  qui  s'éten- 
dait également  sur  une  partie  de  remplacement  du  marché 
des  Blancs-Manteaux.  Pavillon  de  l'hôtel  d"0.  François 
de  Fresnes,  marquis  d'O,  était  surintendant  des  finances 
sous  Henri  111.  Détesté  de  tous,  il  mourut  en  1594, 
ruiné  malgré  ses  concussions.  (Lucarnes  vermiculées.) 
Autre  façade  2  et  4,  rue  du  Marché-des-Blancs-Man- 
teaux. 

N°45.  Rue  des  Hospitalières-St-Gervais  (1817). 
Tracée  sur  l'emplacement  du  couvent  des  religieuses  de 
St-Anastase  ou  St-Gervais.  Ces  religieuses  adminis- 
traient, depuis  le  mv°  siècle,  un  hôpital  qui  avait  été 
fondé  en  1171  rue  de  la  Tixeranderie  et  qui  avait  été 
transporté  là  en  1616.  L'hôpital  qui  s'appelait  hôpital 
St-Gervais  et  St-Anastase  fut  supprimé  en  1790.  Les 
écoles  du  10  occupent  les  jardins  de  l'ancien  hôpital. 
Au  8,  fontaine  avec  têtes  de  bœufs.  Au  2,  vieille  maison 
qui   se  prétend  fondée  en  1679.  Au  1  A/s\  Observatoire 


IV'    AnnONDlSSEMRXT.  VA 

MuiiiL-ipal,   sur   une   partie  du  marché,  qui  occupe  lui- 
même  remplacement  de  l'ancien  hôtel  d"0. 

N°  35.  Hôtel  de  Creil,  puis  Devin  de  Fontenay  (1780). 
Le  futur  époux  de  Thérézia  Cabarrus  y  habitait  avant 
son  mariage.  (Mascaron  dans  la  cour.  Escalier.) 

*  N°  31.  Hôtel  dit  d'Albret,  dont  la  première  pierre 

fut  posée  par  le  connétable  Anne  de  Montmorency  vers 

1550.    Guillauiiie  de  Montmorency   le   céda  en    1580   à 

Marie  de  Baudini.  Louise  d'Orgives  (1595).  Pierre  l^e 

Charron  (1601)  qui  le  revendit  à  Gabriel  de  Guénégaud. 

Sa  fille  Magdeleine  le  porta  dans  la  maison  dWlbret  par 

son  mariage  avec   César-Phœbus  d'Albret,  gouverneur 

de   Bordeaux  puis  maréchal   de  France  en  1613.   (Les 

écuries  et  les  jardins  s'étendaient  jusqu'à  la  rue  Pavée.) 

Mme  Scarron  y  fréquentait  et  c'est  là   qu'elle  connut 

Mme  de  Montespan  qui  lui  confia  ses  enfants  à  élever. 

Le   financier  Brunet   du   Chailli   (1678).   Le   président 

Du  Tillet  (1741).   (Monument  historique.)  (Heurtoir  de 

porte.)  Cet  hôlela  été  restauré  et  dénaturé  au  xvni'=  siècle. 

N"  29.  Fut  habité  par  Jules  Cousin. 

*  N°  25.  Hôtel  de  Laraoignon.  (Voir  rue  Pavée.)  Les 

initiales  S.  C,  au-dessous  de  l'échauguette,  indiquent  une 

des  limites  de  l'ancienne  censive   de   Ste-Caihcrine  du 

Val  des  Escholiers. 

N°  7.  Fenêtres  curieuses.  Emplacement  de  l'ancien 
cabaret  de  l'Echarpe.  célèbre  par  les  rendez-vous  des 
amoureux.  Ce  fut  le  propriétaire  de  ce  cabaret  qui 
inventa  les  cabinets  particuliers  au  xv!!!"*  siècle. 

N"  1.  Inscription  :  Rue  de  l'Echarde  (pour  écharpe). 
Sous  Henri  IV  la  partie  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois 
située  entre  la  rue  de  Turenne  et  la  place  Royale  (des 
Vosges)  s'appelait  rue  de  l'Echarpe -Blanche.  Cette 
maison  a  été  léguée,  comme  nous  le  dit  l'inscription,  au 


I'i2   PROMENADES  DANS  TOUTES  LES  RUES  DE  PAHIS. 

bureau  de  bienfaisance  du  VIII"  arrondissement  (ancien) 
par  Victor  Bellanger  (1852),  à  charge  d'entretenir  les 
sépultures  de  la  famille  du  donateur  au  Père-Lachaise 
et  do  secourir  surtout  les  pauvres  honteux. 

Avant  de  quitter  la  rue  des  Francs-Bourgeois,  nous 
devons  visiter,  au  sud  de  cette  rue,  les  rues  de  Sévigné  et 
de  Turenne  dans  leur  partie  comprise  entre  la  rue  des 
Francs-Bourgeois  et  la  rue  St-Antoine. 

Rue  de  Sévigné. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  des  Francs-Bourgeois 
et  la  rue  St-Anloinc.) 

En  1292  c'était  déjà  une  voie  importante.  Elle  s'ap- 
pela rue  de  la  Couture,  puis  rue  Gulture-Ste-Gatherine 
avant  1867.  Elle  se  trouve  sur  l'emplacement  d'un 
ancien  marais  cultivé,  la  culture  Ste-Catherine,  cj[ui 
devait  son  nom  à  une  chapelle  dont  St  Louis  posa 
la  première  pierre  en  1229,  pour  satisfaire  à  un  vœu 
fait  par  des  sergents  d'armes  du  roi  Philippe  Auguste 
avant  la  bataille  de  Bouvines.  Cette  chapelle  devint 
l'église  du  Prieuré  de  Ste-Catherine  du  Val  des  Escho- 
liers.  En  1867,  la  rue  Culture-Ste-Catherine  est  devenue 
rue  de  Sévigné  en  l'honneur  de  la  célèbre  marquise 
(1626-1696),  qui  habita  l'hôtel  Carnavalet  de  1677  à  1696. 

N°  13.  Emplacement  de  l'hôtel  du  comte  de  Chavigny, 
ministre  (1622).  Porte. 

N°  11.  Emplacement  d"ua  ancien  petit  hôtel  Lamoi- 
gnon.  Beaumarchais  y  construisit,  en  1790,  un  théâtre  dit 
du  Marais  ou  Athénée  des  Etrangers,  avec  des  matériaux 
provenant  de  la  Bastille.  Le  l*"'  septembre  1791  ou  y 
joua  la  Métroinanie.  Fermé  en  1804.  C'est  aujourd'hui 
un  établissement  de  bains  et  on  y  voit  un  mur  de  l'an- 


IV'    ARROXDISSEMENT.  l'iO 

cienne  piison  de  la  Force  avec  cette  iascriplion  :  «  Ce 
mur  est  le  seul  qui  reste  encore  de  l'ancienne  prison 
de  la  Force.  C'est  sur  l'emplacement  du  jardin  ci-devani 
que  furent  massacrés  trente  et  un  prisonniers.  »  (Voir 
rue  Malher  pour  l'emplacement  du  massacre.) 

N°  14.  Rue  de  Jarente  (1784).  Sur  l'emplacement 
du  Prieuré  de  Ste-Calherine  du  Val  des  Escholiers, 
dont  l'abbé  de  Jarente  était  prieur  commcndalaire  au 
XVIII*  siècle.  Au  2  se  trouve  l'impasse  de  la  Poisson- 
nerie (1783),  ancien  cul-de-sac  de  la  Poissonnerie  comme 
nous  le  dit  une  vieille  inscription,  qui  doit  sou  nom  à  la 
poissonnerie  du  marché  Sie-Catherine.  Au  l'ond  de  cette 
impasse  se  trouve  une  très  jolie  fontaine,  dite  de  Necker, 
due  à  l'architecte  Caron  en  1700  et  réédifiée  en  1780. 
Au  6  de  la  rue  de  Jarente  :  toit  curieux  à  voir  de  la  rue 
Caron. 

N"  12.  Porte.  Maison  longtemps  habitée  par  Jules 
Cousin. 

N°  8.  Rue  d'Ormesson  (1783).  Nom  en  mémoire  de 
H.  Le  Fèvre  d'Oinnesson  (1712-1789),  contrôleur 
général  des  finances,  qui  posa  la  première  pierre  du 
marché  Ste-Catherine.  Ce  marché  Ste-Catherine  projeté 
en  1767,  ne  fut  exécuté  qu'en  1784.  Il  se  trouve  sur  la 
place  du  Marché-Ste-Catherine,  place  qui  a  été 
ouverte  en  1783  sur  une  partie  de  l'ancien  couvent  de 
Ste-Catherine  du  Val  des  Escholiers.  L'ordre  religieux 
avait  été  fondé  en  1201  dans  une  vallée  près  de  Langres 
par  quatre  professeurs  de  Pai-is.  De  nombreux  écoliers 
vinrent  assister  aux  leçons,  et  les  religieux  se  transpor- 
tèrent à  Paris  en  1228.  Leur  église,  qui  occupait  l'em- 
placement du  sol  de  la  rue  d'Ormesson,  fut  dédiée  à 
Ste  Catherine  en  vertu  d'un  vœu  fait  par  les  sergents 
d'armes  à   la  bataille  de  Bouvines.  et  l'ordre  des  reli- 


14'i   PHOMENADES  DANS  TOUTES  LES  ULES  DE  l'AHIS. 

gieux  du  Val  des  Escholiers  se  transforma  en  ordre 
des  religieux  de  Ste-Catherine  du  Val  des  Escholiers. 
Dans  cette  église  avaient  été  enterrés  les  maréchaux  de 
Champagne  et  de  Normandie  tués  sur  Tordre  d'Etienne 
Marcel.  Le  cadavre  de  ce  dernier,  ainsi  que  ceux  de  50 
de  ses  compagnons,  y  fut  plus  tai^d  exposé  devant  le 
portail.  Le  cardinal  de  Birague,  chancelier  de  Henri  III, 
y  fut  inhumé  en  1583.  Les  religieux  de  Ste-Catherine  du 
Val  des  Escholiers  possédaient  depuis  Si  Louis  une  pro- 
priété de  cens  sur  l'ancien  parc  des  Tournelles,  et  cène 
fut  que  Louis  XIII  qui,  en  1615,  échangea  ce  cens  contre 
un  même  droit  sur  le  fief  de  Bézée  au  circuit  de  l'hôtel 
de  Bourgogne.  Le  territoire  du  monastère,  qui  était  très 
grand,  fut  diminué  peu  à  peu  jusqu'en  1767  et  le  couvent 
lut  démoli  finalement  en  1782. 

Dans  cette  rue  d'Ormesson  nous  voyons  des  anciennes 
inscriptions  du  nom  de  la  rue  aux  7,  5  et  6.  Sur  cette 
dernière  maison  nous  voyons  en  outre  l'inscription  : 
Place  du  Marché...  Catherine.  (Le  mot  «  saint  »  a  été  effacé 
pendant  la  Révolution.)  Au  2  s'ouvre  la  rue  Necker 
(1783)  qui  doit  son  nom  au  ministre  (1732-1804). 

N"''  7  et  9.  Pi'oviennent  de  l'hôtel  de  la  Force.  Jacques 
Poultier,  intendant  des  finances.  Nicolas  Pinon  de 
Quincy  (1711  à  1724).  Pinon  del'Avor,  son  neveu.  Con- 
fisqué à  la  Révolution.  Pompes  funèhres  jusqu'en  1813. 
Caserne  de  pompiers.  Le  haut  mur  qui  limite  à  l'ouest 
la  caserne  est  un  l'estc  du  mur  de  clôture  de  la  prison  de 
la  Force,  (^'oir  la  jolie  façade  de  l'hôtel  dans  la  cour 
du  9.)  Les  plafonds  ont  été  transportés  à  Carnavalet. 
Dans  une  cave,  vestiges  d'une  tour  d'angle  de  l'enceinte 
de  Philippe  Auguste. 

N°  5.  Plaque  posée  par  décret  du  22  septembre  1808, 
indiquant  que  là  le  docteur  Raspail,  prornoteui'  du  suf- 


IV*    ARRONDISSEMENT.  145 

frage  universel,  donna  ses  soins  gratuits  aux  malades 
de  1840  à  1848.  La  Commission  municipale  du  Vieux 
Paris  a  fait  poser  sur  cette  maison  une  plaque  rappe- 
lant Tancien  nom  de  la  rue  :  Rue  Culture-Ste-Gatherine. 

N°  2.  Enseigne  moderne  :  A  la  Vierge. 

C'est  dans  cette  rue  que  le  connétable  de  Clisson  fut 
assailli  par  Pierre  de  Craon  en  1492,  et  Charles  VI  vint 
rendre  visile  au  blesse  dans  la  boutique  d'un  boulanger. 
Au  bas  de  la  rue,  sur  le  sol  de  la  rue  Ste-Antoine,  se 
trouvait,  en  face  de  l'église  des  Jésuites,  la  fontaine  dite 
fontaine  Ste-Catherine  ou  de  Birague  (1577  à  1856). 

Rue  de  Tiirenne. 

(Partie  comprise  entre  la  rue  St-Antoinc 
et  la  rue  des  Francs-Bourgeois.) 

Cette  partie  s'appelait  au  xvi*  siècle  ruedelEgout, 
puis  du  Nouvel-Egout,  de  l'Ëgout-Couvert,  puis  rue  du 
Val-Ste-Catherine.  En  1865  elle  fut  réunie  à  la  rue 
St-Louis,  qui  avait  déjà  porté  le  nom  de  Tui-enne  de 
1806  à  1824.  Nom  en  l'honneur  du  maréchal  (1611-1675) 
qui  habitait  la  rue  St-Louis. 

N  '  13.  Enseigne  en  fer  forgé  représentant  un  tonneau. 

N"  10.  Maison  à  saillie  qui  donne  9,  place  des  Vosges. 
(Hôtel  de  Cliaulnes,  puis  de  Nicoîay.) 

N°  14.  Derrière  de  l'hôtel  des  Hameaux  (13,  place 
des  Vosges). 

N°  18.  Dépendances  de  l'hôtel  de  Chabannes  (17,  place 
des  Vosges). 

*  N"  23.  Hôtel  d'Edouard  Colbert  de  Villacerf,  inten- 
dant des  bâtiments  du  Roi,  qui  le  construisit  vers  1660. 
n  y  mourut  en  1099,  et  sa  femme,  Geneviève  Larcher, 
continua  à  y  hal)iter  jusqu'à  sa  mort  en  1712.  L'hôtel  fut 

IV'  AiiHONn.  10 


146       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    nUES    DE    PAIUS. 

hôtel  Colbert  de  Villacerf  jusqu'en  1755.  Mme  Taschc- 
reau  de  Baudry.  Les  héritiers  le  cèdent,  en  1778,  à 
Lesueur  Florent,  entrepi-eneur  des  Ponts  et  Chaussées. 
Après  avoir  passé  entre  diverses  mains,  il  fut  acheté  en 
1840  par  M.  Harmann.  M.  Baudon  (1875).  Les  Pères  do 
rOi'atoire  y  installèrent  primitivement  leur  Ecole  Mas- 
sillon.  Les  Frères  de  la  Doctrine  Chrétienne  avant  1905. 
Aujourd'hui  Société  anonyme  des  anciens  établisse- 
ments Pigier.  D'après  une  légende,  Jeanne  d'Albret 
aurait  accouché  là  d'un  fils  en  1558  (?).  (L'hôtel  actuel 
n'existait  pas  aloi's.)  La  façade  Louis  XIll  est  cachée  par 
un  affi^eux  bâtiment,  construit  vers  1790.  En  entrant 
dans  la  cour  nous  voyons  cette  façade  avec  quatre 
pilastres  cannelés  à  chapiteaux  ioniques  qui  soutiennent 
une  corniche  d'où  partent  quatre  nouveaux  chapiteaux 
corinthiens.  Les  deux  ailes  sont  surmontées  d'un  fronton 
demi-circulaire.  Dans  l'aile  droite,  escalier  en  fer  forgé, 
quelques  boiseries.  Fontaine  de  pierre  dans  la  première 
cour.  Dans  la  seconde,  perron  monumental  avec  rampe 
en  fer  forgé. 


Place  des  Vosges. 

(Sauf  le  côté  nord  qui  est  dans  le  111"^  arrondissement.) 

Jadis  Place  Royale,  Place  des  Fédérés  à  la  Révolu- 
tion, Place  de  l'Indivisibilité  en  1793,  Place  des  Vosges 
le  l^r  vendémiaire  an  IX  et  définitivement  en  1870.  Ce 
fut  le  département  des  Vosges  qui  paya  le  premier  la 
plus  forte  part  de  contributions. 

Avant  1565  une  partie  de  l'emplacement  de  la  place 
était  occupée  par  l'hôtel  royal  des  Tournclles,  que  Cathe- 
rine de  Médicis  fit  démolir  a])rès  la  mort  de  son  époux. 


\ 


IV'    AanONDISSEMENT.  l'i? 

«  C'est  le  coup  de  lance  de  Montgoinery  (|ui  a  lait  la 
place  Royale  »,  dit  Victor  Hugo.  Après  la  démolition 
de  rhôtel  des  Tournelles,  ce  (ut  un  marché  aux  chevaux 
dans  lequel  eut  lieu,  en  1578,  le  duel  des  Mignons  et  des 
partisans  du  duc  de  Guise.  Au  commencement  de  1604 
Henri  IV  avait  fait  le  projet  d'établir  là  une  manufac- 
ture de  «  soie  et  argent  filé  à  la  façon  de  Milan  »,  mais 
ce  projet  ébauché  s'effondra  et,  dès  1605,  le  roi,  véri- 
table créateur  de  la  place,  qui  avait  connu  les  places  à 
arceaux  du  Béarn  et  de  Navarre,  concéda  des  parcelles 
à  bâtir  pour  des  pavillons  symétriques. 

La  Place,  comme  l'appelait  tout  court  Mme  de  Sévi- 
gné,  fut  le  centre  à  la  mode  au  xvii''  siècle;  c'était  le 
promenoir  des  Parisiens,  un  véritable  forum  habité  par 
les  financiers  et  les  grands  seigneurs.  Son  histoire  est 
celle  de  la  vie  publique  et  privée  des  Français  à  cette 
époque.  Le  6  mars  1612,  à  l'occasion  des  mariages  du 
Roi  et  de  Madame  avec  l'infante  et  le  prince  d'Espagne, 
eut  lieu  la  fête  du  Roman  des  Chevaliers  de  la  Gloire. 
Le  tournoi  fut  organisé  par  Guise,  Nevers,  Bassom- 
pierre  et  La  Châtaigneraie  qui  se  déclaraient  pi'êts  à 
combattre  quiconque  osera  tenter  de  se  présenter  dans 
le  palais  de  la  Félicité  élevé  au  milieu  de  la  place.  Le 
12  décembre  1643  la  place  fut  le  théâtre  du  duel  du 
duc  de  Guise,  petit-fils  du  Balafré,  avec  le  comte  de 
Coligny,  petit-fils  de  l'amiral,  au  sujet  de  la  quei'elle 
de  Mme  de  Montbazon  et  de  Mme  de  Longueville,  duel 
dans  lequel  le  comte  de  Coligny  fut  mortellement  blessé, 
tandis  qu'aux  fenêtres  des  pavillons  les  spectatrices  déli- 
raient. Pendant  la  Fronde  la  place  fut  le  camp  retran- 
ché des  troupes  de  la  ville,  et  elles  y  étaient  passées  en 
revue  par  leur  généralissime  Conti.  Richelieu  fit  élever 
au  milieu  de  la  place  en  1639  une  statue  équestre  de 


148       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PAIUS. 

Louis  XIII,  œuvre  de  Daniel  et  Volterra  pour  le  cheval, 
et  de  Biard  pour  le  cavalier  ridiculeiuenl  empanaché. 
Cette  statue  fut  envoyée  à  la  fonderie  par  la  Révolution 
et  remplacée  par  une  fontaine  qui  en  1811  fut  alimentée 
par  les  eaux  de  TOurcq.  Cette  fontaine  fit  place  en  1818 
à  la  statue  actuelle,  œuvre  de  Cortot  et  Dupaly,  Les 
grilles  somptueuses  qui  avaient  remplacé  les  modestes 
barrières  de  bois  du  commencement  du  xvii^  siècle  entou- 
rant les  partei'res  et  les  gazons,  disparurent  elles-mêmes 
complètement  sous  Louis-Philippe  et  furent  remplacées 
par  celles  peu  artistiques  qui  existent  encore  aujour- 
d'hui. 

La  Place  est  un  des  plus  admirables  décors  du  Meux 
Paris.  Au  sud  de  la  Place  se  trouve  le  Pavillon  du  Roi, 
avec  porches  sur  la  rue  de  Birague,  ainsi  appelé  parce 
qu'Henri  VI  le  fit  construire  pour  son  propre  compte. 
Au  nord  le  Pavillon  de  la  Reine  enjambe  la  rue  de 
Béarn.  Autour  se  trouvent  vingt-six  pavillons,  d'un  plan 
uniforme,  brique  et  pierre  en  principe,  avec  galeries 
voûtées.  Les  5,  9,  12,  14,  ont  conservé  aux  extrémités 
de  leurs  toits  les  épis  de  faîte  en  plomb.  L'arcade  qui 
enjambait  la  rue  du  Pas -de -la -Mule  fut  acquise  de 
ISI.  Boutray  en  1816  et  a  été  démolie  vers  1820;  celle 
qui  devait  franchir  la  rue  de  l'Echarpe  (actuellement 
commencement  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois)  n'a 
jamais  été  construite.  Le  côté  nord  de  la  place  appai'- 
tient  au  III''  arrondissement. 

M.  Lucien  Lambeau,  le  très  érudit  secrétaire  de  la 
Commission  du  Vieux  Paris,  a  écrit  une  très  intéressante 
monographie  de  la  place  Royale,  monographie  à  laquelle 
nous  devons  de  nombreux  et  précieux  renseignements. 

N*  19.  Hôtel  du  président  d'Étiaux  (1751)  ;  de  Mello 
(1789).   Légué  au   bureau  de   bienfaisance   de   l'ancien 


I 


iV    ARROXDISSEMKXT.  149 

N'ill"  aiTondisscment  par  Virior  Bcllangci'  (1852).  (1ns- 
cripiion.)  On  lit  sur  le  mur  :  rue  de  rÉchardc  (pour 
Écharpe),  nom  que  portait  sous  Henri  IV  cette  partie  de 
la  rue  des  Francs-Bourgeois.  (Balcon.) 

N°  17.  Appartenait  en  1070  à  Jacques  PoUard,  con- 
seiller au  Parlement.  Bossuet  en  fui  locataire  en  1682 
et  y  resta  jusqu'en  1G94  environ.  Hôtel  de  Chabannes 
(1752).  ^Marquis  de  Fiers  (1788).  Marquise  de  Thi- 
boulot  (1789).  Confisqué  comme  bien  d'émigré.  Rentré 
en  possession  de  la  citoyenne  Thiboutot,  veuve  Gau- 
laincourt,  on  Tan  VIII. 

X"  15.  Petit  hôtel  de  Rohan-Chabot.  Acquis  en  1701 
par  Louis  de  Rohan-Chabot,  de  Jacques  Lecomte  de 
Nonant  qui  le  tenait  de  sa  mère  Elisabeth  d'Angennes, 
veuve  d'Aumont  de  Villequier.  Gilles  de  Ganeau  rachète 
en  1738  d'Elisabelh  de  Grimaldi,  duchesse  de  Rohan. 
Sa  veuve  Marguerite  de  Harlan  le  lègue  à  son  petit- 
fils,  Jacques  Fenel,  seigneur  des  Bats.  Ce  dernier  le 
laisse  en  1741  à  sa  fille,  épouse  de  François  de  Vau- 
cresson,  qui  le  vend  en  1760  à  Pierre  Saunier,  seigneur 
du  Plessis-Beauregai'd,  qui  le  vend  à  François  Lechan- 
teur.  Confisqué  à  la  Révolution  sur  l'émigré  Lechanteur. 
Vendu  en  l'an  \ll  au  citoyen  Prévost  qui  le  revendit  en 
l'an  X  à  M.  Belon.  Cet  hôtel  avait  comme  locataix'e  en 
1752  M.  d'Ormesson  el  en  1789  M.  de  Boisboutron.  A 
l'époque  de  la  Révolution  il  était  habité  par  Mlle  Bou- 
liard,  femme  peintre.  En  1881  il  appartenait  à  M.  Sée. 
(Balcon.) 

N°  13.  Hôtel  d'Aumonl  de  Villequier  (1630).  Prési- 
dent des  Hameaux  (1648).  Hôtel  Rohan-Chabot  (1680). 
Fut  habile  par  Mme  de  Lalîorde,  «  dame  du  lit  »  de 
Marie-Antoinette.  En  1789  famille  Prévost. 

N^  11.    Pavillon   de   M.   Pierrard  (1607).  Hôtel  de 


150      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Golbert  de  Villacerf  (1710).  M.  de  Creil,  intendant  de 
Metz  (1752).  de  Voisenon  (1789). 

N"  9.  Pavillon  de  M.  Descures  (1607).  Hôtel  du 
rnai'échal  de  Chaulnes,  le  vainqueur  d'Arras  (1625).  [^e 
marquis  de  Nicolay-Goussainville  (1701).  Confisqué  à 
la  Révolution  et  restitué  aux  héritiers  Nicola}'^  en  Tan  III. 
S'appela  hôtel  Nicolay  jusqu'en  1822,  époque  où  il  fut 
cédé  à  M.  Moreau.  négociant.  Rarlicl.  la  tragédienne. 
s'}'  installa  malade  en  1858,  peu  de  temps  avant  d'aller 
mourir  au  Canet.  Elle  fut  transportée  dans  son  hôtel 
après  sa  mort.  L'érudit  A.  de  Montaiglon  jusquen 
1895.  Cet  hôtel  passait,  au  xvii"  siècle,  pour  une  des 
curiosités  de  Paris.  11  possède  encore  un  beau  salon,  une 
salle  à  manger  avec  boiseries  et  médaillons  Louis  X.VI. 
(Voussures  du  plafond  avec  trophées  militaix'es.) 

*  N"  7.  Terrain  concédé  en  1605  à  Huaut  de  Mont- 
magn}',  maître  des  requêtes.  Gagné  au  jeu  par  Gallet, 
riche  |)artisan.  Servait  d'entrée  au  petit  hôtel  Sully.  Ce 
charmant  petit  pavillon  d'un  seul  étage,  que  Ton  a  pris 
à  tort  pour  une  orangerie,  fut  construit  vers  1630  par 
Jean  du  Cerceau  et  fut  habité  par  Sully  api'ès  sa  retraite, 
par  ses  descendants  jusqu'au  xviii'=  siècle  et  par  Turgot 
de  Ste-Claire,  (1752).  Propriété  actuelle  de  M.  Bellan, 
artiste  peintre.  Cet  hôtel  communiquait  par  les  jardins 
avec  le  grand'  hôtel  Sull}^  rue  St-Anloine. 

N"  5.  Pavillon  dit  de  M.  de  La  Salle  (1615).  Hôtel 
de  Rotrou,  conseiller  au  Grand  Conseil  (1752).  Jules 
Cousin,  créateur  du  musée  Carnavalet,  y  mourut  en  1899. 
A  conservé  de  jolis  plafonds  peints  de  1660.  (Balcon.) 

N°  3.  Hôtel  d'Estrades  (1752).  Durand,  secrétaix'e  du 
Roi  (1789).  Fut  bibliothèque  de  l'Union  centrale  des 
Arts  décoratifs,  avant  1904,  (Salon  avec  boiseries  du 
xviii"  siècle.)  (Balcon.) 


IV    ARRONDISSEMENT.  151 

N'  1.  Hôtel  de  Coulanges  (1606),  de  Bussy-Rabuiin 
(1026).  Le  baron  de  Chantai,  fils  de  Ste  Jeanne  de 
Chantai,  habitait  avec  son  épouse,  Marie  de  Coulanges, 
le  pavillon  attenant  dont  Tcntrée  se  trouve  11  bis,  rue 
de  Birague.  C'est  là  que  naquit  le  G  février  1626  (et  non 
le  5)  Marie  de  Rabutin  (Mme  de  Sévigné).  Boutteville, 
après  son  duel,  trouva  un  refuge  dans  cet  hôtel  (1627). 
Le  marquis  de  Bcringhen.  Hôtel  de  la  Croix  (1789). 

Le  Pavillon  du  Roi  est  édifié  sur  trois  arcades,  agré- 
menté dune  décoration  comportant  le  chiffre  du  Roi 
(des  H  palmés).  Il  resta  longtemps  dans  le  domaine  de 
la  Couronne.  Dès  1607  la  conciergerie  en  fut  conférée  au 
peintre  Charles  De  Court.  En  1752,  ^L  Rome,  conseiller 
au  Grand  Conseil,  il  fut  cédé  en  1753  à  la  veuve  Barère 
qui  passa  la  main,  en  1756,  au  sieur  L'Evêque  de  La  Coin- 
terie,  puis  en  1769  à  Joseph  de  Bonncval.  Le  Roy  de  La 
Faudiguière  y  avait  un  célèbre  cabinet  d'amateur  (1787). 
Vendu  comme  bien  national  provenant  de  l'émigré 
Bonneval  et  acquis  par  le  citoyen  Muller  (1799). 

IS°  2.  La  place  fut  concédée  à  Pierre  Fougen  Descures. 
Hôtel  du  raax-quis  de  Beausang  (1752).  De  Boisgelin  de 
La  Vieuville  (1789).  (Balcon.) 

N"  4.  Hôtel  de  Breteuil  (1728);  de  Mainville  (1752). 
Le  Roy  de  Roullée,  conseiller  au  Parlement  (1756).  Sa 
veuve  vendit,  en  1814,  au  baron  INIicoud  d'Umons. 
Racheté  en  1820  par  le  comte  Portails,  pair  de  France. 
Le  mai'quis  de  Favras  (Thomas  de  Mahy)  habitait  avec 
sa  femme,  née  d'Anhalt,  le  deuxième  étage,  et  ses  fenêtres 
donnaient  sur  le  cul-de-sac  Guéménée. 

*  N"  6.  Bâti  en  1605  par  l'intendant  des  finances 
Isaac  Arnauld  (de  la  famille  des  jansénistes).  Maréchal 
de  Lavardin  (1610).  Ce  dei-nier  était  dans  le  carrosse  de 
Henri  IV  lorsque  celui-ci  fut  assassiné  par  Ravaillac. 


152   PnOMENADES  DANS  TOUTES  LES  RUES  DE  l'AIUS. 

PieiTO  de  Tigery  (1621).  Hôtel  de  Rohan-Guéménée 
(1639  à  1784).  Jacques  Desmary  (1784)  et  héritiers 
jusqu'en  1797.  L'important  immeuble  situé  17,  rue  des 
Tournelles  en  faisait  partie  avant  1797.  II  y  eut  ensuite 
division.  M.  Péan  de  St-Gilles  eut  le  grand  hôtel,  celui 
de  la  place,  et  le  légua  à  sa  veuve,  laquelle  le  laissa  à  son 
tour  à  M.  P.  Passy,  membre  de  l'Assemblée  Nationale. 
C'est  de  ce  dernier  que  la  Ville  en  fit  l'acquisition  en 
1873,  Marion  Dclorme  aurait  habité  la  maison  du  cul-dc- 
sac  Guéménée  qui  fait  le  coin  est  de  la  rnc  St-Antoine 
et  ([uiest  située  dcrrièi-e  Ihôtel  en  question.  Victor  Hugo 
habita  l'hôtel  de  la  pkuc  de  1833  à  1848  el  y  écrivit  : 
Marie  Tudor.  Angelo,  Ruy  Blas,  les  Burgraves,  les 
Feuilles  (V Automne,  les  Chants  du  Crépuscule,  les  Bayons 
et  les  Ombres,  etc.  En  1848  les  insurgés  s'emparent  de 
la  maison,  mais  apprenant  qu'ils  sont  dans  la  maison  du 
poète  ils  la  respectent.  Pension  Jauffret  (1860).  École 
municipale  en  1875.  C'est  depuis  1905  le  musée  Victor- 
Hugo,  inauguré  en  1903.  (A  visiter.) 

N°  8.  Bâti  par  Jehan  de  Fourcy,  intendant  des  bâti- 
ments (1605).  Antoine  Le  Redde,  conseiller  secrétaire 
du  Roi  (1664).  La  comtesse  d'Armalay  (1752).  Le  mar- 
quis do  Thomé,  maréchal  de  camp  (1777).  Vendu  à 
Paul  Firmin-Didot  (1863).  Théophile  Gautier  y  habita 
le  second  étage,  et  Alphonse  Daudet  lui  succéda. 

N°  10.  Bâti  par  Claude  de  Chatillon,  ingénieur  typo- 
graphe du  Roi  (1605).  Hôtel  de  Gagny  (1752),  de  Ché- 
iainville(1787).' 

N°  12.  Bâti  par  Etienne  de  La  Fond,  intendant  des 
meubles  du  Roi  (1605).  Appartenait  en  1752  à  l'évêque 
de  Verdun.  Fut  parfois  dit  hôtel  de  Breteuil  ou  hôtel 
Pinon.  Acquis  par  la  Ville  (1896).  Ecole.  (Balcon.) 

N"  14.  Le  terrain,  comportant  deux  arcades  du  12  ot 


IV'    AlîllONDISSEMEXT.  153 

deux  arcades  du  14  actuel,  fut  concédé  en  1605  au  con- 
seiller Pierre  Jeannin,  ami  de  Mayenne,  puis  contrôleur 
des  finances.  (Voir  son  effigie  en  bronze  à  la  Collection 
Dutuit  au  Petit-Palais.)  Hôtel  du  marquis  de  Dangeau, 
conseiller  intime  de  J^ouis  XIV.  L'abbé  de  Courcillon, 
membre  de  TAcadémie  française,  y  logea  de  1703  à  1717. 
M.  Thomé,  conseiller  au  Pai'lement  (1752).  Philippe 
de  Montboissier-Beaufort-Ganillac  le  vend  en  1777. 
Marquis  de  Villedcuil  (1777).  Confisqué  sur  l'émigré 
^'illedeuil.  Restitué  en  1814.  Mairie  de  Tancien  VIII"  ar- 
rondissement (1819).  Acquis  par  la  Ville.  Ecole  pri- 
maire (1860).  Incendié  en  1871.  Réédifié  ù  usage  do 
temple  Israélite  (1875).  C'est  aujourd'hui  la  demeure  du 
grand  rabbin.  Deux  plafonds  et  des  boiseries  de  cet 
ancien  hôtel  Dangeau  ont  été  transportés  au  musée 
Carnavalet.  Classé  comme  monument  historique.  Très 
bel  escalier.  L'hôtel  a  conservé  sa  façade  ancienne  de 
brique  avec  chaînes  de  pierres,  tandis  qu'ailleurs  les 
briques  des  façades  ont  été  remplacées  par  un  revête- 
ment en  plâtre  peint  en  rouge  à  filets  blancs.  (Balcon.) 

N"  16.  Place  concédée  à  François  Félisseau,  conseiller 
du  Roi.  Mlle  du  Châtelet  (1752.)  (Balcon.) 

M°  18.  Place  concédée  à  Nicolas  Chevallier,  conseiller 
du  Roi.  Le  mai'échal  marquis  de  Tessé  (1752).  Hôtel  de 
Tonnerre.  (Escalier.) 

N°  20.  Place  concédée  à  Nicolas  d'Angennes,  seigneur 
de  Rambouillet,  ancien  ambassadeur  de  Charles  IX  en 
Angleterre  (1505-1611).  Son  fils  épousa  Catherine  de 
Vivonne,  la  divine  Arthénice,  qui  devint  la  muse  adorée 
de  l'hôtel  de  la  rue  St-Thomas-du-Louvre  dont  elle  fut 
l'architecte.  Hôtel  de  la  marquise  de  Menou  (1752);  de 
La  Ferté-Meung  (1789).  (Balcon.) 

N"   22.  l'iace  concédée  à  Barthélémy  de  Laffcmas, 


15'i       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

surnommé  Beausemblant,  contrôleur  général  du  com- 
merce et  père  d'Isaac  de  Laffemas,  le  terrible  lieutenant 
civil  de  Paris.  L'hôtel  appartint  au  comte  de  Maillebois 
qui  le  loua,  en  1749,  au  prince  de  Talmond  de  La  Tré- 
moïlle,  père  du  prince  tué  en  Vendée. 

Rue  du  Pas-de-la-Mule.  (Côté  impair.) 

Jadis  petite  rue  Royale.  Ouverte  en  1604.  Elle  ne 
fut  prolongée  jusqu'au  boulevard  qu'en  1G73.  En  1603 
ce  n'était  qu'un  chemin  menant  de  la  rue  des  Tournelles 
au  Marché  aux  Chevaux,  sous  le  nom  de  rue  du  Pas-de- 
la-Mule,  nom  qu'elle  reporte  aujourd'hui  depuis  1893, 
après  s'être  appelée  rue  des  Vosges  de  1862  à  1893. 
L'arcade  qui  l'enjambait  a  été  démolie  vers  1820. 
L'origine  de  son  nom  est  inconnue.  Peut-être  vient-il 
d'une  enseigne.  «  Par  là,  passait  tous  les  jours,  dit 
Victor  Hugo,  le  pi'emier  président  au  Parlement  eu 
1560,  Gilles  Le  Maistre.  monté  sur  une  mule,  suivi  de 
sa  femme  en  charrette.  » 

N'^'  7.  Fausses  fenêtres. 

N°  3.  Vieille  maison. 

Rue  des  Tournelles. 

(Partie  comprise  entre    la  rue  du  Pas-de-la-Mule 
et  la  rue   St-Antoine.) 

Cette  partie  et  celle  qui  s'étend  dans  le  III"  arrondisse- 
ment jusqu'à  la  rue  St-Gillcs  s'appelèrent  primitivenient 
sous  François  P'',  rue  Jean-Beausire.  La  partie  entre  la 
rue  St-Gilles  et  le  boulevard  date  de  1637  et  s'appela 
rue  St-Gilles.  Cette  dernière  partie  fut  ajoutée  à  la 
rue  des  Tournelles  en  1801.   La  rue  lonareait  autrefois 


IV    ARRONDISSEMENT.  155 

lancien  hôlel  des  Tournelles,  ainsi  noniiiié  à  cause  de 
ses  tours. 

L'hôtel  des  Tournelles  fut  bâti  originairement,  en  1388, 
par  Pierre  d'Orgemont,  seigneur  de  Chantilly,  et  fut 
habité  par  son  fils,  cvêquede  Paris,  par  le  duc  de  Berry 
en  1404,  et  par  le  duc  d'Orléans;  puis  il  devint  le 
palais  royal  des  Tournelles  et  fut  habité  par  Charles  VI 
pendant  sa  démence.  Il  devint  ensuite  la  résidence  du 
due  de  Bedford,  régent  de  France  pour  les  rois  d'Angle- 
terre Henri  ^'  et  Henri  ^  I,  puis  de  Charles  VII  après 
l'expulsion  des  Anglais.  Louis  XI  y  vécut  et  y  partageait 
son  lit  avec  Philippe  de  Commines,  son  chambellan. 
Louis  XII  et  Henri  II  y  habitèrent  et  y  moururent  tous 
deux.  Catherine  de  Médicis,  pour  oublier  la  mort  de  son 
époux,  tué  dans  le  tournoi  de  la  rue  St-Antoine  par 
Gabriel  de  Lorges,  comte  de  INIontgomery,  fît  démolir  ce 
palais  par  un  arrêt  de  1563. 

X°  21  bis.  Temple  Israélite  construit  eu  1861  sur 
l'emplacement  do  l'ancien  hôtel  Dangeau  (14,  place  des 
Vosges). 

*  N°  28.  Hôtel  construit  par  Jules  Hardouin-JNIansart, 
lils  adoptif  du  grand  architecte  (1690).  Ninon  de  Lenclos 
en  lut  locataire  et  y  mourut.  (Plafonds  de  Lebrun  et  de 
Mignai'd  qui  habita  la  rue.)  Autre  entrée  23,  boulevard 
Beaumarchais. 

X°  17.  Faisait  partie  avant  1797  de  l'hôtel  Rohau- 
Guéménée  (6,  place  des  Vosges).  Cette  partie  fut  la 
propriété  de  Boyvin  d'Ardaucourt.  Joseph  Edou,  beau- 
père  de  Népomucène  Lemercier.  Actuellement  famille 
Robiquet. 

N''  18.  Cour  avec  constructions  curieuses. 

N°  4.  Balcon. 

X°  1.  A  conservé  son  caractère. 


1.)^,      PROMENADES    DANS    TOUTES    l-ES    RUES    DE    PARIS. 

N0  2.  Rue  de  la  Bastille  (186G).  S'appela  petite  rue 
St-Antoine  avant  1877.  Au  9  s'ouvre  la  rue  Jean-Beausire. 


Rue  Jean-Beausire. 

Rue  de  TEpargne  au  xi\  '=  siècle,  puis  rue  du  Rempart, 
et  des  Tournelles.  Nom  en  mémoire  d'un  contrôleur 
général  des  bâtiments  du  Roi  (1G58-1743). 

No  11.  Vieille  maison  et  curieux  Passage  Jean- 
Beausire  allant  12,  rue  des  Tournelles. 

N°  19.  Impasse  Jean-Beausire. 

Boulevard  Beaumarchais. 

(Côté  impair  de  la  partie  située  entre 
la  rue  du  Pas-de-la-Mule  et  la  place  de  la  Bastille.) 

N°  25.  Emplacement  du  théâtre  Beaumarchais,  cons- 
truit en  1834  en  43  jours  et  ouvert  en  1835  sous  le  nom 
de  Théâtre  de  la  Porte-St-Antoine.  Théâtre  Beaumarchais 
(1842).  Opéra-Bouffe-Français  (1843-1845).  Fantaisies- 
Parisiennes.  Disparu  vers  1880. 

*  23  et  21.  Hôtel  de  Hardouin-Mansart,  fils  adoptif  de 
l'architecte  (1690),  Ninon  de  Lenclos  en  fut  locataire, 
et  y  mourut  en  1707.  A  la  mort  de  Jean  Hardouin- 
Mansart  en  1708,  l'hôtel  passa  à  Jacques  Hardouin- 
Mansart,  comte  de  Sagonne,  puis  en  1769  au  comte  de 
Noailles,  duc  de  Mouchy.  (Belles  boiseries  et  plafonds 
de  Lebrun  et  Mignard  représentant  une  iVssemblée  des 
Dieux.)  Autre  entrée  28,  rue  des  Tournelles, 

N"  3.  Enseigne  des  4  Sergents  de  la  Rochelle,  l^e 
fondateur  de  ce  restaurant.  M,  Dumont,  avait  été  inculpé 
dans  l'affaire  Bories.  Goubin,  Raoulx  et  Pommier. 


IV*   ARRONDISSEMENT.  157 


Place  de  la  Bastille. 


La  place  fut  créée  en  1792,  sur  reniplaccmenl  de  la 
Bastille  St-Antoinc  dont  nous  ne  pouvons  ici  faire  un 
historique  détaillé. 

La  Bastille  fut  priniilivemenl  un  château  fort  dont  le 
but  était  de  renforcer  l'enceinte  et  de  proléger  Thôtel 
royal  de  St-Pol.  La  première  pierre  en  fut  posée,  en 
L370,  par  Hugues  Aubriot,  prévôt  du  roi.  C'était  un  rec- 
tangle long,  flanqué  de  huit  tours  hautes  de  23  mètres, 
reliées  par  d'épaisses  courtines  d'égale  longueur.  Sous 
Henri  II,  la  Bastille,  appuyée  à  l'enccinlc,  fut  renforcée 
vei's  la  campagne  par  un  bastion  triangulaire  où  se 
trouvaient  les  jardins  du  gouverneur.  Une  ligne  de 
pavés  blancs,  sur  la  place,  nous  indique  le  périmètre  de 
la  fortei'esse,  mais  pour  bien  en  reconstituer  l'emplace- 
ment il  faut  faire  abstraction  des  dernières  maisons  de 
la  rue  St-Antoine  et  du  boulevard  Henri-IV. 

La  Bastille,  qui  compta  parmi  ses  gouverneurs,  ou 
capitaines  comme  on  disait,  Jean  de  Montaigu,  et  au 
moment  de  la  domination  anglaise  le  duc  d'Elxeter, 
Falstaff,  Talbot,  joua  uu  certain  rôle  dans  la  seconde 
partie  de  la  guerre  de  Cent  Ans  et  dans  la  Ligue  du 
Bien  Public,  mais  elle  perdit  peu  à  peu  son  caractère  de 
forteresse  à  cause  du  développement  du  Faubourg 
St-Antoine  qui  la  cerna.  Plus  tard,  pourtant,  elle  joua 
de  nouveau  un  rôle  militaire,  lorsqu'en  1652,  Mlle  de 
Montpensier  sauva  Condé  en  faisant  tirer  sur  les 
troupes  royales  les  canons  de  la  forteresse. 

Piimitivement la  Bastille  n'était  pas  une  prison,  mais 
elle  le  devint  dès  le  règne  de  Charles  VI,  tout  en  restant 
une  citadelle  militaire.  Sous  Henri   ]\  on  y  gardait  le 


158      PROMENADIÎS    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

Trésor  royal.  Ce  ne  fut  que  sous  Richelieu  que  la  Bas- 
tille devint  prison  royale  d'État,  et  une  lettre  de  cachet 
suffisait  pour  y  être  enfermé.  Lorsqu'on  eut  rasé,  sous 
Louis  XIV,  les  anciennes  fortifications,  la  Bastille  sub- 
sista comme  un  fort  isolé  et,  dit  M.  Charles  Normand, 
«  son  cachet  de  geôle  royale  se  précisa  chaque  jour 
plus  nettement  à  mesure  que  son  but  militaire  dispa- 
raissait ».  Chacune  des  tours  (qui  portaient  les  noms 
de  tours  de  la  Chajjelle,  du  Trésor,  du  Puits,  de  la 
Comté,  de  la  Bazinière,  de  la  Berlaudière,  de  la  Liberté, 
du  Coin)  était  divisée  en  cinq  étages.  Au  bas  étaient  les 
cachots  humides  réservés  aux  gens  de  basse  classe;  en 
haut  les  chambres,  dites  calottes,  où  on  souffrait  du 
froid  ou  de  la  chaleur  suivant  les  saisons.  Dans  les 
étages  intermédiaires  se  trouvaient  des  chambres  hautes, 
convenables,  et  parfois  luxueuses. 

Leclerc  du  Tremblay,  frère  du  Père  Joseph,  en  fut  le 
geôlier.  Parmi  les  prisonniers  célèbres  que  compta  la 
Bastille  citons  :  le  cardinal  de  La  Balue,  Bernard  de 
Palissy  qui  y  mourut  en  1590,  le  maréchal  de  Biron  qui 
y  fut  décapité,  la  maréchale  d'Ancre,  Bassompierre, 
Bussy-Rabutin,  Mathioli,  l'homme  au  masque  de  fer, 
Fouquet,  Pélisson  qui  y  apprivoisa  une  araignée, 
Lally-Toliendal,  etc.  Sous  la  Régence  on  y  incarcéra  des 
accusés  compromis  dans  la  conspiration  de  Cellamarc. 
parmi  lesquels  se  trouvait  Mlle  de  Launay  qui  s'appela 
plus  tard  Mme  de  Staal  (1718).  Le  jeune  duc  de  Riche- 
lieu y  fut  enfermé  deux  fois.  Citons  encore  :  La  Bour- 
donnais; le  comte  de  Belle-Isle;  le  marquis  de  Sade;  le 
prince  de  Courlande  ;  Marmontel  en  1759  ;  l'abbé  Morellet 
en  1760;  ^'oltaire  cjui  y  fut  enfermé  deux  fois  en  1717 
et  en  1726;  Cagliostro  et  sa  femme  Lorenza  Feliciani;  le 
cardinal  de  Rohan  ;  Mme  de  Lamottc;  Nicole  Leguay, 


IV    ARKOXDISSliMENT.  159 

dite  baronne  d'Oliva.  (|iii  épousa  Toussaint  de  Beausire, 
et  le  célèbre  Latndc.  qui  n'était  en  somme  qu'un  simple 
chevalier  d'industrie,  mais  dont  nous  nous  permettrons 
de  rappeler  ici  la  vie  mouvementée,  car  son  souvenir 
est  généralement  intimement  lié  à  celui  de  la  Bastille. 

Latude  s'appelait  simplement  Jean  Henri,  et  était 
enfant  illégitime  d'un  père  inconnu.  Il  prit  le  nom  de 
Danry.  Enfermé  à  la  Bastille  en  1749  pour  sa  lettre  à 
Mme  de  Fompadour  (lettre  qui  n'était  qu'un  essai  de 
chantage),  il  fut  transféré  à  Yincennes  d'où  il  s'échappa, 
et  remis  à  la  Bastille.  Il  s'en  évada  en  1756,  ainsi  que 
son  compagnon  Allègre,  avec  la  fameuse  échelle  de  corde 
conservée  au  musée  Carnavalet.  Repris  à  Amsterdam,  il 
fut  de  nouveau  enfermé  à  la  Bastille,  puis  à  Vincennes  en 
1764.  Il  s'en  échappa  de  nouveau.  Repincé  il  fut  trans- 
féré à  Charenton  en  1775,  d'oii  il  sortit  en  1777,  pour 
être  remis  peu  après  à  Bicêtre  comme  escroc.  Il  fut 
rerais  en  liberté  en  1784,  grâce  à  Mme  Legros,  chez 
laquelle  il  vint  habiter;  puis  il  alla  chez  le  chevalier  de 
Pougens,  filsdu  prince  de  Gonti,  et  mourut  en  1805  à  l'âge 
de  quatre-vingts  ans,  après  avoir  fatigué  tout  le  monde 
de  ses  éternelles  doléances. 

Jusc{u'aux  si  intéressants  travaux  de  M.  Funck-Bren- 
tano,  on  se  faisait  une  opinion  très  fausse  sur  le  régime 
de  la  prison,  opinion  qui  s'était  formée  sur  les  mémoires 
de  Renneville  qui  n'était  qu'un  fripon,  sur  ceux  de  Latude 
qui  n'était  qu'un  chevalier  d'industrie,  et  sur  ceux  de 
Linguet,  cet  avocat-journaliste  de  mauvaise  foi.  Nous 
savons  maintenant,  d'après  des  pièces  originales,  que  la 
Bastille  était  en  somme  une  prison  de  luxe  et  très  confor- 
table. Le  gouverneur  recevait  à  sa  table  les  prisonniers, 
non  seulement  ceux  de  marcjuc,  mais  les  plus  modestes. 
D'ailleurs  les  repas  étaient   toujours  copieux,   et  nous 


160      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HLES    DE    PARIS. 

voyons  Latude  se  plaindre  avec  amertume  que  les  pou- 
lets servis  ne  fussent  pas  piqués,  l^cs  prisonniers  avaient 
souvent  la  liberté  de  se  promener  dans  l'intérieur,  de  se 
voir,  de  s'y  meubler  luxueusement.  Des  idylles  s'y  ébau- 
chaient. A  la  veille  de  la  Révolution  on  n  y  enfermait 
presque  plus  personne,  et  comme  elle  coûtait  fort  cher 
Necker  songeait  à  la  supprimer  par  raison  d'économie. 
Telle  était  la  fameuse  Bastille  dont  le  peuple  s'empara 
le  14  juillet  1789.  Il  y  avait  en  tout  à  cette  époque 
7  détenus  :  4  faussaires,  2  fous  et  un  autre  prisonnier  cou- 
pable d'un  crime  monstrueux.  Le  gouverneur  ]\I.  de 
Launay  fut  massacré  et  son  corps  traîné  jusqu'à  l'Hôtel  de 
Ville.  Le  but  des  «  vainqueurs  de  la  Bastille  »,  qui  en 
somme  n'enfoncèrent  qu'une  porte  ouverte,  était  de  s'em- 
parer des  armes,  dont  la  Bastille  renfermait  un  impox'lant 
magasin.  La  vieille  forteresse  fut  démolie  et  sur  son 
emplacement  on  plaça  un  écriteau  avec  ces  mots  :  «  Ici 
on  danse.  » 

L'entrepreneur  des  démolitions  fut  un  maître  maçon 
nommé  Palloy.  Il  vendit  les  morceaux  de  pierre  comme 
souvenirs,  et  fit  faire  de  nombreuses  réductions  du 
vieux  donjon.  (On  peut  voir  un  exemplaire  de  ces 
réductions  au  musée  Carnavalet,  et  un  autre  aux 
Archives,  où  sont  également  les  clefs  de  la  Bastille.)  On 
se  servit  également  des  matériaux  provenant  de  la  Bas- 
tille pour  la  construction  de  la  partie  supérieure  du 
pont  de  la  Concorde.  Le  18  septembre  1791,  le  citoyen 
Palloy  organisa  une  sorte  de  théâtre  de  verdure  sur 
l'emplacement  de  la  Bastille.  Cette  fête,  dite  de  la  Cons- 
titution, qui  fut  donnée  avec  le  concours  de  Boursault  et 
des  artistes  du  théâtre  de  Molière,  ne  fut  pas  réussie,  et 
■  Palloy  ne  fit  pas  ses  frais.  L'échafaud  s'y  dressa  un  seul 
jour,  le  14  juin  179^i. 


IV'     AUltONDlSSEMliXT.  M'A 

l.a    i)laro    lin  décidée  en  1792,   el  commença  à   être 
exécutée  en  1803  sur  un  plan  donné  par  Ghaptal,  ministre 
de  l'intérieur.  Ce  plan  comprenait  la  création  du  canal, 
et  rétablissement   d'une   place    circulaire.    On    pensa 
d'abord  à  y  ériger  un  arc  de  triomphe  à  la  gloire  de  la 
Grande  Armée.  En  décembre  1808  on  posa  la  première 
pierre  d'une  fontaine  monumentale.  Un  décret  de  1810 
ordonna  que  cette  fontaine  se  composerait  d'un  éléphant 
en  bronze,  surmonté  dune  tour,  exécuté  avec  les  canons 
pris  aux  Espagnols.  Le  modèle  de  cet  éléphant,  en  chai'- 
pente  armée  de  fer  et  recouverte  de  plâtre,  fut  construit 
sur  la  rive  orientale  du  canal,  sur  l'emplacement  de  la 
gare  de  Vincennes,  mais  heureusement  le  projet  fut  aban- 
donné et  l'éléphant  tomba  en  ruines.  Sa  carcasse  devint 
la  demeure  de  plusieurs  milliers  de  rats  et  ses  débris 
disparurent  un  peu  avant  l'achèvement  de  la  colonne, 
l'^n  1814  on  avait  fait  élever  la  voûte  au-dessus  du  canal. 
La  première  pierre  de  la  Colonne,  dite  de  Juillet,  fut 
posée  en  1831  par  Louis-Philippe.  Elle  est  l'œuvre  de 
Duc  et  Allavoine.  Le  lion  et  le  coq  sont  de  Barj'e,  le 
Génie  de  la  Liberté  est  d'A.  Dumont.  Le  bassin  de  la 
fontaine  qui  avait  été  commencée  en  1808  et  qui  était 
restée  inachevée  sert  de  soubassement  à  la  Colonne  qui 
fut  achevée  en  1840.  Les  noms  de  380  victimes  de  Juillet 
ont  été  burinés  sur  le  fût.  En  1840  on  transporta  dans 
le  caveau  qui  se  trouve  au-dessous  de  la  colonne  les  restes 
des  victimes  de  Juillet  qui  étaient  en  différents  endroits. 
Une  grande  partie  des  combattants  avaient  été  enfouis 
près  du   Louvre,  là  où  est  la  statue  de  Velasquez,  et 
ces  restes  avaient  été  mélangés  avec  ceux  de  quelques 
momies  égyptiennes  qui  s'étaient  décomposées  et  dont 
le  musée  avait  dû  se  défaire.  Il  est  donc  possible  que  le 
caveau  qui  renferme  les  l'estes  des  380  victimes  de  Juillet 

IV'   ABRO:<D.  11 


162       l'IiO.MENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PARIS. 

renferme  également  quelques  restes  d'Egyptiens.  Ce 
caveau  renferme  en  outre  les  restes  de  430  victimes  de 
1848.  En  1848  le  peuple  brûla  à  côté  de  la  colonne  le 
trône  de  Louis-Philippe.  (Les  gardiens  du  caveau  mon- 
trent la  nacelle  du  ballon  de  Gambetta(?))  La  colonne 
à  51  mètres  de  hauteur.  Si  on  veut  se  donner  la  peine 
d  en  monter  les  239  marches,  on  a  du  sommet  une 
vue  intéressante  sur  les  alentours.  La  colonne  reçut  de 
uouibi'oux  [)rojectiles  pendant  la  guerre  et  fut  réparée 
après  1871. 

N»  1.  Au  brave  Crillou, 

N"  3.  Plan  de  la  Bastille  et  inscription  :  «  A  nos  pères 
de  1789,  à  ceux  qui  ont  conquis  nos  libertés  ». 

N"  3.  Au  Canon  de  la  Bastille.  (Canon  comme 
enseigne.) 

C'est  sur  la  place  de  la  Bastille  que  le  Gouvernement 
provisoire  proclama  la  République  le  27  février  1848. 

JRue  St-Antoine. 

Doit  son  nom  à  l'abbaye  de  Si-Antoine.  Elle  s'est  dite 
partiellement  et  passagèrement,  au  xii*^  et  au  xiv'=  siècles, 
rue  de  la  Porte-Baudeer,  du  Pont-Pei'rin,  de  l'Aigle  (à 
cause  d'une  enseigne).  La  partie  Est  de  la  rue  François- 
Miron  en  faisait  partie  avant  1865.  La  rue  St-Antoine, 
une  des  plus  anciennes  de  Paris,  tient  une  place  particu- 
lière dans  l'histoire  du  protestantisme  parisien.  C'est 
par  cette  rue  que  les  huguenots  se  rendaient  à  Charenton, 
au  temple  qu'Henri  IV  leur  avait  assigné.  De  tout  temps 
la  rue  prit  part  à  toutes  les  réjouissances  populaires, 
et  jadis  toutes  les  fenêtres  servaient  de  loges  au  spec- 
tacle des  courses  de  bagues.  Elle  fut  le  théâtre  de 
combats  meurtriers  en  1830  et  eu  1848. 


IV"    AlUtONDISSEMEXT.  103 

La  porle  Sl-Auloine,  conslfuile  par  Etienne  Marcel, 
faisait  partie,  sous  Charles  V,  de  l'enceinte.  Elle  se  trou- 
vait à  l'entrée  de  la  rue  à  la  hauteur  de  la  rue  Jean- 
Beausire,  Sous  Henri  III  cette  porte  tut  déplacée  et 
reportée  au  delà  des  l'ossés  de  la  Bastille  et  décorée  par 
Jean  Goujon.  Elle  fut  remaniée  en  1672  par  Blondel  et 
démolie  en  1788.  Une  partie  servit  à  décorer  les  jai'dins 
de  Beaumarchais. 

N"  5.  Inscription  signalant  remplacement  de  Favant- 
cour  de  la  Bastille  par  laquelle  le  peuple  pénétra  le 
14  juillet  1789. 

N°  7.  Vieille  maison  :  A  la  Renommée  de  la  Friture. 
(Enseigne.)  —  Le  9  à  côté  (aux  Vendanges  de  Bourgogne) 
est  un  vieux  restaurant. 

N°  11.  A  la  Gerbe  d'Or.  (Enseigne.)  (1776.) 

En  face  s'élève  la  siatue  de  Beaumarchais  par  Clau- 
sade  (1895). 

N°  13.  Fenêtres  assez  curieuses. 

*  N"  17.  Emplacement  d'une  partie  de  l'hôtel  de  Cessé 
(1572),  où  mourut,  en  1578,  Quélus.  En  1619  la  baronne 
de  Chantai  lit  venir  à  Paris  les  Filles  de  la  Visitation- 
Sainte-Marie,  qui  achetèrent,  en  1629,  l'hôtel  de  Cossé. 
Le  commandeur  de  Silery  posa  la  première  pierre  de  la 
chapelle  dénommée  Notre-Dame  des  Anges  (1632). 
Mansard  en  fut  l'architecte,  et  s'inspira  de  N.-D.  de  la 
Rotonde  de  Rome.  Le  couvent  qui  s'étendait  entre  l'hôtel 
de  Mayenne  et  l'hôtel  de  Lesdiguières,  et  au  sud  jusqu'à 
la  rue  de  la  Cerisaie  à  peu  près,  fut  supprimé  en  1790. 
(La  rue  Castex  a  été  percée  au  travers.)  St  Vincent  de 
Paul  y  fut  confesseur  pendant  dix-huit  ans.  Les  bâti- 
ments furent  vendus  sauf  la  chapelle  qui  est  devenue 
temple  protestant  depuis  1802,  sous  le  nom  d'église 
Ste-Marie.  Fouquet  y  fut  enterré  ainsi  que  son  père  et 


164      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    HUES    DE    PAIUS. 

son  fils,  Mme  de  Chantai,  el  les  membres  de  la  famille 
de  Goulanges,  le  marquis  de  Sévigné,  époux  de  la  mar- 
quise qui  repose  à  Grignan,  etc. 

Cette  église  est  remarquable  par  son  architecture,  el 
se  compose  uniquement  d'un  dôme  soutenu  par  quatre 
arcs  entre  lesquels  des  pilastres  corinthiens  supportent 
une  grande  corniche  régnant  dans  le  pourtour.  Pendant  la 
Révolution,  la  chapelle  fut  transformée  en  club,  et  on 
voit  encore  un  bonnet  phrygien  sculpté  au-dessus  d'une 
porte  latérale.    Après  les  événements  de  la  Commune 
VarcoUier     la    restaura.    A  côté    d'une   des    colonnes 
corinthiennes  qui  encadrent  la  porte  d'entrée,  ancienne 
inscription  :  «  Loix  et  Actes  de  l'Autorité  publique  ». 
N*"  12.  Au  Petit  Phare  de  la  Bastille.  (Enseigne.) 
N"  16  et  18.  Cours  curieuses. 
N°  20.  A  la  Herse  d'Or.  (Enseigne.) 
*  N°  20.  Hôtel  dit  de  Mayenne  et  d'Ormesson. 
Sur  cet  emplacement  ainsi  que  sur  celui  de  la  Visita- 
tion s'élevait  jadis  l'hôtel  du   Petit-Musc  et  la  maison 
dite  du  Pont-Perrin,  ainsi  appelée  parce  qu'ici  on  fran- 
chissait l'égout  à  ciel  ouvert.  En  1312  ces  deux  hôtels 
n'en  formaient  qu'un  seul  qui  appartenait  à  Louis  P"",  duc 
de  Bourbon,  petit-fils  de  St  Louis.  Cet  hôtel  dit  du  Petit- 
Bourbon  fut  vendu  à  Charles  V  pour  agrandir  l'hôtel 
St-Pol.   Charles    VI    rebâtit  l'hôtel  du  Petit-Musc  qui 
devint  alors  Hôtel-Neuf  et  qui  fut  habité  quelque  temps 
par  Charles  VII  el  Louis  XI.  Il  fut  ensuite  à  Anne  de 
Bretagne  avant  son   mariage  avec  Charles  VIII,  puis 
fut   possédé  par    le    prince    d'Orange,  et    devint  hôtel 
d'Etampes.    Achetée  en    1554  par    Diane  de    Poitiers. 
L'hôtel    d'Etampes    ne    comprenait    qu'une   partie   de 
l'Hôtel-Neuf  reconstruit  par  Charles  VI;  l'autre  partie 
était  occupée  par  Philibert  Delorme  et  Germain  Pilon. 


IV*"    AnnONDISSEMENT.  1C5 

L'hôtel  de  Diane  de  Poitiers  devini  ensuite  hôtel  de 
Boissy.  D'après  M.  de  Ménorval  l'hôtel  actuel  aurait  été 
construit  après  1560  pour  Diane  de  Poitiers,  parle  vieux 
Jacques  I'-'' Androuct  du  Cerceau,  le  célèbre  graveur,  et 
l'hôtel  se  serait  appelé  hôtel  de  Mayenne  vingt  ans  après. 
D'après  Jacques  Dubreul  [Théâtre  des  Antiquitéz  de 
Paris)  l'hôtel  n'aurait  été  bâti  que  pour  le  fils  de  Mayenne, 
le  duc  d'Aiguillon,  au  commencement  du  xvii''  siècle.  On 
y  montre,  quoiqu'il  en  soit,  la  chambre  dite  de  la  Ligue, 
où  on  résolut,  dit-on,  l'assassinat  de  Henri  III,  le  mariage 
de  Mayenne  avec  l'Infante  d'Espagne,  et  l'exclusion  des 
Bourbons  à  jamais. 

Henri  de  Lorraine,  duc  de  ÎNIayenne  et  d'Aiguillon, 
fils  du  lieutenant  général  du  royaume  sous  la  Ligue,  céda 
l'hôtel  en  1021.  à  son  cousin  Henri  de  Lorraine,  comte 
d'Hai'court,  qui  mourut  en  1660.  Montauron,  le  célèbre 
courtisan  de  Richelieu,  y  habita.  En  1703  l'hôtel  était 
possédé  par  la  veuve  de  François-Marie  de  Lorraine, 
comte  de  Lillebonne,  qui  y  hr.bitait  avec  ses  deux  filles, 
et  son  frère,  le  prince  de  Vaudémont,  à  partir  de  1707. 
En  1708  Thôtcl  fut  transformé  et  rajeuni  par  Germain 
Boffrand.  Mme  d'Epinoy,  fille  de  Mme  de  Lillebonne, 
légua  l'hôtel  à  Mme  de  Marsan  (ïMarie-Louise  de  Rohan) 
(1748).  En  1759  l'hôtel  fut  vendu  à  Marie-François  Le 
Fèvre  dOrmesson,  contrôleur  général  des  finances,  et 
fut  dit  hôtel  d'Ormesson  jusqu'en  1812.  Acheté  par 
M.  Favart,  il  devint  pension  Favart.  En  1870  :  Ecole  des 
Francs-Bourgeois  dirigée  jusqu'à  ces  dernières  années 
par  les  frères  de  la  Doctrine  Chrétienne.  Le  proprié- 
taire actuel  est  M.  le  iiiarc|uis  du  Bourg. 

Cet  hôtel  a  bien  le  cachet  du  début  du  xvii<=  siècle. 
Façade  avec  deux  ordres  de  pilastres  toscans  et  ioniques. 
Porte  à  gros  clous.  Dans  la  coui'.  qui  a  été  peinte  pour 


16<î       PROMENADES    DANS    TOUTES    LtS    HUES    DK    PAUIS. 

imiter  la  brique,  tourelle  en  encoi-belleinent.  Escalier 
avec  voûtes  en  briques  et  pierres,  et  tympan  sculpté 
représentant  une  Pallas  assise.  Plafond  à  solives  dans 
une  des  pièces.  ^Malheureusement  des  beaux  panneaux 
qui  décoraient  une  des  salles  ont  été  vendus  en  1882  à 
M.  Cahen  d'Anvers.  Dans  la  cour  se  trouve  un  buste  du 
Père  Joseph  (1825-1897),  fondateur  de  Tlnstilut  des 
Frères  de  la  Doctrine  chrétienne. 

N°  28.  Impasse  Guéménée.  Date  du  xv^  siècle. 
Rue  des  Filles-dc-la-Croix  en  1646,  et  antérieurement 
cul-de-sac  du  Ha!-Hal  Elle  servait  de  dégagement  à 
Ihôtel  du  prince  de  Rohan-Guéménée  (6,  place  des 
Vosges).  Au  4  était  le  couvent  des  Filles-de-la-Croix 
fondé  en  1643  par  Marie  Lhuillier  de  Villeneuve.  On  y 
enfermait,  par  lettre  de  cachet,  les  jeunes  filles  d'esprit 
)-omanesque,  les  dames  d'humeur  légère,  les  pupilles 
gênantes,  etc.  liC  couvent  fut  supprimé  en  1790.  Au  8 
(Cour  Bérard),  hôtel  avec  mascaron  et  curieux  balcon 
plaqué.  Dans  cette  maison  se  Irouve  une  curieuse  rampe 
d'escalier  en  fer  forgé  du  xvii*  siècle,  continuée  par  une 
rampe  de  bois.  Au  5,  porte  à  clous. 

N"  32.  Balcon.  Cour  curieuse.  Escalier. 

N"  33.  Enseigne  du  Petit  Moulin.  Maison  peinturlurée 
en  bleu. 

N°  37.  Enseigne  de  la  Botte  Dorée. 

N°  34.  Enseigne  du  Parasol  Chinois. 

N°  36.  Rue  de  Birague.  Rue  Royale-St-Anloine 
(1605),  puis  rue  du  Pavillon-du-Roi,  des  Fédérés,  et 
rue  de  Birague  en  1864.  Doit  son  nom  au  cardinal  René 
de  Birague  (1507-1583),  chancelier  de  France,  qui  avait 
fait  achever  dans  le  voisinage  la  fontaine  dite  de  Birague, 
démolie  en  1857  par  la  rue  de  Rivoli.  Au  2,  maison  à 
pignon.   Au  10  niourur  Lokan.il  en  1845.  (Inscription.) 


IV    AUKONDISSEMENT.  1«7 

l,e  14  a  laspcct  d'un  ancien  hôtel.  (Cour  assez  inlé- 
lessante,  escalier,  ferrures.)  An  16  est  mort,  en  1852, 
le  sculpteur  J.-J.  Fcurhcre.  Au  11  bis,  est  la  maison 
où  naquit  Mme  de  Sévigné  le  6  février  162G  (dépen- 
dance du  1,  place  des  Vosges),  Au  7,  façade  assez  inté- 
ressante. 

N"  45.  Assez  cui'icnx.  (x\ncien  hôlcl  des  Maillets.) 
Au  47,  balcon. 

N"  40.  Les  numéros  40,  42,  44  et  une  partie  du  46 
représentent  lancien  fief  du  Grand  et  Petit  Chaumont 
qui  appartenait,  en  1612,  aux  Dinars,  et,  en  175.3.  à  Le 
Pelletier  de  Beaupré,  premier  président  au  Grand 
Conseil.  On  a  retrouvé  au  40  une  pierre,  transportée 
actuellement  au  musée  Carnavalet,  qui  indiquait  la 
limite  du  fief. 

N"  46.  Fut  possédé  par  J.-B.  de  La  Michodicre,  con- 
seiller du  Roi,  qui  fut  prévôt  des  maixhands,  mais  n'y 
liabita  pas.  Cette  maison  est  foi-raée  des  anciens 
numéros  159  et  161.  Lancien  159  appartenait,  avant  la 
Révolution,  à  Mme  de  La  Trémoïlle,  princesse  de 
Talmond.  Bien  national  en  1792.  Rendu  à  la  princesse 
en  1800.  La  marquise  de  La  Rochejacquelin,  légataire, 
vend  en  1836  à  .I.-B.  Gourrich.  Aujourd'hui  famille 
Émery.  Cette  maison  possédait  des  boiseries  intéres- 
santes. Reconstruite  en  partie  en  1906.  (Escalier.) 

N°  49.  Enseigne  du  Sanglier. 

N°  56.  Au  Cadran  d'Or  (Enseigne.) 

N"  57.  Ferrures  de  fenêtres  assez  intéressantes  au 
deuxième  étage. 

*  N°  62.  Hôtel  de  Sully.  Construit,  en  1624,  par  Jean 
Androuet  du  Cerceau,  pelit-fîls  de  Jacques  l*^""  Androuet 
du  Cerceau,  pour  Gallel,  agioteur  et  contrôleur  des 
finances.  Ruiné  par  le  jeu,  Gallet  le  perdit  sur  un  coup 


168      PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE   PARIS. 

de  dé,  d'après  Germain  Brice.  Jean  Habert,  sieur  du 
Mesnil  (1627).  Rolland  de  Neufbourg  (1628).  Sa  veuve, 
et  son  beau-frère,  M.  du  Vigean,  terminèrent  la  façade  et 
ce  furent  eux  qui  vendirent  à  Sully  en  1634.  On  raconte 
que  Sully,  le  grand  ministre  de  Henri  IV,  passait 
presque  toutes  ses  soirées  chez  lui  avec  des  femmes  de 
mauvaise  compagnie.  L'hôtel  communiquait  d'ailleurs, 
par  les  jardins,  avec  le  charmant  petit  hôtel  Sully  qui 
existe  toujours  et  dont  l'entrée  est  au  7  de  la  place  des 
Vosges.  La  femme  de  Sully,  Rachel  de  Cochefilet, 
mourut  dans  le  grand  hôtel  en  1659.  L'hôtel  fut  habité 
par  le  fils  du  grand  ministre,  Sully  comte  d'Orval, 
écuyer  d'Anne  d'Autriche.  L'hôtel  resta  dans  la  famille 
Sully  jusqu'en  1752.  Antoine  Turgotde  Ste-Glaire,  con- 
seiller au  Parlement  et  cousin  au  huitième  degré  du 
minisire  de  Louis  XVI,  y  mourut  en  1771  et  laissa 
l'hôtel  à  sa  fille  unique,  Charlotte- Antoinette  Turgot, 
veuve  depuis  1764  de  René-Gabriel  de  Boisgelin,  briga- 
dier des  armées  du  Roi,  et  c'est  ainsi  qu'au  moment  de 
la  Révolution  l'hôtel  s'appelait  hôtel  de  Boisgelin.  Vendu 
en  1796  par  Mme  de  Boisgelin  à  François  Dupré.  Rerais 
en  vente  par  expropriation  forcée  en  1800  et  acquis  par 
le  sieur  Jean  Cadrés. 

La  façade  sur  la  rue  a  été  malheui'eusenient  désho- 
norée par  un  bâtiment  parasite  construit  entre  les  deux 
pavillons.  Les  bas-reliefs  de  la  belle  cour  figurent  les 
Quatz'e  Saisons  et  les  Quatre  Éléments.  La  façade  sur  le 
jardin  est  identique  à  celle  de  la  cour,  et  à  l'est  se 
trouve  un  mur  décoré  d'arcatures  avec  niches  et  statues. 
(Voir  l'escalier,  la  chambre  de  Sully.)  L'intérieur  a  été 
réparti  entre  de  nombreuses  industries.  Depuis  1909 s'y 
trouve  le  siège  de  la  Société  des  Amis  des  Monuments 
Parisiens.  M.  C.  Normand,  pi'ésident  de  la  Société,  y 


IV''   ARnONDlSSEMENT.  169 

habite  et  y  a  disposé  entr'autres  souvenirs  parisiens  un 
placard  de  Mme  Récaniier,  provenant  de  l'Abbayc-aux- 
Bois,  un  grille  de  la  maison  de  Lulli,  etc. 

N°  81.  Assez  curieux. 

N°  86.  Rue  Caron  (1784).  Ex-rue  du  Colombier. 
Nom  en  mémoire  de  Tarchitecte,  auteur  du  projet  du 
marché  Ste-Catherine,  ouvert  en  1770.  Au  5  et  au  G, 
inscriptions  :  Rue  Neuve-du-Colombier.  Au  9,  inscrip- 
tion ancienne  :  Rue  Caron.  Au  0,  inscription  :  rue  d'Or- 
messon. 

N°  87  bis.  Là  se  trouvait  Tancienne  enseigne  de  la 
Truie  qui  file,  rappelant  une  charcuterie  déjà  célèbre 
au  xvi"  siècle  qui  se  trouvait  rue  du  ÏNIarché-aux- 
Poirées.  L'enseigne  du  xvn'=  siècle  est  à  Carnavalet. 
C'est  aujourd'hui  une  boucherie.  La  maison  fut  incendiée 
en  1868. 

N°  95.  Maisou  du  xvi'^  siècle.  Au  97,  mascarons. 

*  N°  99.  Église  St-Paul-St-Louis. 

En  1582  les  Jésuites,  installés  à  côté  dans  l'hôtel  de  la 
Rochepot,  avaient  jeté  les  fondements  d'une  petite 
chapelle  dédiée  à  St  Louis.  Cette  chapelle,  qui  mesurait 
à  peine  30  mètres  dans  sa  plus  grande  dimension,  était 
appliquée  contre  le  flanc  gauche  de  l'église  actuelle  et 
s'ouvrait  directement  sur  la  rue  St-Antoine.  En  1594  les 
Jésuites  furent  remplacés  par  les  Jéronymites,  mais  ils 
revinrent  après  Tédit  de  1G04.  Eii  1627,  Louis  XIII,  en 
présence  du  cardinal  de  Gondi,  posa  la  première  pierre 
de  l'église  actuelle  dédiée  à  St  Louis,  et  il  contribua  à 
payer  une  partie  de  la  dépense  sur  sa  cassette.  L'édifice 
fut  commencé  sur  les  plans  du  Père  INIartellange,  con- 
tinué sur  ceux  de  son  confrère,  le  P.  François  Derrand, 
et  achevé  sur  ceux  du  Père  Turmel  en  1641.  Richelieu, 
qui  avait  fait  exécuter  le  portail  à  ses  frais,  y  célébra  la 


170       l'IlOMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    J)i;    PAltlS. 

première  messe  le  9  mai  1641  et  la  chapelle  fut  consa- 
crée officiellement  on  1676  par  François  Faure,  évêque 
d'Amiens.  La  chapelle  devint  la  propriété  des  Genovc- 
fains,  ou  chanoines  réguliers  de  Ste-Catherine  du  Val 
des  Escholiers,  de  1767  à  la  Révolution.  Les  membres  du 
Tiers  Etat  s'y  réunirent  et  c'est  là  que  le  21  avril  1789 
furent  arrêtées  les  doléances  destinées  à  être  soumises 
aux  Etats  généraux.  En  1791,  la  chapelle  St-Louis-Ia- 
Gulture,  comme  on  disait,  devint  le  siège  de  la  Société 
des  Amis  de  la  Constitution  monarchique,  puis  la  Con- 
vention y  installa  un  dépôt  de  livres  provenant  des 
bibliothèques  des  couvents  de  Paris.  La  masse  des 
douze  cent  mille  volumes  s'élevait  jusqu'à  la  voûte,  et 
cette  affectation  permit  de  protéger  en  partie  la  chapelle 
contre  le  vandalisme  révolutionaire.  Elle  fut  rendue  au 
culte  en  1S02  et  devint  paroisse  sous  le  nom  de  8t-Paul- 
8t-Louis,  en  souvenir  de  la  vieille  église  abattue  de  la 
rite  St-Paul.  L'église  eut  encore  à  souffrir  du  vandalisme 
en  1831  et  en  1871.  Aucune  église  de  Paris  ne  fut  plus 
resplendissante  de  richesses. 

L'église  St-Paul-St-Louis  est  construite  sur  le  modèle 
de  l'église  du  Gésu  de  Rome,  de  l'architecte  Vignole. 
La  façade,  qui  a  été  restaurée  en  1888,  se  compose  de 
trois  ordres  superposés,  deux  corinthiens  et  un  troi- 
sième composite  formant  tabernacle  au-dessus  des  deux 
autres  et  soutenu  par  des  contreforts  en  forme  de 
volutes  hors  d'échelle,  signe  caractéristique  de  ce  genre 
d'architectere  dit  style  jésuite.  Au-dessus  du  portique 
principal  se  trouvaient  les  armes  de  Richelieu  avec  une 
dédicace,  anéantie  pendant  la  Révolution.  L'horloge 
était,  en  1627,  sur  la  façade  de  l'ancienne  église  St-Paul; 
elle  fut  transportée  en  1799  aux  Arts  et  Métiers,  lors  de 
la  démolition  de  la  vieille  église,  et  replacée  ici  en  1805. 


W"    ARRONDISSEMENT.  171 

L'iiitôricur  est  remarquable  par  la  richesse  cl  la  pro- 
fusion de  ses  sculptures,  ses  arceaux,  ses  pilastres,  ses 
voûtes  à  caissons,  ses  tribunes,  son  dôme,  le  tout  dans 
un  goût  un  peu  surchargé.  Avant  la  Révolution  l'église 
possédait  le  cœur  de  Louis  Xlll  et  celui  de  Louis  XIV. 
Pour  le  premier,  le  sculpteur  Jacqties  Sai'azin  avait  élevé 
un  cénotaphe  de  marbre,  de  bronze  et  d'argent,  com- 
mande par  Anne  d'Autriche.  Le  Régent  avait  fait  exécuter 
par  Coustou  un  monument  semblable  pour  le  cœur  de 
Louis  XIV.  (La  dépense  fut  de  six  cent  mille  liA'rcs.) 
(Jes  deux  monuments  royaux  furent  soustraits  pendant 
quelque  temps  aux  recherches  de  la  Commission  de  la 
Convention  par  Lenoir,  mais  en  1804,  ils  furent  réclamés 
par  Denon  et  les  quatre  anges  d'argent  entrèrent  dans 
la  confection  de  la  statue  de  la  Paix  de  Chaudet.  L'église 
possédait  en  outre  le  cœur  et  le  magnifique  mausolée  du 
grand  Condé  par  Sarazin,  le  cœur  du  duc  du  Maine  qui 
n'échappa  pas  à  la  profanation,  le  mausolée  de  Birague 
par  Germain  Pilon,  que  les  Genovéfains  avaient  trans- 
porté de  leur  ancienne  église. 

L'église  possède  encoi'e  un  bas-relief  de  Michel  An- 
guier,  en  bronze  doré,  derrière  le  maître-autel  isolé  à  la 
romaine  ;  une  Vierge  assise  de  Germain  Pilon  (restaui'ée)  ; 
un  tableau  de  Simon  Vouet  représentant  Louis  XIII 
présentant  à  St  Louis  le  modèle  de  l'église  St-Paul  ; 
le  Christ  au  Jardin  des  Oliviers  par  Delacroix,  des  belles 
boiseries  gâtées  par  un  horrible  badigeon  jaunâtre,  etc. 
Les  coquilles  qui  servent  de  bénitiers  ont  été  données  par 
Victor  Hugo  à  l'occasion  du  baptême  de  son  premier 
enfant.  La  sacristie  est  intéressante  et  renferme  des 
armoires  et  bahuts  des  xvii'^  et  xviii^  siècles  avec  pein- 
tures de  Philippe  de  Champaigne  encastrées,  un  Christ 
janséniste  provenant  de  la  chapelle  de  la  Bastille,  et  les 


l/li       PROMENADES    DANS    TOUTES    LES    RUES    DE    PARIS. 

portraits  des  anciens  curés.  La  chapelle  des  catéchismes, 
derrière  la  sacristie,  date  de  1835  :  elle  n'offre  aucun 
intérêt.  (On  y  prêche  en  breton  le  quatrième  dimanche 
de  chaque  mois.) 

Bourdaloue,  qui  prononça  dans  cette  église  l'oraison 
funèbre  du  grand  Gondé,  y  est  enterré,  ainsi  que  Daniel 
Huet,  i'érudit  évêque  d'Avranches,  le  duc  de  La  Mcille- 
raye  mort  à  l'Arsenal,  plusieurs  membres  de  la  famille  de 
La  Tour  d'Auvergne,  de  la  famille  de  Yalencay,  dont  nous 
voyons  les  armes  sur  un  vitrail  au-dessus  de  la  porte 
qui  mène  à  la  sacristie,  etc.,  etc. 

L'église  possède  de  très  curieux  souterrains*  (qui  ne 
sont  pas  publics).  Les  Jésuites  y  furent  enterrés  en 
pleine  terre  sans  autre  marque  extérieure  qu'une 
modeste  plaque  de  plomb  accrochée  au  mur,  parmi 
lesquelles  il  m"a  été  permis  d'y  déchiffrer  celle  de 
l'évêque  d'Avranches  (Huet). 

Les  ossements  ont  été  réunis  ensemble  dans  un  vaste 
sarcophage  découvert.  Dans  un  autre  caveau  se  trouvent 
de  nombreux  cercueils  en  plomb  de  forme  égyptienne. 
Lors  de  la  démolition  de  leur  couvent,  les  Genovéfains 
transportèrent  dans  leur  nouvelle  chapelle  St-l^ouis  les 
cercueils  de  la  famille  d'Orgemont  et  ceux  de  la  famille 
de  Champrond,  parmi  lesquels  se  trouvait  celui  de  la 
marquise  du  Deffand,  etc. 

On  raconte  qu'au  moment  de  la  Révolution,  l'archi- 
tecte Petit-Radel,  chargé  de  la  surveillance  de  l'opération 
de  la  destruction  des  monuments  funéraires,  donna  le 
cœur  de  Louis  XIV  au  peintre  St-Martin,  qui  acheta 
également  celui  de  Louis  XI IL  Les  peintres  recher- 
chaient les  cœurs  embaumés  pour  en  extraire  une  cou- 
leur brune  qui  provenait  des  aromates.  Le  peintre 
Drolling  acheta  onze  cœurs,  celui  de  Marie-Thérèse,  de  la 


IV*^    AUnONDISSEMEXT.  173 

ducliesse  de  Bourgogne,  du  Rcgenl,  de  Mjuc  llennelle, 
etc.  Si  celte  version  est  exacte,  les  parcelles  des  cœurs 
de  ces  personnages  sei'aient  sur  les  tableaux  de  St-Mar- 
tin  et  de  DroUing,  mais  naturellement  nous  ne  garantis- 
sons pas  l'authenticité  de  cette  version.  En  face  de 
l'église  St-Paul  se  trouvait  la  fontaine  de  Birague  (1577) 
qui  fut  réédilléc  en  1907  et  qui  disparut  en  1856. 

N°  101.  Lycée  Charlemagne  (1804).  Il  occupe  une 
partie  de  l'emplacement  où  s'élevaient  autrefois  l'hôtel 
de  la  Rochepol,  résidence  des  Montmoi'ency,  et  celui  des 
Marmousets  ou  du  Porc-Epic  qui  fut  successivement 
habité  par  H.  Aubriot,  Louis  d'Orléans  et  l'amiral  de 
Graville. 

Les  deux  hôtels  étaient  séparés  par  le  mur  de  Phi- 
lippe Auguste.  La  porte  Baudels  ou  Baudoyer  duxiii^  siè- 
cle, devenue  porte  St-Antoine  de  l'enceinte,  se  trouvait  à 
la  place  de  la  grille  du  lycée.  Le  mur  longeant  le  couloir 
d'entrée  est  l'ancien  mur  de  l'enceinte.  Ce  mur  se  pro- 
longeait ensuite  en  ligne  droite  jusqu'à  la  Seine  où  il 
aboutissait  à  la  tour  Barbeau.  Entre  la  porte  Baudoyer 
et  la  poterne  St-Paul  (rue  Charlemagne)  se  trouvait  une 
seule  tour  qui  s'élevait  en  face  du  chœur  de  l'église  et 
qui,  après  avoir  reçu  un  escalier  du  temps  des  Jésuites, 
fut  remplacée  par  le  grand  escalier  d'honneur  actuel  du 
lycée.  Le  lycée  est  divisé  en  deux  corps  de  logis  par 
l'axe  du  mur  de  Philippe  Auguste.  A  l'ouest  de  la  pre- 
mière cour  se  trouvent  les  classes  (terrain  du  Porc-Epic), 
à  Test  la  bibliothèque  et  l'économat  occupent  les  terrains 
de  la  Rochepot.  Cet  hôtel  de  la  Rochepot  avait  été 
acquis  par  le  cardinal  Anne  de  Montmorency  et  donné 
aux  Jésuites  par  le  cardinal  de  Bourbon  en  1580.  Ils  en 
firent  leur  maison  professe.  Après  l'attentat  de  Jean 
Châtel  (1594).  suivi  bientôt  de  l'expulsion  de  l'ordre  des 


17'^       l'UOMKNADHS    DANS    TOUTES    LliS    l'.UKS    Oli    l'AlUS. 

Jésuilcs,  l'ancien  hôtel  de  la  RochepoL  lui  alleclé  par  le 
roi  au  logement  des  artistes  et  c'est  ainsi  qu'il  abrita  le 
lajoissier    Girard    Laurent,    le    sculpleur    Barthélémy 
Tremblay,  etc.  Les  Jésuites,  rappelés  en  1604,  reprirent 
leur  maison,  et  plus  puissants  que  jamais  donnèrent  à 
leur  Hiaison  professe  un   développement  considérable. 
Après   1618   ils    franchissent   l'ancien    mur  d'enceinte, 
achètent  diverses  maisons  et  hôtels,  et  finalement,  en 
1029,  font  l'acquisition  de  l'ancien  hôtel  du   Porc-Epic 
qui    appartenait  alors  au  sieur  Mauran,  conseiller   du 
Roi,  et  construisent  un  nouveau  bâlimenl.  La  maison 
professe   s'installa  dans  sa  nouvelle   acquisition   entre 
1040  et  1650.  Le  nouvel   édifice  était  magnifiquement 
décoré.    Bourdaloue    y    habita.    Le    père    Lachaise    y 
mourut.  (Son  appartement  est  la  bibliothèque  actuelle.) 
Nous    avons   vu    que    Téglise    St-Faul-St-Louis,    était 
Fancienne  chapelle  de  la  maison  professe.  Après  l'ex- 
pulsion des  Jésuites    la    maison    resta  cjuelque   temps 
sans  habitants,  puis  les  Genovéfains  de  Ste-Gatherine 
du  Val  des  Escholiers  vinrent  s'y  installer  en  1767.  Ils  y 
restèrent  jusqu'à  la  suppression  des  ordres  religieux. 
En  1795  la  Convention  y  établit  une  des  trois  grandes 
écoles  centrales.   Lycée  en  1804.    Lakanal  y  logeait  à 
cette  époque.  Le  lycée  compta  parmi  ses  élèves  :  About, 
BufTet,    G.    Doré,    Th.   Gautier,   Michelet,    F.    Sarcey, 
A.  Thierx'y,  A.  ^'acquerie,  V.  Hugo,  Maxime  du  Camp, 
Laurent  Pichat,  etc. 

Le  peintre  Gherai'dini  avait,  à  l'époque  des  Jésuites, 
décoré  de  fresques  le  plafond  de  la  bibliothèque.  Il  en 
reste  quelques  vestiges.  Le  gigantesque  escalier  pos- 
sède une  intéressante  Assomption  peinte  au  plafond. 

N"  103.  Maison  curieuse.  Attributs  sculptés  au 
deuxièiue  étage. 


IV"    AKUONDISSEMENT.  175 

N"  111.  La  cour  dans  le  l'oiul  est  assez  intéressante. 
(Kscalier.) 

N'^  115.  Forte  à  clous.  Lucarne  du  xvi"  siècle. 

N'^  117.  Vieille  et  curieuse  maison  avec  lucarne.  F'ut 
salle  Rivoli  (bal  populaire).  Servait  jadis  de  lieu  de  réu- 
nions politiques  présidées  souvent  par  Louise  Michel, 
dite  la  Vierge  Rouge.  Actuellement  annexe  du  magasin 
Le  Bûchei'on.  (Porte.) 

N"  119.  Entrée  du  passage  Charlemagne.  (Voir  rue 
Charleniagne.) 

N°  133.  Maison  Séguier.  Appartenait  en  1721  à 
Louis-Anne  Séguier,  par  une  donation  que  lui  avait  faite 
son  père,  Claude-Alexis  Séguier.  Antoine-Louis  Séguier, 
académicien  et  ancien  avocat  général  au  Parlement, 
vendit  la  maison  en  1791  à  M.  Devicques.  En  1756 
la  maison  (ut  louée  à  Elisabeth  Mignot,  veuve  de 
Nicolas-Joseph  de  Dompierre,  seigneur  de  Fontaine. 
(C'était  la  sœur  de  ^'oltaire  et  la  mère  de  Mme  Denis.) 
En  1727  la  maison  était  louée  à  Anne  de  Jassaud,  mar- 
quise de  Roncherolles.  Le  beau  balcon  supporté  par 
des  chimères  a  été  construit  par  une  autorisation  de 
1728.  (Jolie  porte.  Escalier  Louis  XIII  en  bois  au  fond 
de  la  cour.) 

N°  137.  Assez  curieuse  construction  au  coin  de  la  rue 
de  Fourcy. 


REPERTOIRE    ALPHABETIQUE 

DES    RUES    DU    IV^    ARRONDISSEMENT 


Adolphe-Adam,  88. 
Agrippa-d'Aubigné,  ISG. 
Anjou  (quai  d'),  2(). 
Archevêché  (pont  de  1'),  M. 
Archevêché  (quai  de  1'),  16. 
Archevêché  (sq.),  16. 
Archives  (des),  109. 
Arcole  (pont  d'),  20. 
Arcole  (d'),  20. 
Arsenal  (port  de  1'),  40. 
Arsenal  (de  T),  40. 
Aube,  7. 
Aubriot,  108. 
Aubry-le-Boucher,  133. 
Ave-Maria  (de  1'),  63. 

Barres  (des),  7'J. 
Bassompierre,  11. 
Bastille  (pi.  de  la),  157. 
Bastille  (de  la),  lÛ6, 
Baudoyer  (pi.),  77. 
Baudroirie  (imp.  de  la),  122. 
Beaubourg,  120. 
Beaumarchais  (boul.),  156. 
Beautreillis,  45. 
Bérard  (cour),  166, 
Béthune  (quai  de),  33. 
Birague  (de),  166. 
Blancs-Manteaux  (des),  105. 
Bœuf  (imp.  du),  124. 
Bourbon  (quai  de),  30. 

iV   ARUOND. 


Bourdon  (boul.),  40. 
Bourg-Tibourg  (du),  'JS. 
Boutarel,  22. 
Bretonvilliers  (de),  24. 
Brisemiche,  123. 
Brissac  (de),  38. 
Brosse  (de),  83. 
Budé,  23. 

Caron,  169. 
Castex,  43. 

Gélestins  (port  des),  65. 
Gélestins  (quai  des),  65. 
Cerisaie  (de  la),  41. 
Change  (pont  au),  88. 
Chanoinesse,  17. 
Chantres  (des),  18. 
Charlemagne  (pass.),  57. 
Charlemagne,  50. 
Charles  V,  48. 
Châtelet  (pi.  du),  89. 
Cité  (quai  de  la),  8. 
Cité  (de  la),  10. 
Cloche-Perce,  75. 
Cloître-N.-Dame  (du),  17. 
Cloître-St-Merri  (du),  128. 
Coligny,  37. 
Colombe  (de  la),  19. 
Coq  (imp.  du),  114. 
Coutellerie  (de  la),  92. 
CriUon,  38. 

12 


178 


nEPEnTOIftE    ALPHABETIQUE    DES    RUES. 


Deux-Ponts  (des),  30. 
Double  (pont  au),  16. 

Ecouffes  (des),  9^. 
Eginhard,  55. 

Estacade  (passerelle  de  1'),  35. 
Étuves  (des),  120. 

Fauconnier  (du),   63. 
Fcrdinand-Duval,  95. 
Figuier  (du),  61. 
Fleurs  (quai  aux),  20. 
Fourcy  (de),  68. 
Franpois-Miron,  73. 
Francs-Bourgeois  (des),  138. 

Geoffroy-l' Angevin,  119. 
Geoffroy-l'Asnier,  71. 
Gesvres  (quai  de),  87. 
Grenier-sur-l'Eau,  73. 
Guémcnée  (imp.),  166. 
Guépinc  (imp.),  71. 
Guillemites  (des),  139. 

Henri-IV  (boul.),  43. 
Henri-IV  (port),  36. 
lienri-IV  (quai),  36. 
Ilospitalières-St-Gervais    (des), 

l'iO. 
Hôtel-d'Argenson  (imp.   de   1'), 

loi. 

Ilôtel-de-Villc  {[>\.  de  1"),  8'i. 
Il6tcl-de-VilIc    (pont  de  1"),  82. 
H6lcl-de- Ville  (quai   de  F),   82. 
ll6tcl-de-Villc  (de  1"),  80. 
Hyacinthe  (imp.),  82. 

Jabaoh  (pass.),  125. 
Jacques-Cœur,  43. 
Jardins  (des),  65. 
Jarenle  (de),  l't3. 
Jean-Beausire  (imp.),  156. 
Jean-Beausire  (pass.),  156. 
Jean-Bcausirc,  156. 


Jean-du-Bellay,  31. 
Jouy  (de),  69.' 
Juges-Consuls  (des),  116. 
Jules-Cousin,  44. 

La-Reynie  (de),  132. 
Le-Regrattier,  32. 
Lesdiguières  (de),  42. 
Lion  (du),  49. 
Lobau  (de),  83. 
Lombards  (des),  136. 
Louis-Philippe  (pont),  83. 
Lutèce  (de),  7, 

Malher,  98. 

Marché  -  des  -  Blancs  -  M  a  n  teaux 

(du),  lO'i. 
Marché-Ste-Gatherine   (pi.    du), 

143. 
Marche-Neuf  (quai  du),  10. 
Marie  (pont),  30. 
Massillon,  18. 
Masure  (de  la),  82. 
Mauvais-Garçons  (des),  93. 
Morland  (boul.),  37. 
Morland  (pont),  37. 
Mornay,  40. 
Moussy  (de),  1 13. 

Neckcr,  144. 
Nicola«s-Flaroel,  92. 
rsnnnains-d'llycrcs  (des),  68. 
Notre-Dame  (pont),  9. 

Orléans  (quai  d'),  32. 
Ormesson  (d'),  143. 

Palais  (boul.  du),  4. 
Paon-Blanc  (du),  81. 
Parvis-N.-Damc  (pi.  du),  11. 
Pas-de-la-Mulc  (du),  154. 
Pavée,  96. 

Pecquay  (pas.),  107, 
rcrncUc,  92. 


uÉpERTOIRE   ALPHACÉTIQLE    des    RtÈS. 


179 


Petit-Musc  (du),  'l'i. 
Petit-Pont  (le),  11. 
Pierre-nu-Lard,  12'i. 
PkMre  (du),  ll'J. 
Poissonnerie   (imp.  de  la),  l'iS. 
Pont-Louis-Philippc  (du),  82. 
Poulletier,  2'.1. 
PréTût(du),  61. 
Putigneux  (imp.),  72. 

Quincampoix,  134. 

Rambutcau.  138, 
Renard  (du),  125. 
Rivoli  (de),  90. 
Roi-de-Sicile  (du),  99. 
Rosiers  (des),  lO'i. 

Schomberg  (de),  36. 

Scbastopol  (boul.  de),  137. 

Sévigné  (de),  l'i2. 

Simon-Ie-Franc,  122. 

Singes  (passage  des),  102. 

Sully  (pont  de),  35. 

Sully  (de),  38. 

St-Antoine,  1G2. 

St-Bon,  92, 

Ste-Gi'oix-do-Ia     Brclonneivie, 

m 


Ste-Groix-de-la-Brctonnerie(sq.), 

m. 

St-Fiacre  (imp.),  131. 
St-Gerrais  (pi.),  78. 
St-Jacques  (square),  91. 
St-Louis  (pont),  21, 
St-Louis-en-1'Ile,  22. 
Si-Martin,  130. 
Sl-Merri,  12'i. 
St-Michcl  (pont),  «. 
St-Paul  (pass.),  5G. 
St-Pierre  (pass.),  55. 

Tncheric  (de  la),  88. 
Taille-Pain,  123. 
Temple  (du),  117. 
Tiron,  75, 

Tournelle  (pont  de  la),  33. 
Tournelles  (des),  154. 
Trésor  (du),  101. 
Turenne  (de),  145. 

Ursins  (des),  20. 

N'cnise  (de),  121. 
Verrerie  (de  la),  114. 
Victoria  (av.),  87. 
Vieille-du-Temple,  lOl. 
Vosges  (pi.  des),  146. 


liiC-09.  —  Coulommior'^.  Impiimeiie  Palî.  DRODARD. 


^  Roohôgude,  Fei;x,  marquis  de 

761       Promenades  dans  toutes 
R63     les  rues  de  Paris 


t. 4 


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